Texte n°465

Les corps se mouvaient sensuellement au rythme de la musique électro. Les serveuses, peu vêtues, se frayaient un chemin parmi la cohue pour servir les clients trop fainéants de venir chercher leur commande eux-mêmes. L'alcool coulait à flot, dévoyant certains plus qu'il n'était nécessaire, et se mêlait à la sueur, au sexe et à une odeur plus métallique qu'Andreas reconnut aisément comme celle du sang. Il semblerait que quelqu'un se remplisse la panse !

Accoudé au bar circulaire, Andreas scrutait la pièce à l'affût d'une jolie conquête à se mettre sous la dent, son verre de scotch à la main. La salle était immense. Une grande scène était mise à disposition, où dansaient de séduisantes femmes et de beaux mâles dans des cages aux barreaux métalliques pour divertir un public toujours plus survolté. Des fauteuils en velours bordeaux étaient mis à disposition pour les clients, ainsi que des tables rondes. De nombreux luminaires réverbéraient une lumière tamisée de différentes couleurs et de la fumée était diffusée partout au sol, octroyant à l'endroit une aura mystérieuse et sombre. Le lieu de la déliquescence par excellence.

Ses yeux presque or se posèrent finalement sur un blond d'une vingtaine d'années qui avait plus l'air de vouloir s'enfuir qu'autre chose, au contraire de ses petits camarades qui s'extasiaient comme des gamins prépubères devant le déhanché de la strip-teaseuse.

—Alors, tu as trouvé ton dîner ?

Se doutant de qui il s'agissait, Andreas ne prit pas la peine de se retourner et continua de fixer le blondinet.

—Bonsoir Erik.

L'inconnu sentit qu'on l'observait. Il leva alors la tête et croisa le regard intense de l'homme qui lui adressa un clin d'œil. Il écarquilla les yeux, avant de les baisser sur ses doigts qu'il triturait, embarrassé. Andreas vida son verre d'une traite et fit face au barman :

—Souhaite-moi bonne chance !

—On sait tous les deux que tu n'en as pas besoin, ricana Erik.

Du haut de son un mètre quatre-vingt-six, le chasseur ne passait pas inaperçu, recevant même quelques œillades aguicheurs de la part de la gente féminine. À mesure que les mètres qui le séparaient de son futur amant s'amenuisaient, il entendit les battements de cœur de celui-ci s'accélérer. Ce son résonnait comme une douce mélodie à ses oreilles dont il ne se lasserait jamais. Il se glissa derrière la jeune femme et approcha sa bouche de son oreille, lui tendant un billet de cent euros :

—Le show est fini jolie cœur.

La femme le regarda longuement avant de finalement prendre l'argent et s'en alla proposer ses services à d'autres.

—On peut savoir pourquoi t'as fait ça mec ? Tu te prends pour qui ? cracha un grand brun percé à l'arcade sourcilière, qu'Andreas devina comme étant le leader de la petite bande.

—Écoute, toi et tes potes vous allez faire mumuse ailleurs, ok.

—Et pourquoi on t'écouterait ? interrogea sur la défensive un autre assit à droite du premier.

Un soupire traversa ses lèvres. Il n'avait pas la tête à se battre avec des vauriens de seconde zone ce soir. Il zyeuta vers une porte au fond de la salle qui menait à un long couloir où se trouvait les chambres V.I.P. Seule une poignée de clients fidèles très friqués de la boîte avaient l'honneur d'accéder à ses chambres. Dont ils en sortaient toujours très heureux d'ailleurs. Biens sûr, aucun ne savait la véritable raison de ses chambres. Ou plutôt ils ne s'en souvenaient jamais... Un fin sourire étira ses lèvres, songeant à tout le plaisir que Katharina se procurerait avec quatre jeunes mâles bien montés. Cette jeune femme à la peau aussi pâle que sa chevelure était sombre, représentait la luxure pure. Elle respirait la beauté et la sensualité, alors ces hommes ne pouvaient que s'enorgueillir de copuler avec la déesse Aphrodite.

Andreas apposa cinq billet de cent euros sur la table, piquant la curiosité des cinq garçons qui l'amusa grandement et leur chuchota :

—Et si je vous offrais un aller-retour pour les milles et une nuits dans une chambre V.I.P. avec à la clé une belle jeune femme disposée à réaliser tous vos fantasmes les plus fous ?

Ils le considérèrent, ébaubis qu'un inconnu vienne leur faire part d'une proposition aussi alléchante.

—Pourquoi perdrais-tu ton temps à nous faire une offre aussi généreuse, alors que tu pourrais en profiter pleinement ? Qu'est-ce que tu as à y gagner ?

Il se mordit la langue, légèrement contrarié. Il s'était douté qu'ils se méfieraient autant, mais le maître chanteur n'avait pas dit son dernier mot. Sa partie de jambe en l'air avec blondi, il la voulait et il l'aurait !

—Rien du tout. J'y aie déjà goûté, mais entre hommes on peut bien partager pour faire profiter les autres, vous ne pensez pas ? objecta-t-il, retors.

Les sachant sur le point de craquer, notamment à la manière qu'ils avaient d'observer les billets, il continua :

—Mais si cela ne vous intéresse pas...

Il attrapa l'argent et au moment de faire demi-tour, le leader lui empoigna le bras.

—Attend... On est d'accord... Mais comment tu peux t'assurer qu'on ne se fasse pas recalé par le mammouth ? demanda-t-il en désignant du menton le vigile qui était placé à l'entrée de la porte.

—Oh ça ! Vous n'avez qu'à lui dire que le zéro positif est prêt et qu'elle devra un restaurant à Andreas et il vous conduira à la bonne porte, répondit-il simplement.

—C'est quoi ces conneries ? C'est un genre de code secret ou quoi ? On se croirait dans un James Bond, plaisanta un autre homme dans la trentaine.

Andreas haussa les épaules. La bande rassembla leurs affaires ainsi que les cinq-cent euros et partit vers la porte qui les conduirait vers tous les plaisirs.

—Tu viens avec nous Quentin ? demanda le percé au blondinet, qui était resté étrangement silencieux tout le long de la conversation.

Celui-ci adressa timidement un regard à Andreas, avant de refuser l'invitation de son ami.

—Ne nous attend pas. Passe une bonne soirée.

Enfin seul avec sa proie, le prédateur s'installa à la place du meneur afin de ne pas envahir l'espace du dénommé Quentin. Il voulait l'appâter, pas lui faire peur ! Heureusement, le brun savait comment s'y prendre avec ce genre d'individu. Hésitant, Quentin ouvrit la bouche pour parler mais se fit devancer par Andreas :

—Ils savent que tu es gay ?

Pris au dépourvu, le blond faillit s'étouffer avec sa salive, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Son vis-à-vis rigola, songeant à toutes les choses que pourrait lui prodiguer cette bouche.

—Je-je vous demande pardon ? s'étrangla Quentin.

—Ton pote, le percé, il sait que tu l'aimes ?

—Comment vous...

—C'est simple, le coupa-t-il. À ta manière de grimacer quand ton petit copain mate une danseuse qui passe sous son nez, à ta manière de le relooker, à la manière dont tes yeux brillent quand il pose les yeux sur toi... je peux encore continuer comme ça, tu sais.

Le blond baissa la tête en signe de capitulation. À quoi bon nier ?

—Alors... insista Andreas.

—Alors quoi ? En quoi ça vous concerne d'abord ce que je lui ai dit ou non, ce qu'il a répondu ou fait, hein ? s'énerva l'humain.

—Tu devrais laisser tomber. Il n'en vaut pas la peine, il ne mérite pas ton attention. Ce n'est pas ça l'amour.

—Qu'est-ce que vous en savez ?

—J'en sais bien plus que tu ne peux l'imaginer, souffla le brun pour lui-même en faisant remonter un douloureux souvenir qu'il effaça d'emblée d'un revers de la main.

Puis, il se déplaça à côté de son futur dîner, encra ses billes dorées dans ceux de son vis-à-vis, et tout en se pourléchant les lèvres, il proposa d'une voix rauque et sensuellement basse :

—Mais je pourrais te montrer ce qu'est l'amour, qu'en penses-tu ?

La future victime déglutit. Ils étaient si proche. Quentin pouvait sentir le souffle chaud de l'homme sur son visage. Une odeur mentholée qui enivrait tous ses sens et qui lui fit naître d'agréables picotements dans le creux de son ventre. Il se pinça la lèvre inférieure et sut au désir dans ses yeux d'or qu'il ne pouvait plus reculer. Il était entièrement à la merci du vampire.


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