XIX. Colonie de vacances

Avec le retour des beaux jours, la plage fut de plus en plus fréquentée et je pouvais dire adieu à ma tranquillité matinale.

"- C'est quoi ce boucan ?"

Des parasols de partout.

Des serviettes.

Des glacières.

Des bouées.

Des enfants. Trop d'enfants. Quelle horreur !

"- Oh Camille ! Tu tombes bien, tu me files un coup de main ?

- Non, mais...

- Ah tu ne le sais pas ? C'est les vacances d'été."

Les quoi ?

"- Pourquoi la moitié du pays se trouve être sur MA plage ? MA PLAGE !

- Parce qu'il fait chaud et que les gens courent et se précipitent vers les points d'eau les plus proches ?

- Je déteste les vacances. Où est-ce que je vais me mettre moi maintenant ?

- Oh tu te trouveras bien un coin. Allez, tends-moi ça.

- Qu'est-ce que tu fais au fait ? Tu ne travailles pas au café ce matin ?

- Y'a une colonie qui va arriver, donc j'installe au moins le terrain de beach-volley pour les gamins.

- Une colonie ? Genre une colonie entière ?

- Oui, genre un groupe d'une trentaine de gamins, au moins.

- Mon dieu...Je vais tourner de l'oeil."

Une fois qu'on eut fini d'installer les principaux jeux de plage, Camille s'installe à côté de moi et retire son chemisier, laissant apparaître son haut de bikini.

"- C'est beau..."

Elle se retourne alors vers moi, curieuse tandis que mon regard se précipite vers la mer.

"- Je parle de la vue ! La vue hein ! La mer tout ça...

- Mais bien sûr. Voyeur. Tu viens de te rincer l'oeil...

- Même pas, ce n'est pas mon genre.

- À d'autres hein. Bon, si tu ne sais pas quoi faire, tu veux bien m'aider à occuper les gamins ?

- Pardon ?

- Les encadrer quoi.

- Les enfants sont pour moi, ce que les moustiques sont à l'été. UNE PLAIE !

- Oh allez ! Tu vas voir, ça va être drôle."

Non. Rien n'est "drôle" concernant des petits personnages d'un mètre trente même pas.

Voyant que je ne bouge pas d'un pouce, Camille se penche vers moi et me chuchote alors dans l'oreille

"- Si tu m'aides, ce soir, je m'occupe de toi. Je connais bien deux ou trois jeux pour adultes aussi.

- Là ça m'intrigue."

Une fois qu'on eut terminé, on se dirigea vers le village pour accueillir les enfants ainsi que les deux moniteurs les encadrant.

"- On vous remercie de bien vouloir nous aider aujourd'hui.

- Tout le plaisir est pour nous ! N'est-ce pas Camille ?

- Totalement...J'adore TELLEMENT les mor...enfants !"

Regardez-moi ces nains. Ils ne m'arrivent pas à hauteur du torse, ils sont tous petits.

"- Bon les enfants, vous écouterez bien les deux personnes devant vous et vous faites attention, d'accord ? La plage c'est dangereux !

- D'accord !"

Dire qu'avant, j'en voulais. Des enfants. Peut-être deux ou trois, pas plus. Mais pas un. Les enfants uniques m'ont toujours brisé le coeur. Peut-être parce qu'avoir une enfance solitaire est ce que j'ai le mieux connu. Je voulais des mini-moi. Des mini Hortense. Des minis nous. J'en voulais tout plein. Des petits êtres signifiant notre amour. Étant la preuve vivante que l'on s'était uni de certaine manière.

Mais ça, c'était avant.

Hortense m'a pris beaucoup de choses. Des rêves pour la plupart et je ne sais pas si je serais capable d'avoir les mêmes un de ces jours. Peut-être me voilà vacciné de l'envie d'avoir des enfants.

Tant mieux.

Je n'arrive déjà pas à m'occuper de moi-même alors d'un gosse ? Même pas en rêve.

Alors assis dans le sable, je regarde Camille aider chaque enfant à se mettre de la crème solaire, à enfiler les bouées et les brassards de tous et je trouve ça fascinant. Elle se débrouille plutôt bien. Les enfants ont l'air de l'aimer aussi, tandis que moi...J'ai deux mioches devant moi qui me regarde limite en louchant.

"- Vous voulez quoi les nains ?

- Monsieur...C'est vrai que tu t'appelles Camille ? Comme la dame là-bas ?

- Oui, pourquoi ?

- C'est un prénom de fille !"

Alors d'une, à la base, c'était un prénom masculin ok ? Mais comme, nous les hommes sont de parfaits gentlemans, nous avons décidé de partager jusqu'à même nos prénoms avec ces dames. Sympas hein ?

De deux, le prochain qui dit ça, je l'enterre dans le sable, direct.

"- Dis, tu veux pas nous aider ?

- A quoi ?

- À nous préparer.

- Vous savez pas enfiler un slip de bain à votre âge ?

- On n'arrive pas à gonfler nos brassards.

- Bon...Filez-moi ça."

J'ai toujours détesté ça. Baver sur le petit bitoniau en plastique, ça a toujours été un pur moment de plaisir. Se vider de toute son oxygène à en avoir la tête qui tourne...

"- Voilà ! Tends ton bras, toi aussi et faites voir ? C'est bon, vous êtes prêts ! Allez jouer avec les autres maintenant.

- Tu viens pas jouer toi ?

- Je n'ai plus l'âge pour ça.

- Ah oui, t'es vieux."

Pardon ?

"- Tu sais quoi ? Je vais venir tout compte fait."

Je rejoins Camille qui affiche un grand sourire satisfait en me voyant arriver.

"- Et moi qui pensais que tu allais les manger tout cru.

- Je ne suis pas un ogre non plus. Laisse-moi deviner...C'est toi qui les as envoyés vers moi ?

- Moi ? Pas du tout ! Ils t'ont vu tout seul, ils ont décidé d'y aller de leur plein gré. Tu sais, les enfants sont plus sensibles à certaines choses que nous les adultes.

- Je sais...Crois-moi...Je sais."

Je ne le sais même que trop bien, malheureusement.

"- Tu vas faire quoi toi ?

- M'occuper de la baignade du premier coup. Tu n'as qu'à...Jouer à l'ogre avec les autres ? Qu'est-ce que tu en penses ?

- Ah ! Ah! Très drôle.

- À plus tard !"

Elle m'embrasse sur la joue, enlève son short et me le jette à la figure avant de me faire un grand signe de la main.

Je me suis fait avoir comme un bleu, et le pire, c'est que je ne peux m'empêcher de sourire comme un garçon heureux.

Camille, ô Camille...Qu'arrives-tu à faire de moi ? Dis-moi.

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