J'entends l'océan.

Le bruit des vagues. Elles s'échouent, s'écrasent et s'en vont. Elles effacent les traces laissées sur le sable d'un seul passage.

J'entends l'océan.

Là, dans mon cœur, une vague passe et repasse, sans cesse. Elle efface et emporte avec elle les traces que j'avais en moi.

Quand je suis revenu à moi, une couverture avait été déposée et l'odeur de café planait dans la pièce.

"- Camille ?"

Elle n'est pas là, ou elle ne répond pas.

Je me lève en m'enroulant dans le plaid et la remarque par la fenêtre, assis sur la plage, le visage tourné vers l'horizon du soleil couchant.

Je la rejoins, lui déposant la couverture sur les épaules tandis qu'elle se retourne vers moi, m'adressant un grand et brillant sourire.

"- N'avait-il pas dit qu'il ne s'endormirait pas ?

- Il faut croire que jouer dans une grotte m'a épuisé ! Qu'est-ce que vous faites ?

- Rien. Je me demandais si je devais vous réveiller. La sieste fut bonne ?"

Oui. Je n'ai pas aussi bien dormi depuis un bout de temps. Je n'ai jamais été un grand adepte de la sieste, je trouvais que c'était une perte de temps, mais là, ça m'a carrément fait du bien. Je me suis réveillé avec cette impression de sérénité intérieure. C'est bizarre. Comme si l'océan en moi c'était enfin calmé après des mois de tempête.

"- Il y a du café si vous voulez.

- Je ne vais plus dormir ce soir si j'en bois à cette heure-ci.

- Un grand ronfleur comme vous ?

- Pardon ? Je ne ronfle pas ! Je respire fort"

L'excuse de tout bon ronfleur qui se respecte.

"- J'ai dormi longtemps ? Je vois qu'il commence à se faire tard.

- Quatre bonnes heures. Vous pouvez rester si vous le souhaitez, mais moi, je dois y aller.

- Vous me laisseriez tout seul ?"

Avant même que je ne m'en rende compte, ma question fut accompagnée d'un geste. Simple et pourtant...Ma main est venue se saisir de son poignet tandis qu'elle me regarde, interloquée. Moi-même je ne comprends pas, je suis comme un petit garçon ne désirant pas être tout seul pour l'instant.

"- Je vais finir par croire que vous vous êtes attaché à moi.

- Et si c'était le cas ? Qu'est-ce que ça vous feriez ?"

Elle se dégage de ma poigne, se baisse en m'embrassant sur le front et s'en va en secouant sa main en l'air

"- Soyez sage sans moi ! Ne vous baignez pas tout nu, l'eau est fraîche !"

Comme si c'était mon genre.

J'avouerais que mon premier bain de minuit au clair de lune, je l'ai pris bourré. Mais j'ai vite déchanté quand j'ai senti quelque chose me chatouiller le petit frère et j'ai quitté la mer en criant comme une petite fille effrayée. Depuis, on ne m'y a plus repris.

Je préfère me contenter de rester sur le bord de mer, à écouter les vagues et le silence de l'océan.

En rentrant chez moi, j'ai remis la main sur mon téléphone et là encore, une nouveauté. Une surprise.

Il clignote.

Mon téléphone clignote.

J'ai un message.

"Il faut qu'on parle Camille. Je n'aime pas la façon dont se sont faites les choses. Tu mérites des explications. J'arrive."

Je connais ce numéro.

C'est "son" numéro.

Celui d'Hortense.

Si j'avais la gueule de bois, là, j'aurais dessaoulé immédiatement. Son texto me fait l'effet d'un nouveau coup de couteau. Je me suis senti subitement oppressé.

Mal.

Hortense arrive.

Comment cela se peut-il ? Elle ne sait pas que je suis là.

Personne ne le sait. Je suis parti en laissant tout et tout le monde. Je n'ai prévenu personne. J'ai choisi une destination au hasard.

Hortense arrive.