IX. La douceur du moment

Je n'ai pas remis le pied chez une femme depuis Hortense et me retrouvé, seul, avec Camille, chez elle, torse nu, ce n'est pas quelque chose qui me met très à l'aise.

"- Vous vous êtes vraiment cogné de partout.

- La faute à qui ? Ce n'était en rien une promenade, mais plus une quête digne d'Indiana Jones.

- Vous ne savez faire que vous plaindre ? Je trouve que pour un homme, vous râlez quand même beaucoup.

- Parait que c'est bon pour le coeur.

- De toute évidence, vous n'êtes pas prêt de mourir cardiaque vous."

Je n'étais pas comme ça avant. Non. Avant je ne disais rien, ou presque rien. Je laissais la vie et ses évènements m'arriver droit dessus. Parfois, me passer dessus. Littéralement. Je ne me battais pas. Je ne disais rien et je laissais faire.

Mais je n'ai plus envie de ça. Plus maintenant.

Quelque part, le fait qu'Hortense m'ai trompé, ça m'a en quelque sorte libéré. C'est bête à dire, mais je me suis découvert un autre moi. Un mec qui dormait jusqu'à présent et dont je ne suspectais même pas la présence et honnêtement, ce mec-là, je l'aime bien. On a beaucoup déprimé lui et moi et on s'est souvent bourré la gueule aussi, mais au final, on a été là l'un pour l'autre.

Comme on dit : On ne peut vraiment compter que sur soi-même.

Je regarde alors Camille se concentrer et s'appliquer sur mes soins. Sur mes plaies.

"- Pour quelqu'un d'aussi brutal que vous, vous êtes incroyablement douce.

- Je m'applique, c'est tout. Si je vous fais mal, vous allez encore vous plaindre. Et ne me parlez pas, ça me déconcentre. Vous voulez avoir mal ?

- Pardon."

Je n'ai pas mal. Ce sont juste des petits bobos de tous les jours.

J'en ai eu plein des bobos de la vie.

"- Et voilà ! Le dernier pansement est posé ! Opération finie.

- Le patient ira-t-il bien docteur ?

- Seulement s'il se tient à carreau et qu'il ne fait de dangereux.

- Cela devrait être à sa portée.

- Je l'espère bien.

- Allez-vous lui prescrire un traitement en particulier ?

- Je pense que du repos et un bon repas devront faire l'affaire. Étant donné que je suis la fautive dans cette histoire, je peux m'occuper du repas."

Oh ? Elle sait donc cuisiner ?

"- Vous aimez les pâtes ?"

Sérieusement ?

"- Qui n'aime pas les pâtes honnêtement ?

- Ketchup ou pesto ?"

Un sourire enfantin habille mon visage fatigué tandis qu'elle rit dans son coin

"- Ketchup ! On ne change pas une équipe qui gagne.

- Bon choix. Je savais bien que vous étiez un homme avisé.

- La folie aurait été de les prendre nature.

- Oh, mais avec juste un bout de beurre, ça peut passer aussi.

- C'est fade...Laissez-moi mon idée de base et mon ketchup."

Je la regarde sortir des placards une casserole et un paquet de pâtes tandis que je reste péniblement debout, la regarder s'agiter autour de moi.

"- Je peux vous aider à quelque chose ? Genre...mettre la table ?

- Qu'est-ce qu'a dit le docteur ? Vous devriez plutôt allez vous asseoir sur le canapé. Allez zou ! Sortez de ma cuisine.

- Autoritaire en plus...ça me plait !"

Je pars dans mon coin, rigolant tout seul.

"- Vous n'avez pas intérêt à vous endormir dessus !

- Comment pourrais-je m'endormir sur un canapé aux ressorts qui risquent de me faire un second trou aux fesses ?

- Pas faux...Faut que je songe à le changer depuis le temps.

- Ça serait une bonne idée effectivement."

Dehors, le soleil apparait enfin réellement, pointant le bout de son nez, faisant alors oublier le déluge de la veille.

Dehors, les vagues s'échouent sur le sable, effaçant la douleur du jour précédent. Emportant péniblement les traces d'un jour difficile.

"- C'est prêt !"

Sauf qu'à ce moment-là, étrangement, mon esprit s'était déjà envolé. Vagabondant ici et là. Dehors et dedans.

Je m'étais abandonné à la douceur du moment.

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