III. Que les étoiles en soient témoins
Je me suis allongé une nouvelle fois dans le sable, me laissant bercer par le son des vagues, le regard plongé vers les étoiles.
Rien que ça, ça me fous le cafard putain.
C'était "notre truc" avant. On s'installait tous les deux quelque part, partageant la même couverture et regardant les étoiles jusqu'à s'endormir l'un à côté de l'autre. Dans les bras l'un de l'autre. Elle connaissait le nom de chaque constellation.
Son nom même venait d'une étoile.
Je déteste les étoiles et pourtant, je ne peux pas détacher mon regard du ciel ce soir. Il y a un magnifique spectacle qui s'y produit.
"- C'est votre truc de dormir dehors ?"
Le visage de Camille apparait soudainement sous mes yeux m'arrachant un léger sursaut tandis que sa brusque apparition me tire de ma douloureuse rêverie.
"- Encore vous ?!
- Je viens de finir mon service et je vous ai vu, là. Tout seul.
- J'aime bien être seul.
- Oh."
Elle s'assoit à côté de moi, remontant ses jambes contre sa poitrine.
"- Qu'est-ce que vous faites ?
- On peut être seuls à deux aussi."
Jusqu'à présent j'étais tranquille, je n'emmerdais personne et elle, elle vient s'inscruter dans mon heure de déprime.
"- C'est beau. Oh ! Une étoile filante ! Faites un voeu.
- Je n'en ai aucun en tête.
- Dans ce cas, je vais en faire un pour vous."
Elle ferme les yeux, prenant une grande inspiration et je me surprends à la regarder avec une attention particulière.
"- Je souhaite que le Camille grognon d'aujourd'hui...Puisse payer la dette qu'il me doit !
- Hé ça suffit ! J'ai dit que je le ferais et je n'ai qu'une parole.
- Ah ouais ? Dans ce cas, j'ai faim."
Et alors ? Pas mon problème.
"- Ne me regardez pas comme ça. Quand une femme vous dit qu'elle a faim, vous êtes censés l'inviter à manger.
- Peut-être que je le ferais, mais pas vous.
- Pourquoi ?
- Vous n'êtes pas mon genre. Vous croyez que je ne vous vois pas arriver avec vos gros sabots ? Vous me draguez ouvertement depuis ce matin !
- Bah voyons ! Vous n'êtes même pas beau. Même si vous étiez le dernier homme sur terre, je ne m'accouplerais pas avec vous. Je préférerais que l'humanité cesse d'exister à jamais.
- Vous dites ça, mais vous ne savez pas à côté de quoi vous passez.
- Vantard !
- Non, je suis conscient de mes propres prouesses c'est tout.
- Et dire que y'a cinq minutes vous m'accusiez de drague ouverte, mais là vous voulez carrément me mettre dans votre lit ! Vieux pervers !
- Je ne disais pas ça pour vous spécialement ! Même si ça se fait dans le noir, y'a des limites à qui on mets dans son lit.
- Je suis d'accord !"
On se dévisage un moment avant de se retourner mutuellement l'un contre l'autre, dos à dos.
"- Il n'empêche que j'ai toujours faim."
J'ai compris. Elle ne va pas me lâcher avec cette histoire.
"- Rentrez chez vous et allez vous faire à manger.
- C'est trop long. Vous habitez dans le coin non ?
- Et alors ? Hors de question que vous mettiez vos grosses pattes chez moi.
- Sympa. Donc, je peux mourir de faim et même pas ça vous ferait quelque chose ?
- Pourquoi ? Suis-je supposé ressentir quoi que ce soit ? On ne se connait pas, donc je ne suis pas attaché à vous...Donc votre mort ne me ferait ni chaud, ni froid.
- Ça a le mérite d'être direct. Et moi qui trouvais ça bizarre qu'un bel homme comme vous soit seul et aussi déprimé. C'est quoi ? Votre dernière copine vous a larguée?"
Si seulement. Je m'en serais remis. Elle n'aurait pas été la première fille à me larguer. Mais là, c'était différent.
Là c'était...C'était autre chose. Du moins, je pensais qu'on avait autre chose. Qu'on possédait un lien spécial, unique et que jamais rien ni personne ne pourrait le détruire.
Bien sûr, je n'avais pas pensé une seule seconde que mon propre meilleur ami serait la cause de tout ça. De cette destruction. Je ne l'ai pas vu venir.
"- Vu votre tête, j'ai marqué le point.
- Ça ne vous regarde pas. Rentrez chez vous et foutez-moi la paix.
- Ouuuh froid ! Vous savez que la plage est à tout le monde ? Donc théoriquement je suis parfaitement dans mon droit de rester là.
- Très bien ! Je m'en fiche ! Moi je m'en vais!"
Je n'ai qu'à aller plus loin ou je peux même rentrer. De toute façon, ce n'est pas comme si demain allait être différent d'hier.
Je continue de promener mon air malheureux avec sa laisse.
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