I. Haine à l'amour

Je crois que ça doit être la douzième fois que j'écoute son message. Son dernier message. Celui dans lequel elle me dit qu'elle est désolée, qu'elle aurait aimé que ça se passe autrement, que je l'apprenne autrement. Plus j'écoute son message et plus j'en viens à me dire que j'ai été un connard. Y'a forcément un truc que j'ai mal fait, forcément, ce n'est pas possible autrement. Tout se passait bien et du jour au lendemain...

Je n'arrive pas à l'expliquer. Je ne sais pas me l'expliquer.

Je me suis contenté de tout envoyer chier un beau matin parce que ça me cassait les couilles de le voir tous les jours au bureau. Lui et sa tête de gland. Son sourire fier et son costume à je ne sais combien d'euros.

Putain, y'a encore peu de temps, on buvait une bière devant un match de foot. On partageait un moment. On en a partagé pleins même, mais je ne pensais pas que l'on partagerait aussi la fille qui était supposée devenir ma femme.

Je ne l'ai pas vu venir.

Je n'ai pas réussi à encaisser.

Alors, je suis parti. J'ai loué ce petit bungalow au bord de l'eau et ici, à part les mouettes qui viennent déféquer sur mon linge séchant dehors, personne ne m'emmerde. Ici, ils ne viendront pas me trouver.

Ici, je peux écouter son message. Encore. Juste pour le son de sa voix.

Ah, ce qu'elle me manque. Un côté de moi lui en veut à mort. La vois comme la dernière des traînées, mais l'autre côté n'y arrive pas. Ne s'y résous pas : à tourner la page.

Assis dans le sable, les pieds jouant avec les grains, je me laisse tomber sur le dos, les bras croisés derrière la tête à me demander si j'aurai pu...Si j'aurai pu le voir venir. Y'avait-il des indices quelconques ? J'aurai bien aimé dans tous les cas.

"- Monsieur ? Monsieur vous ne pouvez pas dormir ici, vous allez attraper froid."

Foutez moi la paix bordel. Tout ce que je demande, c'est que l'on me foute la paix. Laissez-moi vautrer dans le sable. Laissez-moi mourir dans mon malheur et ma douleur.

"- Monsieur.

- Quoi ?!"

Je me redresse brusquement, laissant tomber mes lunettes entre mes jambes, surprenant ce qui semblait être une jeune femme, tenant une laisse dans la main.

Elle fout quoi ici celle-là ?

"- Qu'est-ce que vous faites là ?

- Euh...Je promène mon chien et vous ?

- Ma gueule de bois. Je promène ma gueule de bois."

Ses petits yeux se promènent sur tout mon être et je sens mon intimité se faire violer à chaque nouvelle parcelle qu'elle découvre. Quoi ? Je suis pas à ton goût c'est ça ? Je ressemble au dernier des ivrognes, hein ? C'est ça ?

"- Bon, vous foutez le camp maintenant ou vous allez continuer à me regarder ? Je suis votre genre c'est ça ? Désolé ma petite, mais je suis pas un parti à prendre.

- Clairement. Je n'aime pas les pochetrons de toute façon.

- Pardon ? Vous croyez que moi ça m'attire les femmes à chien ?"

Elle ne dit rien, mais n'en pense pas moins, j'en suis certain.

Allez, du balai. Je voudrais être seul. Laissez-moi seul bordel.

J'ai mis un moment à me décoller du sable et à me dire que faudrait que je fasse autre chose de ma journée que de me plaindre. Autre chose, mais quoi ? Je ne suis clairement pas le genre à prendre le bateau pour aller me perdre en mer. Bien au contraire, je n'ai même pas le pied marin.

J'ai entendu dire que y'avait un petit bar sympa pas loin de la plage. Je devrais peut-être aller faire un tour. De toute façon, au bungalow, je n'ai plus rien si ce n'est des cadavres de canettes et de bouteilles gisant au sol et m'empêchant d'atteindre mon lit sans mettre le pied dessus.

Ça me rappelle les "Légo" et ce foutu complot. Ces petites pièces dispersées ici et là dans la pièce faisant en sorte que vous marchiez au moins deux fois dessus, histoire de bien vous faire mal. Je déteste les légo. Je déteste les enfants.

Je déteste tout et tout le monde actuellement.

Mais je n'étais pas comme ça avant. Avant elle et la tempête qu'elle a fait subir à mon coeur. Avant elle, je n'étais pas un ramassis de connerie. J'avais une vie. Un job. Des amis. J'avais une vie, non pas parfaite, mais qui me plaisait.

Et la connasse m'a tout pris.

Absolument tout. Jusqu'à mon meilleur ami. Je la déteste. Je le déteste lui aussi. En fait, je les déteste tous les deux.

Sans prendre la peine de prendre une douche et de me raser, je prends le chemin du bar. J'ai soif. J'ai faim.

J'ai mal.

Me faut un truc pour oublier cet amas de conneries qu'est le monde. Je l'emmerde le monde. J'emmerde les gens.

Et j'emmerde ce petit chérubin ailé s'appelant "Cupidon". Si ce n'était que moi, je lui planterais une flèche dans le cul. Bouffon.

Je hais l'amour en fait et je lui ferais bien un doigt.

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Hé ! Tout premier chapitre d'une longue série à venir en perspective ! Vous avez été déjà très nombreux à tomber nez à nez sur le prologue et j'espère que cette petite histoire vous plaira un tout petit peu.

Au vue de ce premier jet, je pense que vous vous faites une idée très claire de qui peut-être Camille, mais vous n'avez pas encore croisée l'autre Camille mais ne vous inquiétez pas, ça viendra ! Je vous la dévoilerait petit à petit. Mon dieu que j'ai hâte !

En tout cas, je vous fait de gros bisous, on se retrouvera pour le prochain chapitre bientôt !

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