CHAPITRE 54
— Merci, c'était vraiment chouette !
Avant de s'engager dans l'escalier, Cerise et Victor adressèrent un signe de la main à leur ami. Archie et Elijah lui souhaitèrent une bonne nuit, avant de s'éclipser à leur tour. Il ne restait qu'Isaac qui était en train de faire la vaisselle, sous le regard reconnaissant de Sam. Le jeune homme avait voulu se rendre utile, pour pardonner son retard. Naturellement, ni Andy ni Samaël n'avait protesté, car ils n'aimaient pas faire cette tâche. Surtout qu'ils avaient utilisé beaucoup trop d'assiettes et de couverts à leur goût.
— Je crois que je vais exploser, confia Andy.
— Ton gâteau passe mal ? se moqua gentiment Noa.
— Je n'aurais pas dû en prendre deux parts, c'est sûr.
— Je préfère que tu dises ça, que tu n'en ai pas mangé car il était dégueulasse.
De la cuisine, le métis s'incrustait dans leur conversation. Un peu plus loin, Zoé finissait de débarrasser la table avec Morgan. Le brun mettait les décorations dans des grands sacs en plastique. Si cela se trouvait, ils s'en serviraient de nouveau.
— Tu as mis trop de crème, je pense.
— Mais non ! Un Paris-Brest se doit d'être garnit !
— Même dans tes desserts, tu es trop généreux, mon chéri.
— Fiche-toi de moi, bougonna le cuisinier. Ça m'apprendra à vouloir faire plaisir.
Sa petite amie passa derrière lui pour embrasser sa joue. Les deux avaient toujours eu cette manie de jouer au chat et a la souris. Lorsque la jeune femme venait à l'appartement, Andy savait qu'il ne s'ennuierait pas une seconde, avec ses piques.
— Voilà, c'est terminé, dit Isaac en posant l'éponge sur le rebord de l'évier. Je vais vous laisser tranquille. Merci beaucoup pour cette invitation, c'était super sympa.
Il se déplaçait rapidement pour chercher ses affaires qui traînaient sur le haut du canapé. Une fois drapé de son manteau et de son bonnet, il chercha son sac afin de s'en aller. Vérifiant qu'il n'avait rien oublié, il s'engagea vers la porte d'entrée.
— Bonne nuit à tous. A demain, Andy.
Et il ferma doucement le battant. Ses pas lourds dans l'escalier résonnèrent un instant, avant que le claquement de la porte du bâtiment ne leur parvienne. Les cinq personnes restantes se regardèrent étrangement. Être surpris était un faible mot.
— Il est aussi présent qu'un courant d'air, ma parole.
— Je crois qu'il ne voulait pas déranger, intervint le blond.
— Il avait l'air d'être content, non ?
Noa hocha la tête. Oui, Isaac avait été ravi de ces quelques heures. Le jeune homme n'avait pas l'habitude d'être invité à des fêtes, et il avait trouvé cela presque intimidant. De nature discrète, il n'avait pas voulu prendre plus de place qu'il ne le devait.
— Bon, ben écoutez, on va aller se coucher. Bonne nuit les loustics !
Zoé prit Sam par la main et le tira vers le couloir.
— Ne faites pas de bêtises, ne pût-il s'empêcher de préciser.
Andy leva les yeux au ciel, devant ce manque de confiance flagrant. Le couple entra dans la chambre du métis et la porte claqua presque. Visiblement, Sam ne connaissait toujours pas la douceur. Un jour, il ferait s'effondrer les murs de son logement.
— Le canapé te convient, alors ?
— Oui, ne t'en fais pas ! Une couverture, un oreiller, et le tour est joué !
L'étudiant avait oublié que sa petite sœur d'adaptait à toutes les situations sans jamais se plaindre. C'était peut-être pour cette raison qu'elle avait laissé deux garçons lui mener la vie dure pendant pas mal de temps, au collège. Morgan arriva avec les bras chargés. Il avait pris les devants et était parti fouiller les placards de la petite chambre.
— Ho super, merci beaucoup !
L'adolescente enleva son sac qui était toujours sur l'assise, pour border tant bien que mal la couverture. Elle sortit quelques affaires, et demanda l'autorisation d'aller se changer dans la salle de bain. Andy le lui accorda, un air amusé sur le visage.
Visiblement, elle tenait cette manie de ne pas déranger de lui. Il avait l'impression de se voir en elle, avec ses grands yeux pétillants et ces mèches blondes qui coulaient le long de son dos menu.
— Tu m'acceptes dans ton lit, ce soir ? demanda Morgan à son oreille.
— Mmh... je ne sais pas... tu as été sage ?
— Tu veux vraiment voir ce que je fais, quand je ne le suis pas ?
Des lèvres passèrent malicieusement sur sa gorge offerte. Andy ria doucement sous les chatouilles que son petit ami lui faisait. Entre ses bras, il se retourna pour cueillir ces lippes tentatrices. Naturellement, le brun le laissa guider l'échange.
— D'accord, tu peux venir, alors...
Noa revint à ce moment, et fit comme si elle ne voyait pas les deux hommes enlacés près de son couchage de fortune. Elle tapa un peu son oreiller pour lui donner une forme plus gonflée, et se glissa sous la couverture.
— Vous pourrez éteindre la lumière en partant, s'il vous plait ?
— Bonne nuit, déclarèrent les deux autres d'une même voix avant de s'éclipser.
Dans la chambre du blond, ils pouvaient presque entendre Sam et Zoé discuter. Un trait de lumière courrait sous la porte, témoignant qu'ils n'étaient pas encore prêts à dormir. Généralement, lorsqu'ils étaient ensemble, ils veillaient tard dans la nuit. Ils aimaient parler de tout et de rien, si bien que lorsque l'appartement était plongé dans la nuit, Andy pouvait entendre leurs voix traverser les cloisons. L'isolation acoustique était une catastrophe.
— Alors, tu es heureux de cette soirée ? s'enquit Morgan.
— Oui, c'était une idée merveilleuse. Merci beaucoup. Je n'aurais jamais imaginé faire mon anniversaire avec mes amis, ma famille et mon copain, avoua Andy.
Dos à lui, le médecin enlevait sa chemise, bataillant avec les petits boutons. Il avait mis celle qu'Elijah lui avait acheté il y avait des mois. Les muscles de son dos roulaient à chacun de ses mouvements, si bien qu'Andy mordillait sa lèvre inférieure de plaisir. Il n'avait pas honte de le dire ; le physique de son petit ami était un bonheur pour les yeux. Surtout lorsqu'il pouvait le regarder ainsi, sans pudeur.
— Si tu me regardes comme ça plus longtemps, je risque de fondre.
— Ho, pardon... marmonna Andy en rougissant légèrement.
Être prit sur le fait était tout de même encore gênant. Le pantalon serré de Morgan atterrit à ses chevilles avant d'être retiré d'un coup de pied maitrisé. Les chaussettes ne mirent pas longtemps à être enlevées. De son plus simple habit, le brun se coula dans les draps que lui offrait le lit.
— Tu as développé de sacrées habitudes, quand même.
— Vas-tu me dire que ça ne te plait pas ? le taquina le brun.
— Je n'ai pas dis le contraire. Ça ne me dérange absolument pas, tu sais...
Andy passait son sweat par-dessus sa tête, ébouriffant ses cheveux au passage. Il avait cessé de mener la guerre pour les tenir disciplinés. Le pantalon subit le même sort que son jumeau. Cependant, il chercha la chemise délaissée de Morgan pour s'en vêtir. Il n'aimait pas dormir sans une couche de vêtement, et les chemises de son petit ami étaient incroyablement satisfaisantes. Sans même s'en cacher, il huma l'odeur délicate du parfum qui s'était imprégné sur le col.
— Elle est à ton goût ? demanda Morgan en l'accueillant dans le lit.
— Je ne sais pas...
— C'est que tu es difficile, en plus ?
— Je ne choisi que les meilleurs éléments.
— Mince, si tu es aussi difficile, je vais peut-être résilier mon engagement ?
— Je t'en empêcherais !
Andy s'écroula sur Morgan afin de l'embêter. Cela marcha, en voyant la grimace qu'il afficha. Même si le blond n'était pas très épais, recevoir son genou dans la cuisse n'était pas vraiment quelque chose d'agréable. Il le fit rouler sur le côté en pestant pour la forme.
— Au fait, tu n'as pas eu le temps d'ouvrir mon cadeau...
Le blondinet releva la tête, les sourcils froncés.
— Ho merde, j'ai complétement oublié !
Le brun tendit le bras pour chercher un petit paquet qui avait été posé sur la table de chevet. Au même moment, la porte entre-ouverte se ferma en couinant. Amadeus venait de rejoindre son humain. Il avait cette adorable tendance à fermer la porte de la chambre d'Andy, comme s'il ne voulait pas être dérangé dans son sommeil. Le couple le regarda sauter sur le lit, dans un coin au niveau de leurs pieds, pour y tourner en rond et s'y coucher.
— Si tu voulais un moment romantique à deux, c'est foutu, plaisanta Andy.
— Je pense qu'il ne dira rien de ce qu'il verra cette nuit.
Les deux s'échangèrent un regard entendu.
Andy s'assit en tailleur sur le lit, le paquet dans la pause de sa main. Curieux, il secoua un peu l'objet, mais aucun bruit ne lui parvint. Vu la petitesse du cadeau, il n'arrivait pas à deviner ce que c'était. Ne voulant pas attendre plus longtemps, il arracha presque l'emballage et découvrit une boîte à l'effigie d'un bijoutier qu'il ne connaissait pas.
— J'espère que tu n'as pas fais de folies...
— Si c'était le cas, que ferais-tu ?
Andy se trouva bête face à cet argument. Il décida d'enfouir sa gêne dans l'ouverture de la petite boîte. Presque à reculons, il osa jeter un œil dedans, après avoir senti les ressorts se tendres et se détendre dans un couinement familier.
— Ho putain...
Sur son écrin noir, un soleil doré reposait. Le visage qui était sculpté en son centre souriait doucement. Andy passa son pouce dessus, n'osant pas y croire. On ne lui avait jamais offert un tel bijou. La chaise revenait derrière la plaquette noire.
— Mais... Pourquoi ? Enfin, tu... Je ne comprends pas...
— Tu ne le sais pas, mais tu es comme ça, un soleil ardent. Je me suis dit qu'il te fallait quelque chose pour te le rappeler. Avais-je raison de penser à toi quand je l'ai vu dans la vitrine ? demanda Morgan en couvant son petit ami du regard.
— Non, c'est... parfait ? Ouais, ouais c'est parfait...
Le brun sourit doucement, avant d'avancer son visage vers celui du blond. Ce dernier vint frôler ses lèvres des siennes avant de les nouer ensemble. Les deux partagèrent l'une des plus délicieuses preuves d'amour.
— Je te l'attache ?
— Tu ne me le demandes que maintenant ?
Les larmes avaient coulé depuis quelques minutes. Les sillons d'eau salée tombaient jusque dans le creux de son cou. Ils formaient des rivières luisantes sur les joues pâles qui avaient changé de couleur. Le faciès d'Andy était d'une beauté touchante, à cette seconde.
Les doigts frais de Morgan caressèrent un instant la nuque du blondinet, pour se retirer et y déposer la chaîne légère. Les yeux brillants, il lorgna le soleil qui formait presque un médaillon. Andy voulu immédiatement lui donner une signification.
De la tendresse.
Des sentiments.
De l'amour.
De l'espoir.
Oui, ce présent deviendrait un symbole d'espoir. Ce serait quelque chose de doux et de tendre, offert par les plus belles pensées. Morgan, sans vraiment le savoir, avait eu la meilleure idée qu'il puisse trouver. En louchant sur le dos du motif, il remarqua un petit poinçon qu'il n'avait vu que quelques fois, lorsqu'il subtilisait les bijoux de sa mère, afin de voir ce que cela faisait, d'être paré comme une femme.
— C'est de l'or.
Ce n'était pas une question, mais une affirmation.
— Je crois bien que oui.
— Je t'ai dit de ne pas être déraisonnable !
— Si je l'ai acheté, c'est que ce ne l'est pas, mon cœur.
Celui d'Andy loupa un battement. Là, entre les murs de sa chambre, l'atmosphère devint chargée de quelque chose qu'il ne connaissait pas beaucoup. Non, il ne connaissait pas ce qu'il se passait. La tension devenait agréable. Presque palpable. Les yeux dans les yeux, ils découvraient quelque chose de nouveau.
Le brun miellé contre le vert félin.
La passion contre la douceur.
L'un était le complément de l'autre.
Il ne faisait aucun doute qu'à cet instant précis, ils ne formaient qu'un.
— C'est trop tôt pour le dire, mais je crois que je t'aime.
En face de lui, le regard d'Andy glissa de ses yeux à ses lèvres, comme s'il se demandait s'il avait correctement entendu ces mots.
« Je t'aime »
Seule Noa le lui avait déjà dit, mais cela ne lui faisait pas aussi étrange, quelque part au creux de son cœur et de son ventre. Ne disait-on pas que l'amour donnait des papillons dans le ventre ? Le blondinet ne l'avait jamais cru, mais cette fois-ci, il réfutait cette vérité.
C'était sacrément agréable, les papillons.
Il les imagina colorés, tournoyant gaiment pour grandir avec l'altitude acquise.
— Je pensais être le premier à le dire.
— Quoi ? hoqueta presque le médecin.
— Je crois que je t'aime aussi.
Les sourires fleurirent sur les lèvres. Ils creusèrent les joues et firent briller les yeux de joie. Andy fondit dans le bras de son petit ami, et se lova contre lui afin de se sentir protégé et aimé. Les bras puissants se refermèrent sur lui. Une bouche s'égara dans ses cheveux, avant de couler vers son épaule dénudée. Les boutons de la chemise n'avaient pas été fermé jusqu'en haut.
— As-tu envie de dormir ? demanda doucement Morgan.
La lampe de chevet coupa sa lumière. Un froissement de draps plus tard, Andy senti la main de son petit ami remonter le long de sa taille. Les doigts se faufilèrent à travers les ouvertures entre les petits boutons.
— Non, pas vraiment...
Andy devina le sourire de Morgan. Il le connaissait assez pour savoir qu'il avait des pensées peu catholiques. En un rire, Andy se retrouva sous le grand corps du brun. Des mots étaient lancés à travers la pénombre. Ils étaient si flatteurs et délicats que le blondinet s'y accrocha. C'était la première fois qu'on l'aimait avec les mots et les gestes.
— Arrête, tu me chatouilles, ria doucement Andy.
— Mon cœur... murmura Morgan en déboutonnant les petits ronds de nacre.
« Tout compte fait, c'était la chance de sa vie »
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Hey vous !
Voici un nouveau chapitre !
Des avis ? :)
Pour information, c'est le dernier chapitre en tant que tel ! En effet, le prochain est l'épilogue de cette longue histoire ! Nous nous retrouvons donc dimanche pour le grand final ! Pourquoi ce décalage d'un jour ? Tout simplement car les chapitres étaient initialement publiés le dimanche et le 13 juin est un jour particulier mdrrr
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
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