CHAPITRE 52

La journée avait été incroyablement longue. Les cours ne cessaient de défiler les uns après les autres. Ce jour faisait parti de ceux où Andy devait aller à l'école. Cerise et Victor lui avaient sauté dessus pour lui souhaiter un « joyeux anniversaire » qui avait attiré le regard de tout le monde autour d'eux. Le blond avait marmonné quelqu'un chose avant de se défaire de leur étreinte. Il était passablement de mauvaise humeur car il n'avait pas pu dormir avec Morgan, la nuit d'avant. Il avait été de garde, donc ils avaient décidé de ne pas faire chambre commune. Andy détestait ces jours-là, ceux où il ne voyait presque pas son petit ami. Durant les dernières semaines, ce phénomène se répétait de plus en plus.

Le matin, lorsque Sam l'avait réveillé, il avait tiré une drôle de tête. Il s'était attendu à voir Morgan et son doux sourire, les cheveux en pagaille et les yeux encore mi-clos de sommeil. Il s'était retrouvé dans le teint métissé de son colocataire, un petit cupcake entre les mains pour lui donner du courage afin d'affronter cette journée.

Il avait vingt-ans.

Il avait reçu un message de Noa, mais le reste de sa famille avait été un fantôme.

Morgan avait pris le temps de l'appeler entre midi et deux.

Sam lui avait promis de faire un immense gâteau pour son retour.

Cerise et Victor voulaient boire un verre après les cours.

Mais le blond ne voulait pas de tout cela. Il voulait juste aller se coucher et rester dans son lit durant des jours, afin de faire passer son atroce mal de crâne. A force de rester les yeux braqués sur un écran, la douleur avait pointé pour finir ancrée dans les tréfonds se sa tête. Avachi sur sa table, il avait les paupières closes, priant tout ce qu'il y avait d'existant pour que ce fichu cachet fasse effet.

- Monsieur Bloom, mon cours est si inintéressant que ça, pour faire la sieste ?

Le concerné releva le buste pour chercher son professeur du regard.

- Non, monsieur. C'est que je ne me sens pas très bien.

- Votre place est à l'infirmerie, pas en train de dormir sur votre table.

Quelques rires s'élevèrent dans la salle. Ils n'étaient pas nombreux, mais assez pour faire trembler les mains du blondinet. Il s'excusa faiblement avant de se redresser de et passer ses mains froides contre ses paupières. Peut-être que s'il parvenait à les refroidir, le mal s'en irait ? C'était un échec total. La tête lourde, il se leva en même temps que ses camarades lorsque la dernière minute de cours de la journée fut annoncée par la sonnerie.

Il n'eut même pas le temps de voir ses deux amis. L'une était partie avec son nouveau copain, alors que l'autre avait terminé sa journée depuis quelques temps déjà. Peu heureux de se retrouver seul, le blondinet sortit du grand bâtiment en faisant attention de ne pas bousculer les autres. Les cris et les conversations lui perforaient les tympans. Pourquoi n'avait-on pas encore inventé des boutons « mute » pour faire taire les autres ?

Dans sa poche, son téléphone prit vie. Ne pouvait-on pas li foutre la paix ?

- Andy ! Joyeux anniversaire ! Mais de vive voix, cette fois, chantonna sa sœur.

- Merci. Comment ça va, toi ?

- Très bien ! Le principal à choppé les deux gars qui m'embêtaient. Ils ont été renvoyés pendant quelques jours, avec des sanctions à la fin des cours, pour leur montrer je ne sais trop quoi. Tu sais, des heures de colle en bonne et due forme, quoi...

- J'ai la certitude qu'ils ne te feront plus de mal ?

- Affirmatif, chef.

C'était donc la première bonne nouvelle de la journée. Furieux de voir que les choses ne bougeaient pas, le blond s'était déplacé dans le collège de sa petite sœur afin de s'entretenir avec le directeur. L'homme bedonnant avait fait une drôle de grimace en reconnaissant le petit blond qui avait eu un parcours scolaire atypique. Légalement, il n'avait aucun droit de faire ce signalement, car il était censé ne plus avoir de contacts avec Noa et qu'il n'était pas son représentant, mais l'homme avait était conciliant. Il avait eu les trois enfants Bloom dans son établissement, et les deux plus grands n'avaient jamais fait de vagues. Il avait décidé de mener une enquête, et avait trouvé les deux garçons la main dans le sac. Apparemment, il avait été si furieux, qu'on l'avait entendu jusqu'à la Vie Scolaire.

De plus, à en juger son air surpris, il n'était au courant de rien, lorsque le blond avait débarqué dans son bureau. Noa avait été mise au courant le jour d'après, et avait piqué une crise de colère contre son frère car il avait agi dans son dos. Finalement, elle s'était rendue à l'évidence, et s'était excusée de son emportement.

- C'est une excellente nouvelle, alors. Tu te sens soulagée ?

- Oui, tu es le meilleur des grands frères, même si tu es loin de moi. Je t'aime 'dy.

- Moi aussi je t'aime, morveuse.

- Tu ne l'as pas oublié ce surnom, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non ! Je m'en voudrais de ne pas t'embêter avec !

- Tu es le diable incarné, rigola sa petite sœur.

Ils parlèrent encore quelques minutes, alors que le blond se présentait devant la porte de son immeuble. Il raccrocha avant de s'engager sur les marches de bois. Vu que l'hiver passait doucement, l'humidité ne les faisait plus glisser. Dans les semaines passées, il s'était cassé la figure plusieurs fois, lui faisant arborer des plaies et des bleus sur les mains et le visage. Morgan avait été ravi de jouer au médecin avec lui. Ils se souvenaient encore du pansement licorne de Clémentine qui avait orné sa joue jusqu'à ce que la coupure soit pratiquement guérie. Maintenant, il ne restait qu'une fine ligne rosée sur la pommette.

- Hé, salut vous, je vous ai manqué ?

Le gros chat noir roucoula de bonheur en voyant la porte pivoter sur son humain. La plus jeune, qui avait presque atteint sa taille adulte, s'étirait de tout son long sur le haut du canapé. Elle émit un miaulement sonore tout en s'asseyant. Dans tous les sens du therme, elle était une véritable princesse. Blue accrocha sa manche lorsqu'il passa près d'elle.

- Non ma belle, je vais aller faire dodo. Je suis fatigué, et j'ai mal au crâne.

Le chat clair le regarda avec ses grands yeux bleus, essayant de le faire changer d'avis. Cela ne marcha absolument pas. Elle récolta tout de même un baiser entre les oreilles. Boudeuse, Blue se détourna et s'enfonça entre deux cousins, la mine chagrinée.

- Tu viens avec moi ? demanda Andy à Amadeus.

Sans se faire prier, le Maine Coon évolua à côté du blond jusqu'à sa chambre. Andy se laissa tomber sur son matelas. Ses chaussures volèrent quelque part sur le parquet, alors que la couverture fut rabattue presque immédiatement. Il ferma les yeux. La douleur pulsait aux endroits où sa tête touchait la surface molletonnée du coussin. Avant de s'endormir, il espéra qu'en se réveillant, ce mal ait disparu, ou du moins diminué. Il souhaita qu'on l'oublie pendant encore quelques heures. Même si Victor et Cerise étaient enthousiastes à l'idée de fêter son anniversaire, il ne le voulait pas. Il sentait le besoin de se blottir contre Morgan et de se réveiller que de longs jours plus tard.

Il était déçu que ce plan ne puisse pas fonctionner.

***

- Andy ? Dis-moi que t'es pas encore mort.

- Mmh... grogna le blond. Pourquoi je le serais ?

- Il est vingt-heures, et tu ne t'es toujours pas réveillé. Je m'inquiétais juste...

Pourquoi Sam était venu le chercher ? Pour une fois, le blond faisait un agréable rêve avec des personnes qu'il ne connaissait pas. Le cerveau humain était un outil formidable pour créer des situations afin de reposer l'esprit.

- Mais qu'est-ce que tu me chantes ? couina le blond en sortant la tête des draps.

Un œil félin s'égara vers le réveil. Le métis disait vrai. Comment Andy avait-il pu louper le retour de son colocataire ? Surtout, comment avait-il pu dormir aussi longtemps ? Cependant, il remarqua que son mal de crâne avait disparu. C'était la deuxième bonne nouvelle de la journée. Il soupira avant de rouler sur le côté, paresseux.

- Allez, lève-toi mon vieux.

- Je suis devenu vieux, maintenant ? railla Andy, la voix pâteuse.

- Vingt ans est un palier dans la vie, c'est clair.

Sam ricana en passant sa main dans la crinière blonde en pagaille. Il pinça sa joue pour le faire grogner et l'enjoindre à se lever. Les draps furent repoussés presque avec hargne, et les pieds foulèrent le parquet. La fraîcheur transperça même ses chaussettes en pilou-pilou. Débraillé, le sweat de travers et le pantalon remonté sur l'un de ses mollets, il s'engagea dans le couloir. Le salon était éclairé par la lumière derrière la télévision, semblait-il, vu la lueur chaude.

- J'ai fais des pizzas, qu'en penses-tu ? demanda Sam, derrière lui.

- J'ai une faim de loup ! s'exclama le blondinet.

- Parfait alors !

Sur la longueur du couloir, le gros chat noir parvint à sauter sur son humain. Les grandes griffes se plantèrent dans le jean jusqu'à la taille pour venir se reposer dans les bras qui formaient une panière. Les deux avaient développé de drôles d'habitudes, au fil des années où ils avaient cohabité. Lorsque le jeune homme entra dans la pièce principale de l'appartement, ce fut un flash qui lui sauta aux yeux.

- JOYEUX ANNIVERSAIRE !

Le chat feula sous la surprise. Andy cogna sur son propre pied. Il failli se casser la figure, mais Samaël le retint par les omoplates lorsqu'il chuta. Ebahi, il cligna des paupières pour vérifier qu'il n'était pas dans un rêve. Non. Assurément pas. Sinon, il n'y aurait pas tant de personnes dans le petit salon de l'appartement.

- Fais pas ton timide, murmura Sam à son oreille, taquin.

Andy baissa les yeux sur le chat qui était toujours au creux de ses bras. Avec sa grande taille, il pesait lourd. Un jour, ses coudes se rompraient sous la masse de musque et de poils qui l'encombraient. Amadeus comprit ce qu'il se passait, si bien qu'il sauta de son perchoir pour aller se cacher dans la cuisine.

- Mais... mais qu'est-ce que vous faites là ? bredouilla l'étudiant.

- On n'allait pas louper ça, quand même ! Tu rêves un peu, mon gars, ria Cerise.

Elle vint embrasser ses deux joues en ébouriffant ses cheveux, satisfaite de la surprise qu'elle lisait au fond des prunelles de son ami.

- Notre sortie au bar s'est juste un peu transformée, ce n'est pas la fin du monde.

Il atterrit dans les bras puissants de Victor. C'était la première fois que le brun l'étreignait de la sorte. Andy avait presque l'impression qu'il cherchait à lui couper le souffle tant il le serrait, sans s'en rendre compte. Il avait un air d'enfant satisfait de sa bêtise.

- Allez, je suis le mouvement, s'exclama Elijah en embrassant ses joues.

Lui, il ne le prit pas dans ses bras, estimant qu'ils n'étaient pas assez proches.

Un peu plus loin, Archie lui adressa un signe de main et d'un sourire charmant.

- Je suis trop contente de te voir ! annonça Zoé. Mon poussin devient grand !

Elle rigola en fourrant ses mains dans les longues mèches d'or. Elle en tira un peu pour l'embêter avant d'en coincer une derrière l'une de ses oreilles. Le jeune homme fut touché par cette douceur, mais ne voulait pas s'attarder.

- Va voir ton homme, je suis certaine qu'il s'impatiente.

- J'y vole, plaisanta doucement le blond, les joues légèrement rougies de plaisir.

Il aimait particulièrement lorsqu'on soulignait cette appartenance. Le blondinet s'avança presque avec enthousiasme vers Morgan qui semblait le dévorer ses yeux. L'éclat de ses yeux captait ceux du blond. Andy se demanda un instant comme tous les regards des personnes d'une pièce ne pouvaient pas converger vers le médecin. Le sien n'arrivait pas à se détacher de lui, c'était une certitude.

Il était fichu de sentiments.

Bordel de merde.

- Alors, cette surprise te plait ? glissa Morgan.

- Elle vient de toi ? s'étonna Andy.

Derrière, les invités naviguaient afin de dresser la table et d'apporter l'apéritif. A l'ombre des conversations, le couple avait une intimité voilée. Andy passa ses mains fines sur les hanches de son petit ami. Le brun posa son menton sur le haut du crâne du plus jeune. Il embrassa tendrement son front alors qu'il laissait trainer ses yeux sur son meilleur ami qui tentait d'attirer l'attention d'Archie.

- Un jour, tu m'as dit que tu n'avais jamais fêté ton anniversaire, alors...

- J'ai dit ça ? s'étonna le blond.

Morgan hocha distraitement la tête. Son pouce passa sur les lèvres du plus petit. Naturellement, Andy les entrouvrit et son petit ami vint chercher son dû. Il lécha doucement la lèvre inférieure, et sa langue dansa avec sa jumelle dans une valse endiablée.

- Hé, les gars, vous pouvez venir, au lieu de vous galocher comme si c'était la fin du monde ? Vous aurez le temps de faire des bébés plus tard, je vous assure.

- Il n'y a pas à dire, je te préfère quand tu la boucles, Eli.

Le concerné ricana avant de faire un geste pour les enjoindre à s'asseoir. Des chaises avaient été rajoutées à la table. Andy se demanda un instant où son colocataire les avait trouvées. Zoé plaisantait déjà avec Cerise, certainement par affinité féminine. La rousse trépignait presque, jouait avec sa serviette en papier. La table avait plutôt l'air d'être dressée pour un goûter d'enfant, que pour une réunion entre adultes.

- Les cadeaux ! Les cadeaux ! s'exclama finalement la rousse, impatiente.

- Quoi, maintenant ? On vient à peine de se poser, s'indigna Victor.

- Alleeeeeez s'il vous plait !

- Tu es pire qu'une enfant, soupira Sam. Tu ne changes pas, avec le temps.

- Ce serait ennuyant, sinon !

Le métis leva les yeux au ciel. Les deux ne s'étaient vu que quelques fois, et se lançaient des piques comme de vieux amis. Peut-être était-ce parce qu'ils avaient le même caractère, au fond ? Ils étaient deux adultes avec une âme enfantine.

- Andy, cadeaux, alors ? demanda-t-elle, les yeux pétillants de malice.

- Va les chercher... soupira Andy, peu envieux de la voir bouder.

___________________________

Hey vous !

Voici un nouveau chapitre ! (j'en ai chié pour le publier sur mon portable car je ne voulais pas vous faire trop attendre !)

Des avis ? :)

Joyeux mois des fiertés !

Bisou sur votre joue gauche,

Rheexus

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top