CHAPITRE 51
— Je crois que c'est l'homme de ma vie !
— Tu n'exagères pas un peu ?
— Bien sûr que non, pour qui tu me prends ?
— Tu as une légère tendance à toujours tout exagérer, il faut dire...
Andy s'amusait à compter les points entre ses deux amis, depuis qu'ils étaient entrés dans le café. Cerise ne voulait pas cracher le morceau de qui était ce jeune homme, et elle voulait savoir à qui il avait acheté des sous-vêtements. Ni l'un ni l'autre voulait lâcher. C'était assez amusant de les voir défendre leurs positions avec autant de hargne.
— Bon, sérieusement, c'est qui ? Il est dans notre école ?
— Non. Mais tu sais, le projet qu'on a fait pour l'université ? Ben c'est avec lui qu'on m'a mis en contact pour les droits d'auteurs, tout ça... Au début, ce n'était que des mails, mais un moment, on à dû se voir, et j'ai eu le béguin, tout simplement. Allez-y, foutez vous de moi, c'est un peu ridicule, je ne sais même pas s'il à une copine...
— On oserait pas, pas vrai Andy ?
— Jamais. C'est un sujet trop sérieux.
— Bande d'abrutis !
Cerise éclata de rire devant les têtes faussement innocentes de ses amis. Elle porta sa tasse à ses lèvres mais fit une grimace lorsque le liquide chaud toucha sa langue. A sa réaction, la boisson n'avait pas refroidi depuis les vingt minutes où ils parlaient.
— Du coup, je ne sais pas comment l'aborder.
— Demande lui d'être ton modèle, apparemment, ça marche bien.
— C'est une idée de merde, ça, grogna la rousse. T'as pas mieux ?
— Je pense que cette technique à fait ses preuves. Demande à Andy.
Les deux se tournèrent vers le blond qui rougit immédiatement devant toute cette attention. Il baissa le regard sur ses doigts avant d'esquisser un sourire timide. Oui, cette technique était un peu bancale et étrange, mais il avait réussi à parvenir à ses fins en partageant des moments de complicité autour d'un calepin et d'un crayon de papier. Il fallait dire que peu de gens auraient pensé à cela. De toute manière, Morgan et lui ne faisaient rien comme les autres. Ils se cherchaient et se trouvaient continuellement.
— On n'y pense pas vraiment, mais c'était sympa... murmura le blondinet.
— Pff, vous m'énervez tous les deux ! Ce n'est pas aussi simple, rigola la rousse.
— Si tu n'y mets pas du tiens, nous ne pouvons plus rien pour toi !
Alors qu'ils repartaient une nouvelle fois dans une dispute amicale, Andy en profita pour regarder son téléphone. Il l'avait oublié au creux d'une poche depuis quelques heures déjà, et il s'inquiétait de savoir si quelqu'un avait voulu le contacter.
Morgan [15 : 25] : Normalement, je fini le boulot à vingt heures trente. C'est un peu tard, mais tu veux qu'on se voie tout de même ?
Andy [17 : 43] : La question ne se pose même pas ! Je viendrais vers vingt et un, pour que tu aies le temps de décompresser un peu et te doucher. A tout à l'heure, et bon courage ! (Pense à prendre une petite pause, aussi)
Le message était accompagné de plusieurs émojis. L'un pleurait de rire, l'autre envoyait un cœur, et le dernier en était un. Il y avait peu, il s'autorisait à envoyer ces petites taches rouges qui agrémentaient ses pensées. Ils avaient passé une nouvelle étape. C'était un peu ironique, de fourrer sa langue dans la bouche de l'autre, de dormir ensemble, mais de ne pas pouvoir envoyer de cœurs.
Décidément, Andy n'était pas comme tout le monde.
— La planète Terre appelle Andy ! Allô ?
Le concerné cligna ses paupières, perplexe.
— T'es tout rouge, ça va ?
— Morgan t'as envoyé une nude ? plaisanta Cerise.
Le blond ne pensait pas pouvoir rougir encore plus fort. Pourtant, il le fit sous les ricanements de ses amis. Ils tapèrent le bras d'Andy de leurs mains, hilares. Un peu plus loin, une dame se retourna afin de voir qui faisait autant de bruit.
— Non, non c'est pas ça... Je... Je m'étais perdu dans mes pensées...
— On te taquine Blondie. Vous faites bien ce que vous voulez, ça nous regarde pas.
— Si tu es heureux avec ton homme, c'est tout ce qui compte, t'en fais pas.
« Ton homme »
Avait-il le droit de revendiquer Morgan comme étant son homme ? Son cœur hurlait que oui, vu ce qu'ils partageaient, alors que son cerveau émettait tout de même une réserve à ce constat. C'était peut-être un peu trop possessif ? Le blond n'en savait rien, et ne voulait pas se poser plus de questions. Ce n'était qu'un détail.
— Je vous ai pas raconté ! annonça Cerise.
Cette simple phrase annonçait qu'ils allaient passer un certain temps assis autour d la table. Etant face aux deux autres, Andy songea que c'était vraiment plaisant de pouvoir partager des moments aussi futiles avec d'autres gens. Il pouvait dire sans crainte que c'était agréable de pouvoir compter sur les autres. Une, deux personnes. Quatre ou cinq, à la limite, mais plus, c'était inutile. Pendant ces quelques mois, il avait su découvrir ce que cela faisait d'être entouré.
C'était clairement une drogue douce.
***
— La petite m'a offert un bracelet tressé. Je lui emmènerais des chocolats demain.
— Ils ont la chance de t'avoir, tous ces petits qui sont sous ta protection.
— Je ne sais pas trop, mais ils ont besoin d'un peu d'espoir, en ce moment.
— Le début d'année est difficile ?
— Plutôt oui, nous avons eu plusieurs pertes en l'espace de quelques jours.
Un silence. Andy se sentait toujours mal lorsque Morgan lui parlait de sa vie à l'hôpital. Il ne parvenait pas à comprendre comment il pouvait sourire en sortant du travail, alors qu'il était mis devant la mort. Rien que d'y penser le faisait frissonner, sous la couette chaude. Il sentit la main de son petit ami remonter sur sa taille pour la presser gentiment. Les doigts caressèrent l'épiderme chaud du blondinet.
— C'est comme ça tous les ans ?
— Cette fois, c'est plus important, mais le froid et les maladies sont tenaces...
Le nez du plus jeune trouva refuge dans le cou de Morgan. Il sentait un mélange entre son odeur corporelle et son gel douche à l'orange. Andy s'était peu à peu acclimaté à cette fragrance délicate. Dorénavant, il aimait sentir comme lui, lorsqu'il passait la nuit chez le brun. Ils partageaient les shampoings et les gels douches, et cela lui plaisait.
— Et toi, ta journée ? Tu as rendu ton travail ?
— Oui. Après, nous sommes allés faire les boutiques, avec Cerise et Victor.
— Vous vous entendez bien, c'est vraiment chouette.
— Je crois que ce sont de vrais amis. Tu sais, ceux sur qui on peut compter.
Andy était profondément convaincu que si un jour il avait le moindre problème, les deux accourraient sans poser de questions pour venir l'aider. Mais c'était également ce qu'il ressentait, si c'était l'un d'eux qui avait besoin d'aide.
— Comme avec Elijah, donc ?
— Oui. C'est encore un peu bancal, mais ça fait du bien.
Un baiser se déposa contre sa tempe. La jambe de Morgan passa sur celles du blond pour le rapprocher du torse dénudé. Au creux de ses bras, Andy se sentait bien. Il lâcha un soupir avant de jouer avec les doigts de la main qui se présentait à lui. Les longues phalanges se laissaient faire alors qu'il y passait la pulpe des siennes. Dans le noir, il appréciait les sensations qui étaient décuplées.
— Tu as vraiment changé depuis la première fois où je t'ai vu, confia Morgan.
— Quand ? Au parc, ou au café ? plaisanta le blond en pouffant doucement.
— Au café. Tu avais l'air renfermé sur toi-même, ce jour-là.
— Ha oui ? Dis m'en plus... murmura le blond en se lovant contre Morgan.
Leurs corps semblaient être faits l'un pour l'autre. Plus petit de presque vingt centimètres, Andy se coulait parfaitement contre les formes du brun. Sa chaleur l'entourait doucement. Le médecin aimait cette situation, car il avait l'impression de pouvoir protéger son petit ami de tous les dangers extérieurs.
— Malgré ton sourire, tu avais l'air incroyablement triste.
— Je pensais que ça ne se voyait pas trop...
— Crois moi, j'ai vu des tas de menteurs, dans ma carrière. Entre deux qui assurent que tout va bien et ceux qui vivent dans le déni, il n'y a plus beaucoup de place pour les autres, avoua le brun en lissant une mèche de cheveux blonds.
— Et je fais partie de quelle catégorie ?
— La première, à n'en pas douter.
Il y eut un silence. Pas quelque chose de gênant ou de pesant. Juste une pause dans leurs confidences. Souvent, lorsque la nuit était tombée et qu'il faisait noir dans la chambre, ils laissaient parler leurs cœurs. Ils s'avouaient des secrets, et parlaient longtemps sur des points qui leur tenait à cœur.
— Et maintenant, tu penses quoi de moi ?
— Tu veux vraiment savoir ? questionna Morgan sur le ton de la confidence.
— Bien sûr ! C'est important de savoir ce que son homme pense de soi, non ?
Les mots de Cerise avaient envahi sa pensée. Il bénissait le noir de les envelopper si bien, pour que la rougeur de ses joues ne soit pas visible. Pourquoi, derrière lui, Morgan se doutait de quelque chose. Il resserra son étreinte avant que ses lèvres ne parsèment sa nuque de baisers. Cependant, il ne rebondit pas sur les propos. Il laissa couler ce sentiment de joie qui s'enroulait autour de son cœur.
— Maintenant, je trouve que tu as l'air épanoui.
— Comment tu le vois ?
— Ça ne se voit pas, mais ça se ressent. Tu es plus détendu, et tu souris.
— Ce qui est drôle, c'est que j'ai constaté la même chose, tout à l'heure.
— Comme quoi, les grands esprits se rencontrent, plaisanta le brun.
— C'est sûr. Nous sommes liés, alors, continua Andy, sur le même ton.
Il y eut un froissement de draps. Une chaleur qui s'en alla un instant pour mieux revenir l'enlacer. Le parfum si distinctif chatouilla ses narines. Cette odeur allait bientôt être sa préférée, tant elle était douce et délicate. Mais, il n'allait jamais l'avouer à voix haute, il ne fallait pas abuser non plus.
— Je n'en doute pas une seconde. C'est une rencontre assez incongrue, quand on y pense.
— C'est vrai. Mais ce qui est le plus drôle, c'est qu'on se soit revu !
— Non, je pense que c'est lorsque tu m'as demandé mon portrait.
— J'ai failli mourir de honte, ce soir-là !
— Quand même pas... C'était mignon.
Ils repensaient tous les deux à la même situation, mais avec deux points de vue différents. L'un avait été surpris, alors que l'autre avait failli se consumer de gêne. La nuit suivante, ses angoisses avaient surgit pour lui faire comprendre qu'il avait dépassé les bornes. Pourtant, ce fut l'une des meilleures décisions de sa vie.
— Heureusement que le client était là pour nous donner un coup de pied aux fesses.
— Clair ! ricana Andy.
Ses épaules tremblèrent sous ses rires. Le corps de Morgan s'ébroua un instant également. Cela était l'un de leurs premiers souvenirs en commun. C'était assez drôle, d'y penser ainsi. Si le videur n'avait pas traduit la demande d'Andy, peut-être qu'ils en seraient toujours au point mort.
— Tu penses que notre histoire sera belle jusqu'à la fin ? demanda Andy.
Il devint timide, entouré des pensées qui se chamboulaient dans son crâne.
— Ne parlons pas de ça. On verra bien ce que l'avenir nous réserve, d'accord ?
— Ouais, okay, on fait comme tu dis...
Le silence revint, entrecoupé de frôlements, de caresses et de baisers sur le coin des lèvres. Andy s'était retourné entre les bras de son petit ami et se laissait aimer comme il le voulait. Heureux, il posa la tête sur le biceps du brun et ferma les yeux. Même s'ils étaient plongés dans le noir depuis presque une heure, il reposa ses yeux que maintenant.
— Tu te lèves à quelle heure, demain ?
— J'embauche à huit heures, mais j'ai mon dimanche de libre.
— Je pourrais venir demain, alors ?
— Squattes ici autant que tu veux, tu le sais bien.
— J'ai l'impression d'être un sans domicile, comme tu en parles !
Morgan lâcha un rire. C'était un son fatigué par la journée qu'il venait de passer. Il avait envie de plonger dans les bras de Morphée, mais ces conversations légères avec le plus jeune lui permettait de décompresser un peu. Elijah avait raison lorsqu'il disait que partager son quotidien avec quelqu'un faisait voir la vie sous un autre angle. Morgan n'avait encore jamais été en couple en bonne et due forme. Andy était son premier dans beaucoup de domaines. Celui des sentiments principalement. Il était encore tout retourné lorsqu'il pensait à cela.
Etait-ce trop tôt pour aimer ?
Son meilleur ami lui avait juré qu'il n'y avait pas de règle pour aimer une personne, bien qu'il en doutait tout de même. Il ne voulait pas faire peur à Andy avec ce qu'il se passait dans sa tête. Il préférait aller au rythme du blond. Ils s'apprivoisaient doucement, comme n'importe quel couple.
Il n'y avait pas de règle de temps, au final.
— Bonne nuit... marmonna Andy, alors que sa main retombait sur le matelas.
Le sommeil venait de le cueillir de la plus douce des manières. Morgan avait remarqué qu'avec lui, il ne mettait pas longtemps à partir dans le pays des songes. Ses yeux bruns s'étaient acclimatés à la pénombre depuis un bon moment déjà, si bien qu'il parvenait à deviner les courbes du corps du plus petit. Il sentait la masse de cheveux reposer contre son torse. La pointe le chatouillait. Il repoussa quelques mèches avant de se pelotonner contre son petit ami. Il n'y avait qu'une couverture épaisse au-dessus d'eux, mais entre leurs deux corps, ils n'avaient pas besoin de plus. Morgan s'était aperçu que le blond était une petite bouillote vivante, dès qu'il parvenait à chasser la froideur de l'extérieur.
Il adorait cette façon de se compléter, sans même le faire exprès.
Un fois bien installé, le bras en travers de la taille d'Andy, et ses jambes entremêlées à celles du blond, le médecin ferma à son tour les yeux en lâchant un soupir comblé. Oui, il fallait l'avouer, à l'heure actuelle, il était comblé. Avec Andy, ils avaient trouvé un nouvel équilibre. Finalement, c'était ce qu'il lui manquait, dans sa vie déjà bien rangée.
Le nez dans la nuque du plus jeune il inspira cette odeur de café beaucoup trop tenace. Il avait appris à l'apprécier, si bien qu'elle berçait ses rêves la plupart du temps.
— Bonne nuit, murmura-t-il avant de détendre lentement ses muscles.
Sur la table de nuit, le radio-réveil indiquait minuit douze.
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Hey vous !
Voici un nouveau chapitre !
Des avis ? :)
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
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