CHAPITRE 23
[15 : 31] Andy : Regarde ce que j'ai trouvé sur le chemin du Elio's. Il n'est pas genre hyper mignon ? J'espère que tu n'as pas crié comme une fillette...
La photo était accompagnée d'une photo un peu floue qui représentait un lézard sur un mur. Le peu de lumière du jour se reflétait sur la pierre blanche qui côtoyait le sol. Des smileys accompagnaient le texte.
Morgan grogna en détournant les yeux. Il avait une phobie non expliquée pour ces bestioles. Enfin si, elle était parfaitement expliquée. Pourquoi leur queue continuait de bouger alors qu'elle était détachée de leur corps ? Cela le répugnait et le dégoutait.
— Qu'est-ce que tu as ? demanda Elijah, échoué sur le canapé.
— Andy vient de m'envoyer une photo de lézard.
Le bouclé se releva immédiatement, laissant son téléphone sur l'accoudoir. Il enleva ses jambes des genoux du plus jeune, et tendit la main. Morgan soupira avant de lui tendre l'objet du crime. Sourcils froncés, Eli relis les nombreux messages qu'ils s'étaient échangés.
— Bon sang, mais qu'est-ce que vous parlez ! C'est une vraie pipelette.
— Il dit qu'il est plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral alors...
— Attends, attends, attends... ?
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu as quelque chose de prévu, cette aprèm ?
— Pas vraiment, mais pourquoi ?
— On va en ville !
— Toi, tu as une idée en tête, soupira Morgan.
— Allez, va t'habiller, au lieu de parlementer !
Le brun grogna une nouvelle fois, alors que son meilleur ami le poussait. Il alla directement dans sa chambre pour troquer son vieux sweat à capuche toué qu'il devait traîner depuis six ans, contre une chemise propre et repassée. Blanche, elle ressortait agréablement sur sa peau claire. Il chaussa ses éternelles Dr Martens avant d'empoigner son manteau. Elijah l'attendait déjà près de l'entrée, les mains dans les poches. Il lui tendait son écharpe pour être certain qu'il sortirait couvert.
— Allez oust, dehors !
— Peux-tu me dire pourquoi tu es aussi pressé ?
— C'est une surprise ! chantonna le châtain, fier de lui.
Morgan vérifia qu'il avait bien ses clefs avant de claquer la porte en sortant. Elle se verrouilla dans un bruit caractéristique et ils montèrent dans l'ascenseur. Le grand miroir leur renvoyait l'image qu'ils affichaient à tout le monde. Elijah se tourna vers lui pour coiffer un peu mieux ses cheveux. Il avait rasé sa repousse de barbe le matin même, si bien que la peau de sa mâchoire était lisse. Ses yeux clairs étaient envoûtants.
Morgan devait l'avouer, Elijah Lempereur était séduisant.
Il ne doutait pas un instant que les hommes tombaient pour son charisme.
Les portes s'ouvrirent et ils déboulèrent dans le hall. Lorsqu'ils passèrent les portes vitrées, le froid leur cracha à la figure. Morgan remonta son écharpe sur son cou, alors que le châtain s'enfouissait la tête dans la sienne.
— Purée, l'hiver ne va pas être drôle, cette année, pesta-t-il.
— Tu dis ça tous les ans, je te signale.
— Laisse-moi me plaindre, d'accord ?
Dans le fond de sa poche, Morgan sentit son téléphone vibrer. Il le sortit, intrigué. Le fond d'écran lui agressa les yeux, alors que le psychologue l'entrainait par le bras. Ils allaient vers un endroit où Morgan n'y mettait jamais les pieds. Pourquoi changeait-il ses habitudes ainsi ? Il soupira, et expulsa de la buée par le nez.
— Encore ton prince charmant ? railla le plus vieux.
— Non, c'est Milo. Il demande s'il peut passer demain.
— Il descend ? Ce n'est pas souvent. Il vient faire les boutiques pour noël ?
— Je n'en sais rien du tout.
Elijah leva les yeux au ciel avant de soupirer. Il tourna dans l'une des rues adjacentes, profitant du fait que Morgan soit sur son portable. Il faillit se casser la figure lorsque sa chaussure buta contre l'un des pavés qui ressortait un peu plus que les autres. Morgan serait tombé si son meilleur ami ne l'avait pas rattrapé.
Un gamin pourchassait sa sœur entre les passants, alors que leurs parents faisaient des listes de ce qu'ils voyaient dans les magasins. C'était une technique comme une autre, pour recenser les jouets, et envoyer ce qu'ils trouvaient aux grands parents. L'espace d'une seconde, Morgan se demanda s'ils seraient pareils, avec Andy.
Avant de se rappeler qu'ils n'étaient même pas encore en couple.
Enfin, s'ils l'étaient un jour.
Ses pensées volèrent immédiatement vers le blondinet qui occupait de plus en plus ses pensées. La dernière personne qu'il voyait avant de se coucher était une fois sur deux lui. Avec ses petites tâches de rousseurs sur le nez, ses yeux félins, et son teint pâle. A chaque fois, il s'endormait avec un sourire heureux. Parfois, il se faisait lui-même penser à un adolescent en chaleur. Ceux qui vivaient sur un nuage lorsqu'ils pensaient à l'autre. Du moins, il n'était pas encore rendu à ce stade, mais bientôt, il en était certain, il y serait.
Lorsqu'Elijah raillait qu'il devenait guimauve, il avait tout à fait raison.
— D'ailleurs, tu veux quoi comme cadeau cette fois ?
— J'ai bien une petite idée... réfléchit Morgan à voix haute.
— Si tu me dis que tu veux une nouvelle paire de Doc, je te la fais bouffer.
— Je vais me taire alors. Mais en quoi c'est une mauvaise idée ?
— Tu en as déjà trois paires ! Et elles sont toutes pareilles, rétorqua Elijah.
— C'est faux. Ce sont des creepers, des brogues et des vintages.
— Hm, et ? Elles ne te suffisent pas ?
— J'en aimerais des marrons, pour aller avec mes jeans clairs.
— Tu es incroyable ! Bon d'accord, tu as gagné, soupira Elijah.
Il secoua la tête, amusé par cette négociation bancale. Morgan avait toujours gain de cause en demandant de nouvelles chaussures ou de nouveaux vêtements au châtain. Lui-même amoureux de la mode, il ne pouvait pas s'empêcher de refaire régulièrement sa garde-robe. Heureusement que le salaire d'un psychologue payait bien.
— Et toi, tu veux quoi pour noël ? demanda Morgan après avoir encore tourné.
— Je te dirais bien Archibald nu entouré d'un ruban rouge, mais il ne voudra pas.
— Je pourrais essayer de négocier, mais je ne le connais pas, cet homme...
Le reproche était à peine voilé. Le visage neutre de Morgan aurait pu le tromper, mais il le connaissait assez pour savoir qu'il lui en voulait toujours. Cependant, ni l'un ni l'autre rebondit sur cette phrase. Ils regardèrent distraitement les magasins qui s'offraient à eux. Ils avaient tous sorti leurs meilleures vitrines pour allécher les passants. Et cela marchait car des petits troupeaux se formaient devant les entrées. Des femmes s'extasiaient sur des robes de soirées, alors que des hommes lorgnaient les prix en grimaçant.
Puis, ils arrivèrent à la fameuse place où Elijah voulait les emmener depuis le début. Celle en plein dans les rues commerçantes plutôt riches. L'endroit avait complétement changé, les arbres s'étaient drapés de leurs plus belles guirlandes, alors que le sol avait vu poussé des chalets. Un véritable petit village s'était formé là. Il y avait de tout, des petites maisons restaurants, des petites boutiques, certains ne vendaient que du vin chaud... et plus encore. L'endroit grouillait de gens. Les familles entières se déplaçaient de chalet en chalet. C'était étouffant et bruyant. Mais c'était vivant.
On pouvait se perdre aisément dans cette foule compacte.
— Ho regarde ! Il faut que j'en prenne une à Noora !
Elijah tirait le bras de Morgan jusqu'à l'un des chalets. Le brun dût réfléchir quelques secondes avant de se souvenir à qui appartenait le prénom qu'il avait employé. La fille d'Archibald. Ils atterrirent devant des portes ouvertes qui donnaient un accès direct à une bonne centaine de peluches. Cela se voyait qu'elles étaient faites à main.
— Bonjour messieurs, avez-vous une idée d'animal ? demanda la vendeuse.
— Bonjour ! Avez-vous une licorne ? Un dinosaure ? Ho non, un narval !
— Eli, calme-toi, déjà...
Il avait rendu son salut à la femme avant de laisser trainer son regard sur les petites créations. Il y avait de toutes les couleurs, de toutes les formes et de tous les animaux. Le brun crut même reconnaitre un croisement entre une girafe et un crocodile.
— Ils sont magnifiques, regarde ! s'extasia le châtain, euphorique.
Il tenait une grosse licorne blanche et rose et un petit dinosaure vert menthe aux écailles dorsales argentées. Morgan loucha sur les petites étiquettes de prix, mais ne fit aucun commentaire. Il s'amusait de voir Elijah redevenir un enfant lorsqu'il achetait des cadeaux aux autres. Par-dessus tout, il aimait faire plaisir aux autres.
— Je vous les prends, s'il vous plaît.
— Parfait ! chantonna la femme. Je vous fais un bel emballage.
Les deux amis attendirent, en fouillant les chalets à proximité des yeux. Il y avait tellement de monde qu'ils ne parvenaient pas à tout voir. C'était beau et étrange à la fois. Comment une seule fête pouvait réunir autant de monde ? Cela restait un mystère.
— Voilà, merci pour vos achats ! Passez une bonne journée messieurs !
Ils la remercièrent avant de se faufiler un passage entre les gens. Ballotés au grès des déplacements, ils visitaient les chalets. Certains retenaient leur attention, curieux. Un homme vendait des casse-têtes en bois, si bien qu'ils étaient restés dix minutes à observer l'homme faire une démonstration de son art.
Plus loin, ils avaient fait une halte pour savourer des yeux une maisonnette remplie de pierres de tous genres. Morgan tomba sous le charme d'une géode d'améthyste. Un péridot aux reflets jaunes l'avait attiré, car il était presque de la couleur des yeux d'Andy. Il ne l'avait cependant pas ajouté à ses achats, car rien ne pouvait être comparé aux joyaux félins du blondinet.
Après une heure et demie de shopping et de lèche vitrine, ils décidèrent de concert de rentrer manger quelque chose de chaud. Ils avaient fait une petite pause pour boire du vin chaud. Elijah n'était toujours pas cette boisson, même s'il s'acharnait à essayer, année après année. Ils avaient donc opté pour des pommes d'amour. Cette fois-ci, le châtain en avait qu'une bouchée. Il avait même terminé celle de Morgan qui ne supportait pas toute cette dose de sucre.
— Nous ne sommes pas sur le bon chemin... fit remarquer Morgan.
— Je voudrais aller à la bibliothèque pour voir s'ils ont un livre pour Archie.
— Vous n'êtes même pas ensemble, et tu lui fais un cadeau de noël ?
— Toi et moi ne sommes pas ensemble, et je t'en fais un !
— Je suis ton meilleur ami, ce n'est pas exactement la même chose...
— Il ne veut jamais de mes attentions alors... j'espère qu'il les voudra, cette fois. Il n'aime pas que je lui offre un repas à l'appart, ou même un café, dit tristement l'homme.
Elijah avait toujours eu cet irrépressible besoin de couvrir ses proches d'attentions. Il se cassait littéralement les dents avec Archibald qui n'en voulait pas. Les deux hommes n'avaient pas été élevé de la même façon, alors ils n'appréhendaient pas les choses pareillement. Le premier était du genre extravagant, et le deuxième plutôt discret.
— Laisses lui le temps. Tu vas finir par l'étouffer, et il ne voudra plus de toi.
— Ne parle pas de malheur s'il te plait.
Elijah réajusta une nouvelle fois son écharpe. Elle ne cessait de glisser sur son épaule. Il soupira douloureusement, avant de se redresser, comme s'il venait d'avoir la meilleure idée de sa vie. Et c'était peut-être le cas.
— Si ça se trouve, on peut passer les fêtes ensemble ! Ils sont que deux avec Noora !
— Demande lui avant de mettre en œuvre ton plan...
— Merci de ta coopération.
Il était évident que le brun allait aider son ami.
Ils passèrent devant un magasin de jouets où il y avait une dizaine d'enfant qui mettaient leurs mains sur la vitre. Certains criaient et un pleurait pour essayer d'attendrir leurs parents. Malheureusement pour eux, cela n'eut pas l'effet escompter.
— Tu rentres chez tes parents ? demanda subitement le psychologue.
— Mh, oui. Je n'ai pas pu aller aux dernières vacances de mes parents. Cette fois-ci, Marius peut venir, donc je vais faire en sorte de me libérer aussi.
— J'espère qu'on se verra vite, car nous n'avons pas pu fêter l'anniversaire de ta mère, vu qu'il tombait en pleine semaine cette année... J'ai un cadeau du tonnerre pour elle en plus ! fanfaronna fièrement Elijah. Je t'en avais parlé, non ?
— Peut-être oui, mais tu débites tellement de bêtises à la minute que ça m'a échappé.
Le concerné fit mine de bouder en ronchonnant.
— Tu es dur avec moi, se plaignit-il en passant à une autre rue.
Les guirlandes lumineuses leurs faisaient un passage dans les rues. Morgan se demanda comment les habitants pouvaient dormir tôt, avec toute cette lumière presque collée à leurs fenêtres. Heureusement qu'il habitait dans un immeuble haut, il n'avait pas ce genre de problèmes.
— Ha non, ça, c'est quand tu vois Andy...
Un blanc suivit sa remarque.
— Sérieusement, il faut que tu emballes rapidement ton homme et baise un coup.
— Je ne me permettrait pas de baiser avec lui. Nous ferons l'amour, tu sais ?
— Je crois que tes histoires de fesses ne m'intéressent pas.
— Tu es d'un ennui ! se plaignit l'autre.
— Je ne me mêle que de ce qui me regarde.
Si Elijah était très ouvert sur sa sexualité, quitte à en parler dans les moindres détails à son meilleur ami, Morgan était pudique. C'étaient des moments intimes, et comme le nom l'expliquait, toute la ville n'était pas censée être au courant de ses ébats.
Cette conversation pouvait paraitre déplacée, dite à voix haute, dans les rues de la ville, à l'écoute de tout le monde, c'était commun pour les deux hommes. Ils ne comptaient plus le nombre de fois où ils avaient des paroles « audacieuses » ou « inadaptées en société ». Ils avaient plusieurs fois choqué des femmes d'un certain âge, lorsque leurs familles décidaient d'organiser des soirées d'anniversaire, pour les uns ou les autres.
— Où est ta bibliothèque, je commence vraiment à avoir froid, grogna Morgan.
— Au coin de la rue, s'enthousiasma Elijah. J'en n'aurais pas pour longtemps.
Effectivement, il y avait bien une librairie au coin de la rue. Des livres étrangers, annonçait la vitrine, des livres d'ailleurs. Le brun patienta dans le petit hall que formait les grandes étagères. Elijah évoluait dans les rayons, une liste à la main. Le papier déchiré comportait trois titres. L'écriture était trop ronde pour être la sienne.
[18 : 43] Andy : Tu n'es pas drôle ! Ils ne sont pas méchants ! Lorsqu'elle était petite, ma sœur avait fait un élevage de lézards, elle avait un immense vivarium ! Mais mes parents en ont eu marre et les ont relâchés dans la nature. Ma sœur à pleuré pendant des jours...
Morgan se demanda quelques secondes pourquoi il recevait ce message.
[18 : 45] Morgan : Il aurait fallu les brûler. Ils sont inventions de Satan à coup sûr.
[18 : 46] Andy : Tu es dur ! Ces pauvres bêtes n'ont rien fait !
[18 : 48] Morgan : C'est vrai, mais cette peur ne se contrôle pas.
Morgan ne ferait jamais de mal à un quelconque animal, mais c'était sa phobie qui parlait pour lui. Il était ce genre de personne qui relâchait les araignées à l'extérieur. Même celles énormes qui faisaient la taille de son poing.
— J'ai fini Caméléon, on rentre ? demanda Elijah en apparaissant.
Ils annoncèrent un « au revoir » avant de retourner braver le froid. Ils n'étaient pas très loin de chez le psychologue, alors ils optèrent pour finir la soirée chez lui. Ils commanderaient certainement chinois, et feraient des parties d'un quelconque jeu vidéo.
C'était le programme d'une soirée paisible.
Jusqu'à ce qu'ils passent par la fameuse rue. Et qu'Eli pousse la porte du Elio's.
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Hey vous !
Voici un nouveau chapitre !
Des avis ? :)
Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus
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