CHAPITRE 2

Morgan se réveilla car son alarme résonnait dans tout l'appartement. Il grogna avant d'étirer son corps tel un chat. Il se retourna paresseusement avant de s'enrouler dans les draps encore chauds de la nuit. Son bras rencontra un corps. Les cheveux châtains dépassaient de la couverture. L'oreiller était aplati à cause du visage qui s'enfonçait.

– Veux-tu bien couper ton alarme ? grogna l'homme avant de se rendormir.

– Hum ? Monsieur est ronchon, aujourd'hui ? demanda Morgan, amusé.

– Tu m'as épuisé, cette nuit, alors laisse-moi dormir encore quelques minutes !

Le châtain grogna une nouvelle fois sous les rires de son ami. Une main passa dans ses cheveux afin de les ébouriffer. Morgan s'assit au bord du lit, réfléchissant à la journée qu'il allait devoir affronter. Ses pensées ne parvenant pas à se mêler pour former des phrases cohérentes donc il décida d'aller prendre une douche. Le parquet du couloir était froid sous ses pieds. Le bois craquait doucement, comme une brindille qui pliait sous le vent fort d'une tempête. La peinture blanche des murs formait une allée d'honneur qu'il prenait tous les matins. Il se lassait de cette vision, jour après jour.

La salle de bain était joliment décorée. Quelques plantes glissaient de la fenêtre. Il y avait une commode et une double vasque. Les produits s'alignaient les uns après les autres en dessous du grand miroir. Il pouvait aisément voir son buste et sa tête, malgré sa grande taille. Par habitude, il se dévêtit et exposa sa nudité à la cabine de douche. Il y entra en quelques secondes et y resta très peu de temps. Morgan n'aimait pas prendre de douches, car cela était du temps gaspillé à ne rien faire. Moite de vapeur, il enroula son corps dans une grande serviette. Le contact de l'éponge contre sa peau le ravissait.

Après avoir enfilé un pantalon et une chemise repassée, il se dirigea vers la cuisine où il se servit une immense tasse de café serré. L'odeur de l'arôme fit même venir son ami. Les deux se retrouvèrent l'un en face de l'autre, avec la tête dans le pâté, assaillant le bar qui délimitait la cuisine de l'espace salon. Morgan, le nez dans son téléphone, ne faisait plus attention au jeune homme qui lui tenait compagnie.

Les nouvelles n'étaient pas très bonnes, s'il croyait le message qu'il lisait.

Malheureusement, le garçon qui attendait une greffe de cœur était partit cette nuit.

Avec le cœur lourd, Morgan se leva pour poser sa tasse dans l'évier.

– Tu dois être à l'hôpital à quelle heure ? demanda le châtain, curieux.

– Sept heures et demie, comme tous les jours, Louis... marmonna Morgan.

– C'est pas humain bordel. A chaque fois, tu m'jettes de chez toi, soupira-t-il.

– Hum.

Morgan n'écoutait pas vraiment les babillages de son ami. Il se fichait pas mal de comment il se sentait. Ils passaient une bonne nuit, ils prenaient un café ensemble puis Louis s'en allait. Cette situation se repérait depuis maintenant trois ans. Le châtain n'était rien de plus qu'un ami avec des avantages, aux yeux de l'homme. Sauf que ledit ami s'était attaché à lui, bien qu'il l'ait prévenu. Morgan ne voulait pas s'attacher pour créer des problèmes inutiles, selon lui. Juste du sexe, qu'ils avaient convenu, et il s'en contentait avec une certaine satisfaction. Le brun n'aimait pas les complications et le faisait bien comprendre à Louis par son attitude détachée.

La porte claqua. Le bruit du verrou résonna. Morgan n'avait même pas relevé les yeux. Il choppa ses clefs d'appartement sur le guéridon près de l'entrée avant de fermer la porte à son tour. Dans l'ascenseur, il passa correctement son long manteau avant de lacer ses chaussures. Tous les jours les mêmes actions. A la seconde où la cabine fit un à-coup pour témoigner de son arrivée, il serra la deuxième boucle. Millimétré comme un papier à musique. Il se releva, le plus naturellement possible et croisa cette petite dame du troisième étage. Comme d'habitude, elle lui sourit et lui fit un petit signe de la main.

Il poussa les doubles portes vitrées. Le silence du hall d'entrée fit place au brouhaha de la ville. Il n'était pas tard, mais les voiture défilaient déjà. Les pneus roulaient durement sur les pavés dans un bruit reconnaissable. Dans quelques minutes, la rue bouchonnerait. Tout se jouait à quelques secondes sans une grande ville. Heureusement que Morgan était proche de son lieu de travail. A quelques rues, l'hôpital se dressait de sa silhouette puissante. Les ambulances étaient garées en double file tandis que des brancards circulaient. Dans ce milieu, il n'y avait pas un instant où les urgences ne marchaient pas. Il n'y avait pas une seconde de répit pour tous ces gens, coincés dans un lit, ou non. Pour toutes ces personnes qui souffraient.

La porte de verre s'ouvrit sur son passage. Le sas lui souffla de l'air chaud sur le visage avant qu'il ne se présente à l'accueil. Les deux femmes buvaient du café tandis que l'homme, au bout, était déjà au téléphone. Ses sourcils étaient froncés. Morgan songea que c'était bien triste d'être aussi préoccupé si tôt dans le matin. Il passa devant eux avant de prendre le deuxième ascenseur de sa matinée.

Lorsqu'il fut enfin devant son étage, il posa le pied sur le lino gris du couloir. Quatrième porte à droite. La petite plaquette dorée s'étalait gaiement sur la porte peinte en bleue. Chaque battant était d'une couleur différente. Etait-ce pour redonner le sourire aux patients ? Il n'en savait rien. La clef dans la serrure, il la déverrouilla facilement. L'espace qui s'ouvrait à lui manquait de professionnalisme, avec tous ces documents en vrac sur le grand bureau. Les armoires couraient le long des murs tandis qu'une poignée de chaises se faisaient face. Le grand ordinateur qui était dos aux patients le narguait.

Morgan soupira un bon coup pour se donner du courage et fit quitter son manteau de ses épaules d'un mouvement maîtrisé. Remplaçant l'étoffe chaude, une blouse blanche décora alors sa tenue. Il était enfin prêt à travailler. Il regarda rapidement ses mails et il vérifia ses dossiers en court avant que huit heures ne sonnent sur l'horloge au mur. Il se devait d'aller chercher son premier patient. Un certain Mr. Moulin. L'homme passa ses doigts dans ses cheveux bruns avant d'ouvrir la porte et de s'engager dans les diverses salles d'attentes. Un jeune homme d'une dizaine d'années, accompagné de sa mère lui emboîta le pas. La journée de Morgan venait de commencer.

***

Épuisé de son après-midi aux urgences à cause d'une opération surprise, il sortit s'aérer l'esprit avec Luna. Sa journée s'était terminée par une montée de stresse, donc ils en avaient convenu ainsi. La brune était l'une de ses collègues, à l'hôpital. Elle n'arrêtait pas de parler en faisant de grands mouvements avec ses bras. Son rire s'envolait entre les passants qu'ils dépassaient. Il était agréable de converser avec elle, mais c'était également épuisant d'essayer de la suivre dans son débit de parole trop rapide.

– Et là, je te jure, il a sorti son bout de knaki et j'ai explosé de rire !

– Lou, c'est franchement vexant pour un homme, répliqua Morgan, amusé.

– Mais qu'est-ce que tu aurais voulu que j'en fasse ? Aussi petite que ça !

Elle mima un petit espace entre son index et son majeur. Les deux amis explosèrent de rire sous la constatation de la taille. L'homme pensa même qu'elle exagérait mais son regard lui disait clairement qu'elle disait la vérité. Cette bouffée de fraîcheur faisait du bien à Morgan. Une fois n'était pas courante, il s'autorisait à laisser exprimer sa tension par l'amusement.

– Du coup je suis rentrée et j'ai tapé la meilleure nuit de toute ma vie !

– Tu es incroyable, soupira le brun après avoir retrouvé son calme habituel.

Amusé par l'esprit de la jeune femme, Morgan esquissa un sourire. Ils se promenèrent ainsi, dans les quartiers animés. Elle parlait fort et montrait des vitrines du doigts. Les bars et les restaurants avaient rangé leurs tables extérieures depuis longtemps à cause des températures fraîches de l'automne. Ils traversèrent l'amas de personne qui se pressait de rentrer.

– D'ailleurs, j'ai entendu dire que l'une des stagiaires a le béguin pour toi !

– Vraiment ? La petite avec des grandes lunettes qui lui tombent sur le nez ?

– Oui ! Elle ! Elle n'est franchement pas jolie, vous seriez mal assortis, tu sais ?

– Ça, c'est méchant, rouspéta le brun, vraiment contrarié.

Il frappa même le crâne de son amie du plat du poing. Il n'aimait pas la façon qu'elle avait toujours eut d'accorder de l'importance au physique des gens. Les sourcils froncés, ses yeux marrons ressortaient magnifiquement avec les lueurs des lampadaires qui se reflétaient dedans, à la manière délicate d'un miroir. Les pépites d'or dansaient. A cet instant, Morgan incarnait la définition même de la masculinité.

A ses côtés, Luna marmonnait des idioties.

Galant, le brun avait insisté auprès de Luna pour la raccompagner. Le soleil allait bientôt se coucher. Il n'était pas très confiant des gens qui traînaient dans les rues à ces heures ci. Pourtant, personne ne semblait leur vouloir du mal. Cette appréhension, le tenait partout, tout le temps. Cette peur que quelque chose aille de travers. Il aimait lorsque tout était parfaitement posé, sans incident et encore moins de surprise.

– J't'ai dit que mon frère va être papa dans neuf mois ? dit Luna, malicieuse.

– Ha ? Bonne nouvelle ! Comment ont-ils enfin réussi alors ? s'interéssa-t-il.

– Par hasard, vraiment. Tu sais, Angela prenait pas mal de traitements, mais un jour, après avoir décidé d'arrêter ces cochonneries qui lui bousillaient la santé, elle est tombée enceinte ! Mon frère était fou de joie, tu n'imagines même pas !

Le sourire que la demoiselle avait sur le visage valait tout l'or du monde.

– Je vais être tata ! T'imagines ? J'vais pouvoir lui apprendre pleins de bêtises !

– Justement, j'imagine que trop bien la « gentille tata Lou »

La jeune femme partit d'un grand éclat de rire. Oui, le brun n'imaginait que trop bien. Luna gardait son âme d'enfant, même à la trentaine passée. Elle serait certainement la tata avec qui l'enfant regarderait les dessins animés. Ils feraient des pâtisseries et des batailles de chantilly. Morgan pensa au futur gaspillage.

– Et toi alors, quand-est-ce que tu vas te caser ? Mmh ?

– Le jour où tu arrêteras de te moquer des attributs de tes partenaires.

Son ton était un peu sec. Luna prit une mise outrée avant de rigoler. Le médecin n'avait pas forcément envie qu'elle soit au courant pour ses histoires de cœur. Ils passèrent la porte du parc qui s'offrait à eux. La jeune femme habitait de l'autre côté. Morgan apprécia les rayons du soleil qui jouaient à cache-cache avec les couleurs de l'automne. Des enfants criaient et riaient. Les parents bataillaient pour les faire rentrer. Certains s'avouaient vaincu pour le bien commun.

– Regarde, regarde ! Une photographe ! chuchota Luna pour attirer son attention.

Naturellement, le brun tourna la tête dans la direction que lui pointait sa collègue. En effet, il y avec une femme blonde avec sur le dos un sac presque plus gros qu'elle. Elle était dans une étrange position. Accroupie et tordue, il pensa une seconde à sa colonne vertébrale qui devait hurler.

– Il faudrait qu'on fasse des photos ensemble ! Ce serait trop chouette !

Morgan hocha distraitement la tête, n'étant pas vraiment de son avis. Il n'aimait pas les photos, et encore moins celles où il devait prendre la pose. Il était certain que tant que Luna ne serait pas satisfaite de sa tête, ils n'arrêteraient pas. Malgré ces pensées, il était fasciné par cette chevelure blonde qui captait le moindre éclat de soleil. Cette peau blanche qui sortait des couleurs fauves. Il ne se rendit même pas compte qu'à la fixer ainsi, la femme pourrait se sentir mal à l'aise.

Il venait de se faire repérer.

La femme venait de tourner son appareil dans sa direction. Il vit presque au ralenti les gestes de cet être quasiment céleste. L'appareil photo s'abaissa. Le visage se dévoila. Les pupilles vertes comme celles d'un chat apparurent.

Le cœur de Morgan fit une embardée.

Ce n'était pas une femme, mais un homme. Un homme si délicat qu'il en devenait femme. Un homme si doux que son cerveau lui envoya des messages de cessations d'activité. Un homme si beau qu'il avala sa salive de travers.

Pouvait-on tomber amoureux au premier regard ?

Il aurait juré que non, avant de le voir, lui.

Ces histoires n'arrivaient qu'aux autres, d'habitude.

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Hey vous !

Voici le deuxième chapitre !
Des avis ? :)

Bisou sur votre joue gauche,
Rheexus

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