CHAPITRE 12

- Et du coup, on est allés en ville après la conférence ! C'était sympa. Je ne pensais pas que l'Italie puisse être un pays aussi riche, même si on chante ses louanges.

- Bien sûr que si, rien que Rome, Pise et les chapelles ! Un joyau pour les yeux.

Andy jouait avec un bout de brocolis qui n'avait pas encore rejoins sa bouche. Il n'avait plus faim depuis une bonne demi-heure déjà. Il suivait des yeux la discussion qui avait l'air passionnante. Etant donné que Zoé était interprète de conférence, elle voyageait beaucoup. Cette fois-ci, c'était en Italie et elle était tombée amoureuse de ce pays. Elle racontait ce qu'elle avait vu, décrivait les places, les monuments et les statues qui avaient croisé son chemin. Ils n'avaient pas beaucoup eu le temps de visiter, mais assez pour qu'elle alimente la conversation depuis une bonne heure. Sam était pendu à ses lèvres, en tant que passionné d'histoire. Andy, n'arrivait pas à focaliser son esprit sur les mots prononcés.

- Les gars, je vous ai ramené un petit quelque chose ! s'exclama Zoé.

Le blond leva les yeux de son assiette, intrigué. Elle avait fait trois conférences en dehors de la France depuis qu'ils se connaissaient, et a chaque fois, elle ramenait un petit souvenir a son copain. Andy fut étonné de voir qu'elle a pensé à lui. Elle farfouilla dans son sac a dos, avant d'en sortir deux petits paquets. Le plus petit était pour lui.

- Je ne savais pas trop ce que tu aimerais, alors j'ai fait en fonction de mes goûts.

Andy hocha la tête, incapable de dire quelque chose. C'était la première fois qu'on lui ramenait un souvenir. Ses parents avaient beaucoup voyagé, mais lorsqu'ils rentraient, seules ses sœurs avaient le droit a un cadeau. Au début, il couinait un peu, car lorsqu'on avait cinq ans, on ne comprenait pas vraiment pourquoi les autres avaient des cadeaux, et pas soit. A chaque fois, il récoltait un regard noir au mieux, ou une gifle. Alors il avait arrêté aussi simplement que cela. Il allait s'enfermer dans sa chambre et fixait le mur jusqu'à ce qu'on crie son prénom pour venir manger.

- Andy ça va ? T'es tout pâle ! Sam, je savais que ta quiche était empoisonnée !

Zoé l'accusait faussement pour tirer un sourire à Andy. Cependant, il ne vint pas.

- C'est moi qui ai fait la quiche, murmura le blond en décollant le scotch.

- Ha ! C'était donc ça le goût qui changeait de d'habitude ? C'était super bon !

- Essaye de te rattraper, oui... marmonna Samaël en secouant la tête.

L'étudiant ne fit plus attention à leur querelle. Le paquet entre les doigts, il le renversa dans le creux de sa main. Une petite chaîne argentée s'y déposa délicatement. Le métal froid lui donna un étrange sentiment. Son cœur se gonfla, comme si quelqu'un avait soufflé dedans pour lui faire reprendre vie. C'était un bracelet en mailles tout simple, avec une petite pierre verte dessus. Au bout du fermoir, il y avait le poinçon de l'argent. Andy s'en fichait, qu'il soit en argent, en plastique ou en boue.

Quelqu'un avait pensé à lui.

Il fondit en larme.

Il reniflait disgracieusement alors que les perles salées dégringolaient sur ses joues comme une rivière dont il n'arrivait pas à arrêter les flots. Avec sa main, il essuya son nez dans un bruyant reniflement. Il se sentait tout à fait ridicule, à réagir ainsi. Un coup d'œil à Sam lui indiquait qu'il avait juste remercié Zoé avec un grand sourire et un baiser.

- Excusez-moi... sanglota le blond en essayant de se ressaisir.

- T'en fais pas ! Ça te fait tant plaisir que ça ? demanda la jeune femme.

Andy hocha vivement la tête. Ses mains tremblaient trop pour accrocher le bracelet a son poignet, alors la petite brune vint lui porter secours. De l'autre côté de la table, Sam observait la scène avec attention. Il ne savait pas grand-chose de la vie de son colocataire, avant qu'il ne pose ses affaires ici. Il savait juste que sa famille n'appelait jamais, que pour noël, il préférait être à l'autre bout du pays, qu'il faisait des crises d'angoisses et qu'il fondait en larmes lorsqu'on lui offrait un cadeau ou quand on le laissait choisir la nourriture. Il ne savait rien et tout à la fois. C'était un étrange personnage pour beaucoup. Pourtant, malgré ce bagage, Sam aimait faire sourire Andy, et voir la petite étincelle de vie dans ses yeux.

Comme en ce moment.

A travers les larmes, le blondinet avait un immense sourire. Si bien que ses joues devaient lui en faire mal. Et puis, la réalité vint frapper Samaël, comme une claque qu'on administrait, sans mesurer sa force. Ici, au sein de cette colocation un peu bancale, Andy apprenait à vivre. Il apprenait à s'affirmer et à oser faire des choix.

Et c'était un coup de poignard lorsqu'on le réalisait.

- Alors, il te plait ? demanda Zoé en tournant le bracelet au poignet d'Andy.

- Très... Il est très beau, merci beaucoup, chuchota son interlocuteur.

- La pierre m'a fait penser à tes yeux, alors, forcément ! ria la brune, heureuse.

Le blond caressa la petite pierre du pouce. D'une couleur féline, elle arborait des petites étincelles de doré. Il fallait avouer que ce n'était pas une couleur commune. Les gens se souvenaient parfaitement de ses yeux. De son physique, en général. On ne croisait pas un jeune homme aux cheveux blonds comme les blés arrivant au milieu du dos avec des yeux verts félins tous les jours.

Andy sécha ses dernières larmes sous l'œil attentif de Zoé et celui plus discret de Sam. Il voulait préserver son intimité, comme ils en avaient silencieusement convenu. La jeune femme, elle, s'en fichait royalement d'atterrir en plein territoire inconnu. Elle avait toujours eu cette tendance à mettre les deux pieds dans le plat, sans même le faire exprès.

- Tu penseras à moi, comme ça ! ria-t-elle en tapotant le bras du blond.

- Je ne risque pas de t'oublier, Sam parle constamment de toi.

- Tu sais si je lui manque ? demanda la jeune femme brune, conspiratrice.

- N'en doute pas ! renchérit le blond sur le même ton.

Les deux se tournèrent pour fixer Sam qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il plissa les yeux, sentant le coup fourré arriver au grand galop. Lorsque sa copine avait cet air-là, c'était qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Généralement, cela ne disait rien de bon pour lui.

- Alors comme ça, je te manque ? lui demanda-t-elle en haussant un sourcil.

- Pardon ? Bien sûr que non ! Qui voudrait s'ennuyer d'une folle comme toi ?

- Je ne sais pas... Un beau métis musclé qui passe sa vie en cuisine ?

- Et puis, d'où sors-tu cette information ? As-tu vérifié tes sources ?

- Mes sources sont fiables a cent pour cent ! Mon espion est fiable, tu sais !

- Andy ! T'as encore cafté ! Je ne te dirais plus rien ! râla Sam pour la forme.

Le blond éclata de rire. Lorsque le couple s'envoyait des piques et de chamaillait gentiment, il trouvait toujours cela amusant. Cette complicité faisait chaud au cœur. Toute trace de son chagrin fut oubliée. Zoé lança un regard à Sam, fière d'elle-même. Le cuisinier la remercia d'un hochement de tête. L'opération « redonner le sourire a Andy » avait été un franc succès. Les deux adoraient le plus jeune, alors ils faisaient en sorte qu'il se sente bien.

- Vous voulez quelque chose à boire ? Thé ? Tisane ? demanda Andy en se levant.

- Je veux bien une tisane, s'il te plait, commanda Sam.

- La même chose pour moi, merci, renchérit Zoé.

Alors qu'il débarrassait la table, le blond fit chauffer de l'eau dans la bouilloire. Il attrapa la boite de tisane restante qui indiquait « sommeil léger ». Andy était prêt à parier qu'ils ne feraient rien ce soir. La chambre de Sam était de l'autre côté de la cloison. Si bien qu'il n'avait qu'à parler pour que son colocataire entende sa conversation. Parfois, il entendait la personne parler au travers du téléphone. Dans l'appart, l'isolation était vraiment un point faible. Mais chacun savait se faire discret, alors cela se passait bien. Vu le nombre d'heures où Andy ne dormait pas la nuit, s'il devait faire du bruit, il serait déjà en train de chercher un nouvel appartement. Cependant, c'était grâce à cette isolation acoustique nulle que Sam arrivait presque toujours à temps durant les crises du blond.

La bouilloire bipa, et le jeune homme l'enleva de son socle. L'écriture digitale lui indiquait la bonne température. Il versa l'eau bouillante dans deux mugs, avant d'y plonger les petits sachets qui renfermaient les arômes. Il les regarda couler, la bouilloire toujours en main. L'un des sachets se gorgea d'eau plus rapidement que l'autre. L'autre flotta à la surface. Agacé, Andy appuya dessus avec le dos de la cuillère qu'il avait préparée.

Satisfait, il porta les mugs au couple. Il demanda l'autorisation de se retirer dans sa chambre et s'éclipsa immédiatement. Ses pieds foulèrent le sol rapidement, bien plus vite qu'à l'allée. Dans sa chambre, il donna à manger au gros chat et rempli sa gamelle d'eau. Entre deux piles de bouquins, Amadeus avait sa place pour se sustenter.

- Mince, où est passé mon téléphone ? demanda Andy dans le vide.

Il chercha un peu partout, éprouvant une envie soudaine de vérifier ses messages. Il bougea les piles de livres, ses carnets à dessins et ses immenses pochettes, jusqu'à se souvenir qu'il l'avait posé sur le rebord de l'évier, avant de se changer. Il traversa donc le couloir en deux enjambées, et trouver son bien. Il le récupéra, soulagé.

La petite lumière verte clignotait doucement.

Le cœur battant fort, il retourna dans sa chambre. Il s'assit au bord de son lit, ne sachant pas vraiment s'il avait envie de découvrir la personne qui lui avait envoyé un message. Peut-être était-ce sa petite sœur ? Peut-être était-ce Isaac ? Non. La première se couchait bien plus tôt, tandis que le deuxième ne le contactait que pour un changement de planning, ou pour lui demander comme ça allait, après le travail.

00 : 37

Ce n'était définitivement ni l'un, ni l'autre.

Il déverrouilla l'écran et alla directement sur l'icône de la messagerie.

[20 : 58] Morgan : Bonsoir, excuse-moi pour le délai d'attente, mais je travaillais. Je pensais que cette idée était tombée à l'eau, alors je ne t'ai pas recontacté. Je souhaite toujours t'aider, cependant, cela va être difficile de caler un créneau. Je suis très occupé en ce moment... Peux-tu me dire tes disponibilités ? Merci. Bonne soirée.

Un sourire timide perça le visage du blond. Il battit des jambes contre le flan de son lit, comme un enfant. Morgan avait répondu ! Bon, cela sonnait affreusement comme un échange entre collègues, mais il avait répondu ! Et il le tutoyait, aussi. Ce n'était pas grand-chose, juste une formulation, mais cela faisait anormalement plaisir à Andy.

Il se coucha sur le dos, se demandant déjà comment il pourrait répondre. Le brun avait dit qu'il lui était compliqué de se trouver du temps. Alors qu'Andy, lui, n'avait que ça, du temps, sauf durant la soirée, car il travaillait au café. Cela ne collait donc pas. Le week-end pouvait être une bonne solution. Il se rendit compte qu'il ne savait même pas dans quoi travaillait Morgan, pour débaucher aussi tard. Il commencer par lui demander ses heures, à coup sûr. Cela montrerait au brun qu'il s'intéressait à ce qu'il faisait.

Mais, était-ce vraiment ce qu'il voulait ? S'intéresser à Morgan.

« Non » lui disait sa tête.

« Oui » lui disait son cœur.

Lorsque c'était le cœur qui prenait le pas sur la tête, on disait que c'était un coup de cœur. Morgan était peut-être cela, son coup de cœur. Il se souvenait du jour où ils avaient croisé leurs regards, au parc. Ils avaient tant et si peu avancé à la fois. S'échanger un numéro était d'une banalité affligeante pour certains, mais une véritable étape pour d'autres.

[01 : 05] Andy : Non, il n'y a pas de soucis ! Ce ne serait pas plus simple que ce soit toi qui me donnes tes disponibilités ? Je suis l'école à la maison, alors je suis tout le temps chez moi, sauf les soirs de la semaine, et ceux du samedi, une semaine sur deux. Dis-moi ce que tu peux faire, et je m'accorderais. Merci encore ! (je me permets de te tutoyer car tu le fais avec moi)

Lorsque son pouce cliqua sur la petite flèche pour envoyer, son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il ne savait pas pourquoi un simple message lui faisait cet effet. Il n'était pas amoureux, cela non, et il n'éprouvait pas de sentiments aussi rapidement. Sauf si son être lui mentait ? Andy était un peu confus de cette situation. Il se fit l'image d'une adolescente qui parlait à son premier copain. Sauf que dans son cas, il n'était pas une fille et Morgan n'était pas son premier copain.

La sonnerie de son portable le fit sursauter. Il se rua presque sur la réponse.

[01 : 17] Morgan : J'irais voir le planning demain pour te donner une réponse que j'espère plus satisfaisante. C'est normal, ne t'en fais pas. Je te souhaite bonne nuit.

Andy grimaça. C'était affreusement froid, comme réponse. Il le remercia une nouvelle fois et lui souhaita bonne nuit. Derrière la porte, il entendit les pas de Sam et de Zoé. Ils lui souhaitèrent une bonne nuit, et il leur retourna la politesse. Le blond n'avait pas du tout envie de dormir. Il était trop mitigé pour trouver le sommeil, il le savait. En scannant sa chambre du regard, il croisa son appareil photo. Il se jeta presque sur son ordinateur et sur le câble de l'appareil. Cette nuit, il trierait les photos. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Ces manipulations calmeraient ses doutes.

Du moins, il l'espérait.

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Hey vous !

Un nouveau chapitre pour plusieurs raisons (depuis quand il faut une raison pour publier un chapitre, me direz-vous xD) :

_marguerite me casse les pieds pour avoir la réponse de Morgan.

J'ai une semaine de merde (bonjour les partiels)

Il a neigé aujourd'hui.

ON A PASSE LES 400 VUES VOUS VOUS RENDEZ-COMPTE ? (Merci infiniment, vous ne savez même pas comment cela me met de bonne humeur, en voyant vos commentaires, vos votes et vos vues)

Bref, pardon.

Des avis ? :)

Bisou sur votre joue gauche,

Rheexus

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