Chapitre 44

«C'était ma décision.»

- Alison.
- Justin.

C'était le seul son que je pouvais sortir. Il était là et il avait payé ma caution. Pourquoi ? Pourquoi était-il encore si gentil avec moi après tout cela ? Il ne m'avait pas écouté et m'avait attendu.

Même si j'avais dit à Calvin de l'informer de mon amour toujours existant pour lui, je ne voulais pas qu'il soit si clément envers moi. Ce n'était pas à lui de payer ma caution. Personne ne devait la payer d'ailleurs. J'étais coupable, quand est ce qu'on me ferait payer mes erreurs ?

J'étais très confuse mais le manque que j'avais ressenti envers lui me poussait à le prendre dans les bras et l'embrasser comme la toute première fois. Cependant, je restais clouée sur place. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s'était passé.

Maître Sanchez arriva au même moment. Son pas haletant me disait qu'il était content et satisfait de la démarche de Justin. J'espérais que ce n'était pas lui qui lui avait demandé de faire cela.

- Alison ! Tout est fini ! Tu peux enfin sortir ! lança mon avocat.

Mes yeux étaient fixés sur celui dont j'étais amoureuse. J'essayais de comprendre en vain. Mon avocat me coupa la vue se mettant devant moi.

- Alison ? Qu'est ce qu'il ne va pas ?

Je tournai ma tête et mon regard croisa celui de Cobb qui était aussi en colère et irrité qu'il y avait quelques minutes. Puis mes yeux croisèrent ceux de Maître Sanchez à nouveau. Je ne comprenais toujours pas.

Je me mise soudainement à pleurer peut du à la pression qui retombait ou à la fatigue que j'avais accumulé ou tout à la fois.

Je leur tournai le dos pour cacher ma faiblesse et essayai de sécher au plus vite mes larmes mais je sentis quelqu'un m'attraper le bras fortement m'emmenant au bout du couloir. C'était Justin qui se plaça ensuite en face de moi confus.

Son regard heurta le mien et je n'arrivais plus à arrêter mes pleures. J'en avais marre, marre de moi encore une fois et ma haine et ma culpabilité ne s'en iraient certainement pas.

Justin attrapa ma tête en posant ses mains sur mes joues. Je frissonnai. Sa peau contre la mienne m'avait manqué. Il avait laissé ses cheveux du matin, il semblait qu'il n'avait pas dormi de la nuit... à cause de moi.

- Alis...
- Pourquoi tu as fais ça ? le coupai-je. Justin je t'ai dis de...
- Parce que je t'aime Alison. Je t'aime et te savoir ici me tuait.

Ma respiration haletante ne me permettait pas de percuter. Je restai bloquée à pleurer, mes yeux verrouillés sur les siens. Il était si parfait pourtant je n'arrivais pas à le lui faire comprendre.

- Ali.
- C'est mon avocat qui t'a demandé faire ça ?
- Non ! Non, c'était ma décision.

Je retirai ses mains de mes joues et me frottai le visage.

- Justin, tu savais très bien que...
- Que tu voulais que je t'oublies, que je valais mieux, que j'étais mieux sans toi, me coupa-t-il, je sais oui. Mais tu ne m'as jamais laissé dire ce que je voulais moi.
- Mais Justin...
- Pourquoi ? me coupa-t-il encore une fois. Pourquoi tu rends toujours les choses plus difficiles ? Je t'ai fait sortir de ce trou mais tu cherches encore le mal.
- Et tes parents ? Qu'est ce qu'ils vont dire quand ils vont savoir ? rétorquai-je.
- Ils le savent déjà et ils sont désolés.

Je le regardais. Je ne savais plus quoi dire. J'aurais du sauter de joie. Le remercier mais je n'y arrivais pas et mon comportement nous menait encore une fois à nous disputer.

- Ça fait trois nuits que je dors plus Alison, que je m'inquiètes pour toi, que je vais mal et je pensais enfin que c'était réglé mais bravo, t'as encore trouvé un moyen de tout ruiner.

Il recula avant de retraverser le couloir laissant balayant mes cheveux au passage par un petit vent. Je restai bête tout seule, les larmes qui collaient à mes joues. Je fermai les yeux et me maudis.

Je me retournai et il n'était déjà plus là. Maître Sanchez me regardait les bras écartés, confus. Je le rejoignis.

- Comment ça tu n'es pas accord avec le fait que Justin ait payé ta caution ?
- C'était pas à lui de le faire, à ma tante peut être mais pas à lui, répondis-je.
- Mais c'est fait Alison.
- Je sais, et le mal que je viens de faire à nouveau aussi.
- Carter, ton bracelet, intervint Cobb.

Je le pris de sa main et garda mon attention dessus. Si Justin avait choisi cette phrase, ce n'était pas pour rien et aujourd'hui encore je venais de prouver qu'il avait raison d'avoir inscrit cela dessus. Je relevai mes yeux vers mon avocat.

- Allez, on pars d'ici, dit-il.

J'hochai la tête et nous quittames enfin le commissariat. L'officier Cobb ne m'avait pas lancé un dernier pique ou une dernière menace, il n'avait pas eu ce qu'il voulait. Je me sentais enfin libre et tout ça était grâce à Justin. Pourquoi n'avais-je tout simplement pas accepté le fait qu'il pouvait m'aimer au point de faire des choses comme cela pour moi ?

Maître Sanchez me raccompagna chez moi en voiture. Je regardais par la fenêtre, il fallait que je trouve une bonne excuse pour que Justin me pardonne toutes mes erreurs. Même si je pensais au final qu'il me pardonnerait peu importe ce que je dirais ou faisais.

Il faisait encore nuit et frais et cela me gardait éveillé. Il me tardait que je retrouve mon lit et que je me repose pour un bon moment. J'espérais que je n'avais pas fait la une des journaux et que tout le lycée n'était pas au courant. J'avais envie d'avoir la paix jusqu'à la fin de ma vie.

- Alison, tu devrais sourire, tu as échappé à la prison encore une fois, dit mon avocat.
- Si on s'en tient à ce qu'il s'est passé la première fois, c'était évident, lâchai-je d'une voix monotone.
- Alors c'est quoi le problème ?
- Moi.

Je le regardai. C'était bizarre de me retrouver dans sa voiture et de me retrouver à parler avec lui alors que l'affaire venait d'être classée pour moi.

- Je dois faire un travail sur moi même, dis-je regardant la route à nouveau.
- Je veux pas rentrer dans ce genre de discussion avec toi.
- Je m'en doute.

Nous arrivâmes devant la maison après quelques minutes. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je n'avais pas vu la façade de celle-ci. Je n'aurais jamais pensé être autant contente de la retrouver.

- Alison, prends bien soin de toi et fais en sorte qu'on ne se revoit pas pour une troisième affaire, dit-il en souriant. Même si on dit jamais deux sans trois !

Je lui souris et le remerciai d'avoir pris de son temps pour moi, bien qu'il avait avait été rémunéré pour cela, avant de quitter sa voiture. Je marchai jusqu'à la porte d'entrée, mon pas était lourd, et me souvins que je n'avais pas les clés pour entrer. Je sonnai à la porte mais Érica et Ella devaient sûrement dormir.

Cependant, la porte s'ouvrit et je vis ma tante derrière celle-ci. Elle changea du visage fatigué à celui de très étonné.

- Salut, dis-je.
- Salut ? Quoi ! Mais rentre ! cria-t-elle.

Elle me tira à l'intérieur et cria le nom de ma soeur pour qu'elle descende.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Comment... comment ça se fait que tu sois sortie ? Mais assis toi ! Tu dois être fatiguée ! continua-t-elle.

Elle me poussa sur le canapé m'obligeant à m'asseoir dessus. Sa voix aiguë me bousillait un peu les tympans mais j'étais contente de l'avoir heureuse de me retrouver.

- Justin a payé ma caution, répondis-je.
- Alison !

Ma soeur se mit à déballer les escaliers à toute vitesse avant de me sauter dessus. Elle m'assaillit de bisous et n'arrêtait pas de répéter qu'elle n'arrivait pas y croire que j'étais là.

- Ça va, ça va, dis-je en m'éloignant d'elle pour reprendre mon souffle.
- C'est grâce à Justin, dit Érica à Ella.
- Il a payé ta caution ? demanda-t-elle étonnée.
- Oui.
- Et du coup vous êtes à nouveau en couple ? Puisqu'il nous a dit que tu l'avais quitté.
- Oh... euh... Je vais dormir, je suis trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, dis-je en me grattant la tête et me levant.
- Oui tu as raison, dit ma tante. Tu veux quelque chose à manger avant ?
- Non merci ça ira.
- Mais tu n'as pas bien mangé là bas je suppose.
- De toutes façons, je devais sûrement perdre des kilos, rétorquai-je en souriant.
Je les regardai quelques insistants. Je n'avais jamais été aussi heureuse d'être à leur côté. Je les aimais et je me promettais de ne plus jamais les blesser. Plus jamais.

- J'aurais bien voulu vous prendre dans mes bras mais je pus et je colle, ris-je. En tout cas je suis super contente de vous avoir retrouvé, vous m'avez manqué.

Je me retournai et montai les escaliers. Tout était fini et une bonne fois pour toute, c'était certain. J'avais retrouvé mes proches, David ne me détestait plus. Même si je n'avais toujours pas l'argent nécessaire pour aller au Bahamas, j'en avais fini avec le cambriolage. Je ne retournerai plus au comissariat ni écorcherai mes poignets avec des menottes. Ce n'était pas moi.

J'arrivai devant la porte de ma chambre. Je soufflai de soulagement et l'ouvris. Je restai bouche bée voyant ce qu'il y avait derrière. Tout avait changé. J'avais complètement oublié que je l'avais laissé vide pour la redécorer.

Je n'osais pas entrer mais je le fis quand même. C'était magnifique. Les couleurs étaient blanc, gris et rouge. J'avais carrément de nouveaux meubles. Je n'arrivais pas à croire que l'on s'était occupé de ma chambre alors qu'au même moment j'étais en prison par ma faute.

Je m'attardai sur un mur ou des tas de photos étaient accrochés dessus. Je commençai par la droite. Il y avait des photos de mon anniversaire. Avec Nevaeh, avec Calvin et Vanessa, avec Cameron, il y avait même celle avec Savannah et Justin. Puis j'avançai vers la gauche, je voyais des photos de moi avec les créations de Patricia sur le podium, d'autres avec ma soeur et ma tante quand nous étions jeunes. J'effleurais avec mes doigts les photos, la grande mosaïque avait été faite incroyablement bien. Puis je vis une photo avec David, je pensais être la seule qui détenais des photos de lui et moi mais il s'avérait que non.

Et enfin, il y avait les photos de Justin et moi au photomaton. Les seules que nous avions de nous deux. Je déglutis et me mordillais la lèvre inférieure. Je baissai la tête. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. Surtout après ce qu'il venait de faire. Il fallait que je le vois et que je tienne la promesse que je lui avais faite.

Je posai le bracelet que j'avais gardé dans la poche sur le bureau puis fis un dernier tour de ma nouvelle chambre. Je ne savais pas qui avait cela mais j'étais reconnaissante de son travail.

...

Je venais de me laver et de me changer. J'avais jamais autant aimé me laver de toute ma vie. Je retournai dans ma chambre et pris mon téléphone. Je repris enfin la notion du temps en découvrant qu'il était quatres heures du matin et que nous étions mardi. J'appelai Justin.

- Allô ?
- Justin... Tu veux bien qu'on se rejoigne ? Je crois qu'il faut qu'on parle, dis-je timidement.
- Maintenant ?
- Oui si tu veux bien.
- Euh ouais, où ?

Son ton n'était pas très aimable mais j'étais celle que je devais blâmer.

- Là où on est vraiment seul au monde. Dans une demi heure.

Je raccrochai. C'était incroyable parce que même après qu'on se soient disputés, il répondait quand même à mes appels et acceptait de me voir. Il avait vraiment de la patience pour moi.

Je pris les clés de ma voiture et regagnai cette dernière pour prendre la direction du lieu de rendez vous. Je ne savais pas trop si j'étais en capacité de conduire mais je devais faire avec. J'étais assez nerveuse.

C'était si bon de pouvoir reconduire, d'être libre d'aller où je voulais sans que l'on me pousse ou me dise quoi faire. Je n'aimais vraiment pas l'autorité. Encore moins celle de Cobb dont je ne savais toujours pas d'où venait sa colère contre moi.

J'arrivai sur le lieu. Je garai ma voiture et sortis de celle-ci. Il n'était pas encore là. Je m'adossai sur la portière de ma voiture en l'attendant. J'avais bien fait de mettre un long pull car il faisait très froid.

Les minutes passaient et il n'était toujours pas là. Peut être était là le revers de la médaille ; il m'avait posé un lapin. Mais je préfèrais quand même attendre. Il avait raison de me laisser poiroter un peu pour que je réfléchisse à tout ce qui s'était passé. Et bien cette fois-ci.

Soudainement, j'entendis une voiture puis j'en vis les phares se rapprochaient. Je la reconnus. Je souris intérieurement, il avait bien décidé de venir. Il se gara de l'autre côté de la route, en face de ma voiture. Il prit quelques vingtaines de secondes avant d'en sortir, les mains dans les poches. Il s'avança d'un pas lent vers moi.

- Je crois bien que ça soit devenu notre endroit secret, commençai-je.

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