Chapitre 42

«Sans rancune.»

Je sentis sa main attraper fortement mon bras ne me permettant plus de faire un seul autre pas.

- Attends, lâcha-t-il.

Il me tira à sa hauteur.

- Rassis-toi s'il te plaît, me demanda-t-il.

Je ne bronchai pas et le fis. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait me garder plus longtemps ici, je lui avais enfin donner ce qu'il voulait.

- Tu me fais marcher, t'es pas sérieuse, dit-il sur un ton dubitatif. Tu dis ça parce que personne nous écoute ni nous voit.
- David, je veux plus me battre.
- Tu es prête à rester dans un trou pendant des années avec des gens aussi bizarres les uns que les autres juste parce que je te le demande ?
- Parce que je le mérite.

Il baissa la tête. Il semblait tout d'un coup réfléchir. Pourquoi ? Il n'y avait pas à réfléchir.

- David, qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Je sais pas.

Il releva sa tête et planta ses yeux dans les miens. Ils étaient mouillés.

- C'est ce que tu as toujours voulu, dis-je.
- Oui mais je pensais pas que ce serait aussi facile que ça, rétorqua-t-il. Alison, t'as toujours aimé ta vie d'avant.
- J'ai aimé ma vie avec toi aussi. Ne penses pas que je te déteste, c'est pas vrai.

Il me regardait, confus. Il avait cru tout ce temps que j'avais de la haine pour lui alors que j'essayais juste d'avoir de l'indifférence.

- J'aurais voulu que tout se passe différemment, c'est tout, annonçai-je.
- Je suis désolé, lâcha-t-il.
- J'ai mes torts aussi.
- Quels torts ? De m'avoir suivi parce que je l'exigeais ? D'avoir...
- D'avoir été naïve, le coupai-je. D'avoir cru que tu pouvais m'offrir le monde parce que tu le connaissais par coeur. D'avoir cru que tu étais mieux placé que moi pour choisir à ma place. D'avoir cru que tu avais toujours raison et que j'avais tout le temps tort.

Il baissa la tête à nouveau. Sa mâchoire se contractait. Il me faisait penser à Justin. Il resta silencieux un moment.

- Ne dis pas au juge la vérité, lança-t-il provoquant mon étonnement.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Parce que c'est pas vrai.
- Bien sur qu...
- Non Alison, c'est pas vrai, dit-il fermement avant de me regarder à nouveau.

Je parcourais de mes yeux son visage essayant de savoir pourquoi il avait décidé à nouveau de retourner la situation. Il allait enfin avoir justice sur ce qu'il s'était passé mais il préférait que je me taise. Pourquoi ?

- Pourquoi tu fais ça ? demandai-je. David...

Si j'avais pas les poignets attachés, je l'aurais secoué pour réveiller sa conscience.

- Parce que j'ai été ton petit ami, j'aurais du te protéger, t'éloigner de tout ça et au contraire j'ai pas hésité à t'emmener dans mes magouilles, expliqua-t-il.
- Te sens pas fautif.
- Mais je suis fautif ! éleva-t-il le ton. Comment tu peux dire que j'ai pas à me sentir coupable de tout ça ?

Ses veines commençaient à sortir de son cou. Je n'aimais pas le voir énerver, il me faisait très peur. Encore plus maintenant. Il se leva et tapa sur la table, je ne comprenais pas pourquoi il s'était mis tout d'un coup dans cet état. Il lâcha plusieurs injures et tapais sur les murs. Je sursautai à chaque coup. Je commençai à avoir chaud par la peur.

- Ton petit ami putain ! me cria-t-il. J'étais ton petit ami ! Mais qu'est ce que j'avais dans la tête ?

Il avait les yeux rouges. Il s'approcha de la table et posa ses mains dessus pour s'appuyer. Même abaissé, il était plus grand que moi. Il était dans le même état que quand il n'avait pas eu ce qu'il voulait après un cambriolage.

Je me levai impromptement et nous étions face à face. Les yeux dans les yeux. Quelque chose allait exploser. Je ne savais pas quoi mais c'était au bord de l'explosion.

- Je t'en veux pas je t'ai dis.
- Je sais mais ça veut dire que tu en veux à toi même et c'est là dernière chose que je veux, que tu te sentes coupable.
- Mais c'est pas ce que tu disais il y...
- Je sais, je voulais juste te faire regretter, me coupa-t-il.
- Tu sais que je l'ai regretté dès la première seconde où j'ai franchi la porte.
- Je sais, ta tante me l'a dit souvent.

Quoi ? Comment ça ? Depuis quand ma tante parlait à David ? Pourquoi n'étais-je pas au courant ?

- Pardon ? dis-je en fronçant les sourcils.

Il émit un petit rire et s'assit à nouveau. Je le regardais attendant une réponse.

- Elle m'a souvent rendu visite pour me convaincre ou plutôt me persuader d'accepter que tu viennes me voir.
- Tu l'as laissé venir te voir et pas moi ? demandai-je presque offensée.
- Si j'acceptais, j'avais le droit à plus de ration au dîner mais à la fin, elle me cassait les couilles, dit-il amusé.
- David ! Ma tante à qui tu parles jamais a pu te voir au parloir et pas moi ? Dis moi que tu es entrain de te foutre de moi là, dis-je en m'asseyant.
- Qu'est-ce que tu crois babe ? Je n'avais aucune envie de voir ta face jusque ici.

Je ne dis rien. Je préfèrais me taire. J'étais profondément vexée car je m'étais démenée en vain à le voir et ma tante qui n'arrêtait jamais de dire du mal de lui avait pu le voir et à plusieurs reprises même. Si j'avais pu le voir, j'aurais sûrement arrêté le cambriolage parce que j'aurais eu des réponses à mes questions mais David en avait décidé autrement.

- Bon, dit-il plus sérieusement, revenons à ce que je t'ai dit, ne dit pas ce qu'il s'est vraiment passé.
- Je vois vraiment pas pou...
- S'il te plait Alison, me coupa-t-il. Juste fais le.
- Et me sentir coupable pour le reste de ma vie ?
- Commence pas à m'énerver Alison, tu ferais mieux d'accepter avant que je ne change d'avis.

Je ne savais plus vraiment quoi faire... J'avais enfin pris ma décision et voilà que je devais encore la changer. De toutes façons, j'allais payer avec ma complicité de cambriolage bien qu'elle était jugée involontaire. Espérons juste que j'aurais la même peine que Noah et la bande.

- Je ne sais pas pourquoi je fais ça mais d'accord, si c'est ce que tu demandes. Je veux juste que tu n'ai plus de haine envers moi, annonçai-je.
- Je n'en ai plus Alison.

Il était vrai que j'aurais voulu le prendre dans mes bras à ce moment là parce que sa présence m'avait manqué mais je ne pouvais pas et il valait mieux pas.

Je lui lançai un petit sourire timide. C'était étrange d'être en quelque sorte en bon terme avec lui.

- Tu as trouvé une petite amie ici ? demandai-je pour rire.
- Qu'est-ce que tu me racontes toi ? À part deux policières, il n'y a pas de filles.
- Vous êtes pas mélangés ?
- Bien sur que non babe. Et toi ? Tu me trompes pas j'espère ? demanda-t-il en souriant.
- Arrête, on est plus ensemble je te rappelle, dis-je.

Il rit.

- Bon, il est à qui ce gilet alors ? demanda-t-il.

Je baissai ma tête pour voir de quoi il parlait. J'avais oublié que je le portais, le gilet de Justin. Il n'y avait plus son odeur où alors je m'y étais habituée. Il me manquait énormément. C'était insoutenable.

- C'est à Calvin c'est ça ? Il a enfin réussi à t'avoir ? demanda-t-il en riant.
- Non, souris-je. C'est à moi, j'aimais bien, mentis-je.
- Mouais, d'accord, dit-il.

Je le regardais en souriant. Non. Je ne regrettais pas tout ce qu'il s'était passé. Je savais que David avait un bon fond et je venais de le prouver.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.
- Je suis contente de te revoir.
- Après tout ce que tu as du galérer, rit-il.
- Oui, voilà, dis-je du même ton.
- Moi aussi... Finalement, dit-il après un temps.

Je ris puis me levai. Il était temps pour moi de quitter cette pièce.

- Je vais y aller, dis-je.
- Ok, dit-il en se levant. Je crois qu'on va s'en tenir au mots, pas besoin de se prendre dans les bras surtout que toi tu ne peux pas, ajouta-t-il en riant.
- Oui, ris-je, c'est mieux.

Je m'approchai de la porte.

- Sans rancune ? lâcha-t-il.
- Sans rancune.

J'essayai de toquer à la porte et un policier m'ouvrit. Je sortis et je vis Cobb et ses collègues qui m'attendaient juste à côté. Il sourit en me voyant, il devait penser que David avait réussi à me pousser à cracher le morceau. Si seulement il savait la vérité... pensai-je. Il attrapa mon bras et nous retournâmes dans la voiture.

J'étais très surprise de ce qu'il venait de se passer. Je ne m'attendais pas à tant de retournements de situation d'un coup. J'avais découvert un nouveau David qui était bien meilleur que celui que j'avais eu l'habitude de connaître.

Je n'avais pas abandonné l'idée de demander au juge de réduire sa peine. Encore moins après ce qu'il s'était passé. Je lui devais quelque chose.

...

J'étais à nouveau au commissariat. J'attendais dans la cellule mélangé aux autres détenus. Après quelques minutes, Cobb m'emmena dans son bureau. Il voulait le compte rendu de ma conversation avec David.

- Je t'écoute, dit-il.
- Bah quoi ? demandai-je.
- Bah tu n'as pas quelque chose à le dire ?
- Non ?
- Des aveux ?
- Non plus, répondis-je.

Il rit nerveusement.

- Alison, arrête, David et toi avez parlé longuement, je sais bien que tu as des choses à me dire.
- Mais où est mon avocat ?
- Bien... dit-il en se levant. Si c'est comme ça, je demanderai à David, ce sera plus rapide et je pense que lui aura des choses à me dire.
- Si vous le dites.

Il me regarda étrangement. Il était comme confus de ma sérénité. J'avais envie de rire mais je me retins. Je ne devais pas être si sereine cependant, peut être que j'avais raté quelque chose et que j'étais entrain de me faire embobiner.

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