Chapitre 4
«Tout ce qu'il veut c'est que tu tombes comme il est tombé.»
Savannah, Justin et moi s'étions rejoins au self pour manger ensemble. C'était Justin qui m'avait invité et cela n'avait pas l'air de la dérangeait. En revanche, l'ambiance était étrange comme si personne n'osait parler mais finalement Savannah se lança.
- Alors comme ça vous êtes amis ?
- Vite fait, répondis-je.
Il ne fallait pas qu'elle s'imagine des choses alors je devais paraître un peu distante.
- Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit bébé ? s'adressa-t-elle à Justin.
- Oh, euh, je ne trouvais pas ça important.
- Pourquoi tu l'as invité alors ?
- Pour qu'elle se sente moins seule.
En temps normal, je serais partie directement. Ce n'était pas des choses qu'on aimait entendre et Savannah n'avait aucun scrupule à parler comme si je n'étais pas là.
- On dirait que vous ne vous appréciez pas, plaisanta-t-elle. Détendez vous !
Je trouvais que l'idée de m'inviter à déjeuner avec Savannah et Justin à la même table n'était pas une si bonne idée que ça.
- Tu es en couple ? reprit-elle.
- Non.
Cette question voulait clairement dire «Comptes-tu voler mon petit ami ?». Il n'y avait que cela qui l'intéressait.
- Tu ne trouve pas ou tu ne cherche pas ?
- Je ne cherche pas.
- Pourquoi ?
Cette Savannah était trop curieuse à mon goût.
- J'aime bien être célibataire. Je suis libre et j'ai de comptes à rendre à personne, répondis-je sèchement.
- Vu comme ça, c'est vrai que c'est mieux d'être seul.
- Je ne suis pas seule, juste célibataire, la repris-je du même ton. Et au moins, je ne fais pas semblant.
- Comment ça ? Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle intriguée.
Elle se retourna vers Justin. Oups, j'avais trop parlé.
- Oh non, je ne parle pas de ton Justin. Je parle en général, me corrigeai-je.
- Ah d'accord, sourit-elle rassurée. Pourquoi tu parles pas bébé ? s'adressa-t-elle à son petit-ami.
Ses «bébé» me donnaient mal à la tête. Savannah était brune avec un tie and dye blond. C'était le genre de fille qui suivait toutes les tendances. Pour l'instant, elle n'avait fait que confirmer tout ce que je pensais d'elle, que c'était une fille superficielle et sans aucune originalité. En tout cas, elle avait de beaux yeux verts.
- Je préfère vous laissez parler entre vous pour que vous appreniez à vous connaitre, répondit-il.
Stupide réponse. Je voyais bien qu'il n'avait rien à dire et qu'il était embarrassé par cette situation. En même temps, qui aurait l'idée d'inviter sa petite-amie et celle avec qui il l'avait pseudo trompé à déjeuner ensemble ? C'était complètement idiot de sa part mais je savais que cela partait d'une bonne intention. J'essayai de terminer au plus vite de manger pour les laisser entre amoureux et pendant que je me préoccupais à terminer mon repas, Savannah bombardait Justin de bisous comme au cinéma. Justin, bien évidemment, ne la repoussait pas alors je me sentais mise à l'écart. J'avais l'impression qu'elle le faisait exprès.
- Je crois que je vais vous laisser, annonçai-je en me levant.
- Oh mais non, reste, protesta Justin.
- Mais oui, reste, dit-elle en souriant.
Son sourire était tellement niais.
- Non c'est bon, j'ai eu ma dose, murmurai-je.
Je pris mon plateau et m'installai toute seule à une autre table comme toutes les fois où je mangeais au self. Cette habitude n'allait finalement pas changer.
Je me trouvais devant mon casier pour prendre mes affaires qui serviraient aux prochains cours de l'après-midi. Mon casier était presque vide, à part quelques livres et une tenue de rechange, il n'y avait rien. Tout le reste, comme un miroir, des serviettes ou tampons, du maquillage, enfin tout ce qu'une fille avait besoin d'emmener, se trouvait dans mon sac. Même si je cambriolais des maisons, ce qui était une activité plutôt destinée aux hommes, j'étais très féminine.
- Désolé pour tout à l'heure, annonça quelqu'un, ce qui me fit sursauter de peur.
Je me retournai pour voir qui parler, c'était encore Justin.
- T'as le don de me faire peur, dis-je en reprenant mon souffle.
- Excuse moi, sourit-il. Pour le déjeuner, c'était une catastrophe.
- Je confirme. C'était une très mauvaise idée finalement.
- Au moins, on saura pour la prochaine fois, sourit-il.
- Justin ! cria une voix de fille.
C'était Savannah qui arrivait dans les parages.
- J'arrive, cria-t-il en retour. Je le pensais pas quand j'ai dis que nous deux c'était pas important, me dit-il a voix basse en s'éloignant pour rejoindre Savannah.
Aucun mot sortit de ma bouche. Je souriais intérieurement, sa phrase me fit le plus grand bien. C'était comme s'il disait que j'étais importante pour lui, chose que rare une personne en dehors de Nevaeh et Ella, me l'avait dit. Mais comme on ne se parlait que depuis quelques jours c'était aussi précipité que bizarre. Sortie de mes pensées, je partis rejoindre les autres en cours.
....
- Salut, dis-je en refermant la porte.
Érica se trouvait dans la cuisine.
- Salut, ça s'est bien passé ta journée ? demanda-t-elle en continuant ses petites affaires.
- Ouais, normal quoi.
- J'ai déjà commencé à organiser la fête pour ton anniversaire, j'ai réservé une salle.
- Merci ?
- Tu as déjà invité quelques personnes ?
- Non.
- Tu aurais du déjà t'y mettre Alison !
- J'ai d'autres choses plus importantes à faire ! rétorquai-je.
- Comme échafauder un plan pour cambrioler à nouveau une maison ?
Elle avait encore fouillé dans mes affaires.
- T'as fouillé dans mes affaires ? haussai-je le ton.
- J'ai toujours été gentille avec toi ! Je t'organise ton anniversaire ! Je te laisse sortir avec n'importe qui et quand tu veux ! Je ne te dénonce pas à la police mais tu continues encore ! Mais qu'est-ce qui ne vas pas chez toi ? criait-elle.
- Je ne t'ai jamais demandé d'organiser cette putain de fête d'anniversaire pour moi ! Je t'oblige pas à être sympa avec moi ! Mais je t'interdis de fouiller dans mes affaires ! criais-je plus fort. Tu n'es pas ma mère ni mon père !
- Alors ça, c'est méchant de ta part, baissa-t-elle le ton. Si je n'avais pas été là pour ta sœur et toi, tu serais dans un foyer ou dans une famille d'accueil qui ne te plairait pas forcément à l'heure qui l'est. Moi non plus, je n'étais pas obligée de m'occuper de vous mais je l'ai fais parce que je vous aimes et c'est comme ça que tu me remercie ?
Elle monta à l'étage laissant ce qu'elle était entrain de faire. Bravo Alison, tu as perdu encore une occasion de te taire. Je savais que j'avais été très méchante dans mes propos mais ce n'était pas voulu. Je m'en voulais tellement maintenant mais je n'étais pas très forte pour les excuses alors j'esquivais le sujet en me réfugiant dans ma chambre. Pour me rassurer, je me disais qu'elle l'avait aussi cherché cette dispute. Ce soir, j'allais quand même cambrioler la maison du mannequin irlandais. Je préparais le sac habituel avec la lampe torche, les gants, la cagoule et les clefs de la maison.
On venait de terminer de manger. Ella était déjà couchée, enfin je pensais plutot qu'elle était au téléphone avec Shaun. Je regardais la télé pendant qu'Érica rangeait la cuisine. J'avais soigneusement caché le sac sous le canapé pour pouvoir m'en aller dès qu'Érica partirait se coucher. Celle-ci ne m'avait pas adressé la parole depuis la dispute et j'avais fait de même. La cohabitation allait être dure si on continuait à se faire la tête pendant un long moment.
"Hey badass, demain après-midi, ça te dit une virée shopping ?"
Nevaeh venait de m'envoyer un message.
"Badass moi ? Depuis quand tu m'appelles comme ça ? Haha. Si il me reste encore de l'argent de poche, je suis partante."
Elle me répondit aussitôt.
"Oui, ça te va bien comme surnom ! Tu me fais rire toi avec ton histoire d'argent de poche alors que tu cambrioles des maisons chaque semaine."
"Tu sais très bien que l'argent revient à financer le voyage aux Bahamas alors hors de questions que j'y touche ! Il n'y a que l'argent de poche que je dépense. Et badass ne me va pas du tout."
"Comme tu voudras BADASS, tu me tiens au courant alors pour demain. Bisous."
"Je déteste déjà ce surnom, bisous."
Je secouais la tête en souriant. C'était difficile à croire que Nevaeh avait vingt-quatre ans car elle se comportait comme une fille de mon âge mais je l'aimais comme cela. Entre temps, Érica était partit se coucher. J'attendis quelques minutes pour être bien sure qu'elle ne sortirait pas de sa chambre avant longtemps. Dix minutes plus tard, pensant qu'elle dormait déjà, je me levai du canapé, pris le sac et me dirigeai silencieusement vers la porte d'entrée. Je tirai la poignet.
- Alison.
Crise cardiaque !
- Si tu franchis cette porte et pars cambrioler une maison, ne reviens plus. C'est ta dernière chance. Je ne veux pas d'une délinquante sous mon toit. Alors c'est à toi de voir. Je t'ai donné assez de temps pour que tu te remette en question mais maintenant c'est terminé. C'est soit ta famille, soit le cambriolage.
J'étais toujours face à la porte. Ses paroles mes faisaient froid dans le dos. Elle n'avait pas le droit de me faire ça, de m'imposer un tel choix et si soudainement en plus.
- Passe une bonne nuit, et ne regrette jamais ta décision.
J'entendis ses pas montaient les escaliers qui menaient au premier étage. Je retirai ma main de la poignet et baissai la tête. Des larmes frappaient déjà le parquet du salon. Comment elle pouvait me demander une chose pareille ? Elle savait très bien que ce n'était pas facile pour moi d'arrêter le cambriolage, que cela faisait partie de moi. D'un élan, j'ouvris la porte brutalement et la fermai en prenant de soin de bien la claquer. Ma décision était prise, elle voulait jouer, bah nous allons jouer. Je n'avais pas besoin d'elle pour vivre, je saurais me débrouiller. Puis, je savais très bien qu'elle ne me garderait pas longtemps hors de la maison. J'étais remplie de haine, je la détestais ! J'entrai dans la voiture et jetai mon sac sur le siège passager. Je démarrai en trombe et roulais à toute vitesse jusqu'au quartier des riches. Ma vue était troublée par mes larmes que j'essuyais avec mon poing. J'avais l'impression d'être trahie, qu'on m'avait poignardé dans le dos. Si j'aurais pu la massacrer, je l'aurais fais. La sonnerie de mon téléphone se mit à sonner, mon regard quitta la route pour chercher ce foutu appareil dans mon sac. J'entendis des bruits de klaxon alors je me reconcentrai sur la route. Une voiture traversait le carrefour où je me trouvais et je compris que je venais de griller un feu rouge. J'appuyai sur la pédale de frein d'un coup sec et j'évitai de peu la voiture. Putain ! La personne qui conduisait cria après moi tout en continuant de rouler mais je laissai passer puisque c'était de ma faute et je repris le chemin vers le quartier riche.
J'arrivai devant la maison du mannequin irlandais. Les lumières étaient éteintes. Je coupai le contacte de la voiture et pris mon sac. Je sortis de ma caisse et entrai dans le jardin de la maison. Celle-ci était très haute et blanche. Elle était du style moderne comme celle de Justin. Je me trouvai maintenant devant la porte d'entrée. Je regardai sous le paillasson si la clé était cachée là et c'était le cas. C'était la cachette de toutes les mannequins, pauvres filles ! Au moins, cela voulait dire que personne n'était présent dans la demeure. Je rentrai doucement à l'intérieur, c'était grandiose. Un immense salon décoré de noir et blanc surplombait le rez-de-chaussée. J'y fis le tour, la pièce que je cherchais ne se trouvait pas là. Je montai au premier étage, elle ne se trouvait pas là non plus. Je montai alors au deuxième étage et mon bonheur fut au rendez-vous. Quand j'allumai la lumière, mes yeux s'éblouirent. Tout le dernier étage était consacré à la garde robe du mannequin. C'était un vrai trésor. Je parcourus la salle en glissant ma main sur chaque tissus. Mon coeur était remplie de joie. À ce moment là, j'oubliais tout, encore une fois. Cette activité était faite pour moi ou plutôt j'étais faite pour ça.
- Oh mon dieu, murmurai-je en remarquant la présence d'une robe cousue par le plus célèbre des couturiers de France.
Elle avait été cousue sur mesure pour la mannequin, elle avait vraiment de la chance. Je n'osais même pas la toucher. Je continuais de fouiller dans le dressing, je pris deux chemises, deux tops puis un jean que j'essayai. Comme ils m'allaient, je les posai dans mon sac. Ensuite j'essayais quelques chaussures, elle avait évidemment des Louboutin, comme toutes mannequins qui se respectaient mais je trouvais que j'avais assez de paires de cette marque pour le moment alors j'optai pour des Sandro. Elle en avait trois paires, ces chaussures valaient une fortune ! Malheureusement, elle n'avait pas la même pointure que moi alors elles ne m'allaient pas. Je foullais quelques tiroirs jusqu'à trouver un peu d'argent pour financer le voyage de mes rêves, je pris avec moi cent dollars. Ne trouvant pas de bijoux qui me plaisaient, je me contentais alors des deux chemises, des deux tops, du jean et d'une montre. Je regagnai la voiture après avoir soigneusement tout éteint et tout fermé dans la maison et après avoir reposé la clé dans sa cachette respective. Le cambriolage s'était bien passé. C'était un soulagement après la fois où je m'étais introduise chez Justin.
Je décidai de me rendre chez Nevaeh pour y passer la nuit voire quelques nuits. En bas de son immeuble, je l'appelai sur son téléphone.
- Allo ?
Elle avait la voix endormie.
- Nevaeh c'est moi Alison, tu peux m'ouvrir s'il te plait ?
- Mais qu'est-ce que tu fais ici à vingt-trois-heures ?
- Je t'expliquerai demain matin mais j'ai vraiment besoin de dormir chez toi ce soir là.
- Ok, je t'ouvre la porte.
- Merci.
Je raccrochai et entrai dans l'immeuble quand la porte fut déverrouillée. Je dévalisai les escaliers jusqu'au premier étage. La porte de l'appartement de Nevaeh était entre ouverte alors je rentrai sans sonner. Ma meilleure amie s'était déjà rendormie, elle devait être bien fatiguée. Je retirai mes bas et m'allongeai sur le canapé. Je n'eus pas de mal pour m'endormir.
...
- T'es pas en cours toi ?
Nevaeh venait de se réveiller pendant que j'étais entrain de prendre le petit-déjeuner. Je m'étais levée tôt par habitude des cours sûrement.
- Non, j'avais pas envie d'y aller aujourd'hui et il n'y aura pas Érica pour m'engueuler alors j'en profite, répondis-je.
- Ah oui, vas-y raconte moi ce qu'il s'est passé, dit-elle en s'asseyant à table avec moi, hâte d'entendre mon récit.
Je lui racontais tout ce qu'il s'était passé hier entre Érica et moi.
- T'aurais pu te retenir pour une fois. C'était si important pour toi de le faire hier soir ?
Sa voix était montée dans les aigus. Je sentais qu'elle allait me faire la morale.
- Mais...
- Elle t'a virée de chez elle Alison, ce n'est pas rien, me coupa-t-elle. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
- Je pensais que tu pourrais m'héberger quelque temps, le temps que je trouve une solution.
- Comment tu vas trouver une solution ? À part moi, tu n'as nulle part où aller.
- Je sais pas, je trouverai c'est tout... soufflai-je.
- Moi je veux bien te garder sous mon toit, tu le sais bien mais tu devras revenir chez toi à un moment ou à un autre surtout que je vais bientôt partir en Angleterre.
- Oui je sais, merci en tout cas.
- C'est normal, attends, tu es ma meilleure amie, souligna-t-elle.
Mon téléphone sonna, je décrochai, c'était Ella. Elle devait s'inquiéter car je n'étais pas rentrée hier soir. Elle me demanda où j'étais et pourquoi je n'étais pas à la maison. J'essayais de la rassurer du mieux que possible mais j'étais obligée de tout lui raconter. Elle était choquée mais d'accord pour m'informer quand Érica ne serait pas là pour que je puisse retourner chez moi quelques jours.
- Est-ce que tu comptes cambrioler une maison avant ton anniversaire ? demanda Nevaeh en se levant.
Je la suivais du regard pendant qu'elle se dirigeait vers le frigo.
- Oui, répondis-je entre deux bouchées.
- T'es pas sérieuse ?
Elle se retourna pour me regarder.
- Si. Mais pourquoi tu me demandes ça ?
- Tu ne peux pas t'arrêter juste deux semaines ? C'est trop demandé ?
Son ton redevenait aigu. Elle remit son nez dans le frigo.
- C'est trop demandé, plaisantai-je.
- Tu te rends compte que c'est à cause de lui que tu fais tout ça ? Il t'a gâché la vie.
- Ne commence pas à parler de lui s'il te plait.
Mon visage se referma d'un coup.
- Si un jour tu te fais attraper, il le saura et il s'en réjouira.
Je faisais mine de ne pas l'écouter parce que le sujet de conversation me déplaisait et Nevaeh le savait. Il était un sujet tabou et j'étais irritée rien qu'en entendant son prénom.
- C'est peut-être de sa faute si tu as commencé mais c'est de ta faute si tu en ai toujours au même point.
- Je te demande d'arrêter de parler de lui, s'il te plait, insistai-je sur le s'il te plait.
- Je veux te faire comprendre quelque chose, en continuant de cambrioler, tu te rapproche de son but. Tout ce qu'il veut c'est que tu tombes comme il est tombé.
- C'est bon, t'as fini ? demandai-je sèchement.
- Quoi ?
- Tu sais très bien que je déteste qu'on parle de lui !
- Alors fait en sorte qu'on en parle plus jamais.
Même si cette activité nous reliait, lui et moi, je n'arrêterai pas. Nevaeh partit se préparer puisqu'un silence se fit sentir tandis que je débarrassais la table.
Nevaeh était actuellement au pub. J'étais alors seule et je m'ennuyais. Je décidai donc de me laver et d'empreinter ses habits pour pouvoir me changer. Je sortis de la maison -qui était un appartement- une fois vêtue pour me rendre dans la mienne. Il fallait que je récupère le chargeur de mon téléphone, mon ordinateur, quelques fringues et chaussures, mes affaires de cours et deux ou trois bricoles. Je pris la voiture pour m'y rendre. Ma musique préférée passa durant le trajet, je montai le volume à fond et je chantais à tue-tête.
«You make me glow but i cover up, won't let it show. So I'm putting my defences up 'cause I don't wanna fall in love. If I ever did that, I think I'd have a heart attack.»
J'arrivai devant chez moi, je ne savais pas si ma tante était présente donc je devais escalader jusqu'à la fenêtre de ma chambre. Pour cela, il fallait que je grimpe sur un arbre puis sur le toit d'un cabanon qui se trouvait à l'arrière de la maison, dans le jardin. J'avais de la chance d'avoir la fenêtre de ma chambre juste au dessus du cabanon et c'était grâce à cela que je pouvais m'échapper de la maison quelque fois sans me faire remarquer mais c'était un exercice un peu dangereux parce que ma fenêtre était vraiment haute. Peu importe, si je voulais m'introduire dans la maison, je devais le faire. Je me garai un peu plus loin de la maison pour qu'on ne remarque pas ma voiture puis je pénétrai dans le jardin en escaladant les petites haies. Ensuite, je grimpai sur l'arbre sans difficultés car ce n'était pas la première fois que je le faisais. Arrivée sur le toit du cabanon, il ne me restait que le plus dur à faire, atteindre la fenêtre. Elle se trouvait au dessus de ma tête et heureusement, elle était ouverte. Je tendis mes bras jusqu'à toucher la rempart que je tenais fortement entre mes mains. Je me lançai en tirant sur la rempart pour monter. J'appuyai bien mes pieds sur le mur pour m'aider à atteindre la fenêtre. Je réussis du premier coup ! Je soufflai un bon coup quand je mis enfin les pieds dans ma chambre qui m'avait bien manquée. Je me dépêchais de réunir toutes mes affaires sans faire de bruit. Pourquoi ne briserais-je pas les règles comme je l'avais toujours fais ? Parce que je voulais lui prouver que je pouvais me débrouiller seule. Après avoir mis dans un sac tout ce dont j'avais besoin, je retournai dans ma voiture par là où j'étais arrivée puis je revins chez Nevaeh. Je déposai le sac à coté du canapé et je m'affalai sur celui-ci.
J'étais entrain de travailler au pub avec Nevaeh pour donner un coup de main puisque je n'avais rien d'autre à faire. J'avais déjà proposé mon aide à plusieurs reprises donc j'étais familière avec ce travail.
- Que puis-je vous servir ? demandai-je à une table.
- Une bière et un diabolo s'il vous plait, me répondit un homme âgé.
- C'est noté.
Je retournai au comptoir pour préparer les boissons.
- Ça va tu t'en sors ? me questionna Nevaeh.
- Comme toujours, souris-je.
- Le service finit dans une heure, tiens bon, ajouta-t-elle.
- T'inquiète pas, tout va bien pour moi.
Les boissons prêtes, je retournai à la table correspondante pour les servir aux clients.
- Alison, j'ai besoin de toi !
Calvin m'interpella dans la cuisine. Il était un collègue de Nevaeh, un apprenti cuisinier. Il fallait savoir que le pub proposait également des plats. Ce n'était pas des plats cuisinés comme dans la haute gastronomie mais c'était très bon. Calvin était très doué, surtout pour un mec de vingt ans. Je le rejoignai dans la cuisine après avoir servi mon plateau de boissons.
- Qu'est-ce qu'il y a cordon bleu ? demandai-je en me m'appuyant sur le plan de travail.
- Le patron est parti faire quelques courses au supermarché d'en face, j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider, répondit-il en s'approchant de moi.
Le patron était aussi chef cuisinier.
- Mais je dois aider Nevaeh en salle.
- Marie est déjà avec elle.
- Ouais mais deux ça suffit pas.
J'essayais de trouver des excuses pour ne pas passer du temps avec lui. Calvin était quelqu'un de plutôt lourd, très lourd même. Autrefois, nous étions très proches et nous avons failli être en couple sauf que j'avais compris rapidement que cela ne pouvait pas marcher parce que j'avais besoin de liberté et que Calvin ne m'en donnait pas. Même si l'amour était une excuse valable, ce n'était pas possible d'être aussi collant à ce point. Avoir refusé de sortir avec lui était une des très bonnes décisions que j'avais prise dans ma vie. Cela n'empêchait pas qu'on soit restés en bon terme.
- Mais dis-moi, elles sont combien les serveurs sans toi ?
- Trois.
- Voilà, alors Nevaeh, Marie et Clara suffisent amplement. On dirait bien que tu ne veux pas passer du temps avec moi, remarqua-t-il.
- Mais non, tu dis n'importe quoi ! mentis-je. Bon allez, dis moi ce que je dois faire, changeai-je de sujet.
Je passai de l'autre coté du plan de travail et me lavai les mains. Calvin me montra quoi faire c'est-à-dire, éplucher des pommes de terre. Je commençais la manœuvre, j'arrivais à sentir le regard de Calvin sur moi, je n'aimais pas du tout ça. J'essayais d'éplucher alors au plus vite ces foutues pommes de terre.
- Tu te débrouille bien, déclara Calvin.
- Merci.
- Attends...
Je le sentis se rapprocher de moi et je le vis poser une main sur la mienne qui tenait le couteau. Je le regardai, grimaçant.
- Regarde, tu dois tenir le couteau comme ça -je reposai mes yeux sur la table- et mets ton autre main comme ça pour ne pas te couper, me dicta Calvin en prenant mon autre main pour la placer à son tour comme il fallait.
Il était alors coller à moi, je n'aimais pas du tout cette situation et je ne voulais surtout pas que quelqu'un nous surprenne.
- Oui, c'est bon, j'ai compris.
Je retirai mes mains des siennes et fis un pas en arrière pour le décoller de moi, ce qu'il fit et il retourna à ses occupations. J'adorais énormément Calvin, on avait vécu beaucoup de choses ensemble, beaucoup de délires mais j'aimerais qu'il comprenne que je ne serai qu'une amie pour lui. J'avais l'impression qu'à chaque fois qu'on se voyait, il faisait tout pour m'impressionner, pour se rapprocher de moi, pour que je succombe comme s'il allait m'avoir à l'usure. Il savait très bien ce que je pensais de notre relation mais pourtant il continuait, encore et encore. Peut-être qu'il m'aimait toujours, je ne savais pas.
- C'est bientôt ton anniversaire au fait.
- Oui, je sais.
- Tu as prévu quelque chose ?
- Non, rien du tout.
- Tu n'as rien prévu pour tes dix-huit ans ? demanda-t-il surpris.
- À croire que non.
- Mais tes dix-huit ans ça se fête !
- Oui je sais bien, on me le dit tout le temps, exagérai-je
- Laisse moi te préparer quelque chose alors puisque tu n'as rien prévu, proposa-t-il.
- Si ça t'enchante, il n'y a pas de soucis.
- Parfait !
Je n'aurais peut-être pas du dire ça. Je sentais bien la bonne soirée typiquement romantique au restaurant pour qu'il puisse enfin conclure.
- J'ai finis, annonçai-je en posant le couteau.
- Merci princesse.
- C'est normal, un cordon bleu aide toujours un apprenti cuisinier, plaisantai-je en lui tapotant l'épaule.
Il sourit.
- Tu en as pas marre d'être toujours derrière les fourneaux ? demandai-je. Moi, je ne pourrais pas rester des heures à cuisiner et en plus pour ne pas manger ce que j'aurais préparé.
- Tu dis ça parce que ce n'est pas ta passion et que cuisiner ne te procure pas de plaisir. J'aime préparer des plats alors ça ne me dérange pas de rester des heures dans une cuisine puisque celle-ci est comme mon temple, elle permet de m'exprimer. Je m'y sens bien.
Je me reconnaissais un peu dans ce qu'il disait mais pour le cambriolage et le dressing était certainement un temple pour moi.
- Tu n'as rien d'autre à me faire faire ?
- Si. Tu peux sortir de la farine s'il te plait ? Je vais préparer une pizza et tu vas m'aider.
- Ok.
- Elle est dans le premier tiroir en haut à gauche, ajouta-t-il.
J'ouvris le tiroir indiqué et récupérai le sac de farine que je posai sur la table devant Calvin. Ce dernier l'attrapa et m'en lança.
- Oh ! criai-je offensée. J'aurais du m'en douter ! Depuis quand il y a des pommes de terres sur une pizza !
Il rit de ma réaction. J'essayais de lui arracher le paquet de ses mains en bougeant de tous les cotés et du coup on recevait tout les deux de la farine. Je réussis à l'attraper quand il fut distrait et vidai le paquet sur lui. Le pauvre, il ressemblait plus à rien. C'était les délires comme ça que j'aimais avoir avec lui et c'était pour ça que j'avais voulu apprendre à le connaitre, pas seulement pour ses beaux yeux verts et ses soyeux cheveux châtains.
- Toujours aussi fou Maylin, souris-je.
- Parle pour toi Carter, sourit-il.
- Il va falloir nettoyer tout ça maintenant, le patron il va pas être content.
- Tout ça c'est de ta faute.
- N'importe quoi ! C'est toi qui as déclenché la bataille, protestai-je.
- Ce n'est pas de ma faute si tu as une tête à recevoir de la farine, plaisanta-t-il.
Je secouais la tête en souriant.
- Bon je vais laver tout ça et toi tu finis ton plat, ok ? suggérai-je.
- Oui ça marche, merci pour le vrai coup de main cette fois-ci, sourit-il.
On enleva d'abord toute la farine qui se trouvait sur nous puis je pris l'aspirateur et aspirais toute la cuisine. Pendant ce temps, Calvin finissait son plat.
- Tu prépare quoi ? demandai-je en arrêtant l'aspirateur pour faire moins de bruit.
- Frites et hamburgers.
- Hum, gémissais-je en sentant l'odeur qui se dégageait du plat. J'aime ça.
- On dirait une affamée, rit-il.
Je finis le nettoyage.
- Deux steaks frites, Calvin, annonça Nevaeh en rentrant dans la cuisine. Ah tu es là toi, s'adressa-t-elle à moi. Je te cherchais partout.
- Oui, je nettoyais la cuisine.
- Tiens deux frites hamburgers pour la table six, dit-il à Nevaeh.
Celle-ci récupèra les deux assiettes et Matt, le patron, fit son apparition en entrant par la porte de derrière qui donnait directement accès à la cuisine.
- Oh les jeunes, tout va bien ?
Matt avait la quarantaine.
- Oui, allez on retourne en salle Alison, dit Nevaeh.
Nous laissâmes Calvin et Matt dans la cuisine et repartîmes en salle. Elle me chuchota à l'oreille qu'il y avait encore quelqu'un qui m'attendait au comptoir. Bien évidemment, je pensai directement à Justin. Pourquoi ? Peut-être que j'espérais que ce soit lui. Nevaeh me quitta en chemin pour servir les plats et je continuais d'avancer jusqu'au comptoir, impatiente. Quand je vis apparaître son visage, je souris et il fit de même. Vous savez, ce sourire si mignon et si parfait qu'un enfant pouvait avoir quand on lui apportait ce qu'il avait commandé à noël -je ne disais pas que j'étais celle qu'il voulait à Noël-.
- Salut Justin, que me vaut cet honneur ? demandai-je arrivée à sa hauteur.
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