Chapitre 39

«Il voulait ma peau, c'était certain.»

- Allez debout Carter !

Je fus réveillée par cette voix masculine et des coups sur le fer. Je grognai et me frottai le visage avant de me relever. J'arrivais pas à croire que j'avais réussi à m'endormir sur ce matelas dur comme de la pierre.

Je poussai la couverture sur le côté et me levai du lit. Je regardai vers la porte qui était ouverte et vis le policier qui m'avait interrogé devant.

- Dépêche toi, on a beaucoup de choses à faire avec toi, dit-il.

Je refis seulement mon chignon puisque j'avais dormir avec tout sur moi, mes chaussures y compris. Je quittai ma cellule, mon ventre gargouilla, j'avais très faim, je n'avais pas mangé la veille.

Le policier ferma la porte derrière moi. Je restai à côté de lui pour qu'il me mette les menottes mais il ne le fit pas. Il me devança et je le suivis. Je me demandais ce que j'allais faire. Je n'étais pas du tout en forme pour enchaîner les interrogatoires.

Nous retournâmes dans le hall. Il y avait déjà du monde. Je me demandais quelle heure il était. Il m'emmena dans une salle qui semblait être la cafétéria puisque beaucoup mangeaient.

- Tu as faim ? me demanda-t-il.

J'hochai la tête. Il ouvra alors un tiroir et sortit ce qui me semblait un paquet de deux biscuits. Puis il le referma et ouvrit un autre où il prit une brique de jus de fruits comme ce qu'on donnait aux enfants. Le petit déjeuner n'avait pas changé ici remarquai-je.

- Tu vas manger ça pendant que je t'interroge à nouveau, m'annonça-t-il.

J'hochai encore la tête. Il me tendit la nourriture et nous sortimes de la petite cafétéria. Nous traversâmes une nouvelle fois le hall, quelques personnes me jetèrent des regards étranges qui me laissait penser que je devais ressembler à un cadavre.

Nous entrâmes dans la même salle que la veille où je fus interrogée. Je pris place sur la chaise en face de bureau et posai la nourriture sur la table.

- Non Alison, il faut que tu décales ta chaise sur le côté pour laisser la place pour quelqu'un d'autre.

J'imaginais que mon avocat n'allait pas tarder alors. Ainsi je déplaçai ma chaise sur la gauche. Puis je commençai à manger. Je finis rapidement puisqu'il n'y avait presque rien à manger. Pendant ce temps, le policier lisait ce qui semblait être mon dossier à nouveau. J'imaginais qu'il essayait de trouver n'importe quoi qui pourrait me coincer. Je n'avais pas peur du moins je n'avais plus peur.

Soudainement, j'entendis quelqu'un toquer à la porte avant d'entendre cette dernière s'ouvrir. Je me retournai, c'était bien mon avocat. En costume et toujours aussi bien coiffé comme s'il pensait qu'il rencontrerait sa future femme dans un commissariat.

- Maître Sanchez, dit l'officier, installez vous à sa gauche, je vais vous chercher une chaise.

Je fronçai les sourcils, pourquoi à ma gauche ? Il y avait une grande place à ma droite. Cela voulait dire qu'il y aurait d'autres personnes ? Le policier quitta la salle.

- Ça va ? me demanda-t-il.
- Ouais ça peut aller, répondis-je en me frottant les manches.

Il faisait froid. J'avais l'impression qu'ici ils ne connaissaient pas le chauffage.

- N'oublie surtout pas ce que je t'ai dit, tu t'en tiens au plan et regarde moi à chaque fois que tu voudras prendre la parole pour que je m'assure que tu ne dises pas n'importe quoi, insista-t-il.
- Comme la dernière fois, dis-je en hochant la tête.

Le policier fit son retour au même moment avec deux chaises dans une main et une autre dans l'autre me faisant froncer les sourcils à nouveau. Il en plaça une à ma gauche et les deux autres à ma droite, un peu plus loin.

Je commençai à avoir la respiration haletante pensant que David serait celui qui prendrait place dans l'autre chaise. J'imaginais déjà comment tout cela allait se passer ; il allait me descendre, j'allais en prendre pour mon grade et c'était terminé pour moi. J'étais faible face à lui et je craquerais sans aucun doute. Je regardais paniquée mon avocat.

- David... murmurai-je, ils vont ramener David.
- C'est possible, chuchota-t-il, il faut que tu restes calme.
- Non... Non, je pourrais pas.
- S'il te plait Alison, tu dois rester calmes.

J'attrapai les manches du gilet de Justin avec mes doigts. Mon coeur battait trop vite. Finalement j'avais peur et même très peur. J'étais en fin de compte par prête à le revoir et encore moins dans ces conditions.

Tout d'un coup, des coups se firent entendre puis j'entendis la porte s'ouvrir. Je coupai ma respiration. Je ne pouvais pas lui faire face.

- Cobb, voilà je te ramène le petit Beaumont, annonça une voix inconnu.

Je fermai les yeux et soufflai de soulagement comprenant qu'il s'agissait de Noah. Je jetai un coup d'oeil à mon avocat qui ne sourit pas pour autant. Je gardais ma tête devant moi pendant que Noah prenait place à ma droite. Quelques secondes plus tard son avocat arriva aussi.

La tension était à son maximum.

- Je suis l'officier Cobb et je suis chargé de votre enquête si vous ne le saviez pas encore, commença-t-il en posant ses bras sur la table.

Il prit et posa à côté du mien un autre dossier, celui de Noah sûrement. Je me défendais de regarder ce dernier.

- J'ai quelques questions à vous poser, je vais commencer par toi Noah, annonça-t-il en le regardant, est ce que tu confirmes connaître Alison Carter ici présente ?
- Oui, dit-il.

J'avais oublié comment sonnait sa voix.

- Est-elle bien dans ta classe ?
- Depuis peu de temps oui.

J'échangeais quelques regards avec Maître Sanchez comme on avait l'habitude de le faire en interrogatoire. Je jouais avec les manches du gilet pour garder mon esprit clair.

L'officier posa plusieurs questions à Noah pour savoir s'il confirmait ma version. Étonnement, jusqu'à la nuit du cambriolage, il confirmait tout alors que son avocat était présent avec lui. Ce dernier échangeait d'ailleurs beaucoup avec lui, ce qui était normal, mais d'après ce que Noah répondait, il ne devait pas lui demander de mentir.

- Noah, tu es donc entrain de me confirmer que toi et tes amis avaient exercé un chantage sur Alison pour qu'elle vous obéisse ?
- Oui, répondit-il neutrement.

L'officier Cobb me regardait. J'avais l'impression qu'il pensait que j'avais mit un coup de pression sur Noah pour qu'il réponde en ma faveur. Il ne m'aimait vraiment pas et voulait absolument que je tombe.

Il poursuit sur la nuit du cambriolage et Noah avait encore tout confirmé. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi, c'était intriguant. Et puis, si David avait tout manigancé, cela ne devrait pas du tout se passer comme cela. Je jetai un vif regard sur Noah qui semblait aussi fatigué que moi de cette nuit passée ici.

- Noah, tu m'assures bien qu'Alison n'a dit que la vérité ?
- Oui.

Je regardai mon avocat qui semblait aussi dubitatif que moi. Mais ce qui m'intriguait le plus c'était cette pertinence qu'avait le policier à trouver une faille dans ma déposition.

- J'aimerais bien savoir comment tu as fais pour intégrer la même classe qu'Alison, continua-t-il.
- Je ne savais pas que j'allais être dans sa classe, répondit Noah. Je l'ai juste reconnue et j'ai alors pensé que c'était une bonne idée qu'elle nous aide.
- Comment ça tu l'as reconnue ?
- Je l'avais vu dans un journal avec mes potes et je me rappelle qu'on s'était tous dit qu'elle était bonne.

Je voulus avaler ma salive mais je m'étouffai à la place ce qui fit apporter tout l'attention sur moi. Pendant que je devenais rouge, toussais et avaient les larmes qui me montaient aux yeux, mon avocat tapait sur mon dos pour m'aider. C'était très embarrassant.

- Vous pouvez lui donner un verre d'eau s'il vous plaît, demanda mon avocat.
- Je reviens, dit l'officier.

Je reclai ma gorge à plusieurs reprises et tapais ma poitrine pour calmer ma toux. Après quelques minutes, tout redevint à la normal et Monsieur Cobb revint avec un verre plastique d'eau. Je le pris et en bu le contenu soulageant ma respiration. Il reprit sa place et nous pûmes continuer l'interrogatoire.

- Qu'est-ce que vous connaissiez d'Alison avant de la rencontrer ?
- Seulement ce qu'on avait lu dans l'article de journal.
- Alors comment vous connaissiez sa soeur ?
- Elle était dans l'article, elle a été interviewée donc son nom était aussi inscrit.

Je n'arrivais pas à croire qu'ils avaient réussi à me mettre autant la pression en me faisant croire qu'ils connaissaient tout de moi alors qu'en réalité, ils n'avaient lu qu'un simple article de journal.

- Et pourquoi cet entêtement à dire que vous saviez qu'elle avait cambriolé avec David ?
- Parce que c'était un prétexte pour qu'elle vienne avec nous et aussi parce qu'on est des mecs et on soutien ce pauvre gars. On lâche pas son copain dans une situation pareille, expliqua-t-il.
- Je ne l'ai pas lâché puisque je n'étais même pas là, rétorquai-je en gardant les yeux droit devant moi.

Je venais de prendre la parole pour la première fois depuis le début de l'interrogatoire et c'était un mensonge. J'aurais voulu être interrogée sans être obligée de mentir à chaque fois parce que justement j'aurais été clean et irréprochable mais ce n'était pas le cas. J'avais l'impression de me planter un couteau dans le dos à chaque mensonge que je sortais pour sois disant sauver ma peau.

- Tu connais David, Noah ?
- Non.
- Mais tu penses qu'Alison était là le soir du cambriolage où David fut arrêté ?
- Je ne vois pas pourquoi il s'obstinerait à faire accuser sa copine si elle n'avait rien à voir là dedans puisqu'il est censé l'aimer et la protéger, répondit-il.

Je voulus baisser ma tête et quitter le bureau mais cela voudrait dire qu'il avait raison. J'avais mal d'entendre toutes ces remarques parce que cela faisait ressortir toute la culpabilité et la haine que j'avais envers moi.

- Monsieur, il ne s'agit pas de son affaire alors veuillez retourner dans l'autre affaire, intervint mon avocat.
- Bien sur, dit-il en me fixant.

Il voulait ma peau, c'était certain.

L'interrogatoire se termina. D'après mon avocat, il était plutôt en ma faveur et j'allais finalement être accusé de complicité involontaire de cambriolage. Mais cela si le policier Cobb ne décidait pas de revenir sur mon autre dossier et j'imaginais très bien qu'il le ferait.

Noah sortit de la pièce avec son avocat mais l'on nous demanda de rester encore là. Est-ce que j'allais me confronter à toute la bande un par un ?

- On va recevoir quelqu'un d'autre puis après je te laisserai quelque temps pour te reposer, annonça le policier.

Je regardai mon avocat qui me dit qu'il fallait que je tienne le coup. Quelques minutes plus tard, on toqua à la porte et je vis entrer Chris et son avocat. Évidemment, j'aurais du m'en douter. J'avais bien précisé que c'était lui qui me faisait le plus peur. Ils prirent place sur les mêmes chaises.

- Tu le reconnais ? me demanda l'officier Cobb en parlant de Chris.
- Oui.
- Tu peux me répéter ce qu'il t'a fait ?

J'imaginais qu'il voulait que je raconte à nouveau les attouchements que Chris avait fait à mon égard alors je le fis en toute honnêteté.

- Elle m'avait chauffé, se défendit Chris.
- Je plaisantais puis tu as commencé à insisté jusqu'à la dernière fois qu'on s'est vus, quand je ne plaisantais plus du tout, rétorquai-je en le regardant.
- De toutes façons, tout ce que j'ai fait c'est te faire des avances puis te toucher le cou.
- Tu m'as étranglé et tu m'as déshabillée.
- Étranglé ?
- Noah a été obligé d'intervenir.

Il secoua la tête.

- Tu confirmes ce qu'elle dit ? demanda Cobb.
- J'ai peut être tenu son cou un peu trop fort mais je ne l'ai pas étranglé.

J'étais sure qu'il n'allait pas être aussi franc que Noah. Il avait un orgueil. L'officier lui demanda à lui aussi de confirmer tout ce que j'avais révélé et il le fit plus vaguement et difficilement. Il voulait sauver sa peau.
Après cela, nous quittames tous la pièce cette fois-ci. Je soufflai de soulagement, cela avait plus simple que je ne le pensais.

Je retournai avec les menottes autour de mes poignets dans le hall entouré d'un différent policier et de mon avocat. Ce dernier me prit à pas part pour discuter.

- Je reviens te voir s'il y a un autre interrogatoire, on ne m'a pas encore prévenu, me dit-il. Pendant ce temps, fais attention à l'officier Cobb, je pense qu'il va te mettre la pression, il t'a dans sa ligne de mire donc tu ne dis pas un mot, pas un seul sans que je sois là.

J'hochai la tête. Il avait remarqué autant que moi le comportement bizarre de Monsieur Cobb.

- Bon, j'y vais alors.

J'hochai encore la tête puisque c'était tout ce que je pouvais faire et retournai vers le policier qui m'accompagnait quand j'entendis quelqu'un m'appeler.

- Alison ?

Je me retournai sans aucun enthousiasme vers cette voix plutôt féminine. Qui était ce encore ? Mes yeux s'écarquillèrent et mon coeur s'arrêta de battre découvrant qui c'était ; Nevaeh était là devant la porte d'entrée.

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