Chapitre 38
«Regarde moi.»
Je m'apprêtai à répondre quand la porte derrière moi s'ouvrit.
- Bonjour, Maître Sanchez, je suis l'avocat de Mademoiselle Carter, annonça la personne.
Je me retournai. J'avais reconnu cette voix. Je reconnus aussi la personne qui se trouvait derrière moi. C'était bien l'avocat qui m'avait permis d'échapper à la prison il y avait presque un an. Que faisait-il là ? Comment avait-il été mis au courant de mon arrestation ? Le policier se leva et serra sa main.
- Nous venions de terminer, dit-il.
- Ah bon, lâcha Maître Sanchez.
L'officier me fit signe de me lever ainsi je me levai puis il m'enfila à nouveau les menottes.
- Je vais la ramener dans la cellule et je la rappelerai si j'ai besoin de plus d'informations.
- J'aimerais lui parler quelques minutes, annonça mon avocat. Si vous pouviez nous laisser seuls quelques instants.
- Pas de problèmes, je vous attends derrière la porte.
Il quitta la salle et ferma la porte derrière lui. Nous nous éloignâmes un peu de cette dernière pour que l'on nous entende pas.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ? demanda Maître Sanchez.
Il semblait énervé. Je lui racontai exactement ce que j'avais dis au policier dernièrement. Il devint plus serin tout d'un coup.
- Bien, dit-il, je m'attendais à pire que ça. Tu me dis bien toute la vérité ?
- Oui, je vous le jure, dis-je.
- Ok, il faut que tu gardes la même version jusqu'à la fin du procès. Ne change surtout rien. De toutes façons tu sais comment il faut fonctionner maintenant, dit-il.
J'hochai la tête.
- Est-ce qu'il t'a parlé de l'ancien procès ?
- Il m'a dit qu'il doutait de mon innocence et m'a demandé si je tenais toujours le même discours et puis vous êtes arrivé.
- Oh non... souffla-t-il.
Il se gratta la tête.
- Alison, écoute moi, tu dois absolument garder le même discours, le même qu'on avait mis en place, ne change rien du tout, m'expliqua-t-il, sinon je ne pourrais plus rien faire pour toi.
J'hochai la tête bien que j'avais été sur le point de dire toute la vérité avant qu'il arrive.
- Après tu me laisses faire, comme la dernière fois, finit-il.
- Oui, approuvai-je.
- Bien, tout le monde compte sur toi, cette fois-ci ça ne va pas être facile.
- Comment vous êtes venu aussi vite ? demandai-je.
- C'est ta tante qui m'a appelé et j'ai fais aussi vite que j'ai pu pour venir, répondit-il.
J'hochai encore la tête et nous sortimes de la salle. Nous retrouvâmes le policier qui nous attendait bien derrière la porte. Il attrapa mon bras et me poussa pour que je retourne dans la cellule.
Mon coeur s'arrêta de battre quand je vis ma tante, ma soeur et mon copain à l'entrée. Je tournai ma tête impromptement de l'autre côté. Je ne voulais pas qu'ils me voient comme cela. C'était déjà assez humiliant pour moi.
- Alison !
Je sentis une main se poser sur mon épaule avant d'attraper mon menton et de faire pression dessus pour que je tourne ma tête.
- Regarde moi Alison.
Après avoir résisté quelques secondes, je cédai, me retrouvant nez à nez avec ma tante.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle.
- Excusez moi, elle doit retourner dans la cellule, intervint le policier.
- Je vous raconterai, dit mon avocat à ma tante.
Elle s'écarta de moi pendant que je continuais mon chemin jusqu'à la cellule avec l'officier qui me tenait toujours le bras. Je regardais par terre.
- On t'a ramené des affaires pour que tu puisses te changer, ajouta-t-elle.
- Tu veux aller te changer ? me demanda le policier.
J'hochai la tête, sa main quitta mon bras pour récupérer les vêtements avant de le saisir à nouveau. Il me changea de direction, je devinai qu'il m'emmenait dans les vestiaires ou dans les toilettes.
Arrivés devant une porte, il me détacha des menottes et me tendit les affaires que je pris avant d'aller dans la pièce qui se trouvait derrière la porte. C'était les toilettes, évidemment qu'il n'allait pas m'emmener dans les vestiaires, j'aurais pu voler quelque chose.
J'enfilai le jean et le t-shirt qu'ils m'avaient apporté. Puis je remarquai qu'il y avait aussi le gilet de Justin. Je le mis aussi bien que j'aurais voulu que ce soit un autre gilet car cela me faisait encore plus culpabiliser. Je ressortis des toilettes avec la chemise à la main.
- Il faut que je te vérifie , annonça-t-il, bien que je ne l'ai pas fait avant puisque tu n'avais qu'une chemise sur toi.
- Je n'ai rien sur moi, dis-je en tournant sur moi même.
- Tu n'as pas de bijoux, rien ? insista-t-il.
- J'ai un bracelet.
Je retroussai la manche du gilet pour laisser apparaître le bracelet que m'avait offert Justin. Le policier le retira sans hésitation. Je fus un peu triste de l'enlever car il me tenait à coeur. Je fus ramenée dans la cellule. Je ne croisai pas à nouveau mes proches, c'était mieux comme cela pensai-je. Cela leur faisait plus de mal qu'autre chose de me voir comme cela.
Je m'assis sur le petit banc puisque que quelqu'un avait pris ma "place". Je regardais le vide. Je me demandais si Noah et la bande avaient déjà été interrogés et s'il avaient dit la vérité. J'imaginais qu'ils avaient sûrement arrangé l'histoire afin que je prenne aussi cher qu'eux. C'était évident. Mais cette fois-ci, même si j'étais une fille et qu'ils étaient plusieurs contre moi, je ne gagnerais pas car j'étais dans la ligne de mire du policier qui s'occupait de l'enquête.
«Laissez moi lui parler !» entendis-je quelqu'un crier. Je fronçai les sourcils et tournai ma tête vers là d'où venait la voix. Je vis alors arriver Justin en trombe qui ne s'était pas changé et qui avait donc toujours de la peinture sur lui. Je lâchai un minuscule sourire à cela.
- Ali, dit-il les mains dans les poches.
Je tournai ma tête devant moi et vis les autres personnes en garde à vue avec moi qui nous regardaient.
- Vas-t-en Justin, lâchai-je d'une voix monotone.
- Regarde moi Ali, regarde moi.
Je déglutis. Je ne voulais pas lui parler. Je savais ce qu'il allait me dire. Il allait me réconforter et me dire que tout irait bien alors que je devrais plutôt entendre des cris de haines me disant à quel point il me détestait.
Cela me frustrait à quel point il pouvait être adorable avec moi alors que je méritais plus que des claques.
- Regarde moi putain, répéta-t-il fermement.
- Je te regarde ! haussai-je le ton en me levant pour me retrouver face à lui.
Il me regarda confus comme s'il avait une personne devant lui qu'il pensait connaître mais qu'il découvrait que finalement ce n'était pas le cas.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? murmura-t-il
- Qu'est-ce qu'il m'arrive ? répetai-je en colère. Il m'arrive que je suis dans cette putain de cellule par ma faute mais que tu trouves encore le moyen de me défendre.
Je bouillais intérieurement. Je m'en voulais de m'énerver contre lui parce qu'il ne faisait seulement que son travail de petit ami parfait mais j'avais besoin de me défouler et malheureusement c'était lui qui prenait tout dans la gueule.
- Ton avocat m'a raconté et ce n'est pas du tout de ta faute, rétorqua-t-il.
Je ris nerveusement. J'avais sérieusement l'air d'une folle.
- Mais putain arrête Justin, murmurai-je. Regarde moi, dis-je en me pointant du doigt. Je suis une délinquante.
Ma gorge commença à se nouer.
- Je ne sers à rien, continuai-je. Je comprends pas comment tu as pu t'intéresser à moi.
Je voyais que ses yeux brillaient. Il avait les larmes qui montaient. Je ne voulais pas le mettre dans cet état là mais je devais lui dire le fond de ma pensée.
- Je ne suis pas faite pour toi. Tu es tellement... tellement parfait et moi... Je mérite d'être là où je suis... Tu perds ton temps avec moi.
Il fronça les sourcils. Les larmes me montèrent aussi tout d'un coup. Je baissai la tête. Je savais que je venais de le toucher parce qu'il m'avait justement promis de ne plus jamais me haïr mais c'était plus fort que moi. Je n'étais pas le meilleur pour lui. Et je ne voulais que le meilleur pour lui.
- Alison, murmura-t-il.
- Je suis désolée Justin, murmurai-je en relevant mes yeux vers lui, je n'ai pas été à la hauteur, je ne l'ai jamais été.
- Je ne comprends pas pourquoi tu remets tout en cause, pourtant j'ai tout essayé pour que tu ne dises jamais cela.
Il me regardait perdu. C'était tellement différent du regard qu'il avait l'habitude de me donner.
- Mais je n'y arrive pas Justin, on est tellement différents, murmurai-je. Qu'est ce que tu vas dire à ta mère si elle te demandait de me revoir ? Et à ton père ? Qu'est ce que tu vas faire en attendant ? Tu vas m'attendre éternellement ? Tu vois, ça ne peut pas fonctionner parce qu'il y a un truc qui cloche chez moi.
- Cinq putain de jours et tu veux tout arrêter, dit-il sèchement.
- Tu ne comprends pas, c'est moi le problème et je ne veux pas t'entraîner là dedans.
Je le voyais serrer sa mâchoire frénétiquement. Il gardait ses yeux verrouillés sur moi comme s'il attendait que je lui dise que je plaisantais mais je ne plaisantais pas.
Je me rapprochai des barreaux. Je les attrapai. J'avais envie de prendre Justin dans mes bras bien que je venais de lui demander implicitement de m'oublier. Il était tout pour moi mais je ne voulais plus être tout pour lui car j'étais un fardeau. Je le tirais vers le bas.
- Je veux que tu me promettes que tu vas tout faire pour réaliser ton rêve et que tu vas rendre fiers tes parents, dis-je. Je veux pouvoir sortir de cette prison et te voir sur toutes les affiches de la ville.
Il ne bougeait toujours pas. Les veines sortaient de son cou. Il était entrain de se contenir pour ne pas exploser de rage.
Un policier vint nous voir et interrompu probablement le dernier moment que nous passions ensemble. Il demanda à Justin de quitter les lieux. Ce dernier me jeta un dernier regard triste et sûrement déçu aussi.
- Je t'aime Bieber, chuchotai-je, mais c'est mieux comme ça.
Il secoua la tête et recula avant de se retourner. Il fut raccompagné à l'entrée par le policier. Je baissai la tête. Le compte de fée venait définitivement de prendre fin. J'entendis un bruit sourd, je n'étais pas la seule d'ailleurs, ce qui me fit relever la tête. Ce devait être lui qui venait de taper dans un mur ; il faisait toujours cela quand il était énervé.
Je repartis m'asseoir sur le banc. Je sentais encore tous les regards sur moi. Je fixais le sol gris. Ce sol que j'allais devoir regarder de tous les angles pendant quelques années. David devait bien être content maintenant. J'étais sure à présent que c'était lui qui avait tout manigancer pour que cela m'arrive. C'était sa revanche et il l'avait eu.
...
Les heures passaient et j'étais toujours enfermée dans la cellule avec des inconnus qui allaient et partaient pour se faire interroger. J'avais vaguement entendu qu'une personne avait bu en état d'ivresse, une autre s'était battue avec le gérant d'une boîte, une autre avait arnaqué des personnes sur internet et j'en passais. Le monde était rempli de gens imparfaits.
- Mademoiselle Carter.
On me sortit de mes pensées. Il était temps. J'allais m'endormir sur place. Je me levai.
- Oui ?
- Vous allez dormir ici, nous allons vous garder en garde garde à vue au moins jusqu'à demain, annonça la policière.
Je ne fus pas surprise. Tant que je n'avais pas encore été confrontée aux garçons pour moi cela voulait dire que je devais rester ici. Je sortis de la cellule après qu'elle l'ait ouverte. Elle m'attacha les menottes et nous partîmes.
Je n'avais jamais dormi ici avant. J'avouais que j'avais un peu peur. Nous descendîmes des escaliers et traversâmes des portes avant de nous retrouver dans une longue allée où des petites cellules se trouvait de parts et autres de celle-ci. Mon coeur se mit à battre rapidement.
Il faisait sombre et j'imaginais que l'hygiène n'était pas terrible. Elle ouvrit une porte vers le milieu de l'allée puis me détacha les menottes.
- Tu vas dormir ici pour ce soir, tu trouveras une petite couverture sur le lit, me dit elle.
J'hochai la tête et entra à l'intérieur effrayée. J'entendis la porte se refermer derrière moi. Je découvris mon miniscule lit sur la droite avec une couverture grise pliée dessus. Il y avait un lavabo sur le mur d'à côté et des toilettes à sa gauche.
J'avais des frissons. C'était moche. Je ne savais pas comment on pouvait vivre là dedans. Et encore, normalement en prison on vivait à plusieurs dans la même cellule.
Je me couchai sur le lit et dépliai la couverture que j'étalais sur moi. Je regardais le plafond noirci puis je me mise soudainement à pleurer. C'était trop pour moi. Il y avait eu un nouvel retournement de situation qui m'avait anéanti et mes proches aussi. Je repensais à cette semaine qui avait été parfaite jusque là et puis aux semaines qui allaient venir et qui allaient être terrible.
Mais je pensais surtout à Justin. Celui qui avait redonné un réel sens et plaisir à ma vie. Je l'avais détruis. Il devait me haïr à l'heure qu'il est. Mais je savais que quand il comprendrait que je n'en valais pas la peine, il m'oublierait aussitôt et passerait rapidement à autre chose. C'était juste une question de temps.
Mais moi, même après que le monde m'ait déchiré en deux, il restera toujours une partie de moi pour lui.
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