Chapitre 36

«Parfois les cauchemars sont réels.»

J'étais dans ma chambre avec ma soeur. La semaine de cours venait de se terminer. J'étais retournée chez Justin hier parce que sa mère voulait encore "papoter" avec moi. J'avais l'impression qu'elle ne pouvait plus se passer de moi pour le plus grand bonheur de Justin. Elle voulait qu'on fasse les boutiques et me faire visiter sa boîte où elle créait tous ses vêtements. Ce changement d'attitude avec moi me chamboulait, je ne savais pas trop comment réagir parfois.

- Tu ne devais pas t'occuper de refaire ta chambre ? demanda Ella.
- Si mais j'ai pas trop de temps pour ça. À moins que tu veuilles bien m'aider et on commencera demain, proposai-je.
- Demain je vais au cinéma avec Shaun, je ne pourrais pas. Tu n'as qu'à proposer ça à Justin.
- Ouais pourquoi pas, dis-je.

Cela était une bonne idée surtout qu'il m'avait déjà proposé de m'aider mais je nous imaginais déjà finir en bataille de peinture.

- J'ai pensé à parler avec Savannah, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, lançai-je au hasard.
- Pourquoi faire ?
- Bah pour avoir une discussion avec elle... Je n'ai qu'à l'appeler ! m'exclamai-je.
- Tu penses qu'elle va décrocher ?
- Je sais pas, on va vérifier ça maintenant.

Je pris mon téléphone qui était placé dans la poche droite de mon jean et composai le numéro de Savannah. Je mis le haut parleur à la demande de ma soeur et les bip se firent entendre.

J'espérais vraiment qu'elle réponde.

Elle décrocha à la dernière sonnerie. Ma soeur poussa un petit cri aigu d'étonnement.

- Je ne veux pas te parler, laisse moi, cracha Savannah.
- Attends ! Tu ne crois pas qu'on devrait parler ?
- Je ne parle pas aux salopes.
- Sav...
- Non laisse moi, tu en as déjà trop fait.

Elle raccrocha me laissant sur le cul. Ma soeur éclata de rire.

- Bon... Au moins c'est clair, ris-je.

Bien qu'Ella rendait la situation hilarante, j'étais un peu déçue, j'aurais vraiment voulu avoir une discussion avec elle. Mais elle me détestait et rien ne changerait à cela. Elle ne m'écouterait jamais et finalement je comprenais cela. J'aurais sûrement réagi de la même facon si j'avais était dans sa position. J'étais sa pire ennemie et je devais faire avec. Il était impossible pour moi d'arranger ce genre de chose.

- C'était évident qu'elle ne voudrait pas te parler, dit-elle.
- Ouais, j'aurais du m'en douter.
- Pour elle tu as volé son petit ami.
- Tu penses toi que je lui ai volé Justin ? demandai-je plus sérieusement.
- Non... Non.

Je baissai les yeux.

- Oh non ! s'exclama-t-elle, ne commence pas à tout remettre en question !

Mes yeux furent attirés par le bracelet que m'avait offert Justin. Avoir confiance en soi. Je devais définitivement m'enlever l'idée de la tête que j'étais coupable de tout. Vraiment. Cette idée me freinait dans tout ce que je faisais. Je relevai mes yeux vers ma soeur.

- Non, t'inquiète pas, dis-je.
- J'ai hâte de revoir Nevaeh, lança-t-elle.
- Oh m'en parle pas.
- Arrête, je suis sûre que toi aussi.

Je roulai des yeux. Elle n'avait pas tort.

- Je paris qu'elle viendra avec son mec là, enfin je sais même pas s'ils sont toujours ensemble, ajoutai-je, tu le sais toi ?
- Je sais pas, tu n'as qu'à lui demander toi, me nargua-t-elle.
- Non, je m'en fiche de toutes façons.
- Oui bien sûr, c'est pour ça que tu m'as demandé, dit-elle amusée.

Je lui fis une grimace et elle rit.

- Tu sais, on sait tous que quand vous allez vous revoir, vous allez vous sauter dessus et tout oublier, c'est tout le temps comme ça entre vous, expliqua-t-elle.
- Mais tu vois, je ne m'attendais pas à deux mois de séparation qu'on serait déjà à ce stade là, je veux dire, je pensais qu'on tiendrait plus longtemps, rétorquai-je, et puis, elle n'a tenu aucune de ses promesses.
- Ça c'est parce que elle est trop occupée.
- Mais dans ce cas là, elle ne fait pas de promesse.
- Alison... souffla-t-elle.
- De toutes façons cette discussion tourne en rond, aussi bien avec toi qu'avec Justin donc on arrête d'en parler.

Comme Justin l'avait dit, je verrais quand je la reverrais.

...

Je venais de finir de déménager tous les meubles de ma chambre dans le couloir et dans la chambre de ma soeur. Il était déjà seize heures. J'étais partie ce matin avec ma tante acheter tout le matériel dont j'avais besoin pour commencer à redécorer ma chambre et il ne manquait plus que Justin vienne me rejoindre, je n'attendais plus que lui.

J'enfilai une longue chemise grise vu que je n'avais pas de salopette et attachai mes cheveux en un chignon.

Justin sonna quelques minutes plus tard. Je partis l'ouvrir. Chaque jour il était encore plus beau que la veille.

- Wow Alison, t'habilles pas comme ça pour travailler, lança-t-il en souriant.

Je fronçai les sourcils et baissai les yeux pour me regarder. Je ne voyais pas de quoi il parlait.

- Quoi ? lâchai-je en le regardant.
- Tu sais pas que les filles en chemise existent les mecs ?

Je ris. Je n'en avais aucune idée. Il entra et m'embrassa durement le cou.

- T'as l'air vraiment très en forme aujourd'hui, dis-je en refermant la porte.
- Je le suis.

Nous commençâmes à nous diriger vers les escaliers, il me laissa le devancer.

- T'as tout déménagé de ta chambre ? demanda-t-il.
- Ouais !

Je le sentis tirer ma chemise pendant que nous montions les escaliers.

- Arrête, dis-je en retirant la chemise de son étreinte.

Il rit.

- C'est trop court Ali, dit-il.
- Arrête, ça arrive à mes genoux quasiment.
- Et elle est à qui cette chemise ?
- Mais qu'est ce que tu me fais là ?

Nous arrivâmes à l'étage et je ralentis pour être à hauteur de Justin. Je le regardai essayant de comprendre son soudain acharnement sur ma chemise.

Il attrapa mon visage et m'assaillit de bisous m'obligeant à faire des têtes bizarres. Je le repoussai mais je ne pus m'empêcher de sourire.

- Je te comprends pas, ris-je.
- Allez avance, dit-il avant de me taper les fesses.

Je me retournai et lui donnai un coup de pied.

- On lève pas la main sur sa Princesse ! dis-je.
- Quelle Princesse ? rétorqua-t-il en souriant.

Je roulai des yeux et nous entrâmes dans ma chambre vide. C'était bizarre de la voir comme cela. J'avais l'impression de la redécouvrir même s'il y avait les mêmes peintures sur les murs.

- Ta chambre est toujours aussi petite avec ou sans meuble, me charia-t-il.
- Mais ma chambre se fout de ton avis, rétorquai-je.

Il rit.

- On commence par quoi ? demanda Justin.
- Il faut bâcher le sol.

Je partis prendre le papier qui servirait à protéger ma moquette. Je le déroulai et Justin en prit le bout et le tira jusqu'à ce que cela recouvre tout le sol. Nous le fîmes tenir sur place en le scotchant à chaque coin de la pièce.

- T'as pris quoi comme peinture alors cette fois-ci ? s'interrogea-t-il en se dirigeant vers le gros sac de fournitures.
- Du gris, du blanc, du noir et du rouge je crois, répondis-je.

Il me regarda les sourcils levés.

- Quoi ? ris-je.
- Tout ce que t'as fait c'est rajouter du rouge en fait, rit-il.
- Mais c'est ma tante qui m'a aidé à choisir, me défendis-je. Mais j'ai acheté du bleu au cas où j'aimais pas le rouge.

Il grimaça et commença à sortir les outils du sac.

- Je te préviens, pas de bataille de peinture, je tiens à mes murs ! prévins-je.

Il rit. Nous commençâmes à ouvrir les pots de peinture après les avoir secoué. Je n'avais aucune idée de quel mur j'allais peindre en telle ou telle couleur. Je ne m'y connaissais pas en décoration. Justin se saisit d'un rouleau.

- Alors je peins où ça ? demanda-t-il.
- Je sais pas, ma tante ne m'a donné aucune aide, je ne m'y connais pas.
- Sérieusement Ali ? sourit-il.
- Excuse moi ! Je ne suis pas décoratrice d'intérieur !

Il s'approcha de moi et attrapa mon menton afin de poser ses lèvres sur les miennes. Notre baiser se prolongea quelques secondes mais je l'interrompis.

- Si je veux dormir dans ma chambre ce soir, il faut qu'on se mette au boulot.
- Tu es sure que tu ne veux pas faire autre chose ? insista-t-il un sourire aux lèvres.
- Oui, dis-je avant de lui lancer un coup sur son torse musclé.

Je m'éloignai de lui et pris à mon tour un rouleau.

- J'ai qu'à peindre ce mur en gris, annonçai-je en désignant le mur blanc.
- Pourquoi pas, dit-il me laissant dubitative.
- Tu ne m'aides pas là Justin !
- Je ne suis pas décorateur d'intérieur non plus, se moqua-t-il.

Je trempai d'un geste rapide mon rouleau dans le pot et l'agitai en direction de Justin pour qu'il reçoive de la peinture. Son visage changea en un instant, passant du rire à l'étonnement. J'éclatai de rire. Il s'empressa alors de tremper son rouleur dans un autre pot à côté de lui pour me faire subir la même chose. Je venais de déclencher une bataille que je ne voulais pas avoir.

- Non non non ! Justin !

Je me mise à courir dans le peu de surface de ma chambre pour échapper à une giclé de peinture en vain. Je sentis un liquide s'éclater contre mon dos me faisant crier de stupeur. J'entendis Justin rire derrière moi. Je me retournai.

- Justin ! lâchai-je.
- C'est toi qui as commencé ! se défendit-il.

Je couru pour attraper le même pot de peinture laissant tomber le rouleau sur le sol. Il se mit directement en position de défense en se saisissant du sien. La nouvelle décoration attendra.

Je trempai ma main dans le liquide gris mais Justin fut plus rapide et me jeta à nouveau sur la chemise de la peinture noire. Soudain quelqu'un sonna à la porte. Nous nous regardâmes avec confusion. Ma tante et ma soeur devaient avoir leur clé de la porte et je n'attendais plus personne.

- Putain, lâchai-je.

Je reposai le pot au sol et couru dans la salle de bain prendre une serviette pour m'essuyer la main. Puis, je descendis à toute vitesse regagner le salon. J'espérais que ce n'était pas quelqu'un d'important car j'étais tachée de peinture. J'entendis plus loin derrière moi les pas de mon petit ami. Je jetai la serviette au sol et attrapai la poignet pour ouvrir la porte.

Je découvris deux hommes imposants, en tenue noire reconnaissable, devant l'entrée. Je fis un pas impromptement en arrière.

- Police. Nous sommes bien au domicile d'Alison Carter ?
- Oui c'est bien moi, répondis-je en fronçant les sourcils.

Mon coeur se mit à battre frénétiquement. J'étais entrain de réaliser ce qui allait se passer. Non. S'il vous plaît. Pas maintenant. Pas maintenant que tout allait bien.

- Alison Carter, vous êtes en état d'arrestation pour cambriolage.

Sa voix fit comme un écho dans ma tête. À partir de cette instant tout me vint à l'esprit au ralenti.

Je baissai ma tête, j'avais été prise. Un des officiers de police attrapa violemment ma main et me retourna. Mon autre main lâcha la porte. Mes deux poignets furent regroupés par une seule grande main et puissante derrière mon dos. Je sentis un métal froid agresser ma peau pour la seconde fois de ma vie. Le son des menottes qui se verrouillèrent sur ma chair tremblante résonna dans mes oreilles.

- Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous.

Je levai mes yeux et vis Justin confus dans le salon s'approchant vers moi. Ses yeux noisettes me fixaient me brûlant la peau. Il comprenait très bien ce qu'il se passait mais ne voulait pas le croire. Je voulus à ce moment là lui dire que j'étais désolée et le prendre dans mes bras. Mais j'étais impuissante face à tout cela.

Je fus retournée une nouvelle fois violemment vers la sortie. Mais jambes ne me tenaient plus. Je voulais m'écrouler par terre et ne plus jamais me relever. Je traversai le jardin poussée par le même officier. J'avais honte, Justin ne méritait pas de voir cela.

Je l'entendis crier mon nom et l'autre officier lui demandait de rester calme. Je n'osais pas me retourner. Je ne voulais pas le voir dans cet état, à cause de moi.

J'arrivai à hauteur de la voiture de police. L'officier ouvrit la porte et me poussa à l'intérieur en baissant ma tête.

Je revivais ce que je n'avais jamais voulu revivre.

La porte claqua derrière moi, m'assourdissant un peu plus. Je pouvais encore entendre les cris acharnés de Justin qui me brisaient le coeur.

Tout cela était de ma faute. Je l'avais cherché.

Les officiers entrèrent à l'avant de la voiture. Mon corps ne répondait plus. J'étais finie. Je m'en voulais. Je n'avais pensé qu'à moi et j'allais à nouveau faire du mal aux gens qui m'aimaient, qui me soutenaient. Je ne les méritais pas.

La voiture démarra pour m'emmener là où j'aurais du être il y a déjà plus de dix mois. J'allais récolter ce que j'avais semé. J'allais payer pour tout le mal que j'avais fait. Je ne jetai aucun regard vers Justin, j'étais juste là, inerte, vide de toute réaction. Je ne voulais pas y croire mais pourtant tout ceci était bien réel.

Parfois les cauchemars sont réels.

...

Note : Je suis désolée d'avoir mis autant de temps à poster ce chapitre mais je suis en vacances à St Tropez. J'espère quand même qu'il vous plaît et n'hésitez pas à donner votre avis. Bisous xx

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