Chapitre 25

«Tu as peur ? »

Je quittai ma chambre, rejoignant le salon vêtue de noir. J'étais prête mentalement, du moins je l'espérais. Je retrouvai ma soeur qui regardait la télé et ma tante qui rangeait le lave vaisselle.

- Où tu vas comme ça ? demanda Érica.
- Quelque part, répondis-je m'arrêtant entre la cuisine et le salon.
- Tu vas cambrioler c'est ça ?

Je soufflai en guise de réponse.

- Je pensais que tu avais arrêté, dit-elle.
- Je le pensais aussi, rétorquai-je.

Elle secoua la tête et replongea le nez dans ses affaires. Je ne pouvais pas lui dire, je ne pouvais le dire à personne ce qui me poussait à faire cela. Cela devait rester entre moi et la bande à Noah.

- Pourquoi tu fais ça Alison ? C'est débile, intervint ma soeur.
- Pour toi, murmurai-je avant de franchir la porte d'entrée.

Je rentrai dans ma voiture. Je stressais déjà. J'avais l'impression de vivre ma dernière heure, c'était insoutenable. Mes mains étaient moites mouillant mon volant et mes cheveux attachés en une queue de cheval collaient à mon front bien qu'il restait encore de la neige dehors et donc qu'il faisait froid. Je me murmurais à moi même des mots incompréhensibles pour essayer de rester la moins parano possible. Je faisais travailler ma mémoire pour retrouver la route chez Sam. C'était difficile dans le noir. Je réussis tout de même à trouver mon chemin et j'arrivai devant chez Sam quelques dizaines de minutes après. Je regardai l'heure sur mon téléphone, il était 22h07, j'avais sept minutes de retard.

J'espérais qu'ils ne m'en tiendraient pas rigueur. Je sortis de la voiture après avoir pris le flingue et l'avoir caché sous ma veste.
Je toquai à la porte et Chris m'ouvrit. Il avait l'air furieux augmentant mon rythme cardiaque.

- Pard...
- Si on te donne une heure, c'est pour la respecter, commença-t-il sèchement.

Je ne répondis pas et il se mit sur le côté pour me laisser entrer. J'entrai alors et vis les mêmes garçons assis sur le même canapé. Ils étaient tous habillés sombrement, il y avait des sacs noirs et d'autres armes posés sur la table basse. Pourquoi avais-je plus l'impression qu'ils préparaient un carnage ? L'atmosphère était pesante, je me sentais comme mal à l'aise. Ils se levèrent tous me voyant arriver, je me sentais petite face à eux, je jouais avec les manches de mon gilet.

- T'as emmené le flingue ? demanda Noah.

J'hochai la tête.

- Ça va, n'aies pas peur.

Je sentis une main caressait mes hanches par dessus mon gilet, me donnant des frissons, avant de me retrouver encercler par deux bras qui étaient ceux de Chris. Je sentis son souffle chaud balayait mon coup, m'obligeant à incliner ma tête pour éviter ce contact brûlant. Je sentis un de ses bras  quitter ma hanche et quelques secondes plus tard un doigt caressa mon coup provoquant la montée de tous mes poils. Je me sentais salie par tous ces gestes déplacés. Je suppliais Dieu mentalement qu'il me laisse tranquille.

- On y va, mec on est en retard, intervint Noah.

Je le remerciai mentalement, il semblait avoir entendu ma demande. Chris me lâcha brutalement mais je préfèrais de loin ce geste à tous les autres. Je fermai les yeux soulagée et sentis peu après des épaules me bousculaient, se dirigeant vers la sortie derrière moi pendant que je restais statique.

- Tu te dépêches miss, cria Noah.

J'ouvrai les yeux et me retournai pour rejoindre les autres qui avaient déjà franchi la porte. Nous nous retrouvâmes dehors dans le froid. Sam referma la porte à clef. Les garçons se mirent à marcher, je les suivais les mains dans les poches. Ils parlèrent tous entre eux, je me sentais de côté. Nous nous arrêtames devant un petit fourgon blanc.

- C'est ce que je vais conduire ? demandai-je.
- Oui, répondit Chris.
- D'accord, dis-je dubitative.

Je n'avais jamais conduit ce genre de véhicule avant.

- Je vais me mettre à l'avant avec toi, dit Noah. Je vais t'indiquer la route et où tu vas devoir nous attendre.

J'étais contente que ce soit lui au lieu de Chris. Au moins lui avait eu un minimum de sympathie envers moi même si cela n'avait pas été sincère. J'hochai la tête.

- Bon, c'est parti ! lâcha Sam.

Ils se dirigèrent tous à l'arrière du fourgon et entrèrent à l'intérieur à l'exception de Noah qui entra côté passager tandis que je fis le tour pour entrer du côté conducteur. Il me fila les clés quand je fus installée. Je mis la clé dans le contact et attachai ma ceinture. J'avais la boule au ventre.

- Tu es prête ? demanda Noah.
- Oui.

Je tournai la clé et la voiture démarra. Durant tout le trajet, Noah fut mon GPS, j'écoutais attentivement ce qu'il me disait. En même temps, il me donnait des règles que je devais appliquer pendant que je les attendrais : je devais couper le contact pour être la plus discrète possible. Je devais également garder le flingue à la main et le portable sur mes cuisses au cas où il y avait une situation d'urgence. Si quelqu'un venait à me parler, je ne devais pas ouvrir la fenêtre ou sortir de la voiture et si cette personne insistait, je devais tirer sur elle -il était évident que je ne respecterai pas cette règle- Je devais toujours garder un oeil partout et les prévenir si quelqu'un de suspect apparaissait.

- À quoi ressemble Bryan ?
- Il est brun.
- C'est tout ?
- C'est suffisant.

Je déglutis. J'étais très concentrée. Ma vie en dépendant d'après ses propos. Nous arrivâmes malheureusement à destination, devant une grande maison très belle. Je déglutis encore une fois. Noah me montra un panneau de signalisation disant qu'il fallait que j'aille dans la ruelle juste à côté pendant tout le temps qu'ils seront dans la maison. Comme il y avait des lampadaires qui éclairaient toutes les rues, je ne devais pas me placer en dessous d'un de ces lampadaires. J'aquesciai et Noah me donna une feuille où était écrit son numéro avant de donner un signe aux garçons de sortir du fourgon. Ils partirent tous en courant après avoir claqué les portes, me déstabilisant un peu. Je me ressaisi et me dirigeai vers la rue indiquée. J'arrivai en même pas vingt secondes.

Je coupai le contact et enlevai le flingue du dessous mon gilet, le serrant fort dans ma main droite. Je mis mon portable sur les cuisses comme Noah me l'avait dit et j'attendis. Plus les secondes passaient, plus je stressais. Mon coeur allait sortir de son orbite. Je tapais du pied frénétiquement, priant que rien ne m'arriverait. De plus, je ne pouvais pas voir ce qu'il se passait dans la maison ni même aux alentours étant cachée dans une ruelle. Tout bruit était devenu pour moi une menace et je sursautai à l'entente de chacun d'entre eux. Je commençai vraiment à transpirer, mes vêtements collaient maintenant à ma peau. Je vérifiai l'heure toutes les cinq secondes sur mon téléphone comme quand j'attendais impatiemment la fin d'une heure de cours. Soudainement, une voiture qui je pense était noir traversa lentement la rue perpendiculaire à la mienne me faisant perdre tout contrôle de moi-même. Je mordillais fortement ma lèvre inférieure et essayai de réfléchir. Est-ce qu'il était nécessaire d'appeler les garçons ou c'était simplement une voiture innocente ? Je décidai quand même de les appeler, j'avais peur de tout.

- Allez réponds, murmurai-je.
- Allô ?
- J'ai vu une voiture passer, lançai-je rapidement.
- Elle se dirigeait vers la maison ? chuchota-t-il.
- Sûrement, elle était dans la bonne direction en tout cas.
- Quelle couleur ?
- Noir je pense.
- C'est pas celle de Bryan. On peut rependre notre cambriolage les gars, s'adressa-t-il aux garçon.
- Vous revenez qu...

Il raccrocha. Cette nouvelle ne m'avait pas du tout rassuré. Je scruptais toujours chaque recoin, le temps se faisait long. Quelques minutes plus tard, mon regard s'arrêta sur une silhouette au bout de la ruelle, celle d'un garçon je crois. Je fronçai les sourcils pour mieux voir. On aurait dit que cette silhouette me regardait. Qui était ce ? Puis tout d'un coup, cette silhouette commença à marcher lentement vers moi me coupant ma respiration. Je baissai immédiatement mes yeux sur mon téléphone pour rappeler Noah mais quand je relevai la tête, cette silhouette se trouva juste devant la voiture. J'entrouvis la bouche, effrayée. Ce ne pouvait pas être lui. Il me sourit, c'était un sourire narquois. J'étais tétanisée, je n'arrivais même plus à bouger. J'étais finie. Il m'avait retrouvée.

- Non non non ! murmurai-je.

Dans un élan de courage ou plutot de panique, je re baissai mes yeux vers mon téléphone et appelai Noah. Mes doigts tremblotantes avaient du mal à manipuler l'appareil surtout que je tenais encore fermement le flingue dans l'autre main. Je portai mon cellulaire à l'oreille et relevai ma tête. Par stupéfaction, il n'était plus là. David ne se trouvait plus devant moi. J'agitai ma tête dans tous les sens, où s'était-il caché ?

- Qu'est-ce qu'il y a encore ?

La voix de Noah me rappela que j'étais entrain de l'appeler.

- Rentrez vite, s'il vous plaît ! criai-je.
- Quoi ? Pourquoi ?
- S'il vous plaît !

Les larmes me montèrent aux yeux. Je voulais partir d'ici au plus vite !

- On arrive, dit-il.

Je raccrochai et soufflai. Ils ne pouvaient pas bouger leur cul ?! J'en avais marre d'attendre ! Je continuais à regarder partout, il pouvait revenir à tout moment. J'étais seule, sans défense -ou presque, n'oublions pas que je possédais un flingue- et donc très vulnérable.

- Vite, vite, vite, murmurai-je pendant que je remuais ma tête frénétiquement.

Je priais Dieu encore une fois qu'il me sauve la vie. Pourquoi avais-je accepter de le faire ? Pourquoi ? Je fermais les yeux et pensais à tout mes proches quand quelqu'un toqua à ma fenêtre me faisant sursauter. C'était les garçons. Je soufflai soulagée et déverrouillai les portes. Ils étaient revenus avec des sacs remplis et encore couverts d'une cagoule sur leur visage. Ils reprirent la même place dans le fourgon, Noah du côté passager. Il enleva sa cagoule, essoufflé. Pour la première fois, j'étais contente de voir son visage. Mon coeur avait repris un rythme de battements calmes et ma respiration était plus lente. Je lui jetai le flingue sur les jambes et rangeai mon téléphone. Je démarrai la voiture et nous nous en allâmes au plus vite d'ici.

- Tu as eu peur ? demanda-t-il en souriant.

Je serrais fortement le volant jusqu'à me faire proprement du mal. J'avais toujours peur de voir apparaître David même si je venais de comprendre que ce que j'avais vu avait été simplement une hallucination. Les garçons se mirent à crier de joie, fières d'avoir réussi leur coup.

- On a repris tout ce qui nous appartenait, dit Noah.

Tant mieux pour eux mais la seule chose qui me réjouissait était le fait qu'ils allaient enfin me laisser tranquille.

- Tu as bien respecté ta part du marché Alison, c'est bien.
- J'espère que vous respecterez la vôtre, dis-je.
- Ne t'inquiète pas.

Je les ramenai chez Sam. Je ne pus m'empêcher de regarder partout pour voir si une voiture de police allait nous arrêter. Je me sentis nettement mieux quand on fut arrivés. Je sortis rapidement du fourgon et nous fumes maintenant tous devant la maison. Ils me tapèrent la main pour me féliciter mais je n'étais en aucun cas fière de cela. Je voulais juste rentrer chez moi fatiguée de cette dure soirée et ne plus jamais les revoir.

- On est bien d'accord que c'est la dernière fois qu'on se voit, bon à part toi Noah, on a pas le choix, dis-je.
- On tient notre marché, dit Chris. Mais c'est vrai que je suis un peu triste de te quitter, ajouta-t-il en s'approchant de moi.

Je posai une main sur son torse pour le stopper dans son élan. Je lui lançai un faux sourire et partis sans me retourner vers la voiture. J'étais enfin libérée d'un lourd fardeau même s'il restait encore beaucoup de poids sur mes épaules. Rien ne s'était passé comme je l'avais imaginé, j'avais peut être été trop pessimiste. Peut-être que David n'avait rien avoir là dedans et qu'ils me connaissaient juste à cause des journaux sur lesquels j'avais figuré lors de l'enquête.

Je rentrai chez moi complètement vidée et partis directement me coucher, me sentant bénie d'avoir encore échappée à une catastrophe. Mais j'étais certaine que ce n'était pas complètement la fin et que je devais m'attendre à un éventuel retournement de situation. C'était trop facile si cela en restait là, ne soyons pas naïfs.

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