Chapitre 24
«Je t'interdis de la toucher.»
J'étais allongée sur mon lit en pleure et décidai d'appeler Nevaeh. J'avais besoin d'entendre sa voix. J'avais besoin qu'elle m'aide, qu'elle me dise que tout irait bien.
- Allô ?
- Nevaeh, dis-je en pleurant.
- Qu'est-ce qu'il y a Alison ?
- Il faut que tu m'aides, répondis-je du même ton.
- Pourquoi ? Qu'est ce que tu as fais ?
Elle n'avait pas l'air affolée, c'était comme si elle avait l'habitude de m'entendre pleurer au téléphone appelant à l'aide alors que ce n'était pas du tout le cas.
- Si tu t'en fiches, je peux raccrocher. Je comprends qu'on ne se soit pas parlées depuis longtemps mais je pensais que tu serais toujours là pour moi.
- Alison, qu'est-ce que tu racontes ? Évidemment que je serai toujours là pour toi. Dis moi tout.
- Je préfère que tu reviennes ici à Denver. Juste pour quelques jours. J'ai vraiment besoin de toi.
- Je sais pas, c'est compliqué ce que tu me demandes.
Je pleurai de plus belle. Elle ne pouvait même pas faire ce petit effort pour moi.
- C'est bon, oublie, dis-je. Je me débrouillerais toute seule.
- Non Alison je...
Je la raccrochai au nez. Si je ne pouvais plus compter sur ma meilleure amie, sur qui devrais-je compter ? Je parcourus mon téléphone essayant de trouver quelqu'un qui pourrait me réconforter. Mon doigt s'arrêta involontairement sur Justin. Je l'aimais... tellement... que ça faisait mal. Je donnerais tout pour tout recommencer à zéro. Je n'ai jamais voulu briser son coeur, je voulais juste lui donner une pause. Lui permettre de s'évader, de se changer les idées. Et je n'ai pas compris, mes sentiments ont pris le dessus et je ne contrôlais plus rien. Il m'avait fait sentir tellement heureuse et triste à la fois. C'était si incompréhensible mais si excitant en même temps. C'était ces montagnes russes qui nous rapprochaient encore un peu plus l'un de l'autre et nous rendaient accro. J'appuyai sur le bouton "appeler", je voulais entendre sa voix une dernière fois avant d'être prise au piège par Noah et ses amis et de ne plus jamais pouvoir l'entendre ni le voir. Je ne savais pas ce que je pourrais bien lui dire mais je savais que je n'avais pas besoin de parler pour qu'il sache comment j'allais. Surtout que j'étais toujours entrain de pleurer. Ça sonna à plusieurs reprises puis il décrocha enfin.
- Allô ?
Sa voix rauque me donna des frissons et mon coeur se mit à battre rapidement. Il me faisait de l'effet sans même le faire exprès.
- Alison ?
- Pardon Justin... lachai-je.
Ma voix tremblait. J'avais la gorge nouée. Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait.
- Est-ce que tu es entrain de pleurer Ali ?
Je n'arrivais plus à me retenir. Sa voix tapait comme un marteau sur mon coeur. Je l'aimais. J'étais amoureuse de lui.
- Je sais pas à quoi tu joues Alison mais je peux pas te parler maintenant.
- Excuse moi, dis-je toujours en pleure.
Il raccrocha. Je n'avais plus de place dans son coeur, je ne passais plus avant tout le monde. J'aurais tellement voulu être son seul centre d'intérêt, la seule fille qu'il voyait. Juste être la seule et l'unique. J'y avais cru pourtant mais les miracles n'existaient pas. J'avais tellement de regrets, c'était insupportable. Comme si je portais tout le poids du monde sur mes épaules mais que j'étais faible et je m'enfonçais à chaque poids qu'on ajoutait.
...
- Ça fait du bien de te voir hors de ta chambre, dit Ella arrivant au salon où je me trouvais.
- Ça va, je ne te fais pas trop peur avec mes yeux rouges ?
Elle rit.
- C'est bien que tu le prennes de cette manière, dit-elle en s'asseyant à la table en face de moi.
Je lui souris.
- Il faut que je te dise quelque chose, ajouta-t-elle en souriant.
- Je t'écoute.
- Shaun a dit qu'il m'aimait devant ses parents, annonça-t-elle en souriant et en rougissant. C'était tellement gênant et incroyable à la fois. Et sa mère veut passer plus de temps avec moi, qu'on fasse du shopping comme si j'étais sa fille. J'ai l'impression que Shaun et moi on va déjà se marier, ajouta-t-elle en riant.
- Je suis contente que tout se passe bien Ella.
Elle sourit et piqua une céréale dans la boîte.
- Mais vous l'avez déjà fait ? demandai-je.
- Non, toujours pas. Je veux vraiment prendre mon temps même si on était allés un peu vite au départ.
- Tant mieux.
- Tu sais, je suis tellement gênée que tout se passe bien de mon côté tandis que tu vis un sacré enfer. Tu es une fille tellement généreuse, tu ne mérites pas tout ce qu'il t'arrive. Je sais que si Shaun me quitterait, je serais anéantie.
Je pris sa main.
- T'inquiète pas. Ne te soucies pas de moi. J'irai bien, mentis-je.
- Je l'espère Alison. Je l'espère tellement.
Je lui souris et lachai sa main pour finir mon bol de céréales.
- J'aimerai bien inviter les parents de Shaun à la maison, il faut que je demande à Érica.
- Oui, ça peut se faire, dis-je.
- Je sais pas pourquoi mais je sais que nous deux ça va marcher.
- Ça a tout l'air en tout cas. Mais fais attention, tu n'as que quatorze ans, c'est normal si tu ne finis pas ta vie avec lui.
- Je sais mais je la vois pas autrement.
Je fis un grimace. Ella était prise au piège elle aussi dans le cercle vicieux de l'amour. J'espérais tout de même qu'elle ait une fin plus heureuse que la mienne.
...
J'étais assise à ma place, le cours de mathématiques allait bientôt débuter. Noah arriva en retard et s'assit à côté de moi bien que je ne le voulais pas.
- Tu nous conduiras devant la maison ce soir et tu nous récupéreras là où on te dira, chuchota-t-il quand il fut bien installé.
Je compris qu'il parlait du plan. Je fus soulagée de ne pas devoir entrer dans la maison avec eux. Au pire des cas, je serais accusée de complicité.
- Et tout à l'heure je te donnerai quelque chose dont tu auras besoin, ajouta-t-il du même ton.
- D'accord.
- Le rendez-vous est à vingt deux heures devant chez Sam, j'espère que tu te rappelles de la route.
- Oui, je pense.
- Bien.
On ne s'adressa plus la parole durant toute l'heure. Au self, je mangeai toute seule. Cameron avait du en avoir marre de ma compagnie et préférait manger avec d'autres personnes. De là où j'étais, je pouvais voir Justin déjeuner avec Savannah. Il était vrai qu'ils n'étaient pas autant proches qu'avant. Justin paraissait très gêné. Comment pouvait-on garder une relation aussi longtemps avec si peu d'alchimie ? Je soufflai puis soudainement, Justin tourna le regard et croisa le mien. Je détournai pas mes yeux des siens. Il continua alors à me regarder. C'était comme une compétition de regard. Je jouais avec ma fourchette pour canaliser l'envie de lui sauter dessus, oui littéralement, lui sauter dessus. Et son regard sur moi m'a toujours intimidé. Ses yeux noisettes me transperçaient comme des lasers. Je mordillais ma lèvre inférieure. J'avais l'impression que nous étions seuls, que tous les deux. Il devait se demander pourquoi je l'avais appelé hier.
- Alison.
Je reconnus la voix de Noah. Je gardai mon regard sur Justin pendant que Noah prenait place à côté de moi.
- C'est pas le moment là, dis-je gardant mon point fixe.
- Quoi ? T'es trop occupée à regarder ce guignol ? Il s'en fou de toi. Regarde plutôt sa copine. Tu vois pas pourquoi il l'a choisi ? Elle est populaire, elle a des amis elle au moins.
Le regard de Justin devint tout d'un coup intriguant. Il fronçait un peu les sourcils. La présence de Noah à côté de moi devait le gêner. Elle me gênait aussi, gâchant ce peu d'intimité qui me restait avec Justin.
- Tu m'écoutes ?
- Je m'en fou ! lançai-je en détachant mes yeux de Justin pour les planter sur Noah.
Il rit.
- Ça te fait du mal n'est ce pas ?
- Ferme ta gueule connard ! criai-je avant de pousser mon plateau et quitter la table en trombe.
Il avait le don de me faire sortir de mes gonds ! Je me dirigeai hors du self. Je sentis immédiatement tous les regards sur moi. J'etendis Noah me rattraper avant de me prendre le bras et de me tirer vers l'intérieur du bâtiment en me faisant très mal. Nous étions dès à présent dans les couloirs. Je retirai violemment mon bras. Je ne voulais en aucun cas que ce garçon me touche.
- Plus jamais tu me manques de respect devant tout le monde ! cria-t-il.
Ses veines éclataient sur son coup. On aurait dit un malade mental, c'était effrayant. Je n'osais pas parler ni même le regarder, je tournai d'ailleurs le regard. La porte par laquelle nous étions passés s'ouvrit, laissant apparaître Justin. Que voulait-il ? Noah se retourna et Justin se plaça, furieusement face à lui. Les battements de mon coeur se mirent à accélérer. Je ne pouvais pas faire face à une autre bagarre, c'était au dessus de mes forces.
- Eh ! Je crois pas que t'ais bien saisi ce que je t'ai dis, commença-t-il d'un ton sec. Je t'ai dis de la laisser tranquille !
Justin serrait sa mâchoire régulièrement et les poings aussi. Ses veines étaient devenues apparentes. Il était tellement sexy comme ça. Comment pouvais-je penser à ça dans un moment pareil ? Je clignai les yeux pour remettre mes idées en place. Noah émit un petit rire à ce que Justin venait de dire.
- Sinon quoi ? rétorqua-t-il en faisant un pas vers Justin.
- Il vaut mieux pour toi que tu saches pas, cracha-t-il.
- Cette fille te mène en bâteau mais tu continues à être son petit toutou, dit Noah en riant. Mec, réveille toi.
- Ça c'est mon problème mais je t'interdis de la toucher.
- C'est bon Justin, j'ai rien, intervins-je timidement.
Il me regarda. Ses yeux étaient glacials.
- Qu'est-ce qu'il te veut ?
- Rien. Il m'embête juste un peu, mentis-je à contre coeur.
Il serra sa mâchoire et partit sans se retourner, faisant claquer la porte. Cela me déchirait qu'il veuille m'aider mais que je ne faisais rien pour qu'il puisse le faire. Noah se mit à applaudir.
- Belle prestation de... Bieber ? C'est bien son nom ? Il se prend pour un super héro, c'est pitoyable.
- Je t'interdis de parler de lui, rétorquai-je sèchement.
- Oh c'est mignon, Roméo et Juliette qui se défendent, se moqua-t-il.
Je mordis ma joue pour rester calme. Ma joue devait être bien amochée à force.
- Bon, reprit-il son sérieux. Tu as intérêt à faire du bon boulot ce soir. Ne nous met pas un faux plan sinon rappelle toi, ta soeur va passer un mauvais moment. Ai-je bien été clair ?
J'hochai la tête. Il sourit et partit à son tour. J'avais la tête qui tourne. Tout était encore arrivé trop vite et je ne comprenais rien. Justin agissait exactement comme je le voulais mais je ne le méritais pas. Il perdait son temps avec moi.
...
La journée de cours venait de se terminer. Cela voulait dire que ce soir approchait. J'avais très peur. Peur que tout pouvait se retourner contre moi mais on finissait toujours par payer ses erreurs, n'est-ce pas? Je regagnai ma voiture. Je voulus poser mon sac sur le siège passager mais Noah fit encore une fois une apparition soudaine, ouvrant la portière et s'asseyant comme bon lui semblait sur le siège passager. Il posa son sac sur ses cuisses.
- Ça va ? demanda-t-il.
- Comme si cela t'intéressait, répondis-je sèchement.
- C'est vrai, tu as raison, je m'en fou, dit-il amusé.
Il ouvrit son sac et en sortit quelque chose. Mon coeur manqua un battement quand je vis ce que c'était.
- Tiens prends ça, tu en auras besoin, annonça-t-il en me le tendant.
- Non ! protestai-je. T'es malade ! Je ne toucherai jamais à ça.
- On ne sait pas ce qu'il peut se passer Alison, il vaut mieux que tu ais ça sur toi.
- Jamais, tu entends ? Jamais je ne tirerai sur quelqu'un !
Je tremblais. C'était courant de posséder un flingue ici aux États Unis mais la plupart des gens ne le possédait pas pour une bonne intention et cela devait être également le cas de Noah.
- Alors tu vas le laisser te tuer ? Bryan est un malade, s'il te voit et que tu n'as pas ce flingue, tu es morte ! haussa-t-il le ton. Il n'hésitera pas à tirer sur toi lui.
- Mais vous aviez dit qu'il était en vacances !
- On ne sait pas combien de temps dure ses vacances ! Il peut revenir d'un jour à l'autre alors prends ce putain de flingue Alison !
Je grattai ma tête voyant l'ampleur de la situation. Je regardai le pistolet que Noah me tendait longuement. Il était certain que je ne voulais pas mourir dans ces conditions pareilles et aussi jeune même si j'ai souvent eu l'envie de mourir après que Justin soit parti aux bras de Savannah. Je soufflai et le pris. Je levai mes yeux à Noah qui sourit.
- À ce soir, dit-il avant de quitter ma voiture.
Je déposai en vitesse le flingue dans la boîte à gant, mon sac juste à côté et la paranoïa commença. Je m'imaginais tout un tas de scénarios dans ma tête. Et si je tuais accidentellement Bryan ? Ou quelqu'un d'autre d'ailleurs ? Et si c'était eux qui me tuaient ? Si la police m'attendait quelque part ? Si la voiture que je devais conduire contenait une bombe ? Je secouai ma tête et pris une grande respiration. Tu es devenue folle ma pauvre, me dis-je avant de démarrer la voiture.
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