Chapitre 2

«Tu ne m'échapperas pas.»

Le portail ouvert, j'avançais doucement vers la maison, le pas déterminé. Aucune lumière était allumée, c'était déjà une bonne nouvelle. J'arrivai devant la porte, je poussai la poignet ; la porte était fermée à clef. Il fallait s'en douter. Je longeais les murs de la maison jusqu'à trouver une fenêtre accessible. Je vis une baie vitrée et m'en approchai. Par chance, une des fenêtres de la baie n'était pas bien fermée. Je la poussai afin de pouvoir rentrer dans la maison. J'enfilai d'abord la cagoule, allumai la lampe torche puis je rentrai à l'intérieur du bâtiment. J'étais à présent dans le salon d'après les canapés qui se trouvaient à ma gauche. La salle paraissait immense éclairée seulement par ma lampe torche, peut-être parce qu'elle l'était vraiment. Je commençai déjà à avoir chaud sous la cagoule que je n'avais pas l'habitude de mettre alors je l'enlevai et la mis dans mon sac. Je parcourus la salle en essayant de ne rien faire tomber. Il fallait que je trouve le dressing mais la maison paraissait tellement grande vue de l'extérieur que je me demandais comment j'allais faire. Le stresse qui m'envahissait ne faciliter pas la tâche. J'étais sur le point de quitter la salle pour en gagner une autre quand j'entendis quelqu'un éternuer ce qui me fit sursauter. Je fis tomber malencontreusement un cadran photo. Les battements de mon cœur s'accélérèrent. J'espérais que personne n'ait rien entendu mais j'étais persuadée du contraire. Je ne réfléchis pas et au lieu de partir vite fait en courant d'ici, je posai mon sac et ramassai le cadran. Si il y avait des caméras, il valait mieux pour moi que je le range pour les propriétaires n'aient aucune envie de visionner celles-ci. Mais des éclats de verre étaient éparpillés sur le sol. Je compris alors qu'il fallait que je m'en aille, il n'y avait pas d'autre choix, mais il était trop tard. J'entendis des pas qui venaient de l'escalier du salon or la baie vitrée se trouvait trop loin de moi pour que je puisse m'échapper. Je me relevai et la lumière s'alluma au même moment. Un jeune homme à moitié endormi s'avançait vers moi. Pendant ce temps là, je perdais tous mes moyens. Je récupérai quand même mon sac et décidai d'aller dans l'autre pièce qui se trouvait juste à coté de moi pour me cacher au cas où il n'avait pas remarqué ma présence mais il l'avait remarqué. Il m'attrapa le bras à temps. J'essayais de cacher mon visage au maximum.

- Où tu vas comme ça ?

Je baissai la tête mais il me l'a tourna pour qu'il puisse voir mon visage.

- Alison ?

Je levai les yeux vers lui et je reconnus son visage. Il avait les yeux plissés par la lumière qui l'aveuglait. Ses cheveux étaient en bataille. On aurait dit un petit garçon.

- Justin ?
- Qu'est-ce que tu fous chez moi ? demanda-t-il perdu en se frottant les yeux.

Soudainement, on entendit quelqu'un descendre les escaliers à toute vitesse. Justin m'ôta les gants, m'arracha le sac et la lampe torche des mains. Je le laissais faire, ne comprenant rien. Puis il me plaqua contre le mur pour finir par m'embrasser. Je fus d'abord très surprise de son geste puis je saisis très rapidement le but. Les pas atteignirent le sol du salon pendant que Justin et moi continuions de nous embrasser. Il avait les lèvres douces et chaudes ce qui me donnaient quelques frissons. J'avais fermé les yeux pour savourer. Je mentirais si je disais que je n'appréciais pas ce qui était entrain de se passer. J'avais également très chaud et je pense que c'était plus à cause du baiser qu'à cause de la personne qui était sur le point de nous surprendre.

- Justin ?

Une voix d'homme venait d'interrompre notre baiser. Justin ne m'adressa aucun regard et se retourna vers la personne qui venait de parler qui était sans doute son père. Celui-ci nous regarda très bizarrement pour finir par dire :

- Combien de fois je t'ai dis de ne pas inviter quelqu'un le soir comme ça à la maison ? Regarde, vous avez cassé un cadran !
- Excuse-moi Papa, dit Justin.
- Bref, peu importe, ramassez tout ça puis continuez ce que vous faisiez dans la chambre ou une autre fois si vous le voulez mais ne nous dérangez plus. Bonne nuit ! conclu-t-il sèchement.

Il repartit de là où il était venu sans rien ajouté. Drôles de parole pour un père à son fils. Au moins, il avait été clair.

- Merci, chuchotai-je.
- Tu ferais bien de me remercier, dit-il très froidement. À cause de toi mon père doit penser que je trompe ma copine avec toi.
- Je suis désolée...

J'étais vraiment embarrassée et je n'avais qu'une envie : partir.

- Bon, tu peux t'en aller maintenant.
- Tu ne veux pas que je t'aide à ramasser ?
- Je vais me débrouiller.

Je fus soulagée qu'il ne me redemande pas qu'est-ce que je faisais ici, je n'aurais pas su quoi répondre. Je récuperai alors mon sac, mes gants et ma lampe torche et m'en allais en vitesse. Je regagnai la voiture et je me posai quelques minutes pour reprendre mes esprits. Quelle foutue soirée ! Même si Justin était dans ma classe, il n'était qu'une connaissance pour moi. Mais malgré ça, j'étais vraiment mal pour lui et j'espérais qu'il n'aurait pas de problème à cause de moi plus tard. Et son baiser m'avait laissé sur le cul, il fallait le dire. Je respirai un grand coup et je rentrai à la maison. Rares étaient les fois où je revenais avec rien d'un cambriolage mais là c'était bien le cas. Et pour être honnête, ce n'était pas ça qui m'attristait.

Le lendemain matin, je n'avais aucune envie d'aller en cours, comme toutes les fois d'ailleurs mais aujourd'hui encore plus car j'allais devoir éviter Justin toute la journée. Cela était bien évidemment impossible puisque nous étions dans la même classe. Je rentrai dans le lycée, nerveuse. J'espérais que Justin avait eu l'idée de ne pas venir aujourd'hui. Mais bon, si je voyais les choses du bon coté, peut-être que pour une fois ma journée au lycée serait intéressante. Je me dirigeai vers ma salle de classe et je m'installai au fond de celle-ci. Les élèves rentraient au fur et à mesure et à chaque fois, je vérifiais si Justin était là. Malheureusement il était bien présent. Il arriva dans les derniers avec sa petite amie, Savannah. Ils formaient un beau couple. Je crois qu'ils sortaient ensemble depuis un bon bout de temps maintenant d'après les commérages, ce qui voulait dire que tout allait bien entre eux. Le cours se déroula sans souci comme tous les autres cours d'ailleurs. Bizarrement, Justin n'avait pas essayé de m'adresser la parole une seule fois. Je rentrai alors chez moi soulagée. Arrivée là-bas, je décidai d'appeler Nevaeh pour qu'elle vienne me rejoindre étant donné qu'elle ne travaillait pas aujourd'hui. Elle accepta ma proposition sans réfléchir. Quand elle arriva, on se posa dans ma chambre et je commençai à lui parler du fiasco d'hier soir. Je lui racontais tout ce qu'il s'était passé dans la maison de Justin, tous les détails et elle éclata de rire.

- T'es sérieuse ? Ça te fait rire ? demandai-je frustrée.
- Mais t'as vu où ça te mène tes conneries ? rit-elle.
- Je te parle d'un truc sérieux et toi tu ris !
- Mais c'est la tournure qu'a pris ta soirée qui me fait rire, ajouta Nevaeh en se calmant. À la base, t'étais venue pour voler des choses et au final tu as embrassé un mec. C'est pas génial ça ?
- Pour les désespérés de la vie si, pas pour moi. Je respecte Justin et Savannah et embrasser Justin n'était pas mon fantasme.
- Tu respecte Justin mais t'as bien voulu le cambrioler, plaisanta-t-elle. Puis tu les connais même pas.

Je lui fis une petite tape amicale pour lui montrait qu'elle m'agaçait même si j'aimais quand elle me charriait comme ça. Elle savait très bien que je ne savais pas que j'allais m'introduire chez Justin.

- Tu vas faire quoi alors ?
- Bah tant qu'il ne viendra pas me parler, rien. Je ne vais pas aller lui dire "Salut, si tu voulais savoir pourquoi j'étais chez toi c'était parce que je voulais te cambrioler" ! Tu es con ma parole, répondis-je.
- Mais je parlais pas de ça, rétorqua-t-elle.
- Tu parlais de quoi alors ?
- Je sais pas, je me disais que peut-être si il te plaisait, t'aurais pu sympathiser avec lui. Ça fait longtemps que tu n'es plus en couple toi.

Il fallait qu'elle ramène encore une fois cette histoire à une nouvelle relation amoureuse.

- Nevaeh, je sais pas si tu te rends compte de la situation actuelle mais je suis rentrée par effraction chez lui ! Eh oh ! élevais-je le ton.
- Oui mais il t'a embrassé.
- Parce qu'il était obligé ! soulignai-je.
- Il aurait bien pu te dénoncer ou te dire de te cacher, continua-t-elle en me faisant un clin d'œil.
- T'es parano toi, je te jure.

Je trouvais complètement stupide ce que me disait Nevaeh. Pour moi, ça n'avait aucun sens alors je ne pris pas au sérieux ses paroles. Je descendis dans le salon pour me prendre à manger et Nevaeh me suivit. On se posa sur le canapé après. On parla de tout et de rien jusqu'à ce que nous fumes interrompues par la porte d'entrée qui s'ouvrit. Elle laissa apparaître Ella qui entra dans la maison. Elle vint nous faire la bise. Quand son visage arriva prés du mien, elle me chuchota ces quelques mots : «Il y a quelqu'un qui t'attend devant la porte.» Je n'attendis pas un instant et j'allai voir qui m'attendait. Mon cœur manqua un battement quand je vis Justin sur mon pallier. Je refermai la porte derrière moi et c'est là que le stresse refit apparition. Qu'est-ce que j'allais pouvoir lui dire à propos d'hier ?

- Salut... commençai-je tout bas.
- Salut, dit-il sèchement.

J'avais la tête baissée, je n'osais pas le regarder droit dans les yeux. J'avais très chaud.

- Je crois qu'il faut que tu m'explique certaines choses, reprit-il. Je t'écoute.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ? demandai-je toujours tout bas.
- Pourquoi tu étais chez moi hier, tout habillée de noir avec une cagoule, une lampe torche et un sac à la main ?

C'était le néant dans ma tête. Comment j'allais pouvoir répondre à cette question sans dire la vérité ? C'était impossible ! Je réfléchis un instant mais au final je ne bronchai pas. Ceci étant dit, il n'y avait pas besoin que je réponde à sa question. Il fallait être bête pour ne pas comprendre ce que je faisais chez lui. Je ne savais même pas si ceci était vraiment une question.

- Alors ? Dis moi ? insista Justin.
- Je ne peux rien te dire... répondis-je.
- Ça me concerne, j'ai le droit de savoir, rétorqua-t-il.
- Non...
- Tu comptais faire quoi ? Me voler des choses ? M'espionner ?
- Je comptais rien faire... mentis-je.
- Pourquoi tu étais là-bas ? répéta-t-il. Regarde moi s'il te plait.

Son ton était plus doux. Il souleva mon menton afin que je le regarde dans les yeux. Il sourit brièvement à la vue de mon visage.

- Écoute, mon père ne compte pas aller raconter ce qu'il s'est passé hier à qui que ce soit alors je ne t'en veux plus.
- Merci, chuchotai-je.
- Mais un jour j'aurai une réponse à ma question. Et en attendant, je ne te lâcherai pas. Tu ne m'échapperas pas.

Il partit après m'avoir sourit. J'étais encore tirée d'affaire pour l'instant. La température de mon corps redescendit tout doucement. Je retournai dans la maison.

- Alors ? Il t'a dit quoi ? Et c'est qui d'abord celui-là ? me bombarda de questions Ella.
- Justin, c'était chez lui où je suis allée hier et...
- Et il l'a embrassé, me coupa Nevaeh.
- Quoi ? s'étonna Ella.
- Non ! Non pas du tout. Il m'a grillé. Et du coup il m'a demandé des explications.
- Et tu as dis quoi ?
- J'ai rien dis alors il ne compte pas me lâcher.
- Hum hum, ça veut tout dire ça, intervint à nouveau Nevaeh.
- S'il te plait, arrête là... Je suis dans la merde là et toi tu t'amuse à me dire ça...

Je montai dans ma chambre, agacée par Nevaeh. Je fis mes devoirs puis je partis me laver. Propre, je regagnai ma chambre pour trouver une nouvelle maison à cambrioler. L'histoire de la veille ne m'avait pas raisonné. Je tapai sur internet l'adresse du quartier des riches puis, suivant la représentation en 3D du quartier, je sélectionnais les maisons dont lesquelles je n'étais pas encore allée. Ensuite, je cherchais les propriétaires des maisons sélectionnées en tapant les adresses de celles-ci. Bien évidemment, je n'avais pas trouvé tous les propriétaires mais seulement de trois maisons. Deux des trois propriétaires étaient des mannequins professionnels ce qui voulait dire qu'elles ne devaient pas être souvent chez elles. Je laissai l'autre propriétaire de coté pour une prochaine fois. Je cherchais à présent les emplois du temps des deux mannequins et des que les trouvai, je les enregistrai dans mon ordi. Je pourrais alors comparer mon emploi du temps aux leurs. Cela me prit une bonne heure alors dés que j'eus finis, je redescendis au salon pour préparer le dîner puisqu'Érica n'était toujours pas revenue de son voyage d'affaire. Nevaeh était déjà partie quand je quittai ma chambre. Pendant que je cuisinais, Ella discutait avec moi.

- Nevaeh s'excuse pour tout a l'heure, elle ne savait pas que ça t'énervait à ce point, commença Ella.
- Je l'excuse, dis-je sèchement.
- Elle m'a raconté ce qui s'était vraiment passé.
- Cool, dis-je du même ton.
- Tu as de la chance d'être tombée sur Justin sinon tu serais pas ici, à la maison, à cette heure-ci.
- Je sais.

Je n'avais pas envie de parler de ça maintenant c'était pourquoi je répondais sèchement. Vingt minutes plus tard le repas était prêt et Érica arriva au même moment.

- Salut les filles !
- T'es en retard, annoncai-je.
- Mon vol a prit du retard, rétorqua-t-elle.
- Beaucoup de retard alors.
- Ça va, tu vas pas en faire tout un plat. C'est pas la première fois qu'elle est en retard, intervint Ella.
- En parlant de plat, t'as qu'à mettre la table.

Ella s'exécuta. Pendant ce temps, notre tante nous racontait ses voyages qui, personnellement, m'ennuyaient. Puis à table, ce fut le silence. Alors, dès que j'eus fini mon assiette, je brossai mes dents et partis me coucher.

Le lendemain matin, puisqu'il était samedi, je me levai tard. Quand je fus bien réveillée, je regagnai le salon où se trouvait déjà ma tante.

- Salut.
- Bonjour Alison, dit Erica. Tu vas faire quoi alors aujourd'hui ?
- Je sais pas, j'irai peut-être au cinéma.
- D'accord.
- Elle est où Ella ? demandai-je.
- Elle est partie manger chez Mia.

Mia était la meilleure amie d'Ella. Cette dernière avait l'habitude de s'éclipser de la maison pour aller dans celle de Mia, c'était comme sa deuxième maison.

- Dis-moi, c'est bientôt ton anniversaire.
- Ouais, dans deux semaines.
- Tu voudras organiser une fête ou pas ? demanda-t-elle.
- Tu sais très bien que j'ai pas assez d'amis pour faire une fête.
- Tu pourrais inviter des gens de ta classe qui t'apprécient sans pour autant qu'ils soient tes amis.
- Si tu veux. Mais on est qu'en novembre, c'est difficile d'inviter des gens de ta classe que tu connais que depuis trois moi.
- Mais c'est ton anniversaire Alison, pas le mien.

Je n'avais aucune envie de fêter mon anniversaire avec des personnes dont je n'avais pas la moindre affinité. Même si je n'avais rien contre eux, j'estimais qu'ils n'avaient rien à faire à une de mes fêtes.

- Et j'inviterai qui ?
- Les personnes avec qui tu t'entends le mieux.
- Et si je n'ai pas envie ?
- Mais qu'est-ce qui te dérange ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Pourquoi tu insiste ? rétorquai-je.
- Parce que tu vas avoir dix-huit ans, c'est important.
- On est pas en Europe, rétorquai-je.
- Cela dit, c'est quand même important.
- Ok bah invite qui tu veux, c'est bon, cédai-je.
- Vraiment ?
- Oui ! dis-je agacée.
- Super ! Allez, on passe à table.

De toutes façons, j'étais persuadée que cette fête ne se ferait pas au final. Après manger, je me changeai pour aller au cinéma. Je décidai d'emmener Nevaeh avec moi pour me faire pardonner de mon comportement de la dernière fois. Je la récupérai chez elle.

- Tu fais plus la tête ?
- Je ne faisais pas la tête.

Elle haussa les épaules. On se rendit au cinéma en cinq minutes. Je laissai à Nevaeh le choix du film, elle en choisit un romantique. Je préférais largement les films d'horreurs ! On s'assit vers les rangs du milieu de la salle. Le film avait déjà commencé. On était à peine installées depuis vingts minutes, que j'en avais déjà marre. Le problème n'était pas qu'on avait loupé dix minutes du film mais qu'il y avait un couple devant nous qui n'arrêtait pas de s'embrasser. Une salle de cinéma n'était pas faite pour des débats amoureux. Même si cela était très excitant et un fantasme pour certains couples, pour les autres personnes présentes dans la salle, c'était très dérangeant.

- C'est bon là, j'en peux plus. Je vais leur dire d'arrêter, chuchotai-je à Nevaeh.

J'avançai ma tête jusqu'à leurs sièges et raclai ma gorge.

- Est-ce que vous pourriez arrêter de...

Je m'interrompu quand je vis les visages de Justin et Savannah. Les battements de mon coeur se mirent a accélérer d'un coup. Je reculai ma tête aussitôt et je pris Nevaeh par la main pour l'emmener au fond de la salle. Elle se laissa faire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda ma meilleure amie.
- On sera mieux ici.
- Ah d'accord, dit-elle confuse.

Je me replongeai dans le film tant bien que mal mais mes yeux restaient fixés sur le couple Javannah. Ils n'arrêtaient de s'embrasser et cela m'énervait beaucoup. J'avais cette image en tête de Justin plaquant ses lèves contre les miennes, de cette chaleur qui monta en moi, c'était très perturbant de savoir que ce même garçon était devant moi, avec une autre fille, faisant la même chose. Evidemment, ce n'était pas vraiment la même chose, il y avait des sentiments dans ce qu'il faisait avec Savannah.

- Ils m'énervent les deux là bas, dis-je sèchement.
- Le couple ?
- Oui.
- Pourquoi ? Ne leur prête pas d'attention, dit-elle.
- J'arrive pas.

Pourquoi j'avais dis ça moi ?

- Tu les connais ? demanda-t-elle.
- Non... mentis-je.
- Bah voilà ! Je ne vois pas le problème alors.
- Tu préfère pas qu'on y aille ? insistai-je.

Elle me regarda bizarrement.

- T'as un problème toi.

Je fis la moue.

- Allez viens, céda-t-elle.

Elle se leva alors je compris qu'elle voulait bien qu'on parte. Je me levai à mon tour et on quitta la salle. Je n'étais pas vraiment d'humeur à supporter les scènes de baisers de Justin et Savannah même si il n'y avait pas de mal à cela.

- On va faire quoi alors ? me demanda Nevaeh en arrivant à la sortie du cinéma.
- Je ne sais pas.
- T'es bête toi aussi, tu as gaspillé de l'argent pour rien.
- C'est pas grave. Je te ramène chez toi au pire, proposai-je.
- Super la journée j'ai envie de dire, dit-elle déçue. Et je voulais le voir ce film moi.

Tant pis, il sortira en DVD dans quelques mois de toutes façons. Durant le chemin du retour, je lui racontais la discussion que j'avais eu avec Érica au sujet de mon anniversaire.

- Ça a l'air de t'enchanter tout ça ! dit-elle d'un ton sarcastique.
- Je vais me faire chier, soufflai-je.
- Je suis persuadée du contraire.
- Pas moi. - En même temps, tu passe toujours ton temps à te plaindre, rétorqua-t-elle.

Je levai les yeux au ciel. Arrivés chez elle, on se posa dans sa chambre. Nevaeh avait son propre appartement, elle était indépendante et gagnait bien sa vie. On entama une longue discussion, cette fois-ci sur sa vie. Elle était beaucoup plus intéressante que la mienne. Elle m'avoua qu'elle comptait partir en Angleterre pour un temps indéfini pour prendre un nouveau job. Elle avait reçu une promotion dans un grand hotel à Londres et elle devrait gagner largement plus qu'ici à Denver. J'approuvai son idée mais elle savait bien qu'au fond je voulais qu'elle reste ici avec moi. Je sortis de la maison après être restée plus de trois heures chez Nevaeh. Je me dirigeais vers ma voiture, contente d'avoir passé ces quelques heures avec ma meilleure amie quand soudain on m'interpella.

- Alison !

La voix venait de derrière et je pus la reconnaitre entre mille, étrange.

- Justin, dis-je en me retournant.

Il était souriant. Pourquoi me souriait-il alors que la veille il m'avait carrément menacé ? Je ne savais pas si je devais partir en courant pour échapper à un deuxième interrogatoire ou le laisser m'aborder. Je le vis accélérer le pas, je décidai alors de ralentir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'a suivis ? demandai-je en plaisantant.
- J'ai raccompagné Savannah chez elle, répondit-il en souriant. Et toi ?
- J'étais chez ma meilleure amie.

Je lui rendis son sourire et on marchait maintenant ensemble. Cette situation était très bizarre.

- Il était bien le film ?

J'étais bête de demander cela alors que je savais très bien qu'ils avaient passé la séance à s'embrasser.

- Oui, en fait tu sais ce qu'on faisait... répondit-il en se grattant la tête.
- Oui, je vois.
- Excuse moi si on a été trop loin. Je t'ai cherché après et tu n'étais plus dans la salle, ajouta-t-il.

Pourquoi s'excusait-il ? Pourquoi m'avait-il cherché ? Je ne comprenais plus rien du tout. On était arrivés à hauteur de ma voiture. Justin l'avait compris mais il s'adossa à la portière du conducteur. Je voulais bien admettre qu'il m'intimidait par sa grande confiance.

- Ah oui, c'était parce que mon amie ne se sentait pas très bien, mentis-je.
- Ah d'accord. Je croyais que c'était à cause de nous.
- Non, dis-je en souriant.

Un silence s'installa. Je ne savais pas trop quoi dire pour combler le blanc. J'avais peur de rebuter sur le sujet de la fameuse nuit du cambriolage. Je sortis les clès de ma poche pour déverouiller ma voiture.

- On peut parler encore un peu ? demanda Justin.
- Euh.. oui si tu veux, hésitai-je.

Je ne voyais pas trop pourquoi il voulait parler avec moi si ce n'était pour que je réponde à sa question. On ne se connaissait pas et il valait mieux qu'on apprenne pas à se connaître.

- J'aime bien comment tu es habillé aujourd'hui, me lançai-je tout de même.

Quel stupidité ! Il fallait que je dise «aujourd'hui» ! Il n'y avait que moi pour me mettre dans des situations pareilles. Pourquoi avais-je même ouvert ma bouche ? Ce n'était pas moi qui voulait engager une conversation !

- Je-je voulais dire... Tu es... Tu es bien habillé... Enfin, tu es toujours bien habillé mais là... Enfin... bégayai-je.

Il rit en entendant ma phrase. C'était sur que là j'avais l'air d'être vraiment stupide !
- T'inquiète pas, rit-il. J'ai compris et tu es bien habillée aussi.
- Merci, murmurai-je.

J'étais habillée simplement et lui portait un jean qu'il avait baissé jusqu'au bas de ses fesses -ce qu'il faisait toujours d'ailleurs et cela lui donnait un coté sexy- et un t-shirt. Il était à la pointe de la mode.

- Elle va bien Savannah ? demandai-je.

Non pas que sa santé m'intéressait mais il fallait bien engager une conversation. C'était que le Bieber n'était pas si bavard que cela.

- Oui, ça va, répondit-il.
- Ça fait longtemps que tu es avec elle non ?
- Très longtemps... affirma-t-il. Deux ans et j'ai arrêté de compter depuis.

Il sourit mais pas par fierté. Il avait l'air plutôt gêné ou agacé d'en parler. Comme si on lui posait tout le temps cette même question et qu'il avait fini par se lasser d'y répondre et par la même occasion, il s'était lassé de son couple.

- Tu n'as pas l'air enchanté, lui fis-je remarquer.
- Oh non, non, me contredit-il. Je suis très content qu'on ait réussi à garder notre relation stable aussi longtemps mais...
- Mais c'est comme si tu t'usais de cette relation, le coupai-je.
- Voilà.

Il sourit comme si j'étais la première personne à comprendre ce qu'il ressentait.

- Pourquoi tu ne la quitte pas alors ?

Encore une stupidité ! Il se frotta la nuque. J'avais le don d'embarrasser les gens et par la même occasion, moi-même.

- Tu n'es pas obligé de répondre, annonçai-je. Je ne voulais pas t'embarrasser.
- Non ce n'est pas grave et je ne peux pas la quitter.
- Pourquoi ?

Cependant, j'adorais le fait d'en apprendre un peu plus sur lui. Il était finalement plus sympa que ce que j'avais imaginé.

- Mes parents l'adorent et ils adorent ses parents aussi.
- Et alors ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Et alors si je la quitte elle va me détester et ses parents aussi, et pour ne rien arranger, ils vont s'embrouiller avec mes parents et tout sera de ma faute.
- Mais tu devrais être libre de faire ce que tu veux et de faire tes propres choix.
- Je sais bien...

Je m'assis sur le trottoir, épuisée de rester debout et Justin fit de même.

- Pourtant, je croyais que tu étais encore fou amoureux d'elle vu comment vous vous embrassiez tout à l'heure, dis-je en regardant le sol.
- Je n'allais pas la repousser. Elle est très collante comme fille mais je l'adore.
- Tu l'adore ou tu l'aime ?
- En parlant du film, j'ai détesté celui là, évita-t-il la question. Les films romantiques ce n'est pas trop mon truc.
- Moi non plus.

Un silence se fit sentir à nouveau. Justin s'amusait à jeter un caillou et à le rattraper et je le regardais. J'étais très surprise de voir que c'était un mec simple, sans manière contrairement à l'image qu'il dégageait. J'avais toujours pensé qu'il ne parlerait et traînerait qu'avec des personnes de son rang sociale et qu'il était hors de question pour lui de fréquenter une personne comme moi. Ceci étant dit, mes tenues vestimentaires trompaient ma vraie situation sociale mais ma voiture remettait les pendules à l'heure à tout le monde. J'eus alors une idée. Comme j'appréciais sa présence et que je voulais en apprendre un peu plus sur lui, qu'il n'avait pas évoqué mon effraction et puis aussi que je devais le sortir de sa routine, j'avais trouvé un plan sympa. Je me levai d'un coup et il releva sa tête vers moi, arrêtant son jeu.

- Tu sais quoi ? Je dois partir mais ce soir, à vingt et une heure, tu me rejoins devant chez moi et je t'emmène quelque part pour que tu te défoule un peu, annonçai-je, fière de mon plan.
- Et tu m'emmène où ? me questionna-t-il le sourit aux lèvres et en se levant.
- Ça c'est une surprise ! Mais ne t'attends pas à quelque chose de grand, répondis-je, souriante.
- Je te fais confiance et ton idée me plait beaucoup Alison Carter.

Il me fit un clin d'œil comme il savait bien le faire. J'aimais quand il m'appelait par mon nom -presque- complet. Puis il partit. Je mordus ma lèvre inférieure contente puis je pris place dans ma voiture. Je ne savais pas si mon idée en était une bonne mais j'avais envie de le connnaître, de savoir qui il était vraiment et surtout si je m'étais définitivement trompée sur lui.

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