Chapitre 3

Un grand nombre de paysannes étaient présentes sur le port, le plus souvent accompagnées d'une horde d'enfants impatients de revoir leurs pères après plusieurs mois d'absence. En effet, Le Bleu avait pris la mer 120 jours plus tôt dans le but de ramener à leur ville de nouvelles terres inconnues. La mission avait lamentablement échoué, pourtant un effectif important de nobles s'était discrètement joint à la foule. Une trouvaille, en effet, attirait particulièrement leur attention. La jeune femme aux cheveux aussi blancs que l'écume ne semblait nullement gênée d'être ainsi le centre de l'attention. Non, elle était plutôt calme. Son regard était neutre, son visage dénué de toutes émotions.

« Êtes-vous sûr que c'est elle ? interrogeais-je mon guide pour la centième fois.

- Oui, Aœria, j'en suis sûr et certain, me répondit-il, toujours aussi impassible. Je te rappelle que c'est moi qui l'ai fabriquée. »

J'hochais la tête, pas rassurée pour autant. D'après ce que m'avait dit messire DeMine, ce robot humanoïde possédait d'immenses capacités de destruction.

Je soufflais un grand coup, avant de lancer un regard à Liccie, qui avait le regard rivé sur notre cible. Je lui fis un clin d'œil à peine perceptible, et elle se jeta sur un homme qui passait par là. Elle le fit tomber de façon à ce qu'il tombe sur elle, et se mit à pousser de grands cris stridents, sa spécialité :

« A l'aide ! Quelqu'un ! On m'agresse ! Mon seigneur quel manque de politesse vous avez eu là ! Vous jeter sur une pauvre jeune femme sans défense afin de lui faire les poches ! Qu'on ne s'étonne pas de vous voir à la tête d'une petite fortune ! »

Je restais quelques instants, amusée devant ce spectacle puis, lorsque je vis que tous les regards étaient rivés sur eux, je me précipitais vers tous les marins encore autour de Calypso. En quelques secondes ils étaient tous gémissants à terre, tandis que je nettoyais la lame de mon fidèle poignard. Le robot n'avait pas bougé d'un cil. Bien, il me serait donc facile de l'emporter à l'intérieur du navire pour la neutraliser puis la renvoyer à la bonne époque. Le plan était simple.

« Excusez-moi, mais toutes ces taches de sang risquent d'abîmer ma chevelure Ma Dame, » murmura une voix fort désagréable à mon oreille.

Je tournais brusquement nez à nez avec Calypso. Je pris quelques instants pour la détailler : ses yeux sublimes d'un bleu envoûtant, ses cheveux immaculés au doux parfum de lavande et sa peau lisse. Aucun doute, cette femme était très belle. Mais il y avait tout de même un détail à ne pas négliger : elle n'était pas humaine.

« Eh bien Ma Demoiselle, vous devriez vous en éloigner si elles vous causent tant de tort, répliquais-je d'une voix la plus hautaine possible ?

- Non, je n'en ai pas envie.

- Alors, je m'excuse profondément, mais je ne puis donc rien faire pour vous. »

La gifle qu'elle m'envoya fut phénoménale, mais au lieu de m'incliner et de nettoyer comme elle le souhaiterait, je me mis à rire. Elle me dévisagea, offusquée.

Profitant d'une seconde d'inattention, je me jetais sur elle et la poussais à l'intérieur du paquebot qu'elle avait quitté moins d'une heure plus tôt. Elle se débattit brusquement, et réussit à reprendre l'avantage, son visage avait changé, passant de beauté brute à face défigurée par la hargne. Je sortis difficilement mon poignard de ma botte mais elle m'écrasa son poing sur le poignet, le faisant tourner bien plus qu'ordinaire. Une violente douleur m'envahit mais je me fis violence pour rester consciente. Ce n'était vraiment pas le moment de perdre connaissance.

« Lâche moi immédiatement. Je sais ce que tu es, de quelle époque tu viens. Maintenant tu vas gentiment te rendre sinon j'appelle tous mes copains du Centre de Contrôle et de Régulation du Temps et tu vas passer un sale quart d'heure, menaçais-je.

- De quels copains tu parles ? Oh, ceux-là, » dit-elle avec un sourire hypocrite. Elle tordit légèrement son poignet, faisant apparaître un hologramme devant nous. J'ouvris la bouche en un « o » parfait lorsque je reconnus les bureaux du Centre. Tous mes employés dormaient profondément.

De rage, je me jetais vers mon poignard qui attendait sagement à l'autre bout de la cale. Malheureusement, Calypso s'en rendit compte et l'attrapa avant moi. Elle m'encercla la poitrine avec son bras gauche et pressa mon poignard contre mon cou de l'autre. Un sourire satisfait apparut sur son visage, alors que je sentais mes forces diminuer peu à peu. J'eus tout juste le temps de crier à l'aide, et Calypso m'entailla la nuque. Pas trop profondément, mais assez pour que j'aie peur et me taise.

Soudain, le robot s'inclina plus bas que terre. Une personne venait d'entrer dans la pièce, coupant court à notre bataille. Au sol, je me redressai difficilement afin de me retrouver assise pour reprendre mon souffle. La personne ne prononça pas un mot, mais claqua juste des mains. Alors, Calypso s'éclipsa un instant avant de revenir, un étui entre les mains. Elle le tendit à l'intrus et s'agenouilla à ses pieds, tête baissée en signe de soumission. Je tendis le cou vers la femme qui nous avait interrompues. En vain. Son visage état recouvert d'une lourde capuche vert sombre. Elle s'amusa pendant un long moment à ouvrir l'étui millimètre par millimètre. Enfin, le couvercle se souleva complètement dans un claquement sec. Un objet gris brillant, avec une forme familière que je n'arrivais pas à déterminer glissa entre ses mains. D'un coup, elle le pointa vers moi, et je pus reconnaître un petit revolver, comme ceux qu'utilisaient nos équipes les plus douées. Dans ce brusque mouvement, la capuche émeraude tomba, dévoilant de courts cheveux blonds et deux yeux très bruns, que je reconnus à la seconde où je les vis.

Liccie esquissa un sourire malsain tandis que Calypso se relevait doucement à ses côtés. Prise de panique, je courus à la porte pour tenter de sortir mais, vive comme l'éclair, le robot la ferma, et je n'eus que le temps d'apercevoir un bain de sang, et au milieu, le cadavre de messire DeMine. Je tournais la tête, les yeux suppliants.

Ma meilleure amie pressa la détente en ma direction.      

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