Chapitre 2

« Mais qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ? hurlai-je

- Il était hors de question que je laisse mon amie se faire envoyer au XIVe siècle sans rien dire ! répliqua Liccie sur le même ton.

- Liccie, tu n'as pas la préparation nécessaire ! Enfin, comment veux-tu passer inaperçue en plein milieu des rues de Paris en étant habillée comme ça ? Où diable veux-tu te procurer des vêtements comme les miens ? »

Il était vrai que Liccie détonait un peu au milieu de la foule, avec son jean et son pull bleu. D'ailleurs, certains badauds commençaient à se rapprocher discrètement de nous, très intéressés de cet accoutrement bien étrange.

« Viens, » dis-je en secouant la tête.

Je l'entraînais dans une ruelle un peu à l'écart. Là, je lui ordonnai de ne pas bouger, et partit aussi vite que possible chercher un couturier luxueux.

Après une heure de balade, je tombai enfin sur une grande boutique du nom de De Vigny et fils, couturiers. L'intérieur du magasin était immense, plein de dorures et de lustres de cristal. Rapidement, je furetais à la recherche de quelques somptueuses robes. Mes choix faits, je me dirigeai vers le tenancier de la boutique afin de procéder aux ajustages. Liccie faisant à peu près ma taille et ma corpulence, les essayages pouvaient parfaitement se faire sur moi. Deux heures plus tard, je repartis avec mes robes, en laissant quelques pièces d'or au tenancier ravi d'avoir fait une si bonne affaire.

Lorsque je retrouvai Liccie, elle était profondément endormie sur une botte de foin qui traînait là. Je la réveillai un peu brusquement, et lui donnai les robes afin qu'elle puisse se changer tandis que je montais la garde. Elle m'appela pour que je l'aide à lacer son corset, puis nous partîmes à la recherche d'un hôtel.

Après avoir négocié un prix avec le gérant de l'hôtel, nous montâmes dans les chambres. A peine arrivée, Liccie commença à s'extasier devant les lits à baldaquin, les grands rideaux immaculés et les moulures au plafond. Je la laissai faire, car cette vie luxueuse ne nous durerait pas longtemps ; en effet, nous devions nous concentrer sur notre enquête. Et ce, dès ce soir.

Il faisait nuit lorsque nous pénétrâmes dans la taverne, les visages masqués par les capuchons de nos capes. Au plafond, pas de lustres de cristal, mais des lampes à huile presque éteintes. Les murs n'étaient pas recouverts de dorures mais de toiles d'araignée, et je ne pus réprimer une grimace de dégout lorsqu'un ivrogne renversa à mes pieds une chope pleine d'un liquide plus que douteux. Malheureusement pour nous, l'appel provenait de cette auberge mal famée, par conséquent, c'était ici qu'il nous fallait mener notre enquête. En contournant les flaques brunâtres répandues sur le sol, Liccie s'approcha de l'homme au comptoir.

« Veuillez excuser mon manque d'indiscrétion, mais n'auriez vous pas remarqué quelques choses étranges ces temps-ci dans la région ? »

Le barman se tourna vers nous, et nous adressa un sourire doré.

« Et pourquoi je vous aiderai ma petite dame ? Vous savez, ici, on trahit personne. A moins que vous ne soyez prêtes à payer. Cher ...

- Nous paierons le prix qu'il faudra, » lançai-je d'une voix forte, attirant les regards des quelques clients présents dans la taverne.

Une des lampes en profita pour s'éteindre. D'un geste lent, je rabattis ma capuche en arrière, et me penchai vers l'homme en arborant un air menaçant.

« Je vais le dire clairement : nous n'allons pas perdre notre temps plus longtemps ici. Alors soit vous avez des informations pour lesquelles il sera judicieux de payer, soit nous partons en vous laissant un petit souvenir de notre visite ici ... » dis-je en plantant un poignard dans la table.

L'homme déglutit, puis répondit :

« Vous pouvez toujours aller voir M'sieur Demine. La troisième porte en partant à gauche, indiqua-t-il en montrant l'escalier d'une main tremblante.

- Bien, » répondis-je sèchement en déposant une pièce d'or sur la table.

Les escaliers grinçaient très fort. Les lumières du couloir vacillaient, rendant l'atmosphère inquiétante. Le son de mon poing sur la porte résonna si fort que les portes voisines tremblèrent. Où peut être avaient-elles peur pour nous, finalement. Une voix d'outre-tombe nous intima d'entrer. Liccie ouvrit timidement, et nous nous retrouvâmes dans une minuscule chambre sans fenêtre. Les murs étaient d'une couleur passée depuis longtemps et une simple lampe à huile éclairait la pièce. Une silhouette recroquevillée était tapie au fond de la pièce. Lorsqu'elle entendit nos pas, elle se tourna vers nous.

« Vous êtes venue !

- Je ne suis pas seule messire. On nous a indiqué votre nom. Nous voulons des renseignements... Sur des choses récemment passées.

- Je vous ai appelée. Ce matin, si je ne vous ai pas laissé le temps de me répondre, c'était pour être sûr que vous m'écouteriez. Êtes-vous prête à faire de même encore cette fois ?

- Je...

- Elle s'appelle Calypso, elle est passagère sur un bateau qui devrait arriver au port demain dans la matinée. Or, elle est très mal vue à bord. Normal, c'est une femme. »

Liccie haussa un sourcil, indignée.

« Au moyen-âge, avoir une femme sur un bateau est censé porter malheur. Dans le cas de Calypso, cette théorie n'est pas fausse, voire même très vraie. Car Calypso est comment dire... Pas vraie.

- Je vous demande pardon ? m'exclamais-je

- C'est un robot qui vient d'un futur proche de votre époque. »  

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