Chapitre 1
Le navire voguait à vive allure, les voiles gonflées par le vent. Posté à la proue, le capitaine observait l'horizon. Quelques mètres plus loin, une jeune passagère, une femme étrange avec de longs cheveux blancs, faisait les cents pas dans sa cabine. Agacée, elle semblait parler seule, en marmonnant des propos incompréhensibles. Ce petit manège dura encore quelques minutes, avant qu'un long râle de déception ne sorte de sa bouche. Elle donna un violent coup dans la porte, la décrochant de ses gonds. Alertés par le bruit, certains matelots jetèrent un œil dans sa cabine en murmurant entre eux. Il ne faisait pas bon d'avoir une femme à bord. D'après de nombreuses croyances, les femmes portaient malheur, et faisaient naufrager les bateaux.
« Le capitaine a dû être payé une fortune pour garder une telle monstresse parmi nous
- Elle est folle ! Et regardez sa chevelure ! C'est une sorcière !
- Mais qui a bien pu vouloir tant se débarrasser d'elle pour la donner sur un navire tel que le nôtre ? C'est mal connaître notre capitaine que ne pas savoir qu'il serait prêt à la donner à la foire ! »
Calypso, car c'était son nom, entendait, bien sûr, toutes ces malédictions à son égard. Mais elle n'en avait que faire. Elle le savait, ce bateau voguait vers sa perte.
« Avis à toutes les forces de l'unité, urgence de niveau 4, je répète, urgence de niveau 4 »
Délaissant mon haut-parleur, je fis pivoter ma chaise vers ma loge, afin de relire les documents qui venaient de m'être envoyés. D'après le rapport de Celya, l'un de nos agents avait trouvé la mort dans une opération supposée à faible risque. Le malfaiteur s'était enfui dans son emptiorel. Aucune autre information ne venait compléter le dossier. La recherche du criminel nous prendrait bien trop longtemps. Il pouvait être n'importe où, n'importe quand.
Trois coups frappés à la porte m'interrompirent dans mes réflexions. Elle s'ouvrit, laissant apparaître une patrouille en uniforme de combat.
« Le suspect s'est enfui Madame la directrice, s'excusa le premier soldat.
- Cependant, renchérit un deuxième, nous avons réussi à localiser sa position grâce au matricule de son emptiorel.
- Très bien. Retrouvez-le. répondis-je, Vous pouvez disposer.
- Oui Madame la directrice. »
La patrouille repartit aussi vite qu'elle était venue. Epuisée, je me jetai sur ma chaise. Avec un soupir, je regardai de nouveau le dossier que m'avait fourni Celya. Beaucoup trop de détails manquaient, ce n'était pas dans ses habitudes de négliger un travail aussi important. Je me penchais vers mon ordinateur pour mieux observer les pages. Ce travail n'était bel et bien pas celui de mon amie !
Alarmée, j'attrapai mon portable qui trainait à côté de la poubelle pour appeler Celya. Et tombai directement sur son répondeur. Quelques appels vains plus tard, je décidai d'abandonner. Celya ne répondrait pas. De rage, je donnai un grand coup sur le clavier de mon ordinateur. L'écran vira au noir, puis se ralluma en affichant le message suivant : Appel entrant.
Intriguée, je décrochai. Ma bouche s'ouvrit, mais aucun son ne put en sortir, car mon interlocuteur délivra un flot de parole dont je ne compris que la fin.
« ...de mort. Elle a été emmenée. Il y a un traître dans vos équipes. Votre agence ne fait pas correctement son travail. »
Mon sourcil droit se fronça. Je n'eus pas le temps de prononcer un seul mot, l'homme à l'autre bout du fil avait raccroché.
« Liccie. Appelez notre garde la plus entraînée. Nous allons avoir besoin de renfort. » soufflais-je dans mon microphone, encore sous le choc.
A peine cinq minutes plus tard, la porte de mon bureau s'ouvrit à la volée, menaçant de sortir de ses gonds. Apparurent une quinzaine de personnes en tenue de mission militaire, précédés par une jeune femme aux courts cheveux blonds et aux yeux très bruns. Les soldats se mirent immédiatement au garde à vous, tandis que Liccie s'inclinai légèrement.
« Madame la directrice, me salua-t-elle.
-Liccie, enclenchez le processus. Maintenant.
-Oui madame la directrice. En quelle année madame la directrice ? »
Je tournais la tête vers mon ordinateur, attendant que l'appel soit daté.
« 1369. »
La jeune femme hocha la tête. Un signe de tête vers ses hommes et ils disparurent.
« Aœria. Je suis sûre et certaine que ce n'est pas une bonne idée. »
En secouant la tête, je lui repassais l'appel.
« N'y vas pas seule. Je viens avec toi.
- Liccie, s'il te plaît. »
Mon amie m'attrapa par le bras en soufflant.
« On a fait beaucoup d'exercices de préparations, de simulation. Tout va bien se passer j'en suis sûre. la rassurai-je.
- Je sais, je sais... soupira-t-elle, résignée. »
Même si elle faisait semblant d'être confiante, je savais qu'elle n'était pas très rassurée. Je lui adressai un sourire, qu'elle me rendit timidement. Nous restâmes ainsi pendant de longues minutes, jusqu'à ce que le grand tableau blanc incrusté dans le mur ne se mette à briller. A contre cœur, je décrochais ses yeux des miens, et ramassai quelques affaires ci et là. Moins de deux minutes plus tard, j'étais prête. En inspirant profondément, je me dirigeai vers le portail lumineux. Un dernier regard à mon bureau et je plongeai. J'eus à peine le temps de voir une silhouette se jeter à mes côtés que le vide m'aspirait.
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