Capítulo 19 | • Why is it so dark? •

CHAPITRE 19

J'arrive pas à réaliser ce qui vient de se passer.
J'ai envie de rigoler, crier, je sais pas, réagir en tout cas.
Je me sens euphorique, je crois.
Ou peut-être sur une autre planète.
En tout cas, tout ceci me paraît irréel.

Suite à m'être malencontreusement rendue compte de ma douleur à la cheville, j'avais besoin d'une attelle. Et donc d'aller à la pharmacie. Ça, je m'en suis rendue compte assez vite. Y aller à pied n'était pas envisageable bien que, au début, je m'imaginais rentrer à l'université sans même passer par la pharmacie.

Mais j'étais surtout perdue dans mes pensées suite à cette déception... Le fait de passer à côté de ces moments magiques que j'aurais pu passer avec ma grand mère m'a subitement créé une baisse de moral.

Et, par conséquent, les fesses posées sur ce banc en ville, je n'étais pas rationnelle pour un sou.

Était-ce cependant si rationnel que ça de monter dans sa voiture?

Sans doute pas...

Mais dans l'urgence, je me suis retrouvée face à deux choix :
Option A: supporter ma douleur à la cheville et l'aggraver en marchant sans attelle pour atteindre la pharmacie qui fermait sous peu (ce qui veut dire que j'aurais pu échouer).
Option B : le supporter, lui, cet être invivable, pendant quelques instants lors de ce trajet.

J'ai choisi de penser à ma santé en priorité.

Et puis, bon, de toute façon, dans 15 minutes je serais rentrée à l'université. Alors ce sera passager et rapide.
Parfait.

Le bruit sourd de la voiture m'apaise et étrangement, même en présence de cette personne.

Mes doigts tapotent le clavier de mon IPhone tandis que j'envoie un message à Mao et Mitsune, leur demandant comment elles vont, si les choses se passent bien, si elles ont quelques anecdotes à me raconter ...

Soudain, je relève la tête.

Ma curiosité me pique depuis que j'ai mis les pieds dans cette voiture. Je crois qu'il est temps d'éclaircir les choses.

- Bon, ok, dis-je d'un ton fort pour qu'il prête attention à mes propos. Tu vas me dire pourquoi tu voulais me déposer à l'université? Et par la même occasion m'emmener à la pharmacie? Hier, j'étais par terre dans les marches et t'avais l'air de t'en contrefoutre royalement. Il t'est arrivé quoi pour que tu changes en si peu de temps ?

- Que j'ai changé, moi ? Pfff j'ai pas changé du tout! Putain, c'est pas pour rien qu'on te surnomme "Grincheuse", t'es toujours en train de te plaindre là où il y a pas besoin.

- Déjà, il n'y a jamais eu personne qui m'appelle Grincheuse alors ...

- Étonnant qu'ils ne l'aient pas fait. Ils devraient. Ça saute aux yeux.

Alors que mes nerfs commencent à chauffer, je pose mon coude près de la vitre, sur le rebord, et appuie ma tête contre ma main.

J'ai l'impression d'être une soigneuse dans un zoo à qui on a spécifiquement ordonné de ne pas entrer dans la cage du lion car il est affamé et dangereux.
Mais, prise de je ne sais quelle folie et poussée par certaines raisons rationnelles qui l'y contraignent, la soigneuse est tout de même rentrée et le lion, bien évidemment, comme à son habitude, n'hésite pas à attaquer et à déchiqueter les morceaux.

Poussant un soupir léger, je ferme un petit instant les yeux. J'ai l'impression de voir si flou. De ne plus avoir aucune clairvoyance.

Mais...

Même s'il se comporte de manière provocatrice et exécrable, il m'a bien rendu un service. Et mes parents m'ayant bien éduqué, je me vois dans l'obligation de dire ce qu'il faut.

Je me racle la gorge.

- Euh... Bah... Merci. En tout cas.

J'ai lâché ces mots d'une si petite voix, embarrassée, que je ne suis même pas sûre qu'il ait entendu.

Les yeux rivés sur la route, il se met à ricaner. Sa réaction me tape immédiatement sur les nerfs et je regrette presque d'avoir dit ça.

- Je rêve! Grincheuse est en train de me remercier. C'est mémorable. Pour une fois qu'elle ne se plaint pas.

Je secoue la tête pour lui montrer mon agacement, niant intérieurement ses propos.

- Ça fait longtemps que tu l'as, ta voiture ? demandé-je promptement pour prendre le dessus sur un autre sujet et le distraire.

Il hausse les épaules :

- Je sais pas. Deux ans je crois.

- Ok.

- Quoi? s'exclame-t-il dans un ricanement infernal, surpris de ma réponse concise. Et toi? T'as pas le permis, je suis sûr.

- Bien sûr que si! je réagis aussitôt, animée par le feu en moi. Et même si je ne l'avais pas, ça ne ferait pas de moi une incapable.

- Tu te trompes. Il y a que les bons à rien qui ont pas le permis. Et puis... Seule une personne qui a galéré pour avoir le permis dirait ce que tu viens de dire. J'ai pas raison ?

- Absolument pas, craché-je avec véhémence.

J'ai eu deux échecs mais ce n'est certainement pas quelqu'un avec qui j'ai envie d'en discuter.

- D'ailleurs, enchaîné-je aussitôt avec une idée claire en tête. Je ne t'ai pas vu sur le classement, t'étais dans aucune des catégories. J'en déduis donc que... T'étais pas classé? C'est ça?

Son visage se ferme. Son sourire vient de s'évanouir. Un scintillement de joie alimente mes organes intérieurs, calmant le feu présent en mon cœur.

Il sait tout aussi bien que moi ce que ça signifie: qu'il a été très loin d'être bon ce premier mois d'école.

En effet, ceux qui n'ont pas été classé avait des notes si mauvaises qu'ils ne pouvaient même pas faire partie de la Catégorie inférieure, c'est à dire , la catégorie C.
Et il ne doit pas en être très fier.
Touché. Et un point pour moi.

- Ouais, mais je m'en fous, réagit-il impulsivement, ses mains serrant son volant. Moi au moins je suis pas une intello coincée qui soûle tout le monde. J'ai une vie sociale. Je suis populaire. Et je profite de ma jeunesse.

- Entre intello et abruti qui passe son temps à fumer et à boire, pour moi le choix est vite fait. Seul un incapable prendrait la décision contraire. Et puis... Tu sens la nicotine à plein nez. La prochaine fois, fais au moins l'effort de sentir bon. Parce que ça pique le nez.

On récolte ce que l'on sème. Tu t'es moquée de moi, bien sûr que la foudre allait s'abattre sur toi.
Satisfaite, j'esquisse un sourire et me frotte les mains dans un soulagement, un air victorieux affiché sur mon visage.

Tout à coup, il prend un virage sec. Je m'accroche à la poignée, me retrouve à recevoir un choc sur l'épaule gauche. Légèrement secouée, un sentiment de fureur réveille incontournablement mon cerveau , et je lui lance immédiatement dans un un hurlement qu'il n'est pas bien.

- Je t'interdis de parler de moi comme ça, je t'ai aidé! décrète-t-il, une colère naissante flottant dans ses yeux verts. J'aurais pu te laisser galérer si je voulais! T'en es consciente?

- Oui et je t'ai déjà dit merci. Une fois. Et t'as dit que c'était mémorable. Et t'as raison. Un miracle ne se reproduit pas deux fois.

Je décide de laisser à part le reste des paroles que je voulais lui lancer. J'avais l'intention de lui faire remarquer que c'était juste le revers de la médaille car c'est de cette manière qu'il s'adresse à moi. Alors, je lui ai juste donné ce qu'il méritait.
But let's just calm down. He's driving right now. It could be rash.
Mais, effectivement, ce ne serait pas très prudent de le provoquer alors qu'il est en train de conduire. Un accident peut très vite arriver lorsque les esprits s'échauffent et que le conducteur n'est plus concentré.

Une notification m'avertit de la réponse de Mao et Mitsune, m'aidant à me sortir de ma torpeur.
Tout à coup, une idée me vient, j'ai envie d'en savoir plus sur lui. Après tout, mieux connaître son ennemi est une très bonne arme. On va commencer par des questions simples.

- T'as des animaux ?

- Quoi? répond-il du tac au tac, ses sourcils obscurs froncés, comme s'il avait mal entendu.

- Ok, il sait pas ce que c'est un animal, soupiré-je pour moi même en détournant le regard de son visage.

Il lâche un rire.
Une petite cascade de rire respirant la gaité, supervisée par son regard amusé dont l'obscurité semble s'être soudainement évaporée.
Mes épaules tressaillissent. Je suis sous le choc, des petites vibrations me font trembler alors que son rire simplement dénué de tout ce qu'il y a de mauvais en lui résonne dans mon crâne. C'était comme un petit rire innocent. Spontané.

Je ne m'attendais pas à ... À cette réaction.
Puis, sans savoir ce que je fais, naturellement, je laisse un sourire étirer subitement mes lèvres.

- Nan, nan...finit -il par me donner une réponse. Mais j'aime bien les chiens. Et toi? Je suis sûre que t'as un petit animal fragile du genre un lapin ou un chihuahua bien hargneux, bien chiant comme toi.

- Tu te trompes, rétorqué-je en récupérant ma détermination à rester sur mes gardes suite à ses paroles insultantes. J'ai un berger allemand.

Il demeure interloqué, un sourcil haussé:

- Ah ouais?

C'est absolument pas vrai mais à quoi bon lui raconter la vérité? Peu m'importe. Du moment que je gagne.

- Et pourquoi toi t'as jamais eu de chien?

- Ah... lâche-t-il dans un long soupir, cherchant sans doute ses paroles. Bah je sais pas. C'est juste ... On n'en voulait pas à la maison.

- On? je relève aussitôt. Tu veux dire tes parents?

- Mmh. Ouais, répond-il rapidement pour me couper.

On? Je sens qu'il me cache quelque chose. Pourquoi est-il aussi imprécis?
Je m'apprête à lui poser une autre question. Si je lui demande avec beaucoup d'habileté, peut-être qu'il pourra me répondre calmement. J'ai envie de creuser et avoir plus de détails sur ce sujet. Même s'il ne me répond pas au moins je saurais où se trouve son point faible pour la prochaine fois.

Lorsque, soudain, je tourne la tête pour m'adresser à lui et lève les yeux brièvement.

À ce moment-là...
mon cœur accélère aussitôt, secouant ma poitrine. Je sens de la chaleur se répandre dans mes paumes.
Je viens de m'apercevoir de ce qu'il est train de faire.

—————-
Coucou les p'tits chats!

Un petit chapitre sympathique avec ARIEL et Arlean qui continuent leur chamailleries! Ça s'envenime!!!!

- Votre regard sur Arlean a-t-il changé?

- A votre avis, quelles pourraient être ses faiblesses? L'avez-vous senti gêné à certains moments lors de la discussion? Si oui, quand? Et pourquoi?

- ARIEL vous plaît-elle toujours autant ?

- Que se passe-t-il à la fin?

-> POUR Comprendre le mystère de cette fin de chapitre, rendez vous dans le chapitre 20, les amis!

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