cellule n°002 - l'éveil d'un cauchemar
« BaekHyun ! Non, je ne veux rien entendre, retourne dans ta douche. Laisse ChanYeol tranquille, bon sang. Et Park, n'essaie pas de le retenir. Vous êtes pire qu'un couple ... Quoi, Sehun ? Non, je ne t'apporterai pas un autre flacon de gel douche, tu n'avais qu'à faire bon usage du seul que tu avais, au lieu de le balancer dans la cabine de JongDae ... Oui, KyungSoo ? Hein ? JongIn a oublié sa serviette ? Il le fait exprès, c'est de la provocation ... Et bien tant pis pour toi ! Tu sortiras après tout le monde, je ne veux pas voir ton immonde outil de travail. »
J'étais contrainte de les surveiller même quand ils se lavaient. À vrai dire, j'étais déjà au bout du rouleau, qu'en serait-il de la suite ? Neuf portes en bois usé me faisaient face, et un brouhaha pas possible me saturaient les oreilles qui bourdonnaient légèrement, désormais. Iseul, reste calme. Crier ne servira à rien. Je dois me contenter de répondre à leurs exclamations débiles, en espérant un jour qu'ils se cotisent tous pour acheter une visseuse afin de fermer correctement leur clapet qui piaille à longueur de temps.
Quels gamins ... Ils ne se sont donc jamais fait attrapés ? Le monde de la prison ne leur a jamais parlé, ne serait-ce qu'une fois ?
« Putain, je me suis jamais lavé avec de l'eau aussi froide ...
— JunMyeon, on est en prison, pas à l'hôtel, grognais-je.
— Sehun, arrête ... gémit JongDae. »
Je vis émerger la tête de Sehun ainsi que son torse nu accoudé au mur sombre, son regard se promenant dans la cabine de JongDae. Je bondis de ma chaise bancale, en brandissant le bras vers le jeune homme.
« Sehun ! Redescends de suite et cesse d'embêter JongDae, sinon demain c'est cours de soutien avec monsieur Kim. »
Il râla et un lourd atterrissage se fit entendre.
YiXing sortit en premier de sa douche, une maigre serviette autour de sa taille et partit dans les petits vestiaires d'à côté pour remettre sa combinaison de condamné, sur laquelle était inscrite son numéro de prisonnier. Chacun leur tour, ils émergèrent de leur cabine, pour rejoindre Zhang.
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Quelques-uns, après s'être nourri du bol de fécules peu rempli que j'avais placé devant chaque cellule, dont JongDae, BaekHyun et JunMyeon fermèrent les yeux en un rien de temps. Hélas, cette routine sera sûrement celle qui s'installera pour ces six longs mois.
« Jung. »
Un murmure résonna. Je relevais la tête à la recherche de son émetteur, sourcils froncés, et aperçut le regard exclamé de Park.
« Oui, Park ?
— C'est pas chiant, vot' métier ?
— Hein ? Pourquoi tu me parles de ça ?
— J'm'ennuie. Parlez avec moi, s'vous plaît.
— Tu peux me tutoyer, Park. »
Il acquiesça légèrement, et je décidai de me rapprocher du géant à pas de louve. Il s'assit sur le sol froid, et commença à jouer avec ses doigts tout en continuant ses murmures m'étant destinés, tandis que je m'accrochai poings fermes aux barreaux de sa cellule, juste après avoir remonté ma ceinture trop large pour ma taille maigre. Il répéta donc :
« Jung, il est pas chiant, ton métier ? »
Je soupirai face à son interrogation.
« Bien sûr qu'il est chiant. Surtout en ce moment, avec des imbéciles pareils à garder ... »
Je lui offris ensuite un sourire en coin, et ses yeux pétillants me firent comprendre qu'il avait saisi mon interprétation.
« Mais alors ... Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi être ici ?
— Tu es bien une des seules personnes qui se soucient de mon choix professionnel. »
Un silence de courte durée s'installa dans notre conversation à voix basse.
« Je vais te le dire, mais rien qu'un peu. Ce sera un secret entre nous, compris ? »
Mon visage se rapprocha automatiquement des barreaux qui nous séparaient, et sa position par terre m'incita à me baisser encore plus. J'hésitai encore une courte seconde. Il va croire que c'est ridicule ... Oh, et puis merde, c'est pas tous les jours qu'on me demande.
« Tout simplement, parce que je veux ... »
Un ronflement bruyant me fit sursauter, et mon front frappa violemment la barre de métal face à moi. Park étouffa un rire, d'haleine aux odeurs de cannabis et autres drogues populaires en cherchant du regard qui était à l'origine de ce bruit guttural : JongIn. J'aurais dû m'en douter.
Comparable à un grizzli, il avait la bouche entrouverte, laissant s'échapper un léger filament argenté, dormait dans une position du moins originale. Les jambes grandes écartées, une touchant le sol, l'autre scotchée contre le mur. Ses cheveux ressemblaient à un champ de bataille, ses bras étaient entortillés.
Je soupirai face à ce désastre.
« J'me demande s'il restait avec ses victimes la nuit. Dans ce cas, elles ne devaient pas très bien dormir, vu la place qu'il occupe à lui seul. »
Je ricanai en chœur avec Park, puis déplia mes jambes fléchies pour repartir m'asseoir à mon bureau. J'adressai une dernière parole à Park avant de me retourner :
« Je crois que c'est aussi la première fois que j'arrive à bien rire avec un prisonnier. Je sens que, finalement, le courant va bien passer, dans cette équipe de bras cassés. »
Je crus un instant qu'il s'était assoupi. Presque.
« Jung ?
— Ouais ?
— Bonne nuit.
— Merci ChanYeol, toi aussi. »
C'était la première fois depuis longtemps qu'on ne m'avait pas souhaité cela, une bonne nuit.
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Les yeux à moitié ouverts, comme d'habitude, je réveille tout le compartiment, et nous voici repartis, une seconde fois — seulement — pour l'entraînement.
« OK, les gars, on repart sur des aller-retours, comme hier, JongDae, ça va aller ? JongIn, fais pas l'acteur une deuxième fois, sinon je te double tes heures supplémentaires ce soir. »
Je jetais un coup d'œil rapide à ChanYeol, il souriait grandement, il avait bien dû dormir, comparé à JongIn qui tirait la gueule.
J'étais en train de leur donner les instructions, quand, soudainement, un mal de tête dément me prit au niveau du front.
Je grinçais discrètement des dents tandis qu'ils commencèrent à courir. Je m'appuyai sur le mur, un vertige violent s'ajouta et floua ma vue. Je dus m'accroupir quelques instants, pour calmer mon cœur qui battait irrégulièrement. Une pression énorme sur mes tympans apparut, suivi d'une onde stridente.
Mes oreilles n'entendaient plus rien, hormis mes pulsions cardiaques et, cet appel ayant l'air si lointain :
« M-MinSeok, qu'est-ce que tu fous ? bredouilla une voix grave, je reconnus YiXing. »
Un cri à la voix brisée suivit son interpellation. Je me retournai brusquement, malgré la douleur qui m'immobilisait presque. Un grand coup d'adrénaline puissant explora en une fraction de seconde mon corps entier. Je cherchai de mon regard plissé et flou la source des désagréments, paniquée. Je les vis vaguement rassemblés, et bien agités, surtout. Ma vue se régla de nouveau, mon corps tremblait face à la situation. Je bondis d'un pas de géant vers eux, la tête toujours aussi bourdonnante, il fallait arrêter ce massacre. Je sortis ensuite une lame aiguisée de mes poches, et m'avançai précipitamment vers eux.
MinSeok avait comme passé un masque de fou sur le visage; il était en train d'étrangler au sang Zhang, devenu livide.
Je poussai violemment les quelques garçons devant mon passage, en hurlant de lâcher le pauvre prisonnier.
L'intéressé arrêta brusquement ses gestes saccadés, toujours le cou de YiXing écrasé dans ses poings de fer, tiqua de son sourcil gauche et, très lentement, exposa ses yeux injectés de sang vers moi.
Lui aussi avait pâli, ses joues étaient plus creuses que d'habitude, ses pupilles semblaient dilatées à l'extrême, son torse se gonflait et dégonflait d'une vitesse irrégulière. Ses cheveux bruns étaient ébouriffés grossièrement, ses lèvres craquelées ne cessaient d'être mordues sauvagement par ses canines blanches.
Il balançait doucement sa tête de chaque côté, puis légèrement en arrière. Nos regards ne se lâchèrent pas d'une seconde.
Ainsi, il était un monstre, un véritable monstre.
Un silence siégea un court instant dans la salle. Zhang était à bout de souffle, emprisonné sévèrement dans les poings d'acier de MinSeok. Je m'en aperçus de nouveau, et eut comme premier réflexe de frapper sèchement MinSeok au niveau de sa nuque, il lâcha comme prévu YiXing qui s'effondra par terre, secoué de spasmes, JunMyeon s'accroupit pour l'aider, en compagnie de KyungSoo et JongDae.
Je m'attardai un quart de seconde de trop sur eux ; MinSeok me sauta dessus, toujours avec ce regard de fou vissé au plus profond de ses yeux. Je le repoussai d'un coup vif de pied dans ses entrailles, et j'eus à peine le temps de respirer avant qu'il se relève, et que je remarque qu'il avait récupéré la lame aiguisée encore dans mes mains il y a quelques secondes. Je tentai furtivement de localiser dans ma combinaison une autre arme quelconque, tout en le voyant s'approcher doucement, comme un prédateur ; mais je n'avais plus rien. J'étais confrontée à lui, avec pour seule défense mes mains nues.
Il essaya de m'envoyer son poing armé au plus profond de ma gorge, je réussis difficilement à l'intercepter. Ses yeux plongés dans les miens se fronçaient progressivement, il appuya de plus en plus sur mon bras qui me défendait. Je sentis alors une douleur aiguë traverser mon avant-bras. La lame pénétrait lentement dans ma chair, je grognais en me pinçant les lèvres, à la limite de les déchirer.
Je m'apprêtai à lui cracher qu'il aille bien se faire foutre, quand, tel un miracle arrivant de nulle part, son poids sur mon corps se décompressa et partit loin, emprisonné au niveau la taille par deux bras. La lame se retira de mes muscles, je crus être envoyée en enfer durant un instant.
Je vis quelques mèches blondes s'exciter derrière un MinSeok totalement enragé. Je ne pus m'empêcher de rire en reconnaissant la tête en plein effort de monsieur Kim JongIn.
« MinSeok, arrête de t'en prendre à tout le monde, putain, réussit-il à souffler.
— JongIn, c'est quoi cet élan de solidarité ? ricanai-je.
— Ta gueule, le thon, c'est vraiment pas le moment, et aidez-moi, c'est pas que je galère, là, mais ... »
JongIn se prit une monstrueuse giclée de coups de coude de la part de MinSeok, ce qui l'aveugla en un rien de temps et tomba violemment sur son coccyx; ChanYeol voulut nous aider, mais je me défendis rapidement en prenant sa relève, et adressa à MinSeok une droite sèche sur sa joue.
Il se tint le visage quelques secondes, puis son regard fou revint sur moi subitement.
Je m'apprêtais à le gifler une seconde fois, quand je pus observer ses pupilles diminuer de diamètre et reprendre leur taille de base. Ses bras il y a peu encore tendus vers moi se baissèrent en tremblant. Il toussa, avala sa salive, ses yeux démasquaient l'angoisse qui le dominait désormais, en regardant la partie de ma combinaison ensanglantée, loucha sur ses mains peintes de la même couleur.
« MinSeok ? l'appelais-je.»
Il leva de nouveau son regard vers moi, désormais noyé dans les larmes qui venaient nettoyer son visage recouvert de suie.
Tout le monde semblait obnubilé par MinSeok, qui était apparement redevenu un humain. Il paraissait désemparé face à ses actes, comme s'il avait perdu la conscience durant son excès de folie. Je laissai mon instinct me convaincre. MinSeok subit-il ce genre de coups de folie lorsqu'il devient dangereux ? Les lois de la prison m'obligeraient à lui bourrer l'œsophage de médicaments violents pour ne plus l'entendre, mais ce genre de solutions terminent souvent par une overdose de cachets. La vision d'un homme dont le système disjoncte totalement à cause de pastilles ultra-violentes est l'une des choses les plus insupportables, dans les cellules.
_______
Je dus raccourcir l'entraînement d'aujourd'hui, en raison de la santé vacante de YiXing, et des événements précédents. Je tenais mon bras fermement à l'endroit où il était infecté afin de stopper le sang abondant qui s'était étalé sur ma manche autrefois verdâtre, désormais d'un rouge vif.
Vers seize heures, j'autorisai les garçons à rentrer en cellule, ils avaient bien travaillé et YiXing commençait à somnoler, fatigué de lutter contre sa douleur au cou. Tout le monde se fit escorter par des collègues, je me rendis compte qu'il manquait quelqu'un. Je me retournai vivement et aperçus JongIn, assis au beau milieu de la pièce sombre. Se sentant observé, il leva son regard lassé qui montrait son énervement à être ici.
« On le fait, ce soutien, le thon ?
— Hein ? Ah, oui. »
Je crus qu'il aurait fait mine d'oublier pour partir en douce, mais non, monsieur attendait son châtiment de pied ferme.
Je me mis à terre pour lui expliquer une énième fois ce mouvement si simple qu'étaient les pompes, suivi par cet imbécile, quand je m'effondrai par terre, j'avais complètement oublié cette putain de blessure qui me brûlait le muscle principal de mon avant-bras. Je grognais sous la douleur. Je peinais à me remettre sur les bras pour continuer ma démonstration. Je finis par me lever sous ses ricanements.
« Allez, vingt pompes de plus pour la peine. Ça t'apprendra le respect. »
Il imita mes paroles comme un gamin en haussant les sourcils avant de se retourner pour se mettre en position.
Je le vis enchaîner ses pompes ridicules qui ressemblaient toujours autant à une séance de twerk qu'à un exercice physique. Je soupirai puis m'avançais vers lui pour m'agenouiller et arriver au niveau de sa tête baissée.
Il respirait comme un buffle enragé sous ses efforts inutiles.
« JongIn ... soufflai-je. »
Il faisait la sourde oreille en se concentrant.
« JongIn, répétai-je plus fort.
— Hein, quoi ? répondit-il en levant la tête.
— Arrête-toi dans cette position, je vais te montrer un truc.
Il avait le cul en l'air, ses bras tremblotaient.
Je lui montrais mon index.
« Tu vois ça ? »
Je le déplaçai et exécutai une légère pression sur son bassin surélevé, pour le faire redescendre afin de lui faire obtenir la bonne position. Il s'écroula une courte seconde après avoir obtenu le mouvement parfait. Il s'étouffa légèrement, tandis que je constatai :
« T'avais fait une pompe avant de t'effondrer.
— C'est ... Si physique que ça ? réussit-il à dire, essoufflé.
— Gars, t'en as fait qu'une seule.
— Pff. Je peux pas être dispensé ?
— Même pas en rêve. T'es un lâche, je le savais. »
Il demeura silencieux. Je continuai de le menacer sous ma frange.
« Tu ne t'accroches à rien, c'est pas ça la prison. T'es une merde, ou quoi ? Faut bosser. À part te faire des filles, t'as bien dû faire autre chose pour gagner ta vie, non ?
— Jung ... »
Je le dévisageai avec horreur. Depuis quand il m'appelait par mon nom ? Je continuai tout de même à le provoquer. J'en avais terriblement envie aujourd'hui.
« T'es qu'un glandeur, un connard de première, un mec de joie pour les putes, t'as passé ton temps à coucher pour vivre, seule ta soi-disante beauté a pu t'aider pour gagner tes contrats vulnérables.
— Jung, ta gueule.
— T'as raté ta vie, et tu la rateras jusqu'à ta mort dans ce monde de merde, tu vas périr misérablement.
— Jung, tais-toi sinon je-
— J'parie t'as jamais eu de proches. Tes putains de parents t'ont balancé dans la rue et-
— Jung, ferme ta gueule et relève-moi cette frange à la con quand tu m'insultes lâchement. »
Son expression avait sévi en une fraction de seconde.
Il me claqua la joue gauche sèchement, avant de s'emparer de mon crâne par les cheveux pour relever ma frange, celle qui me servait d'écran, celle qui me protégeait du monde. Il retira la panse qui dissimulait mon oeil gauche, je lui criais de me lâcher en me débattant de son autre bras qui tirait ma combinaison pour que je reste immobile.
Il observa de suite la partie la plus importante qui lui manquait pour connaître mon visage entier, les yeux ébahis. Je finis par me taire.
Son regard ne savait quel œil choisir. Le droit, le gauche, encore le droit, encore le gauche. Ses yeux entamèrent un zigzag interminable. Il semblait surpris, et moi, je restai neutre.
« Quoi, j'ai de la merde dans les yeux ? grognai-je, embarrassée. »
Il déglutit, et désapprouva, toujours aussi obnubilé par cette partie de mon visage, autrefois si secrète pour lui.
« Qu'est-ce qu'il te fait buguer, alors ?
— J'aurais jamais pensé que tu avais des yeux vairons.
— Tu le sais, maintenant, râlai-je. »
Un silence s'installa de nouveau. On se regardait, sans grand intérêt pour ma part, et lui complètement hypnotisé par mon regard pas si extravagant que ça.
« Bon, c'est pas que je veux te couper dans ta découverte d'un pertinent rare, mais on va peut-être devoir y aller. Les autres sont en train de faire la foire, je parie. »
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