cellule n°001 - double-jeu
Je ressortis de l'étroite pièce d'entretien, un poids m'alourdissant la respiration, les tempes battantes.
Personne ne m'avait prévenue à propos de ce projet ? En plus d'être à la garde de ces neuf garçons, je devais donc aussi les entraîner tel un coach ? M'a-t-on donc pris pour un couteau suisse ? Option surveillance, coaching sport, quelle est la case suivante ? Atelier scrapbooking avec recyclage de PQ ?
Sérieusement, ce qui me semblait si inattendu, dans cette affaire, c'était le fait que j'allais devoir les entraîner, et ce pour du sport.
Rappelez-moi la fonction d'une gardienne ? J'ai dû apprendre à tailler mon corps pour ce métier, certes, mais bon sang, d'autres emplois tel qu'entraîneur sont conçus pour ce genre de situations, non ?
En réalité, le supérieur venait tout juste de me présenter l'idée — plus ou moins concrètement — de ces sortes d'entraînements.
« Je ne sais pas vraiment dans quel but elle veut que ce soit toi, précisément, gardienne de prison, qui le fasse, et non pas un vrai coach, mais c'est ainsi, elle te l'ordonne. Elle ne m'a pas donné le but précis de ces entraînements, mais elle souhaite vraiment que tu les entraînes tout comme nos anciens militaires. »
« La présidente aurait des projets afin de pouvoir freiner le chaos dans notre capitale en particulier. Je te laisse donc reprendre tes services. »
Je retournai donc, la patte traînante vers mon poste. Je fourrai ma tête dans les divers papiers rangés dans les dossiers rouges quand je me sentis observée, même très observée ; neuf paires d'yeux, tous grands ouverts, me fixaient, je les surprenais à clignoter de temps à autre. Je portai mon regard vers la bande de simplets qui attendaient patiemment que j'ouvre la bouche.
« Quoi ? m'exclamais-je avec lenteur, en balayant les garçons de gauche à droite.
—Quoi, quoi ? C'est plutôt à nous de te dire "quoi" ? répondit dédaigneusement BaekHyun.
— C'est vrai, ça. Dis-nous.
— Qu'aurais-je donc à vous dire ? Vous le saviez déjà, non ? crachai-je.
— Qu'on allait sortir ? demanda innocemment Sehun, un grand sourire aux lèvres.
— Sehun, branche ton cerveau, t'as pénétré deux-cent-dix filles sans leur autorisation, tu penses sortir après deux heures de prison ?
— Ça rime.
— Ta gueule, Park.
— En parlant de ça, on s'est pris combien d'années de prison ? me questionna Yixing.
— Six. Six mois. grognai-je.
— Six mois ? Seulement ? crièrent-ils tous dans le brouhaha le plus total. »
J'avais envie de les embêter, dans ma colère, et de manière passive tout d'abord. Je les laissais s'extasier d'enthousiasme, accoudée à mon bureau, le bout de mon stylo en bouche, regardant les neuf gamins s'enjailler crescendo.
Park et Byun faisaient pression sur les barreaux, les bras tendus vers l'autre comme s'ils tentaient de se câliner malgré la distance. JongIn improvisait une danse étrange, apparemment en plein délire avec le mur. Sehun priait la vierge Marie; réaction bizarre, venant d'un gars qui a dû s'enfiler sa première femelle à ses justes quinze ans. JongDae, lui, avait les larmes aux yeux; était-il aussi affecté pour croire à un mirage pareil ?
KyungSoo siégeait au sol, le front contre le carrelage noir usé, et murmurait de ses lèvres encornées en un profond sourire une mélodie inédite.
Éprise par mon rôle, je lâchai un rire glacial. Tout le monde se tut, comme je l'avais souhaité, les têtes braquées vers moi. Deux paires de bras tirées à bout de force en dehors des barreaux, la position de notre prieur laissant apparaître deux petites fesses rebondies ; JongIn s'était stoppé dans sa parade du soleil, Yixing avait la bouche grande ouverte. JunMyeon laissait pendre ses bras. Un ensemble homogène dessinant un tableau d'exception.
« Êtes-vous si naïfs que ça ? Passer six mois en prison tranquillement à vous tourner les pouces ? Vous rêvez. »
Je passai devant mon bureau d'un pas rapide, en attrapant un paquet, pour en dégoter une cigarette, la coincer entre ma dentition pointue et sortir un briquet caché dans ma combinaison.
« Six mois, c'est que vous avez pris, certes, avec moi en poste de surveillance. Je vous traquerai vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant cette durée, c'est un certain Wu qui s'occupera de vous en deuxième temps, normalement. La durée de votre séjour ici reste encore indéterminée. »
Je marquai une pause, prenant le temps d'allumer le mince rouleau qui représentait ma cigarette. Je ne pouvais m'empêcher de fixer les deux trafiquants, curieuse de leur réaction. Certes, ils ne devaient pas être les seuls à fumer dans cette équipe de bras cassés, mais ils étaient les plus concernés. Park me toisait entre dégoût et mépris, Byun soupira un court instant. Je repris ma lente cadence, et m'arrêtai devant la cellule de BaekHyun pour souffler la grosse quantité de fumée qui avait rempli à ras-bord mes poumons.
« Non seulement, je vais donc devoir vous surveiller, mais en plus, vous entraîner. Comme MinSeok m'avait questionné, je me demande d'ailleurs comment a-t-il pu le savoir étant donné que cela devait rester une mauvaise surprise pour vous, prononçais-je en fixant le principal visé, je serai également votre coach. La présidente aurait des projets plus ou moins concrets, elle souhaiterait enfin instaurer une sécurité stable pour le pays. Je me demande vraiment si ses idées fonctionneront, mais c'est à son ordre que j'aurai l'obligeance de vous entraîner. »
Personne ne cilla. Ils étaient tous suspendus à mes lèvres, même Sehun, lui qui perdait toujours le fil à la moitié de mes paroles. Je revins vers mon poste en répondant à leur place :
« Si c'est clair, je vous laisse tranquille jusqu'à demain matin. Nous débuterons l'entraînement à l'aube. »
________
« Debout, les mecs. »
Je secouai les barreaux en métal de chaque cellule pour réveiller la compagnie. Tous tiraient la gueule, hormis quelques-uns, dont MinSeok, ChanYeol et JunMyeon.
Leurs sourires enthousiastes m'informaient de leur position d'habitués à la musculation.
Quelques autres gardiens sortirent de nulle part pour les escorter jusqu'à la pièce d'à côté, ladite salle de sport, aussi crado que les cellules.
Le parquet déglingué, les murs de briques, manquant de s'effondrer. J'ouvrais en grand les fenêtres cachetées de barreaux solides, qui, au moindre mouvement, couinaient par déshydratation totale d'huile au niveau des vis.
Je décidai, après un aperçu rapide des lieux, de fouiller les garçons un par un, par simple précaution. Qui sait, n'importe lequel aurait pu évoquer l'idée se promener avec une petite cuillère, qui pourrait finir au fond de ma gorge. En prison, l'imagination des condamnés se développe, et peut créer de sacrées surprises.
Je leur ordonnai donc de se placer, mains menottées au-dessus de la tête contre le mur, ventre contre la paroi. Je commençais tranquillement par tâtonner le couple de trafiquants et pouvais sentir la nuance de physionomie entre les deux personnages du bout de mes doigts fins. Park était un véritable tas de muscles tandis que Byun avait un corps comparable à celui d'une jeune adolescente maigrichonne.
JunMyeon semblait, tout comme Park, déjà passé par d'intensifs entraînements. Je le remarquai en passant mes mains sur ses bras crantés de biceps développés.
Je passai ensuite sur la zone à aspects ... corps de lâches, avec JongDae, KyungSoo.
Ce dernier m'étonna de ne pas être aussi bien formé que les précédents, il a pourtant dû se prendre plusieurs bonnes bastons en pleine face, je pouvais le deviner rien qu'à la cicatrice qui tranchait le sourcil et sa paupière droite.
J'analysai ensuite le petit MinSeok; il était la preuve vivante qu'il ne faut vraiment pas se fier aux apparences.
Il ne restait plus que YiXing, JongIn et Sehun.
Je passai rapidement le premier en voyant à ma plus grande exaspération JongIn gigoter dans tous les sens et me lancer des rictus de violeur.
Je plaquai l'arrière-train excité de cet idiot contre le mur de mon genou droit tout en faisant pression sur ses poignets.
« J'attendais ta visite, poupée. souffla-t-il, un grand sourire tordu fleurissant sur ses lèvres.
— Je suis pas là pour fricoter. Alors reste immobile, et ferme-la. »
Je sentais son parfum écœurant me monter à la tête. Mes mains se faufilèrent le long de son corps mince, il émit un petit gémissement érotique quand j'arrivai en-dessous de sa ceinture, je lui envoyai par pur réflexe une droite sur sa joue bien mate pour un asiatique, le laissant sans voix pendant un instant.
Je passai enfin au dernier, monsieur Ooh. Le garçon dormait encore à moitié, il avait la tête posée contre le mur et sifflotait des ronflements paisibles. Je ne pus m'empêcher de lâcher un petit rire, en voyant le plus jeune de nous ne pas réagir au moindre de mes tâtonnements.
« Regardez, Jung s'excite chaleureusement sur Sehun, s'exclama JongIn avec un regard noir en ma direction. »
Tous les autres rigolèrent, étrangement leurs regards ne se dirigeaient pas vers moi, mais vers lui. Park réussit à émettre une phrase parmi les petits rires nerveux :
« Regardez, JongIn est jaloux de Sehun, dit-il en imitant l'air de JongIn.
— Il est amoureux, commenta d'une voix aiguë et chantante JongDae en donnant des coups de coude à MinSeok, qui hochait grandement la tête.
— Vos gueules, vous ! Je tomberai jamais amoureux., et encore moins d'un thon qui sait pas se coiffer. »
J'ignorais ses paroles en souriant grandement, silencieuse. Le regard des autres pesaient sur mon front avec un élan de complicité, ils étaient apparemment avec moi contre ce sale gosse. Je terminai de fouiller Sehun et lui adressai une petite claque afin de le réveiller, puis repris mon sérieux en leur ordonnant :
« Bien, on va commencer par des échauffements, on parlera spectacle plus tard. »
Avant de commencer à leur expliquer les exercices, une dernière chose me vint en tête :
« Une petite information aussi. Si une pulsion quelconque vous amène à vouloir m'étouffer, ou autres idées de ce style, rappelez-vous que j'ai déjà envoyé quelques condamnés rebelles à l'hôpital.
— Qui nous dit que ce que tu insinues est la vérité ? me cracha JunMyeon avec dédain. »
Je m'approchai du jeune délinquant menotté, pris son poignet gauche et exécuta une torsion de ses bras désormais entortillés comme un torchon qu'on essore afin de ne plus avoir aucune trace d'humidité, sous son gémissement grave, poussé par la douleur.
« Ça, c'est une preuve suffisante ? lui murmurais-je dans son oreille. »
Les yeux plissés, il acquiesça de la tête rapidement, et je le relâchai.
« En piste, maintenant. »
Presque tous connaissaient la routine : aller-retours, en ajoutant des éléments comme pas chassés, montées de genoux et tout le bordel qui suit. JongDae semblait un peu perdu, il suivait avec un air peu sûr de lui. Je souris en remarquant qu'il essayait de faire comme s'il avait fait cela toute sa vie. C'est dingue de voir à quel point les condamnés veulent tous garder leur fierté.
Après une bonne demi-heure, je me plaçai au centre de la pièce et leur demandai de me rejoindre. Je leur délivrai une démonstration rapide du prochain exercice, puis ils partirent pour une série de soixante abdos et flexions, puis cinquante pompes. J'avais décidé de démarrer en douceur, mais apparement, JongDae avait vraiment trop de mal à suivre ainsi que ... JongIn ? Il devait faire semblait, c'était impossible. Il a très bien tenu en endurance, et voici qu'il s'effondre comme une merde sur le parquet lors de ses pompes, avant de vite se relever, une expression maladive sur son visage.
« Kim, tu revois ta carrière de testeur de préservatifs pour débuter dans le cinéma, ou quoi ? râlai-je. »
Il déglutit difficilement avant d'arracher des mots à sa gorge apparemment en manque d'oxygène :
« Je t'ai pas demandé de commentaires, le thon.
— Allez, bon sang. Avec le corps que tu as, tu peux pas exécuter les renforcements musculaires sans trop forcer sur tes membres ?
— Non mais, Jung, m'interpella Park avec un sourire en travers, lui, il se sert que d'un seul membre. C'est pour ça qu'il peut pas suivre. »
Les autres s'étouffèrent de rire sous la blague de ChanYeol, tandis que je désespérais de leur maturité.
« Les autres, continuez, je vais rester auprès de JongDae et l'autre violeur.
— Lequel ? demanda Sehun.
— Celui qui ne sait se servir que de son membre principal, rendors-toi, Sehun. »
JongIn tiqua du coin de ses lèvres, il semblait mécontent de se faire rabaisser pour du sport. Les deux garçons se levèrent, puis se remirent à faire leurs flexions au près de moi. JongDae m'offra un adorable sourire, en me remerciant silencieusement.
« Maintenant, on part sur des chaises. Tous devant le mur, faites-moi des séries de sept fois une minute. Ah, et JongDae, JongIn, vous en ferez quatre fois trente secondes uniquement. »
Tous les garçons collèrent leurs dos contre le mur, et se mirent en position pour une minute que j'allais décompter à mon top.
« C'est parti. 60 ... 59 ... 58 ... »
J'avais seulement décompté dix secondes, JongIn commençait déjà à gémir. Je m'arrêtai dans mes comptes pour me rapprocher de lui pour l'inonder de regards noirs.
« 48 ... 47 ... 46 ... »
Je ralentissais mon rythme avec un sourire mesquin aux lèvres, voir ce prétentieux en pleine souffrance me faisait doucement rire.
_______
Les garçons étaient tous étalés sur le sol, à la recherche de fraîcheur. Je leur apportai une bouteille de boisson énergisante à base de protéines afin qu'ils récupèrent un peu, ainsi que des morceaux de serviettes pour qu'ils essuient un minimum leur sueur qui dégoulinait sur l'ensemble de leurs corps.
Ils avaient bien réussi leurs exercices, j'étais fière d'eux, pour un début. Ils formèrent un cercle, tous assis en tailleur.
« Les douches vous attendent, ne videz pas l'eau chaude en vous prélassant dessous durant de longues minutes. »
Tous sortirent de la salle d'entraînement, escortés par mes collègues. Je les rattrapai pour attraper le bras de JongIn. Il se retourna vivement, les cheveux ruisselants de sueur laissant goutter les perles d'eau sur son front. Ses yeux vides m'indiquaient qu'ils ne souhaitaient que retrouver sa cellule pour s'y reposer, mais je le retins tout de même.
« JongIn, reviens ici, je voulais vérifier une dernière chose. »
Son regard grossit à ma demande, et après un long soupir, il s'avança vers moi en refermant la porte. Ses yeux parcoururent un court instant l'espace vide hormis ma présence et la sienne, puis son rictus habituel fit de nouveau son apparition.
« Tu sais, le thon, une femme et un homme seuls dans une même pièce, ça peut vite partir en-
— Arrête de penser à tes sales occupations, veux-tu. Je t'ai fait revenir pour que tu retravailles tes pompes.
— Encore ? Mais putain, tu vas pas me lâcher avec ça ?
— Jusqu'à ce que tu y arrives. Alors vas-y, mets-toi en position. Je t'ai vu tout à l'heure, tu bâclais toutes tes pompes, ton bassin n'était pas aligné avec ton dos.
— Ah, tu n'as pas pu t'empêcher de mater mon cul, hein.
— Pas ton cul, ton bassin. Et si t'appelles regarder un imbécile faire des pompes semblables à des avances sexuelles d'une strip-teaseuse « mater », OK, je t'ai maté. Maintenant, fais-moi de vraies pompes, pas des mouvements de bassin en avant et en arrière pour exercice. »
En voyant qu'il galérait réellement à faire de simples pompes, je ne vis qu'une seule solution. Tandis qu'il reprenait sa respiration haletante, je lui lançai :
« JongIn, tu vas plutôt faire des pompes pour les femmes.
— Mais non ! Je veux pas me ridiculiser demain, je veux en faire des vraies, celles d'un homme. »
Il eut à peine repris de l'air qu'il était déjà reparti dare-dare, trois fois plus vite que d'habitude. Résultat, au bout de deux mouvements, il était par terre, totalement suffoquant, proche de l'arrêt cardiaque, le corps secoué de spasmes. J'ouvris grand les yeux, et criait en commençant un massage cardiaque :
« Putain, JongIn ! Réfléchis deux fois avant d'agir, espèce de con ! »
À ma plus grande surprise, il s'arrêta de se secouer dans tous les sens, et me souria avant d'exploser de rire. Les mots sortirent de ma gorge automatiquement :
« T'es sérieux, là ? À part me faire peur, c'était quoi le but de ce jeu d'acteur de merde ?
— Je sais pas. J'avais envie de te voir paniquer, toi, le thon. Et puis, n'insulte pas mon jeu, il était parfait. Je t'ai vu stressée. C'était drôle. »
Un court silence s'installa. Une fois debout, je le regardai avec mépris, et lui me souriait tel une innocente volaille, étalé par terre, ses cheveux teintés en blond et rasés sur une partie de son crâné touchaient le sol, ses bras étaient rangés derrière sa tête.
« Dommage.
— Quoi, dommage ? grognais-je.
— J'aurai bien aimé voir une démonstration de tes bouches-à-bouches.
— Hein ? m'exclamai-je.
— Pour voir ce que ça fait d'être embrassé par un poisson.
— Eh bien, pour la peine, je te ferai revenir tous les soirs, et tu morfleras la poussière, JongIn. »
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