cellule n°000 - monstres
Le pays chavire sous la vague de sang que délivrent les habitants depuis peu. La population survit entre horreur, vengeance et désespoir ; on tue son voisin de palier quand il ne nous rend correctement son emprunt ; on se sert gratuitement dans les boutiques tel un vandale ; on n'hésite pas à brûler des places, pour rire un peu, quand il s'y est par exemple déroulé une quelconque bagarre avec pour motif la nourriture, les agresseurs terminent leur affrontement incendiés par les flammes ardentes du bûcher, en pleine place publique.
Les humains sont désespérants. Nous ne savons donc pas utiliser, ne serait-ce qu'un filament de l'un de nos neurones ? Ils sont tous là à se comporter tels des animaux, c'est la loi du plus fort qui règne dans cette ère chaotique.
Ce matin, je m'apprête à débuter un contrat de six mois, dans lequel j'ai pour rôle de surveiller sévèrement neuf hommes apparemment très bien connus du service de la police. Ils sont tous célèbres pour leurs casiers judiciaires amplement chargés, raccommodés, aspirant le sang frais, l'odeur du cannabis et les hurlements horrifiques de leurs victimes. J'ai étudié deux longs mois chacun de leurs cas, j'en ai même fini par oublier ma propre personne, bien trop imprégnée dans mes lectures rythmées par les délits de ce groupe de garçons.
(NDA : j'leur ai fait des cartes yakoi)
Kim JunMyeon ; connu au bureau pour ses innombrables braquages de banques, il détient un record de trente-et-un braquages en une semaine.
Zhang Yixing ; on pourrait le qualifier comme voleur professionnel. Il a eu comme projet de s'infiltrer dans les plus grandes fortunes du pays, pour dérober des objets de valeurs inestimables, puis ensuite saccager le parquet des propriétaires derrière son passage.
Kim JongIn. Ce dernier possède une occupation plutôt en vogue dans les quartiers défavorisés. Comment définir ses actions en un seul mot ? Il serait qualifié de prostitué. Il aurait à son compte plus de deux-cent-cinquante victimes depuis ses débuts, ce jeune homme travaille pour une agence de services tous aussi plus immondes les uns que les autres. Il s'occupe par exemple de coucher pour arranger des clients qui souhaitent se débarrasser de leur femme.
Un vrai tombeur, payé comme l'élite. Il partage son travail avec le prochain détenu, monsieur Ooh SeHun.
Nous arrivons donc à Ooh SeHun. Collègue de monsieur Kim, très grand tombeur lui aussi, s'approche du nombre de victimes du précédent cas avec environ deux-cent-dix victimes.
Kim MinSeok est le suivant.
Cet homme possède les fâcheuses habitudes de se promener dans la rue presque chaque nuit, et s'amuse à égorger des passants à coup de canif. Malgré sa popularité au centre de police, très peu d'informations sont données sur lui, il se débrouille toujours pour passer à l'action dans des zones non-surveillées, ni fréquentées.
Voici ensuite Do KyungSoo, reconnu pour ses lourdes affaires de mafia. Il est passé par les plus grands centres de problèmes, des quartiers de New York aux maquis de Sicile.
Kim JongDae est passé d'un des meilleurs élèves du pays au pire hacker de l'histoire coréenne. Il s'est servi de son intelligence rare pour entrer dans un service de piratage. Il y a quelques années de cela, ce garçon a presque réussi à faire chuter l'économie nationale en débloquant quasiment tous les ordinateurs du gouvernement.
Enfin, Byun BaekHyun, et son jumeau spirituel, Park ChanYeol. Un même cerveau dans deux corps bien différents physiquement, l'un est grand et musclé, il casse, l'autre est de petite taille et mince, il songe. Ils font partie d'un des plus grands réseaux de marché noir, spécialisés tout particulièrement en trafic de drogues populaires.
Ces neuf garçons, ces monstres, ces déchets, je vais devoir les surveiller dans un couloir comportant uniquement neuf cellules, celles de l'élite des jeunes délinquants.
C'est ma première mission importante, et elle me tient particulièrement à cœur ;
je veux me venger de cette époque merdique, où personne ne vit en paix, où l'on peut perdre n'importe qui à tout moment, où il faut toujours se retourner quand on marche dans la rue, on ne sait jamais, même votre propre sœur pourrait vous caler sur la tempe une arme suffisamment puissante pour vous ôter la vie en une fraction de seconde.
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Je pénétrai dans le couloir qui allait me servir de parquet d'infinis aller-retours.
À ma plus grande surprise, l'étage n'était pas celui que j'avais imaginé ; on m'avait placée avec ces neuf hommes dans une sorte de vieille salle dégradée, sale. La prison élitaire, n'était-ce pas ce que l'on m'avait promis ?
On avait installé un bureau et un couchage au bout de ce couloir, sûrement destiné à mon attention. Dans les tiroirs, quelques réserves de féculents pour les prisonniers, et outils caractéristiques de la prison : menottes, armes à feu en cas de légitime défense.
Alors que j'inspectais le reste de mes fournitures tout en jouant avec mes clés, mes oreilles frémirent à l'entente de lourds pas résonnant sur le sol. Un silence assourdissant s'installa le temps de quelques secondes.
Je relevai la tête doucement et observai les fameux garçons que j'allais surveiller, tous menottés et oppressés dans les bras des gardiens. Leurs têtes de sauvages s'offrirent à moi, je pouvais enfin observer l'au-delà de leurs papiers d'identité, leurs traits marqués par la fatigue sur leurs teints cireux, leurs regards sanguinolents tracés par leurs veines rougeâtres, leurs démarches butées contre le sol.
Quelques-uns, malgré leur sort, ne pouvaient s'empêcher de se débattre, même si au fond d'eux-mêmes, ils savaient bien que tous ces gestes étaient vains.
Je pouvais voir à travers leurs expressions qu'ils n'étaient déjà pas à l'aise, hormis quelques-uns, qui feignaient d'une attitude supérieure. On les plaça violemment dans les cellules tandis que je pris le temps de m'installer sur mon vieux fauteuil. Un des gardiens s'approcha ensuite de moi, pour m'annoncer brièvement :
« Mademoiselle, nous vous souhaitons un bon courage, et un maximum de sang-froid. »
Je les remerciai silencieusement d'un sourire qui sonnait horriblement faux, ma tête se libéra de quelques douleurs au cou en se balançant lentement de droite à gauche, puis ils disposèrent, me laissant seule, face à neuf cellules désormais occupées.
Je me levai pour enclencher mon pas lent, sur mes talons de bottes militaires, seule ma cadence résonnait dans ce silence morbide. Je me dirigeai vers la première cellule à gauche pour voir qui on avait placé à l'intérieur, et reconnut Kim JunMyeon.
Il était assis au fond de sa cellule, loin des barreaux, symbole de son châtiment. Le garçon avait la tête baissée, qu'il releva simplement quand il entendit mes pas cesser devant sa pièce.
« Kim JunMyeon, est-ce ainsi ? articulai-je. »
Il affirma d'un mouvement de tête, les yeux rivés dans les miens, comme s'il voulait m'effrayer. Mais je n'avais pas peur, et n'aurai jamais peur de ce genre d'attitudes.
« Ne fais pas cette tête, voyons, on dirait que tu vas pleurer. On va se supporter six mois, cela fait cinq minutes qu'on se connaît. Mieux vaut démarrer dans de bonnes conditions.
— Qu'est-ce que j'en ai à foutre de tes conditions, salope ? Tu me fais rire à jouer les malignes sous ta sale tignasse. »
J'ignorai son insulte en abordant un sourire insolent à mon aîné derrière les barreaux de fer, habituée à ce genre de réponse, puis continua ma démarche vers la seconde cellule.
« Cher monsieur ... Kim JongDae ?
— Oui, répondit-il simplement. »
Sa voix résonna dans l'ensemble du couloir, elle était brisée.
Lui aussi était calé au fond de sa cellule, le jeune homme se cachait derrière ses avant-bras et ses cheveux que j'aurai pu décrire autrefois d'un châtain doré et soyeux. Le jeune homme tremblait, comme s'il ne supportait pas d'être ici.
« Tu as l'air d'avoir eu un passé honorable. Que ce séjour te serve de leçon, mon ange, tentai-je de le réconforter malgré ce défaut qu'était ma maladresse. »
Il leva un instant ses yeux inondés de larmes, juste avant de replonger à nouveau la tête dans ses coudes croisés. Je ressentis un effet de compassion au fond de mon être, et croyez-moi, c'est bien rare, surtout envers des condamnés. Je ne m'attardai pas plus sur lui, et me dirigeai vers la troisième cellule, où était abrité le grand Park ChanYeol.
Il demeurait debout — et sûrement le seul dans cette position d'ailleurs —,
c'est ainsi que je pus remarquer sa taille immense, imposante. Ses yeux globuleux et ses oreilles décollées lui donnaient un air de gamin. Son sourire en coin m'était incompréhensif. Il semblait si heureux ... Je suivis son regard et aperçut en face de lui son fidèle coéquipier, Byun BaekHyun, de même aspect solaire. Je choisis de ne rien dire face à cette situation emplie de perplexité , et continuai de faire mon tour.
« Ah, monsieur Ooh.
— Mademoiselle. Que me vaut votre bienveillante visite ? »
Le garçon me regardait de haut en bas, en ralentissant au niveau de la ceinture basse qui serrait ma combinaison, et n'oublia pas de passer sa langue indiscrètement sur la lèvre supérieure, pour ensuite dévoiler ses canines.
Un seul mot me vint à l'esprit face à ce comportement de prédateur : dégoûtant. Et puis, qu'était donc cette attitude de simplet ? Il vient de se réveiller ou quoi, ce con ?
« Mec, je suis ta gardienne, grognai-je avec brutalité.
— Ma gardienne ? demanda-t-il innocemment.
— De prison, imbécile. »
Son sourire charmeur disparut en une fraction de seconde. Il avait bel et bien compris, cette fois-ci. J'exécutai un quart de tour, pour aller jeter un œil à ceux d'en face. Le silence continuait de régner, c'en devenait presque angoissant.
J'aperçus en premier le voleur, Yixing.
Son regard intense et profond semblait absent, il réfléchissait longuement. Mieux valait ne pas l'interrompre.
J'avançai donc vers le prisonnier suivant, Do KyungSoo me fixait avec mépris de ses larges pupilles noires.
« Monsieur Do ? tentai-je d'une voix blanche. »
Il ignora mes paroles, toujours son regard vissé sur mon visage. Cet homme paraissait vivre ainsi, en parlant peu.
Byun BaekHyun communiquait toujours par le regard avec son partenaire. Il sursauta légèrement en remarquant mon ombre se déplacer vers lui. Il me salua d'un coup de tête bref, puis repartit dans sa passionnante conversation silencieuse avec son ami.
J'entrevus ensuite JongIn. Ce dernier siégeait par terre, adossé un mur latéral, en position défaitiste, les coudes écrasés contre ses genoux. Il leva les yeux d'un air désespéré en direction du plafond sombre, laissant sa pomme d'Adam faire son apparition, son sourcil gauche dessinant un accent aigu, sa rangée de dents blanches supérieure mordait au sang ses lèvres épaisses et charnues. L'attitude bad boy par excellence, et épuisant d'avance.
C'est donc si désespérant de voir à quel point les gens ne peuvent lâcher une seule minute leur fierté devant autrui ?
Il tourna d'un geste excentrique son menton vers moi, les yeux aspirant l'ignorance et le dédain.
Il ne pouvait savoir si je le fixai ou non, ma frange me servait de vitre floue pour qu'on ne me calcule pas. JongIn tiqua de la bouche avant d'énoncer d'une voix grave, en phase Brad Pitt 2.0 — qui ne m'inspirait rien, je tiens à le dire — :
« Alors, bébé, on arrive plus à se décoller de mon visage parfait ? On ne se connaît que depuis quelques minutes et tu baves déjà. »
Je ne pus m'empêcher de lui répondre au quart-de-tour :
« Je suis pas le genre de pétasse à fantasmer sur des pervers à la braguette ouverte. Donc, ouais en fait, ta gueule. »
Je terminai en adressant un coup de tête bref au-dessous de à ceinture desserrée. Ce gars a cru qu'il allait continuer ses activités si malsaines en prison ? Il fit mine de se foutre que son bas de combinaison soit ouvert, mais une fois que j'eus tourné les talons, j'entendis un bruissement de tissu indiscret et un bruit de fermeture rapide, ce qui me fit hausser les sourcils d'exaspération.
« Tu me dégoûtes déjà à te ramener la queue presque à l'air, JongIn, t'es pas ici pour bander. »
Il ne restait plus qu'à découvrir Kim MinSeok. Lorsque j'attegnis un champ de vue susceptible d'apercevoir le dernier condamné, le minois du garçon concerné dernier me fit écho du visage innocent de ChanYeol.
Ses grands yeux en amande, ses fines lèvres et ses proportions corporelles relativement petites ; en soi, une apparence plutôt attendrissante, qui dissimulait son cerveau bourré d'intentions des plus perverses et inhumaines.
Il était effrayant, c'était comme si l'on pouvait tout de même percevoir derrière son masque l'objet sanglant de ses nuits.
MinSeok pinça ses croissants de chair décorés d'un piercing noir à mon apparition dans son champ de vision. Je ne réagis pas à son geste, et me contentai d'une simple analyse de son corps, pour plus tard revenir simplement à mon bureau. Je posai mes mains sur la planche principale et m'appuyai dessus en élevant la voix afin que le couloir entier m'entende.
« Je me nomme Jung Iseul, et j'ai pour rôle de vous surveiller ces six prochains mois. Mon devoir n'est pas de vous apprécier, ni même de vous aider, mais de vous enseigner le remords, rappelez-vous en. »
J'attendais les habituels jurons qui allaient jaillir des cellules comme toujours ; mais rien, juste le silence.
Je fus un instant étonnée, jusqu'au moment où l'autre prostitué ouvrit sa bouche pour répliquer, histoire de se faire remarquer un minimum :
« On me traite de pervers, mais tu t'es vue, espèce de pute, avec ton décolleté plongeant en guise de seul charme ? Jamais je toucherai une fille aussi immonde.
— JongIn, ferme-la si c'est pour dire des trucs qui ne servent à rien. Tu t'enfonces dès le début.
— D'où tu me donnes des ord-
— Mademoiselle ? le coupa-t-on.
— Oui, MinSeok ? répondis-je avec calme en m'intéressant à lui, tandis que monsieur JongIn continuait de tenter une provocation, sous l'ignorance la plus totale de toute la prison.
— Vous serez là pour notre entraînement ? Vous nous entraînerez ?
— Quel entraînement ?
— On ne vous a donc pas expliqué ? s'étonna-t-il presque. »
Je n'étais, mais alors, pas du tout au courant de cet événement, j'allais répondre d'un signe négatif de la tête, quand, par étrange coïncidence, un de mes supérieurs apparut sauvagement du couloir, en cassant presque la porte, essoufflé d'avoir dû monté onze étages à toute vitesse, il semblait vouloir exprimer une information urgence à l'aide de gestes. Ne me dites pas que j'allais terminer, en plus de gardienne, coach sportive de neuf imbéciles pareils.
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