The Miranda Rights
- Allo ! Monsieur Connelly ?
- Oui, qui le demande ?
- Lieutenant Mendes à l'appareil.
- Ah ! Bonjour Lieutenant, comment allez-vous depuis la dernière fois ?
- Très bien je vous remercie.
- Vous avez des nouvelles de l'affaire Mallet ?
- Eh bien, justement, je voudrais vous en parler en tête à tête. Pourriez-vous passer au poste cet après-midi ?
- Euh... Cela tombe mal, je préside un com-ex justement cet après-midi.
- C'est très important monsieur Connelly.
- Vous ne vous en doutez pas mais un com-ex est aussi une chose très importante lieutenant répondit le blond parricide d'un air hautain.
Mendes, énervé par le ton dédaigneux du CEO d'Alice Corp. s'énerva quelque peu :
- Ecoute, mon petit coco, tu as beau être le chantre de l'avenir des nouvelles technologies, tu as intérêt à radiner ton auguste postérieur de CEO de mes deux cet après-midi ou je viens de te chercher avec toute la quincaillerie : motards, gyrophares, presse et tout le tintouin.
- Je n'aime pas trop votre ton lieutenant. Mais pour vous montrer ma bonne volonté dans cette affaire, je viendrai.
Le bâtiment était bordé d'une farandole de Road King Twin Cam 88 à l'arrêt, toutes aussi rutilantes les unes que les autres. Les passants étaient habitués aux vrombissements soudains des moulins de mille cinq cent quarante centimètres cubes mais, Connelly lui ne l'était pas. Il sursauta en sortant de sa limousine Alice Corp. autonome stationnée en double file devant le SFPD au numéro douze mille trois cent quarante cinq sur la troisième rue.
Bien que le onzième département des Etats-Unis en termes d'effectifs seulement, le bâtiment ultra-moderne hébergeait environ deux milles policiers.
Si on m'avait dit qu'un jour je rentrerai dans ce bâtiment sans savoir si j'allais en sortir... C'est toi Papa qui doit bien te marrer dans ta tombe, pensa Connelly
- Mr Karl Connelly, CEO d'Alice Corp., pas d'armes, casier judiciaire vierge, taux de cholestérol approchant la limite d'alerte, pas de cancer détecté, hurla presque une voix à l'accent administratif et surtout numérique.
Le son venait du scanner corporel de la sécurité devant lequel avait dû s'arrêter le grand blond. Puis, l'héritier sans descendance attendit le "Go" de l'humanoïde en uniforme pilotant la machine.
- Vous pouvez y aller Monsieur.
Connelly pénétra alors dans l'immense hall. C'est vrai qu'il n'en menait pas large. Il n'arborait pas la splendeur de capitaine d'entreprise qui était la sienne lorsqu'il était dans son milieu.
Il passa alors devant le portrait géant de Brian Mac Donnel, sergeant victime d'un attentat à la bombe en mille neuf cent soixante dix qui ravagea la SFPD Park Station, lorsque soudainement :
- A vous voilà enfin ! Bonjour Monsieur Connelly.
Karl tourna la tête et vit Mendes s'approcher de lui. Ce n'était pas le Mendes touriste à Paris ou joueur de poker à Vegas. On ne l'aurait pas reconnu. Il arborait fièrement son uniforme et son insigne de la police de Frisco. Il se tenait droit, le menton relevé, comme investi d'une mission : être le garant de l'intérêt général face aux malfrats déviants en tous genres.
- Toute cette mascarade est-elle bien nécessaire Lieutenant ?
- Oui je pense répondit le Chicanos en tendant un document à sa secrétaire qui, à plus de soixante ans, devait être la dernière humaine à occuper ce genre de post au PD.
- Je tiens à vous signaler que j'ai prévenu mon avocat et il va se joindre à nous d'une minute à l'autre.
- Ne craignez rien, suivez-moi.
Le multi milliardaire suivit le petit flic immigré comme un vulgaire yorkshire au basque de sa bimbo jet-setteuse. Après en avoir fini avec un dédal de couloirs étroits, ils arrivèrent dans une salle d'interrogatoire décorée d'un immense miroir. Le décor était aux antipodes de celui des lieux fréquentés habituellement par Connelly.
Deux chaises, une table sur laquelle on pouvait observer des anneaux pour fixer les menottes des prévenus les plus dangereux. La descente était brutale.
- Installez vous et j'arrive, dit Mendes.
Le fils prodigue de Rosa pénétra dans une salle annexe où était posté un autre homme en uniforme.
- Vous enregistrez bien toute la conversation sergeant Rosario Ok ?
- Oui bien sûr Lieutenant, mais pourquoi avoir choisi une salle d'interrogatoire si éloignée de nos bureaux ?
- C'est celle qui est la plus éloignée de l'accueil. L'avocat de ce pourri va mettre une heure avant de la trouver s'il ne se perd pas avant.
- Trop fort lieutenant, vous allez avoir le temps de le "charcuter" avant que son "baveux" n'arrive, répondit le sergent espérant se faire bien voir en reprenant le ton dédaigneux de Mendes.
- Aller, c'est parti ! s'exclama Mendes avant de rejoindre Connelly.
Le mexicain claqua la porte derrière lui en entrant dans la salle pour rajouter à la symbolique théâtrale de la situation.
- A nous deux, Karl.
- Je ne suis pas dupe Lieutenant. Je sais que vous et tous vos acolytes cachés derrière ce miroir sans teint vous ne cherchez qu'une chose : vous taper le milliardaire et faire votre révolution castriste.
- - Pas de gros mots s'il vous plaît. Vous êtes en retard, il y a bien longtemps que l'Amérique Centrale n'est plus communiste répliqua Mendes sur un ton apaisé malgré la provocation presque raciste du fils d'immigrés irlandais.
Allons aux faits lieutenant, pourquoi m'avoir fait venir ici ?
Le milliardaire tenta de reprendre soudain de sa superbe. Il se dit qu'après tout, cet entretien n'était rien d'autre que la négociation d'un contrat comme il en avait réussi beaucoup d'autres. Mendes le fit revenir à la réalité rapidement. le flic appuya sur le bouton "Start" de la table d'interrogatoire et une voix se fit entendre :
Bonjour monsieur Connelly. Je suis l'assistant virtuel. Je vais vous accompagner, vous et le lieutenant Mendes tout au long de cet interrogatoire. Je suis là pour garantir le respect des règles pour qu'il n'y ait aucune possibilité de remettre en doute le recueil de vos déclarations versées au dossier.
- Vous êtes modernes dans la police dit le capitaine d'industrie en riant jaune.
Le kid de Broadway, décidément digne descendant des incorruptibles, ignora la réplique du PDG.
Si tout est clair, nous commençons par "The Miranda Rights" :
" Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire... En ayant ces droits à l'esprit, voulez-vous me parler ?"
- Très pédagogique en plus, poursuivit Connelly sur le même ton.
- Vous avez vu ça ! répliqua Mendes avec un petit sourire en coin.
- Mais mon avocat n'est pas là lieutenant. Je refuse de démarrer l'interrogatoire avant son arrivée.
Le vieux garçon du SFPD dont le niveau d'agacement montait perceptiblement gronda :
- Ok vous voulez la jouer comme ça ! On va le faire à l'ancienne.
Puis, il appuya sur le bouton "Stop" de la table ultramoderne.
- Nous allons attendre l'arrivée de votre baveux et tous les enregistrements sont arrêtés.
- Parfait, répondit l'irlandais ayant repris sa stature hautaine.
- Pour passer le temps, nous pouvons discuter un peu tout de même, non ?
- Si vous le voulez lieutenant.
- Que pouvez-vous me dire sur ce qui s'est passé la nuit où Mallet a été tué ?
- Je n'en sais rien, j'ai tout appris le lendemain matin et j'ai ordonné instantanément que l'on appelle vos services.
Mendes, dont l'énervement se manifestait nettement maintenant, se dressa, leva son auguste séant de sa chaise, pour approcher son visage à deux centimètre de celui du CEO d'Alice Corp.. C'est à cet instant que, les deux poings appuyés sur la table, l'haleine pleine des burritos ingurgités au déjeuner, il cria :
- Ne vous foutez pas de ma gueule Connelly !
L'héritier, loin de son bureau avec vue imprenable sur la baie, grimaça face aux effluves culinaires mexicaines bon marché. Puis, réconforté par l'absence d'enregistrement, commença à se dévoiler.
- Ok, j'avoue, j'avais mis Mallet sous surveillance. Sa découverte était trop importante pour Alice Corp. La société a fait beaucoup d'investissements qui tardent à porter leurs fruits. Alors cette IA révolutionnaire... C'était une bénédiction pour l'avenir de tout ce que nous avions construit.
Le chicanos, satisfait de la bonne volonté de son interlocuteur, reposa ses fesses basanées sur la chaise en bois caractéristique du niveau des budgets ameublement de l'administration.
- Mais jamais je n'ai demandé à le supprimer. Sans Alain, il m'était de toute manière impossible d'utiliser Phoebe.
- Ah vous connaissez son nom aussi ?
- Une fois que vous êtes entrés dans le jeu, il fallait bien que je vous fasse suivre aussi, vous et toute votre petite bande d'excentriques.
- A la parade du Dia De Los Muertos c'était vous ?
- Oui, j'étais obligé, vous étiez ma seule possibilité de remettre la main sur Phoebe.
- Et la télé chez ma mère ? C'était vous aussi ?
- Oui...
Mendes se dressa une nouvelle fois :
- Je ne sais pas ce qui me retient de vous mettre mon poing dans la gueule l'irlandais !
Connelly recula avant de crier à son tour :
- Mais je vous jure lieutenant que je n'ai jamais demandé à ce que l'on supprime Mallet.
Puis pris d'effroi et de tremblements, il poursuivit d'une voix chevrotante inhabituelle pour un homme de sa stature :
- Vous ne savez pas dans quelle histoire vous vous êtes fourrés. Ce sont eux les responsables. J'ai essayé de leur échapper mais impossible. Ils sont si puissants, vous n'imaginez pas !
- Mais de qui vous parlez Connelly ?
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