Les Moines Trumpistes
- Ah te voilà enfin Stan, j'espère que tu as refait le plein ?
- Je te reconnais bien là Arnaud, toujours le cœur sur la main et le porte monnaie avec des oursins dans la poche, répondit Stan en lançant les clés de la Mustang dans la main de son ami.
Le suppôt de Mallet ne s'arrêta pas pour discuter avec le reste du groupe et se dirigea rapidement vers le dortoir pour s'enfermer.
Isabelle, Arnaud, Thatcher et Kennedy se regardèrent. Ils ne comprenaient pas ce qu'il arrivait au français.
- Tout va bien Stan ? questionna Isabelle s'étant rapprochée de la porte fermée de la chambrée.
- Oui ne t'inquiète pas. Merci Isabelle. J'ai besoin de me reposer un peu. Je viendrai pour le diner.
- Comme tu voudras. Si tu as besoin de parler ou de quoi que ce soit d'autre, je suis là tu sais ?
- Je voudrais juste dormir un peu.
Arnaud ne perdit pas de temps. Son sac était déjà prêt et il commença à enfiler son sweet à capuche d'ex. geek embougeoisé. Il se dirigea vers la porte du dortoir toujours fermée.
- Je m'en vais Stan.
L'ex de Cécile en plein spleen asocial daigna se lever et ouvrit la porte pour prendre son ami dans les bras.
- Salut Arnaud ! Et embrasse "ta future" pour moi. Il faudra tout de même me la présenter un jour.
- Avec joie ! répondit l'ex Helter-Skelter en souriant fraternellement.
- Et n'oublie pas : ne lui fait pas trop de patate à l'eau et continue à lui faire de bons petits plats !
- Ne t'inquiète pas Stan. Fais attention à toi aussi. Tu restes encore longtemps ?
- Que veux tu que je fasse. Plus personne ne m'attend on dirait...Et toi, tu vas la retrouver directement ?
- Non je dois passer à ma maison pour finir de consolider la porte après l'intrusion de la semaine dernière.
- Fais attention à toi. On ne sait toujours pas vraiment qui avait intérêt à fouiller toute ta maison.
- Cela doit être Connelly. Allez Stan ! J'y vais.
En retournant dans la salle principale, le regard du futur marié croisa celui de Kennedy.
- Bonne continuation aux Helter-Skelters !
- Merci Arnaud, tu rentres chez toi à Scottsdale ?
- Oui j'ai des choses à faire.
Leur discussion fut soudainement interrompue :
- Je viens avec toi Arnaud ! Cela ne te dérange pas ?
Tous les yeux se dirigèrent vers Thatcher venant de se rapprocher un balluchon de l'armée américaine à la main. La grande blonde arborait un pantalon treillis slim kaki laissant deviner ses formes et un tee-shirt court laissant entrevoir son ventre plat percé par un zirconium au nombril.
- Qu'est ce que cela veut dire ? gronda Kennedy
- J'ai besoin de sortir un peu de ce trou à rat pour faire le point.
- Mais tu n'y penses pas ! Tu es recherchée par tous les Feds que peut compter ce pays !
- C'est toi qu'ils recherchent, pas moi. Et puis j'ai tout prévu pour ne pas me faire reconnaître par les IA pilotant les caméras de surveillance... dit elle en rangeant ses cheveux longs dans une casquette de l'US Army et des blinders qu'elle aurait pu emprunter à Isabelle.
Kennedy tira la quadra par le bras pour l'extirper avec violence du groupe. Une fois seuls dans un coin de la pièce, il grommela :
- Qu'est ce que tu cherches là ? Tu veux me rendre jalou en partant en goguette avec ton ex ?
- Cela n'a rien à voir avec Arnaud. Je veux prendre le large un moment pour faire le point sur ma vie.
- Faire le point sur ta vie ? Mais elle est vide ta vie ! Si je n'avais pas été là pour te prendre avec nous, tu serais en train de faire le tapin sur les parking à routiers pour une misérable dose de dope.
- Tu crois que notre vie ici est meilleure ? On reste cloîtrés dans ce bâtiment pourri comme des texans trumpistes parano attendant une pseudo apocalypse dans leur abri atomique.
- Si tu nous compares à ces "moines trumpistes", c'est que tu n'as vraiment rien compris à notre cause.
- Mais c'est la même chose. Ce n'est pas le même extrême c'est tout. Soit lucide, ta révolution numérique n'aura jamais lieu ! On va tous finir en taule et ma vie sera vraiment foutue.
- Tu sais ce que je crois ? C'est que tu es sous le charme de ton ex. S'il n'était pas passé nous voir avec sa Phoebe débile, tu n'aurais pas eu ce genre d'idée.
- Eh bien peut-être ! Mais lui au moins il a un avenir !
- Thatcher, si tu franchis cette porte, c'est la dernière fois que l'on se voit.
La grande blonde déguisée en GI s'arracha de l'emprise du Hacker mesurant un mètre soixante. Ramassa son sac et cria les larmes aux yeux :
- On y va Arnaud ! Je t'attends. Au revoir Isabelle, ce fût un plaisir. Prenez soin de Stan !
Arnaud, penaud, sentant que ce n'était pas le moment de se faire remarquer, se dirigea vers la porte lui aussi avant de se faire rattraper par Kennedy.
- Toi, tu ne perds rien pour attendre !
Le français ne répondit pas et referma la porte derrière lui une fois sorti.
- Aller, démarre vite avant que je change d'avis, ordonna Thatcher une fois installée à l'avant de la Fastback.
Le V8 monta dans les tours et la vieille de soixante neuf s'ébroua en faisant crisser ses Cooper Cobra GT.
- Mais tu sais où tu vas aller ?
- Pas vraiment, mais je n'en pouvais plus... Je vais peut-être rappeler à ma mère qu'elle a une fille.
- Elle habite où ?
- A Phoenix, avec mon beau-père.
- Je ne savais pas que tu étais originaire d'Arizona.
- Je n'en parle pas souvent. On a déménagé là-bas il y a vingt ans. Nous habitions le New Jersey lorsqu'elle l'a rencontrée. J'avais vingt ans, nous étions assez proches, elle et moi à cette époque. Elle a rencontré ce sale type. Il m'a draguée tout de suite. Il a même voulu me violer.
- Je suis désolé. Tu ne l'as pas dit à ta mère ?
- Si... Mais il était riche. C'était inespéré pour elle qui avait toujours vécu misérablement de son maigre salaire de serveuse. Elle n'a rien fait, alors je suis parti.
- Mais tu n'avais pas terminé tes études ?
- Non et j'ai tout laissé tomber. J'ai vécu de petits boulots. Puis j'ai fait des mauvaises rencontres. J'ai toujours été attirée par les vauriens. Le dernier m'a fait plonger dans la dope. Puis, il m'a foutue sur le trottoir car je lui coûtait trop cher. A la fin, j'enchainais vingt passes par jour et cela n'était pas encore suffisant pour lui.
- Je suis désolé.
- Tu es le seul gars bien à mon tableau de chasse Arnaud. Je ne te méritait pas.
- Arrête ! répondit le français les yeux fixés sur la route désertique et désespérément droite devant eux.
- C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Kennedy. C'était un jeune cadre en informatique introverti qui venez chercher sa consommation de sexe hebdomadaire. En voyant mon état, il a été très correct. Nous n'avons pas couché ensemble et nous avons discuté toute la nuit. Sa vision dystopique de la société me ressemblait.
Il m'a recueillie, m'a fait entrer dans son groupe de potes qui allait devenir les Helter-Skelter et m'a sevrée de la cocaïne.
- Et c'est à peu près à ce moment-là qu'il m'a contacté sur le dark web pour me proposer d'intégrer son groupe, répondit Arnaud en détournant son regard de la route pour le plonger dans les yeux vert humide de la fille du New Jersey.
Thatcher n'eut pas le temps de répondre, elle cria :
- Arnaud ! Attention !...
Le futur marié tourna la tête vers la route et vit les phares d'une Tesla à quelques mètres à peine du long capot de la Mustang. La collision frontale était imminente. Instinctivement, il donna un violent coup de volant sur la droite en se rappelant de bien diriger son regard à l'endroit où il voulait aller. Ils rentrèrent la tête dans les épaules, serrèrent les fesses en anticipant le probable choc.
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