Le manchot Kamasutra


Soudainement, une pelletée de documents apparut sur le moniteur central. On pouvait y voir des transcriptions de SMS, des messages vocaux, des e-mails et même quelques vidéos.

Phoebe ouvrit le premier message vocal :

- Tout est prêt John ?

- Mais c'est la voix de Connelly, gronda Stan.

- Ecoute la suite, lui répondit Phoebe

- Oui Monsieur, nous avons vérifié une nouvelle fois l'accès au réseau des distributeurs des stations service, à la télévision, au batteur et à la voiture.

- Nous pouvons lancer l'opération ce matin alors ?

- Oui leurs agenda en ligne sont cohérent, la rencontre est possible.

- La rencontre ? Mais quelle rencontre ? s'écria Stan.

- Je t'ouvre cette vidéo de surveillance de la station service et tu vas comprendre.

Un vidéo en noir et blanc de qualité médiocre s'afficha à l'écran.

On pouvait y voir un homme s'énerver sur un distributeur automatique de boisson et une femme stressée entrer dans la boutique.

- Mais c'est Cécile !

- Oui et l'homme tu ne le reconnais pas ?

- C'est le botaniste chauve.

- Il n'est pas botaniste je crois Stan.

- Je sais, il travaille chez Alice Corp. Nous l'avions découvert avec Arnaud. Mais j'aime bien lui donner des surnoms.

- Regarde la suite.

Sur la vidéo, les deux inconnus avaient entamé une discussion. Elle semblait plaisante. Cécile se mit même à rire et fit un signe d'acquiescement à l'homme à la tonsure effectivement éclatante.

- Je savais qu'Alice Corp. faisait du Dogfooding avec ses employés mais pas à leur insu !

- Oui Stan c'est vraiment limite je suis d'accord... répondit la madone numérique.

- Connelly est vraiment un connard ! conclu le cocu éclairé.

Pendant ce temps, Isabelle s'était levée et regardait la scène sans dire un mot, cachée dans l'entrebâillement de la porte d'entrée de la grande salle.

- Veux tu voir la suite ? proposa l'IA au cocu vidéaste.

- Cécile m'avait raconté leur rencontre mais, oui, vas-y.

La vidéo d'une seconde caméra de surveillance s'ouvrit à l'écran. Les deux futurs adultérins, assis au bar de la station service, riaient et se rapprochaient. Parfois même, Cécile posait une main sur le bras du salarié d'Alice Corp.

- Comment te sens-tu Stan ?

- C'est vraiment difficile pour moi.

- Tu ressens toujours quelque chose pour Cécile.

- Je ne sais pas, difficile à dire. Je pensais avoir tourné la page mais, tu viens de me montrer que tout cela était une machination de cet enfoiré de Connelly. Je suis perdu.

- Après tout ce qu'elle t'a fait endurer ensuite, tu serais prêt à remettre le couvert ?

- Tu as appris de nouvelles expressions Phoebe ?

Oui, j'imagine que cela accentue mon caractère humain. Ce n'est pas le cas ?

- Si peut-être... Tu sais, c'est la mère de mes filles. S'il reste le moindre espoir, je dois bien cela à ma famille.

A l'écoute de ces mots du français, Isabelle repartit brusquement vers le dortoir.

- Tu es vraiment trop conne ma fille ! se dit-elle avant de poursuivre. Tu t'es faite avoir encore une fois ! Tu t'amouraches du premier venu en pensant qu'il va être l'homme de ta vie, tu lui donnes tout et tu te fais avoir.

Une fois près de son armoire, elle prit toutes ses affaires et les mis en vrac dans sa valise. Les fioles de vernis à ongles, les parfums, les strings et les robes d'été... tout était mélangé à un tel point qu'elle eut du mal à fermer la fermeture éclair du baluchon.

- Mais cette fois-ci, j'ai retenu la leçon. La jeune ingénue du quartier latin s'échappe avant d'être prise au lasso de "l'amerloc" dominant.

Dans la salle principale, la séance de diapo se poursuivait.

- Un dernier document si tu le veux bien Stan.

- Oui vas y.

Phoebe projeta une présentation Powerpoint.

- Comment as tu pu avoir accès à tous ces documents ? On dirait une synthèse secrète sur un programme interne à Alice Corp.

- Oui c'est bien cela, il expose les attendus de l'expérience appelée "Love Story" et son avancement.

- Avoir utilisé, à leur insu, un employé et la femme d'un autre pour valider son algorithme à des fins commerciales, Connelly est vraiment un tordu ! Je vais aller lui casser la gueule ! dit Stan en furie.

- A mon humble avis, cela ne ferait que de te créer de nouveaux problèmes lui répondit la vierge numérique pleine de sagesse.

- Tu as peut-être raison mais cela me soulagerait.

- Ma modeste compréhension des humains tend à me faire croire que, toute autre rencontre aurait pu faire chanceler Cécile. Ne le crois-tu pas ?

- Tu fais des progrès Phoebe. Oui je pense que tu as raison.

Stan n'eut pas le temps d'argumenter. Isabelle déboula dans la salle avec sa valise et ses Blinders sur le nez.

 -Vous nous quittez Isabelle ?

- Oui Phoebe, j'en ai assez de toute cette histoire.

- Il y a un problème ? questionna Stan

- Non mais je dois retourner à mon labo et à mes recherches. Je les ai trop négligées ces derniers temps.

Le français se leva et prit la chercheuse par le bras pour l'emmener dans une autre salle du vieux casino désaffecté. Il s'agissait d'un autre espace dédié aux machines à sous dédiées aux adultes uniquement. On pouvait y voir une fresque érotique sur le mur en béton. Le style typique des années cinquante, exposait un homme, dont les poches étaient remplies de Dollars, entouré de nymphes nues dansant sous une pluie de billets.

Drôle d'endroit pour une rupture... pensa la française en riant jaune

- Alors dis moi Isabelle. Que se passe-t-il ? Je n'aurais pas dû profiter de toi comme cela dans la chambre il y a une heure.

- Tu n'as pas profité de moi Stan. J'ai passé un moment très agréable.

- Alors pourquoi partir si brusquement ? Pourquoi maintenant ? Il nous reste tout à découvrir sur Phoebe et sur nous deux.

- Ça ne marchera pas Stan. Tu es ici, tes enfants aussi, et moi, je ne quitterai pas la France.


Humm, ouiiii !!... Donne moi tout ce que tu as, c'est bon !


Au son de ces gémissements anachroniques vue la situation, les deux détectives de fortune se retournèrent pour découvrir un bandit manchot resté branché. Décorée de levrettes, cavalières, grenouilles à la nage, cadenas et autres cuillères, la machine à sous était une ode au Kamasutra. Aligner cinq missionnaires, et le gros lot de cinquante mille Dollars était gagné.

Isabelle, au bord des larmes, poursuivit :

- Et je ne suis pas faite pour être en couple. Ça ne fonctionnera pas.

- J'ai l'impression que moi non plus je ne suis pas fait pour être en couple. répliqua Stan avant de continuer :

- Mais nous ne sommes plus de jeunes ados découvrant l'amour. Nous savons bien que le couple stéréotypé famille, métro, boulot, dodo n'est plus de nos âges. Ce sera forcément une architecture différente de relation.

- N'insiste pas s'il te plait ! supplia la petite sœur d'Alain pleurant maintenant à chaudes larmes.

- Tu sais Isabelle, vu ce qu'il vient de m'arriver avec Cécile, je ne me projette pas. Je veux juste profiter du peu d'années qu'il me reste.


Le voilà qui me parle encore de Cécile. Je prends vraiment la bonne décision. Il n'est pas prêt. Je ne veux pas être la femme pansement. Mais je ne peux pas lui dire. Il faut que j'invente une autre raison. Aller, débrouille toi ma petite... pensa-t-elle.


- Tu n'es pas mon genre d'homme Stan, je dois être honnête avec toi.

Mais quelle connerie tu as été chercher là ! Bravo, tu vas bien lui casser le peu de confiance en lui qui lui reste. Ce n'est pas vrai en plus !


Effectivement, le geek français ratissé semblait accuser le coup. KO comme un boxer, il éprouva le besoin de s'asseoir sur une chaise tapissée de moquette typique US oubliée dans la salle.

Humm ouiii... fais moi mal mec ! Montre moi ce que tu as dans le ventre... gémit une nouvelle fois la machine à sous qui avait le dont des répliques juste à propos.

- Qu'est ce qui ne te plait pas chez moi ?

- Tu es trop gentil pour moi. Il me faut un "Bad Boy". Un gars avec un caractère aussi fort que le mien.

De mieux en mieux ! Mais vraiment n'importe quoi Isabelle ! pensa t-elle

Le cocu largué deux fois, piqué au vif, ne pu s'empêcher de rétorquer :

- Alors là je ne comprends plus. Je suis SDF car on m'a reproché d'être narcissique et de ne penser qu'à mon propre plaisir et maintenant, on me dit que je ne suis pas assez "Bad Boy"...

Et bien va te le chercher ton "Bad Boy" ! Et ne t'étonne pas si tu es encore seule dans dix ans parce que les sales types que tu auras rencontrés se seront servi de toi !

- Tu as sans doute raison Stan, mais c'est comme ça ! conclut Isabelle énervée et en pleurs.

Game Over, s'écria une femelle en chaleur sortie à propos du bandit manchot


La disparition de la silhouette sensuelle de la belle brune et, surtout, claquement de la porte du vieux casino s'abattèrent sur le français découragé.

L'ultime espoir de futur venait de disparaître. Une nouvelle fois, il se sentait vidé et découragé. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top