Jardin Japonais [New Version]
Le milieu d'après-midi était chaud mais l'été indien nord-américain si cher à son cœur, n'inspira pas Stan pour une fois. Le quadra ne faisait pas attention à la météo à ce moment précis. Il n'avait qu'une hâte : parcourir en moins de deux le long chemin séparant la tour centrale du « portillon mécanique poète » pour s'échapper par le parking avec l'ordinateur d'Alain toujours dans son sac.
« Bravo Stan, vous rééquilibrez votre temps de travail de... »
Stan ne laissa pas terminer le tourniquet numérique et passa à l'extérieur avant même la fin de sa phrase.
Ouf ! Je vais maintenant avoir tout le temps de disséquer le pc d'Alain, se dit-il soulagé d'être sorti du centre.
Mais encore fallait-il faire sauter le mot de passe. Sur ce sujet, il savait sur qui il allait pouvoir compter : son ami Arnaud bien-sûr.
Il était deux heures de l'après-midi et il n'avait pas déjeuné. Mais qu'importe, de toute manière il n'avait pas fait de repas digne de ce nom depuis plusieurs jours.
Cependant, il ne pouvait pas arriver chez Arnaud si tôt. Il n'avait pas envie de repasser à la maison non plus. S'il rentrait à l'improviste maintenant, sans prévenir Cécile, ce qu'il risquait de découvrir l'effrayait. Et, en même temps, il avait envie de savoir. Peut-être parce qu'il aimait se faire du mal ou parce qu'il se disait que de matérialiser la relation adultère de Cécile lui permettrait d'entamer le processus de deuil de son mariage.
Il conduisait absorbé par ses pensées et il ne vit pas qu'un drone miniaturisé, pas plus gros qu'une hirondelle, l'avait pris en chasse depuis son départ d'Alice Corp.
En arrivant dans le lotissement, il ne vit personne. La voiture de Cécile n'était pas là. Son sang ne fit qu'un tour et il décida de la ou les chercher dans les rues de San Mateo. « Chercher » était un bien grand mot. C'était idiot mais, parcourir la ville en espérant apercevoir sa silhouette permettait à Stan de se sentir un peu avec elle. Le Tahoe « patrouilla » les rues du City Hall à l'extrême sud de la ville jusqu'au Seal Point Park tout au nord, en passant par la St Matthew Catholic elementary School où étaient scolarisées les filles. Même l'église Episcopal Church of St Matthew eut le droit à une petite visite... Il ne vit rien, même pas un début de silhouette blonde qui aurait pu ressembler à Cécile.
En désespoir de cause, il se gara sur le parking de l'arboretum attenant au San Mateo Central Parc à côté de chez eux.
Une fois garé sur ce parking, fatigué nerveusement, il ferma les yeux un court instant et écouta les champs synthétiques d'oiseaux qui lui étaient familiers.
Mais cela ressemble à sa Mini !
Quelle ne fût pas sa surprise en apercevant la petite décapotable blanche qu'il avait offert à sa femme pour son anniversaire il y a un an et dont il reconnut rapidement la plaque d'immatriculation.
Elle paradait là devant lui, isolée au centre du parking. Mais, elle n'était pas tout à fait seule. Garée juste à côté, le cocu pu découvrir une Jeep Wrangler Willys hybride noire. La mini semblait minuscule à côté des énormes roues du 4x4.
Stan sentit sa pression sanguine monter en flèche, son cœur s'emballa à la manière de celui de Sean Penn trouvant un paparazzi dans sa chambre d'hôtel. Il voulut en avoir le cœur net et sortit de la voiture pour se diriger vers le parc.
Le maire et tout le conseil municipal de San Mateo vous souhaitent la bienvenue Monsieur Martin. Attention tout de même à bien respecter les règles en vigueur pour le bien-être de tous. Pour toute demande d'information n'hésitez pas à vous rendre à l'antenne du shérif au fond à droite de ce bâtiment.
- Je m'en cogne un peu du maire là tout de suite si tu veux mon coco...gronda Stan nullement surpris par la reconnaissance faciale mise en place dans toute la ville il y a deux ans.
Il était dans un état second. Il ne vit rien en débouchant dans le premier jardin à l'anglaise puis, une fois arrivé à la partie japonaise du parc il distingua au loin sur un banc la chevelure blonde de Cécile. Il stoppa net, dans l'impossibilité de faire un pas de plus comme pétrifié par la nuée ardente du Vésuve à Pompei. De là où il était, il ne discerna de l'homme assis à côté de Cécile qu'un crâne dénudé et des chaussures de sport blanches.
Instinctivement et de manière absurde, il s'enfuit et sprinta vers sa voiture. Il ne pouvait supporter cette vision des deux amoureux sur ce banc et pourtant, les chercheurs en IA le savent bien : le cerveau mémorise les images en fonction de l'intensité émotionnelle ressentie au moment où elles surviennent. Celle-ci allait malheureusement être gravée dans le cortex de Stan jusqu'à la fin de ses jours....
Au revoir Monsieur Martin, le maire et tout le conseil municipal espèrent que votre visite vous a été agréable...
L'ex maintenant officiel de Cécile remonta dans le Tahoe sans oublier de prendre tout de même le temps de noter la plaque de la Willys. En passant devant une épicerie, il acheta deux téléphones prépayés sans connexion internet et rentra dans cette prison dorée qu'était devenue cette superbe maison.
Stan s'installa dans le bureau, ferma les volets, débrancha l'assistant personnel de la pièce de peur qu'il l'écoute. Puis, il recopia le numéro d'Arnaud dans un des téléphones prépayés et mit son smartphone sur « off ». Une fois en sécurité selon lui, il commença à parsemer les murs de post-it, de plans, de photos d'Alain, de bouts de codes d'Humanity, de photos satellites de Steeve Jobs et du centre d'Alice Corps.
Mise à jour des coordonnées de la cible. Merci d'envoyer la relève car niveau de batterie faible.
Le petit drone à tête grosse comme celle d'un moineau, venait de transmettre la nouvelle position de Stan. Perché sur une branche de l'arbre du jardin, il ne put cependant envoyer que la photo de la fenêtre du bureau obstruée par les volets. Ayant lui aussi parcouru toute la ville en suivant le cocu détective, il se trouva fort fourbu. Ayant tout de même réussi à sauvegarder assez d'énergie pour rentrer à sa base, il dû demander des renforts.
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