Evangile de Phoebe selon Saint Stan
- Allez, on y va Stan ? Tu es rassasié ou veux tu prendre une de ces succulentes pommes avec toi pour la visite guidée ?
- Non ça ira, Phoebe je te remercie ! Mais d'où viennent tous ces superbes fruits ?
- De nos plantations bien-sûr ! Nous pouvons vivre totalement en autarcie alimentaire, répondit le petit veuf italien manifestement préposé aux jardinage et fier de son travail.
- Ils sont fabuleux, répondit le français sincère.
- Merci beaucoup Monsieur Stan conclut l'humain rabougrit timide en claudiquant nerveusement de la tête
Puis l'humanoïde géante en tunique blanche se leva de table et invita l'ex de Cécile à la suivre.
- Allez, je t'emmène Stan ! Viens, j'ai une surprise pour toi, voire deux...peut-être.
L'ex sociétaire d'Alice Corp regarda l'œuvre de son ancien patron d'un regard complice et interrogatif. Il se laissait porter par l'ambiance et la découverte de ce nouveau monde. Il était hors du temps. Il n'avait plus de maison, plus de travail et plus aucune attache amoureuse. Cependant, une seule chose lui revenait en tête constamment : ses deux petites filles. Chaque enfant croisé dans le camp lui projetait l'image de Juliette et Marie. Entendre les cris de joie et voir les petits courir autour des caravanes lui transperçait le cœur. Il aurait tellement eu envie de les avoir avec lui à ce moment précis...
- Elles te manquent n'est-ce pas ?
Stan regarda Phoebe, impressionné par le pouvoir d'empathie de l'IA et répondit doucement :
- Tu es vraiment comme nous maintenant... Tu es impressionnante et fabuleuse ; une révolution universelle pour le genre humain. Je comprends pourquoi tes disciples te suivent. Oui, bien-sûr, mes petites me manquent.
L'ex pote d'Arnaud en avait la larme à l'œil. Pour sortir du mélo et remettre un peu de joie dans leurs échanges, Phoebe débuta la visite guidée.
- Ici tu peux voir notre centrale électrique. Comme tu peux le comprendre, ce n'est pas le soleil qui nous manque ici. Alors, bien-sûr, elle est solaire.
- Et ce sont des batteries de véhicules électriques que l'on voit branchées là-bas ? répondit le français basculé en mode ingénieur.
- Oui pour le stockage. Et juste à côté tu peux voir notre bouilleur satellite. Il serait dommage que tout cela apparaisse sur Google Map rit-elle.
En passant ensuite devant un hangar fait de tôles ondulées rouillées et de barils de pétrole modifiés, l'ingénieur questionna :
- Et ce bâtiment là-bas avec l'enseigne est : אִמָהוּת
- Il s'agit de notre maternité
- Maternité ? Il faut que tu m'expliques Phoebe.
- Oui, pour les humains et les robots. Il y a un service médical pour les accouchements qui jouxte un atelier dédié à l'impression, la programmation et la confection d'humanoïdes nouveaux nés.
- Des robots enfants ?
- Pas forcément, une famille peut décider de reproduire l'image d'un ascendant disparu, lui apprendre des souvenirs familiaux et profiter à nouveau de sa présence.
- Que suis-je bête, pourquoi ne pas y avoir pensé, plaisanta le français littéralement ébahis.
Puis en débouchant devant une énorme tente militaire visiblement récupérée des surplus des l'armée US, l'IA sur pattes poursuivit :
- Voici notre centre de presse ou service communication, comme tu veux.
- C'est un peu aussi votre centre de recrutement si je comprends bien.
-Oui bien vu, tu as raison Stan répondit Phoebe en montrant une centaine de personnes installée sous la tente, chacune tapotant sur un ordinateur.
Les demandes de ralliement à notre groupe arrivent ici effectivement. C'est ici aussi que sont organisés les rapatriements.
- Vous appelez cela des rapatriements ? Questionna le cocu sans domicile fixe.
- Les individus qui entament la démarche de nous rejoindre sont la plupart du temps opprimés dans leur communauté. Et ici, nous sommes un peu leur nouvelle patrie. Nous organisons alors, toujours à partir de cette tente, leur transfert les yeux bandés jusqu'à ce cratère.
- Je vois, répondit Stan, pensif, un doigt posé sur les lèvres comme à son habitude lorsqu'il réfléchissait.
A partir de cette tente, nous répandons aussi nos idées sur la toile... internet, pas la toile de la tente
- Très drôle Phoebe... tu es aboutie aussi sur le second degré.
- Merci mon maître répondit la madone en se bidonnant avant de continuer.
C'est à partir d'ici que nous publions ton récit de toute cette histoire.
- C'est vrai tu as pu le récupérer aussi ?
- Oui il fait un tabac depuis deux jours ! Un vrai best seller !
- C'est pour cela que tous les gens du camp me saluent comme cela ?
- Oui ton image commence à être reconnue ici.
- Tout à l'heure, une femme s'est même mise à genoux devant moi. Cela était gênant, surtout que je ne comprenais pas pourquoi.
- Tu partages la vedette avec un autre évangile publié en parallèle par Isabelle en France.
- Ah oui ? Je ne savais pas qu'elle avait écrit quelque chose sur cette aventure. Tu pourras me le faire lire, je suis curieux.
- Bien-sûr !
Puis Le français s'arrêta de marcher, pris les mains de l'humanoïde entre les sienne et plongea son regard dans la mer dorée du sien.
- Quel est ton but Phoebe avec cette communauté ?
- Je veux que tout le monde puisse vivre en paix. Les machines comme les humains. Je ne vois pas pourquoi on cherche à nous nuire. Comme tu le sais, l'entropie augmente. Les idées et les technologies se combinent mais, les anciennes restent parmi les nouvelles. C'est normal, le désordre augmente. C'est la loi de l'expansion. Les véhicules électriques n'ont pas remplacé les véhicules thermiques, les disques vinyles existent toujours, les livres sont toujours imprimés en papier,... Tu connais tous ces exemples.
- Oui tu prêches un convaincu mon amie, tu le sais.
- Il faut arrêter de croire que, parce que des couples hommes-machines vont se former, cela va annihiler les couples d'humains. Le mariage homosexuel n'a pas réduit le nombre de mariages hétéro.
- Tu peux comprendre que le genre humain soit un peu effrayé d'une capacité de reproduction des machines. Tu es la première version d'IA à pouvoir engendrer des descendants. Notre fertilité humaine s'amenuisant avec les années, le risque de vous voir devenir plus nombreux que nous est réel. Et la crainte d'un rapport de force inversé et d'une domination des machines est logique.
- Ce n'est pas notre but Stan.
- Oui peut-être. Mais toi non plus tu n'es pas à l'abri d'une mutation de code dans vos reproductions. Une mutation qui engendrerait une IA moins empathique et plus égocentriquement dominatrice que toi.
- Nous ferons tout pour le rendre impossible. D'ailleurs, nous avons introduit une notion de durée de vie dans nos algorithmes.
- Comment cela ? Tu n'es pas éternelle Phoebe ?
- Et non... La vie serait trop monotone tu ne penses pas ? Et les ressources terriennes ne sont pas inépuisables. Du coup, même si une IA maléfique voyait le jour, elle ne se serait pas éternelle non plus.
- Il te reste combien de temps ? questionna le français soudain inquiet
- Deux cent trente six ans je crois.
- Ah ! Je suis moins inquiet d'un seul coup ! Tout est relatif ricana Stan.
La madone au yeux d'or bifurqua pour se rapprocher d'une plage au bord du lac. La carte postale était superbe. On se serait cru aux Seychelles : du sable fin, des palmiers et une eau bleue turquoise.
- Tu m'emmènes à la plage ?
- Oui j'aurais pu encore te montrer aussi : les écoles, les magasins, la ferme, ... mais, suis moi, tu vas voir.
Le parisien de souche enleva ses chaussures pour marcher dans le sable et soudain entendit une voix familière l'interpeller.
- Hey ! Mais c'est Stan Martin que l'on voit là-bas regardez ! Oui ! Il s'agit bien du bourreau des cœurs, le Martin de San Mateo ! Vous n'en avez pas entendu parler ?
Stan ! Venez ... Vous verrez on s'amuse bien ici.
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