Epilogue
Stan interloqué tourna la tête. Il vit avec ravissement et joie son ami Mendes, entre deux palmiers, sur une chaise longue, sous un palmier et entouré de cinq superbes créatures en bikini.
L'apôtre venu de France se sentit instantanément réconforté et revigoré. Il ne savait pas par quel pouvoir ou quel talent Mendes lui procurait cette sensation. Ce n'était vraiment pas sa fonction au SFPD. Il ne savait pas l'expliquer.
Pourtant en voyant le tableau, à priori rien ne poussait à imaginer cela. Mendes arborait un short de bain de sa couleur fétiche, le jaune ensoleillé. Un verre de Tequila Sunrise à la main comme dans le film du vingtième siècle, mais sans Mel Gibson.
- Mendes ! Mais que faites vous là ! Quelle joie de vous retrouver, cria le père égaré.
Il s'approcha en courant. Sans prendre le temps de se demander si les filles en maillots de bain étaient humaines ou synthétiques.
Elles eurent juste le temps de s'écarter en abandonnant l'épaisse couche de crème blanche épandue de leurs mains douces sur les pectoraux bedonnants du mexicain. Le verre du lieutenant à peine posé pour éviter à la téquila une métamorphose en version sunset, Stan l'avait déjà pris dans ses bras.
- Que vous êtes un peuple attachant vous les Français : toujours prêts à donner des leçons au monde, la tête bien haute fiers comme le coq, mais à revenir vous carapater dans les bras de l'oncle Sam en cas de situation trop périlleuse, ricana le moustachu pas mécontent non plus de ces retrouvailles.
Après l'ascenseur émotionnel de ces dernières semaines, les nuits blanches, les blessures, les morts successives, les deux amis profitèrent longuement de ce moment de répit offert par cet échange fraternel.
- Bon Phoebe, pourrais-tu dire au français de me lâcher un peu ? Cela devient gênant devant mes nouvelles amies, dit un Mendes toujours avare lorsqu'il s'agissait de dévoiler ses sentiments.
- Je suis si heureuse de vous voir tous les deux réunis comme cela !
- C'est grâce à toi Phoebe ! répliqua Stan assis sur la chaise longue en prenant un Lieutenant grimaçant par les épaules.
La discussion fût alors momentanément interrompue par une nouvelle livraison de pèlerin par boule de drone passant juste au-dessus de leur tête. Mais les trois compères poursuivirent :
- Pourquoi être venus ici, André-Pierre ? Il vous reste votre mère... Et le SFPD, que va-t-il devenir sans vous ?
Le mexicain mit la main sur la bouche du français.
- Chut ! Personne ne connait mon prénom ici ! On m'appelle : El Magnifico !
Malheureusement pour lui, il était déjà trop tard. Les cinq donzelles aux mains pleines de crème gloussaient déjà en répétant plusieurs fois " André-Pierre".
- Voilà, vous êtes content Stan !
- Désolé "son altesse El Magnifico" répondit l'ex suicidé.
- Non ! "El Magnifico" tout court ! Il faut tout vous expliquer décidément...
Puis reprenant son sérieux Mendes poursuivit :
- Il y a quelques jours, juste après que l'on se soit joint par téléphone, Phoebe m'a contacté. Elle m'a raconté ce qu'elle construisait ici.
- Et le lieutenant a accepté tout de suite de venir faire un petit stage pour expérimenter l'ambiance. Et force est de constater qu'elle a l'air de bien lui convenir non ? précisa en souriant la grande femme au cheveux blonds.
- Mon boulot me passionne moins qu'avant, en vieillissant la solitude me pèse chaque jour un peu plus et cela faisait une éternité que je n'avais pas pris de vacances. LA cinquantaine et ses envies de pisser nous poussent à un dernier baroude d'honneur, vous n'êtes pas d'accord ? Et puis, ma mère me laisse tomber pour le voisin !
- Comment est-ce possible ? La belle Rosa, si protectrice avec son fils, a décidé de mettre les voiles pour un autre homme ? plaisanta Stan.
- Moquez vous ! Eh oui... Comme quoi tout peut arriver. Mais il était temps n'est-ce pas ? conclut le flic avec un sourire en coin complice.
Leur discussion fût à nouveau interrompue, mais cette fois-ci par un nouveau passage de l'humanoïde rafistolé, accompagné de son fidèle guidon de moto, errant dans le camp depuis son agression matinale.
- Te voilà encore ! Que je ne te reprenne pas demain à faire le même vacarme que ce matin ! cria le mexicain.
- C'est le motard qui a réveillé tout le camp, c'est cela ? questionna Phoebe.
- Oui la belle, il est fou ton pote ! répliqua le fin limier du SFPD.
Au premier tour de piste il m'a réveillé, mais tu peux être sûr qu'au second passage, je ne l'ai pas manqué. Il a attrapé le pompon. Un bon petit bourre pif par surprise, toute mécanique en ferraille qu'il est, la moto a continué son chemin toute seule pendant que lui usait son fond de culotte sur la caillasse.
Les trois amis éclatèrent de rire à l'unisson en regardant disparaître l'humanoïde boiteux.
Puis Mendes repris son sérieux et dit :
- Et cela sent un peu le roussi pour nous-autres à l'extérieur, vous ne croyez pas ? Il faut peut-être laisser un peu passer l'orage.
- Je pensais vraiment que c'était la fin effectivement, répondit Stan revoyant défiler sa chute du Bixby Bridge.
- Personne ne viendra vous trouver ici lui répondit l'IA rassurante. Ne vous inquiétez pas et restez autant de temps qu'il faudra.
C'est à cet instant que Phoebe fit un signe du bras à l'attention de la boule de drone venant de passer au-dessus de leurs têtes.
Le convoi revint pour se rapprocher du sol près du petit groupe. Le souffle des hélices fit s'envoler des grains de sable cinglants au grand dame des cinq naïades qui crièrent de douleur.
Puis comme elle l'avait fait pour Stan, les machines larguèrent leur charge à deux mètres du sol. Un cri féminin se fit entendre et résonna tout autour du lac.
- Non mais je ne le crois pas ! Vous me larguez comme un vulgaire sac de Mervilles. Et ma robe... Elle est pleine de poussière maintenant. Vous avez beau être l'expression de l'excellence de l'esprit humain, un peu de savoir vivre avec les dames ne vous ferait pas de mal !
Le français et le fils de Rosa regardèrent instantanément Phoebe. Ils reconnaissaient cette voix et cet accent typiquement parisien !
- Isabelle ! cria Stan avant de courir pour prendre la française dans ses bras.$
Elle ne bouda pas son plaisir et le serra fort elle aussi.
- Tu es revenue ?
- Oui mais ne t'enflamme pas, j'espère que tu as bien liquidé tous les cadavres dans tes placards...lui répondit la belle brune aux blinders.
Puis ce fût au tour de Mendes et de Phoebe de se joindre à eux. A eux quatre, ils formèrent alors le bouquet final de cette histoire.
Une histoire, bien que parsemée de robots et d'IA... profondément humaine après tout, non ?
* * *
La nuit était noire dans ce petit bureau exigu situé à proximité de la Porta di Santa Anna dans la via di Porta Angelica célèbre pour son accès direct aux archives secrètes du Vatican.
Au milieu de la pièce, sur le petit secrétaire du seizième siècle reposait un vieux poste T.S.F. à ondes courtes Radialva "Super Chic" de mille neuf cent quarante deux.
Ses lampes irradiaient la minuscule pièce de leur couleur orange-feu instable. La lumière ainsi formée battait au rythme des grésillements sonores tout droit sortis d'un film de la seconde guerre mondiale.
A cinq heure du matin, le bâtiment était vide de ses occupants et personne ne pouvait entendre le petit poste s'époumoner dans le noir.
C'est alors que soudainement, parmi les parasites, une voix d'outre tombe se fit entendre :
" Cardinal ? Cardinal vous êtes là ? Ça y est ils sont tous arrivés ! Cela a été plus long que prévu pour trouver les éléments et reconstituer ce poste à galène mais, c'est fait !
Cardinal ? .... Vous m'entendez ?
Je confirme, ils sont tous arrivés... je les garde à l'œil ne vous en faites pas.
Cardinal ? "
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