Chateau Angelus


Après l'accident évité avec les deux vieux et leur voiture autonome, la suite du trajet vers la maison d'Arnaud fut plus tranquille. De nuit, le désert d'automne ne laissait paraître, de-ci de-là, que quelques regards phosphorescents de coyotes. Thatcher regardait rêveuse la voûte céleste par la fenêtre ouverte de la Mustang. Ses longs cheveux blonds flottaient au vent et attiraient le regard du futur marié. Il ne voulait plus penser aux souvenirs romantiques et parfois torrides partagés avec elle. Thatcher n'était pas faite pour lui, elle lui était toxique et il ne devait pas replonger. Béa, oui Béa... Il ne devait penser qu'à Béa, rien qu'à Béa.

Soudain, des lueurs au loin détournèrent son regard bleuté. Enfin, les premières maisons de la East Sand Hills Road de North Scottsdale jaillirent de la pénombre. Elles paraissaient toutes semblables, de plein pied, dans le plus pur style Ranch nord américain. A cette heure tardive, plus aucune vie n'était perceptible. Malgré les efforts d'Arnaud pour ne pas réveiller les familles endormies, le gros V8 laissait échapper un grondement rauque résonnant dans tout le petit lotissement.

- Tu aimes habiter ici ? Toutes les maisons se ressemblent, il n'y a aucune originalité, dit Thatcher à son ami.

- Je reconnais bien là ton franc parlé, répondit Arnaud avec un sourire.

- Excuse moi, je devrais apprendre à tenir ma langue. Je suis blessante, je m'en désole.

- Non tu as raison, elles sont toutes identiques. Mais je ne recherchais pas l'originalité en venant ici. La proximité du désert m'attire. D'ailleurs, ma maison est la dernière de la rue là-bas. Tu vois ? Nous y arrivons.

En découvrant la longue ligne de toit basse et la brique de la maison, la sociétaire des Helter-Skelter en mal de liberté attesta :

- Ah oui effectivement, elle est vraiment isolée. Tu ne stresses pas parfois lorsque tu y es seul ?

- Non jamais. C'est drôle car Béa a eu la même réaction que toi en la voyant pour la première fois. Elle est toujours inquiète lorsque j'y séjourne seul.

- Cela t'arrive souvent ?

- Quelques fois oui.

- Une manière de respirer un peu en dehors de la vie quotidienne du couple ?

Avant de répondre le grand échalas, regarda son amie. Elle arborait un sourire taquin qui la rendait sexy. Il sourit à son tour et lui répondit :

- Oui quelque chose comme cela, tu as raison.

Elle surenchérit :

- Jamais de petits coups de canif dans le contrat avec une voisine pendant que tu séjournes ici ?

- Non jamais.

- C'est le moment de commencer ce soir alors !

Le geek, préféra prendre la remarque de la belle blonde à la légère et poursuivit sur le ton de l'humour :

- Thatcher, je deviens vieux. A cette heure tardive, mon érection ressemblera plus à un chamallow d'Halloween qu'au bras raide et bien tendu de la statue de la liberté ! Ce ne serait pas un cadeau pour toi.

- Dans ce cas là tu as raison, je ne me sens pas le courage de souffler sur les braises pendant des heures pour raviver le feu. Je laisse cela à ta fabuleuse Béa.

Ils se regardèrent et rirent de bon cœur. Le geek se gara devant le garage, tourna la clé de contact et les dix décibels du bruit du silence du désert se firent à nouveau entendre.

- J'adore ce silence, précisa Arnaud en se dirigeant vers la porte de la maison.

- C'est sûr que cela me change de Vegas, ricana Thatcher. Mais d'où te vient se besoin de silence ?

- Je ne sais pas. Ici personne ne rentre par effraction dans ta sphère protectrice. Aucun connard pour te faire une queue de poisson sur la route, pas une contrainte ni aucun rendez-vous, pas de réunion, pas de facture, rien... Juste l'universalité de l'immensité et le silence. 

- Le néant quoi... L'antichambre de la mort... Ca me fait flipper moi ton truc !

Ils pénétrèrent dans la maison. Les grandes pièces coulaient les unes dans les autres. La cuisine débouchait dans la salle à manger qui à son tour débordait dans le salon. Seul le coin nuit était séparé du reste par une porte.

En voyant les traces d'effraction à peine réparées, la belle blonde s'inquiéta :

- Il s'est passé quelque chose ici ?

- Ah oui, comme je vous le disais hier, ma maison a été visitée avant que je ne vous rende visite à Vegas.

- Je comprends pourquoi Béa est inquiète, répondit Thatcher. Puis, en regardant son compère dans les yeux tout en lui prenant la main, elle poursuivit :

- Ton cambriolage, la voiture qui veut nous percuter sur la route, le meutre de Mallet... Tout cela ne serait-il pas lié ?

- J'en sais rien mais je préfère ne pas y penser.

- Vous vous êtes foutus dans un fichu pétrin Stan et toi en tout cas.

Arnaud ne répondit pas, il était déjà parti à la cuisine ce qui laissa quelques minutes à Thatcher pour la poursuite de l'inspection curieuse du salon.

- Un Château Angélus 2020, cela te dit pour finir la soirée et bien dormir ? annonça le grand blond en brandissant une bouteille de rouge dans une main et un tire-bouchon dans l'autre.

- Ah oui ! C'est une super idée. Tu es vraiment génial.

- Tu vas me faire rougir ! répondit-il en ramenant deux verres qu'il posa, avec la bouteille, sur la petite table devant le canapé.

- Tu n'en serais que plus mignon encore... s'acharna l'égérie des Helter-Skelter qui semblait ne pas vouloir déclarer forfait.

- A la tienne ! répondit Arnaud en souriant comme s'il n'avait pas entendu la dernière réplique de la jeune femme.

Ils partagèrent cette première gorgée de vin les yeux dans les yeux avec un regard complice.

- Je me sens un peu sale après toutes ces heures en voiture et toute cette poussière du désert. Je peux aller me changer ?

- Oui vas-y bien sûr, n'hésite pas à prendre ce dont tu as besoin dans la chambre et profite de la douche aussi. Il doit y avoir des serviettes dans l'armoire.

Pendant que la belle se mettait à l'aise, Arnaud repensa à toute cette histoire. C'est vrai qu'il y avait de quoi être inquiet. D'ailleurs, machinalement, il se dirigea vers la fenêtre pour inspecter la rue et ses environs pour vérifier qu'il n'y voyait rien de suspect. Mais tout était calme et désert. Quelques voitures dans la rue mais, rien de bien extraordinaire à première vue.

- J'ai posé la serviette humide au pied du lit pour qu'elle sèche, cela ne te dérange pas ?

Le geek se retourna et la vue de la superbe blonde moulée dans une nuisette en lycra noir l'électrocuta comme un codamné sur une chaise électrique. Mais, quel plaisir de se retrouver dans la peau d'un condamné à subir les plus agréables plaisirs sexuels.

Tu t'égares Arnaud et rappelle-toi, tu vas te perdre si tu succombe ! Fais quelque chose ! Je ne sais pas moi... Rappelle-toi des doigts de pieds aux ongles noirs de Mendes lorsque tu as dormi à côté de lui ! Cela va réduire instantanément ton explosion actuelle de libido ! Pensa le français.

Cela fonctionna quelques secondes en effet. Mais la vue du petit ourlet de la nuisette remontant lentement au-dessus des genoux de la belle le fit replonger. Surtout que la scandinave immigrée aux US poursuivit sont travail de sape en s'approchant de lui lentement avec un déhanchement lascif que Tera Patrick ou Tracy Lords n'auraient pas renié.

- Tu te sens bien Arnaud ? questionna-t-elle d'une voix suave presque chuchotante fière de l'effet provoqué sur son ex.

Il n'eut pas le temps de répondre. Toujours debout devant la fenêtre, elle se plaqua contre lui comme un magnet de Dolly Parton sur un frigo américain. Il ne put s'empêcher de poser ses mains sur les hanches à la chair ferme et sensuelle. Le contact de ses mains eu pour effet d'arracher un soupir de plaisir que la jeune femme ne manqua pas de laisser échapper à deux centimètres de son oreille.

Il sentit instantanément les signaux d'une érection non désirée remonter de son boxer.

Ceci n'échappa pas à Thatcher dont le rythme respiratoire, scientifiquement dirigé vers l'oreille du geek, s'accéléra en phase avec les frottements de son bassin contre l'appendice masculin sequestré dans son pantalon.

Un mouton, deux moutons, trois moutons... Ne succombe pas mon gars ! Oui c'est cela, détourne ton esprit et compte des moutons virtuels, le cul plein de crotte accrochée à leur laine, sautant par-dessus une clôture corrézienne. Imagine une bonne vieille agricultrice avec des bas à varice en train de les appeler à l'aide de sa bouche n'ayant plus vu une dent depuis sa cinquantaine... pensa Arnaud.

Vu que cela avait l'air de fonctionner il recommença :

Un mouton, deux moutons, trois moutons... une bonne vieille fermière...

Puis s'emballant, l'histoire deriva quelque peu :

...fermière seins nus, avec des bas résilles, une cagoule noir en latex sans trou pour les yeux et une boule SM dans la bouche... Eh merde !

Son stratagème ne fonctionnant plus, il succomba. Il pris la tête de la jeune femme brusquement entre ses mains et l'embrassa à pleine bouche.

Thatcher, à la fois surprise et ravie d'être arrivée à ses fins, glissa sa main chaude vers l'entrejambe du futur marié. Elle caressa lentement la bosse dont l'augmentation de volume se poursuivit. Puis, elle prit le français par la main pour le mener jusqu'à la chambre.

Ils s'éloignèrent de la fenêtre sans savoir qu'un Dodge Tradesman blanc de mille neuf cent soixante dix huit tapis dans l'ombre de l'autre côté de la rue n'avait pas raté une miette de toute la scène.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top