Champs Elysées [New Version]

- Oui chef ! Cela avance petit à petit.

- Comment ça ? Vous croyez que je vous paie un voyage à mille Dollars pour que cela avance « petit à petit » ?

- Non vous avez raison. Mais ne vous inquiétez pas, nous venons de récupérer des indices très importants comme prévu.

- Bon, je vous fais confiance, mais il nous faut des résultats ! Le procureur s'impatiente Mendes ! Vous savez que les élections auront lieu le mois prochain et il ne peut pas se permettre de traîner un cold case comme casserole.

- Oui je le sais Chef ! Nous rentrons au pays demain.

- J'ai une info pour vous le mexicain.

- Ah bon laquelle ?

- Les balles retrouvées dans le corps de Mallet... Elles sont en Uranium appauvri.

- En Uranium appauvri ? répondit le lieutenant très surpris. Il s'agit de balles faites pour pénétrer un blindage lourd. S'en procurer est pratiquement impossible. Selon certaines rumeurs, seuls les snipers de l'US Army auraient ce genre de munitions dans leur paquetage. Elles ne peuvent être utilisées que dans des armes de calibre militaire.

- Oui c'est cela Mendes. Bon, faites attention à vous et tenez-moi au courant, surtout !

- Ok merci Chef.

Stan n'avait pas menti à André-Pierre. La fenêtre de cette chambre au trente quatrième étage de l'Hyatt Regency offrait une vue panoramique sur Paris. Avec ce coucher de soleil de début de soirée d'automne, le spectacle était féerique. Le mexicain prit une photo et l'envoya à sa mère.

Bon, j'ai bien pris note de leurs petites remarques sur ma chemise. Ils ne savent pas apprécier l'élégance mexicaine. Pas grave, ce soir je vais apprendre à ces français la véritable élégance, dit-il en se pomponnant devant le miroir de sa suite.

L'hispanique avait opté pour un pantalon orange associé à une chemise unie en tissu satiné rose.

Superbe tenue Monsieur Mendes. Les couleurs sont éclatantes. Ne voudriez-vous pas essayer plutôt un pantalon noir avec votre chemise ? dit le miroir connecté en clignotant rouge au rythme de sa voix métallique.

- Qui me parle ?

C'est moi, Monsieur. Votre miroir, je suis là à votre service.

- Ah je vois ! répondit Mendes avant de continuer. Miroir... Oh mon beau miroir ! Veux-tu bien fermer ta gueule s'il te plait !

Oh pardon Monsieur, veuillez m'excuser de vous avoir importuné, répondit l'objet connecté diplomate.

- Je préfère cela...

Si je puis me permettre une dernière petite remarque ?

Avant même de laisser le temps au lieutenant de répondre, son nouvel ami continua :

J'ai cru apercevoir un petit débris de nourriture entre l'incisive et la canine en haut à gauche et votre mâchoire supérieure.

Le mexicain vit clignoter sur la glace un cercle rouge entourant ses deux dents. Il se rapprocha du miroir pour enlever le débris avec la langue stoppant ainsi par la même occasion l'alarme sonore émis par le pire ennemi de Blanche Neige façon vingt et unième siècle.

Tout est parfait maintenant Monsieur. L'équipe du room service de l'hôtel vous souhaite une agréable soirée.

Ses cheveux enduits de gomina, son col ouvert sur un pendentif religieux doré et sa moustache sculptée de près, il ferma sa porte de chambre pour rejoindre Stan dans le lobby au rez-de-chaussée. Au fil des japonais le rejoignant dans l'ascenseur, il admirait comme pour la première fois, ses fidèles santiags en croco jaune. Les japonais eux, semblaient effrayés par tant de couleurs rassemblées sur un seul être. Ils fixaient les parois de l'ascenseur sans se retourner, comme s'ils ne voulaient pas être en mesure de témoigner contre cet étranger à l'allure trop extravagante pour être honnête selon les standards asiatiques.

Enfin la porte s'ouvrit et ils purent s'enfuir à toutes jambes. Le hall d'entrée de l'hôtel était rempli d'écrans géants proposant toutes sortes d'excursions aux touristes. Le choix s'étalait du bus impérial classique à la découverte de Paris by night jusqu'au survol du Château de Versailles en drone autonome bi place...
Dans le bar lounge, les touristes assis sur les fauteuils de style années mille neuf cent cinquante regardaient une retransmission holographique du dernier concert de LoonyStardust21, la première IA star de la chanson française.

En trois dimensions, la représentation hyper réaliste de la grande rousse aux yeux verts se trémoussait sur la scène du bar au rythme de ses compositions générées uniquement par algorithmes.

Comme de tout temps dans les pianos bars, les clients regardaient le spectacle d'un œil distrait tout en commandant leur dîner et la température de leurs chambres sur leur smartphones.

Mendes cherchait du regard son acolyte. Il le trouva debout près des portes tournantes. En s'approchant, il put entendre la fin de la conversation du cocu en transit qui parlait au téléphone :

- Comment cela ? Un Monsieur que vous ne connaissiez pas est venu dîner avec vous hier ? ... Je n'étais pas au courant. Et tu me dis qu'il a aussi un petit garçon de huit ans ?...

Le Chicanos fit signe à Stan en montrant sa montre pour lui signifier qu'il était temps d'aller se balader.

- Il s'appelle Clovis ?

Mais qui peut appeler son fils Clovis ! Un fan d'Astérix ? pensa très-fort le français ...

- Bonne journée les filles travaillez bien à l'école ! Je vous embrasse très fort et je vous aime !

Enervé et déprimé, Stan raccrocha. Le botaniste pilleur de nid s'était installé chez lui en son absence. L'envie lui prit de fracasser son téléphone contre le mur. Mais, la vue de Mendes à ses côtés et la peur du scandale le firent se retenir. Puis scrutant le mexicain de la tête aux pieds, il dit :

- Vous êtes superbe lieutenant !

- Il y a un problème répliqua le Chicanos qui sentit bien que Stan n'avait pas le moral.

- Je vous raconterai. Allez ! J'ai envie de me changer les idées ce soir, on va faire la fête Mendes !

Ils montèrent alors tous les deux dans un taxi stationné devant l'hôtel.

- Direction Pigalle en passant par place de l'Etoile s'il vous plaît ! indiqua Stan au robot chauffeur.

- Vous n'aviez pas dit qu'on allait dîner dans le quartier latin Martin ?

- J'ai changé d'avis ! répondit le français énervé par ce qu'il venait d'entendre de la bouche de ses filles. Pigalle sera moins fade pour un franciscanais de Broadway comme vous.

- Si vous le dites, murmura le lieutenant.

Le taxi démarra en trombe sur l'avenue de la Grande Armée et déboucha sur le rond-point de l'Etoile. Le mexicain ouvrit la fenêtre pour pouvoir prendre en photo l'édifice. Une escadrille de drones éclairés de bleu, de blanc et de rouge, formait un immense drapeau français. L'étendard numérique flottait au-dessus de la tombe du soldat inconnu.

- Les éclairages sont fabuleux. Vous savez y faire vous les français. Il était fort votre Napoléon pour penser que l'on ne l'oublierait pas en collant un bloc de pierre, qui ne sert à rien, au milieu d'une place pour bien emmerder les gens en les obligeant à tourner autour !

- Vous resplendissez de bonheur ! Cela fait plaisir à voir Lieutenant, dit Stan en souriant au basané multicolore.

Le flic n'eut pas le temps de répondre, le taxi empruntait déjà les Champs Elysées.

Je m'baladais sur l'avenue le cœur ouvert à l'inconnu. J'avais envie de dire bonjour à n'importe qui...

Le taxi robot chantonna le tube de Joe Dassin de sa voix métallique. Les deux compères, amusés par la scène, chantèrent à leur tour en cœur avec le chauffeur formant ainsi un joyeux trio.

Aux Champs-Elysées, aux Champs-Elysées

Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit

Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées...

Stan et Mendes se mirent même à danser en rythme à l'arrière de la berline. Ils rirent en oubliant leur cinquantaine, leur solitude et le stress de l'affaire Mallet.

Après la traversée de la Concorde, puis un passage devant l'Opéra, ils arrivèrent enfin à Pigalle.

- Arrêtez-vous devant le Moulin Rouge s'il vous plaît ! ordonna l'ex de Cécile au chauffeur mécanique.

- Bien Monsieur, tout de suite Monsieur.

La place Blanche était noire de monde. Mendes était dans son élément. Le quartier était finalement très peu différent du Red Light District de son enfance.
A la vue de son pantalon et de sa chemise, la place entière sembla se figer quelques secondes ; les dealers arrêtèrent de dealer, les rabatteuses de cabarets sexy n'accostèrent plus personne, les filles faisant le trottoir arrêtèrent de marcher et les drogués arrêtèrent de se piquer.

- On entre ?

- Où ça Stan ?

- Là, ici !

- Dans le Moulin Rouge ?

- Oui j'ai acheté tout à l'heure deux places à la conciergerie numérique de l'hôtel en attendant que Monsieur le roi du SFPD se pomponne.

- Vous êtes formidable Stan ! Je me demande bien pourquoi Cécile vous quitte !

- Moi aussi... pensa le français avant de continuer : on va oublier tous nos malheurs. Allez, venez Lieutenant !

Assis à une table proche de la scène, ils se délectèrent de la revue. Mendes ne manquait rien des déshabillés des danseuses et faillit tomber en syncope de bonheur lorsqu'arriva le moment du french cancan final.

- Jamais personne ne m'a fait un aussi joli cadeau Stan ! Exceptée, peut-être, Teresa lorsqu'elle m'offrit mon dépucelage.

- Je ne sais pas si elle avait apprécié, mais en ce qui me concerne, ce fût un plaisir André-Pierre !

Les deux hommes finirent la soirée dans un endroit plus silencieux et intime : un bar à gogo danseuses...

Au fil des whisky et des Tequila, le mexicain enseigna toutes les techniques de cette danse si chère à son cœur à un Stan qui, devant tant de charmes en mouvement, oubliait pour une fois quelque peu Cécile.

- Mallet a été tué par deux balles en Uranium appauvri ! dit soudainement l'homme arc-en-ciel.

- Ce sont des munitions militaires ça non ?

- Vous voyez qui pourrait utiliser ce genre de munitions ?

- Je suis ingénieur Lieutenant. C'est vous l'expert en armes à feu non ?

- Oui, vous avez raison. Espérons que vos talents de geek pourront nous en apprendre plus en ressuscitant votre sainte vierge numérique, comment elle s'appelle déjà ?

- Phoebe...

- Oui Phoebe c'est ça ! Bizarre ce nom, enfin tout est bizarre dans cette affaire... conclut pensif le mexicain lorsque le téléphone prépayé de Stan sonna.

- Tiens, j'ai un message... Étrange car nous ne sommes que trois à connaître l'existence de ces téléphones jetables : vous, Arnaud et moi.

- Cela doit être votre ami répondit le Chicanos le regard perdu dans le string blanc d'une danseuse toute parée de cuir.

Stan parcourut le message sans rien dire.

- Alors ! Vous attendez que les danseuses arrivent à l'âge de Biden pour me dire ce qu'il y a sur ce message ? Dépêchez-vous Stan !

- C'est un message codé dans un vieux langage qu'utilisait Arnaud avec ses amis hackers lorsque je l'ai connu.

" ... Viens me rejoindre, je suis avec Kennedy à Sin City.

Chez lui, la piscine est assez profonde pour instruire ta nouvelle protégée.

Appelle-moi lorsque tu seras dans la rue à la voie lactée virtuelle..."

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