Bienvenue en France ! [New Version]
- Oui, entrez !
La machine pénétra dans le bureau de Connelly dans un vacarme de vérins hydrauliques mélangé au craquement du sol s'écrasant sous le poids de plus d'une tonne.
- Bonjour Monsieur Connelly. Vous allez bien ?
- Ah Titan ! Oui très bien merci. Vous avez des nouvelles ?
- Le tracker implanté sur Stan Martin nous indique qu'il est dans un vol pour la France.
- Un vol pour la France ?
- Oui et il semble accompagné par ce « lieutenant Mendes » du SFPD.
- Ils ont atterri ? On sait où ils se rendent ?
- Négatif Monsieur. Ils sont toujours dans l'avion.
- Et les fouilles chez Mallet ? Qu'avez-vous trouvé ?
- Une multitude de composants informatiques et une chaîne de baie de serveurs génétiques à hautes performances.
- Et sur ces serveurs ? Il y a des choses ? Ne me faites pas languir Titan s'il vous plaît, dit Connelly dont l'impatience durcissait le ton.
- Malheureusement rien. Tout avait été effacé Monsieur.
- Pas moyen de retrouver des bribes d'algorithme à l'aide de nos outils de récupération ?
- Non, tout a été reformaté en profondeur.
- Et les drones envoyés au domicile de ce lieutenant de pacotilles ? Ils ont transmis des choses intéressantes ?
- Rien à part un portrait haute résolution de sa mère avec qui il habite Monsieur.
- Vous vous foutez de ma gueule ?
- Ceci n'est pas prévu dans mon algorithme Monsieur.
-
Connelly fracassa son bureau du poing et conclut :
- Ok, tout ceci est très contrariant. Continuez à les traquer. Envoyez des engins en Europe si cela est nécessaire. Je vous donne tout le budget voulu mais, ne me décevez pas Titan ! Sortez maintenant ! ordonna le grand irlandais.
- Bien Monsieur.
La machine s'exécuta la queue entre les jambes, enfin si elle en avait eu une.
Qu'est-ce que vous pouvez bien aller foutre en France ? se demanda Connelly en glissant dans sa bouche une petite boulette d'amphétamine de synthèse.
Il faut que je fasse attention à ne pas replonger avec ces saloperies, se dit-il. En même temps, j'ai toujours mieux réfléchi pendant les périodes où j'étais camé.
***
Pendant ce temps, au-dessus de l'Atlantique, le mexicain à fleurs et le français en plein spleen avaient réussi à faire un petit somme côte à côte dans le transatlantique.
- Vous savez où habite la mère de Mallet alors ?
Cette question sortait de la bouche pâteuse de Mendes et ne reçut pas de réponse de son acolyte immigré français.
- Stan, réveillez-vous ! cria le lieutenant avec son masque de sommeil remonté sur son front.
- Hein ? Quoi ? ... Oh Mendes ! qu'y a-t-il ? C'est quoi ce truc sur votre tête ?
- Ah pardon, vous dormiez ?
- Non sans blague ! Ça ne se voyait pas ? Généralement lorsque les gens ne bougent pas les yeux fermés : soit ils sont morts, soit ils dorment. J'avais l'air de passer l'arme à gauche ? ... Non ? .... Donc je dormais ! Quelle déduction de fin limier Lieutenant ! dit Stan toujours de mauvais poil au réveil.
- Ne vous énervez pas Martin, on est bientôt arrivé de toute manière.
- Mouais...
- Il faut que l'on parle des premières choses à faire en arrivant à Paris vous ne croyez pas ?
- Je vous l'ai déjà dit dix fois au moins Lieutenant. La mère d'Alain est en maison de retraite dans le seizième arrondissement à Paris.
- C'est loin de la tour Eiffel ?
- Non, justement c'est à côté ! Votre mère va être contente, vous pourrez lui envoyer un selfie avec la dame de fer si vous voulez... Bon, vous vous concentrez Mendes, je ne vais pas vous le répéter une onzième fois !
- Qui est cette dame de fer ?
- Mais voyons Mendes ! C'est le surnom de la Tour Eiffel ! Bon vous voulez que je vous en dise plus ou pas ?
- Ok, ok ... et ensuite ?
- Pour pouvoir lui rendre visite, j'ai contacté la sœur de Mallet : Isabelle.
- Mallet a une sœur ?
- Oui, elle est chercheuse en IA à l'Université de Paris Saclay. C'est la plus grande université française située en plein centre de la Silicone Valley parisienne décidée par Macron en deux mille vingt pour soutenir la French Tech.
- La « French quoi » ? répondit Mendes venant d'être largué.
- Peut-importe... Je l'ai déjà contacté hier et j'ai dû lui apprendre le décès de son frère car vos services ne l'avaient pas mise au courant...
- On ne savait même pas qu'elle existait !
- On passera la chercher avant d'aller à la maison de retraite pour qu'on nous laisse entrer et que l'on puisse parler à sa mère.
- Vous la connaissez bien ?
- Oui assez, je l'ai croisée plusieurs fois chez Alain lorsque nous travaillions encore en France. Notre boîte avait des contrats de recherche avec son laboratoire. C'est une personne qui a consacré sa vie à ses travaux. Elle n'a pas d'enfant et je ne lui ai jamais connu de conjoint régulier. En même temps, cela fait presque dix ans que je ne l'ai pas revue. Elle était venue rendre visite à son frère une fois à San Francisco, mais, trop attachée à la France, elle ne nous a jamais suivi chez Alice Corp. C'est dommage car ses compétences auraient été un atout de plus pour nous.
- Vous lui avez précisé pourquoi on voulait lui parler ?
- Non, j'ai beau utiliser des téléphones prépayés depuis le début de cette histoire, je ne sais pas dans quelle mesure notre conversation aurait pu être espionnée.
Mesdames et Messieurs, nous commençons notre descente vers Paris Charles de Gaulle. N'oubliez pas de régler vos montres, il est actuellement sept heures neuf du matin ici. La température est de six degrés et la météo sera clémente aujourd'hui mais pluvieuse le reste de la semaine.
- Ah !... Ce bon vieux climat français Mendes ! Cela va vous changer de l'été indien. Vous n'allez pas être ridicule avec votre chemise à palmiers...
Le Chicanos ne releva même pas. Il agrippait déjà de nouveau les accoudoirs comme au décollage. Le chariot à roulettes passa à côté de lui pour scanner la bonne fermeture de sa ceinture. Il n'eut même pas droit à un regard du veuf en goguette.
- Padre nuestro, que estás en el cielo,...
Il se remit à réciter un « notre père » en espagnol tout en fermant les yeux.
Puis, les trains d'atterrissage de l'avion touchèrent à nouveau le sol. Une fois l'aéronef complètement immobilisé, Mendes se décrispa, récupéra son sac dans le coffre à bagages et bouscula tout le monde pour se diriger le plus rapidement possible vers la porte avant et enfin sortir de l'engin.
- Merci et au revoir R2D2 ! ne put-il s'empêcher de lâcher au robot pilot sorti du cockpit pour dire au revoir aux passagers.
Il n'eut pas le temps de finir de rire à sa propre blague lorsqu'il entendit au loin derrière la voix de synthèse répondre :
- De rien ! Au revoir Magnum !
Stan qui marchait le plus vite possible pour suivre le lieutenant pouffa de rire.
Ils passèrent sans encombre la sécurité et se retrouvèrent dans le hall principal de l'aéroport Charles de Gaulle.
Mendes était perdu. Tout était écrit en français.
- Ils me donnent le tournis tous ces gens qui cavalent partout, dit-il.
Soudain, un homme en costume cravate, courant à proximité pour aller attraper son avion, bouscula Mendes sans même s'excuser. En tombant, le sac du mexicain s'ouvrit, libérant boxers usés et Marcels blancs troués à la vue de tous. Personne ne daigna l'aider à ramasser. Les gens continuaient à courir tout autour de lui en marchant presque sur ses vêtements. Un humanoïde CRS, patrouillant dans les parages, l'interpella :
- Allez circulez ! Vite, vous bloquez le passage...
Stan s'accroupit pour apporter son soutien à son nouvel ami et lui souffla :
- Bienvenue en France Mendes !
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