Au commencement...

- Ça va ma chérie ?

- Oui papa, tu es où papa ?

- Je suis en voyage pour le travail mais, ne t'inquiète pas, tout va bien.

- Tu penses à mon cadeau ?

- Ah tu ne perds pas le Nord toi ! Oui ne t'inquiète pas j'y pense.

- Tu es toujours à Paris ?

- Non je suis revenu pas très loin. Je suis à Las Vegas.

- A Las Vegas ! Quelle chance !

- Et ta petite sœur va bien ?

- Oui elle avait du mal à s'endormir hier soir mais, Laurent lui a lu une histoire.

C'est une blague ! pensa-t-il

- Ok, je t'embrasse très fort. Passe moi ta maman s'il te plaît ma chérie.

- Elle me fait signe qu'elle est occupée.

- Insiste s'il te plait, dis lui que c'est urgent.

Stan entendit la petite courir pour donner le téléphone à Cécile.

- Allo ?

- Cécile, ne me dis pas que ton apollon chauve d'un mètre soixante lis une histoire à Marie pour qu'elle s'endorme !

- Il mesure un mètre soixante-dix.

Waouh ! C'est un athlète alors ! Écoute, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre de savoir qu'il soit obligé de mettre des talonnettes pour être à ta taille le soir en levrette.

- Tu es vulgaire, Stan ! Je vais raccrocher.

- Qui est le plus vulgaire d'entre nous ? Le cocu qui ne sait plus ce qu'il dit ou la femme invitant sans complexe son amant à partager son intimité avec ses filles ?

- Je leur ai présenté comme un ami.

- La belle blague.

- Tu ne donnes pas de nouvelle Stan, on ne sait même pas où tu es... Tu dois quitter la maison et reprendre tes affaires depuis plusieurs semaines. Tu le sais et cela n'avance pas. J'en ai assez d'attendre alors oui, j'avance dans ma vie !

- C'est dingue, tu as fait table rase sur quinze années de notre vie... Je suis tout de même le père de tes filles !

- C'est bon ? Tu as fini ? Je dois préparer les filles pour aller à l'école... Bien-sûr, ces contraintes te passent au-dessus de la tête... Toi qui est en vadrouille on ne sait où !

Comme elle savait si bien le faire, elle lui raccrocha au nez pour ne pas lui laisser l'opportunité de répondre.

Si Mister "je me prends en photo le sexe à la main" est toujours à la maison quand je rentrerai... Je vais lui en raconter, moi, des histoires ! Pensa Stan.

Mais allait-il un jour rentrer chez lui ? Comment allait se terminer cette "histoire Mallet". Allait-il finir comme lui au fond d'un étang ? Le français fut pris d'une crise de panique. Il faillit décider de partir.
C'est vrai ! Pourquoi était-il ici avec des inconnus alors qu'il pourrait essayer de raccommoder sa vie de famille partant en lambeaux.

Il se leva de son lit de camp étendu à la hâte par ses hôtes et descendit dans la salle principale. Tout le monde était levé ou presque. Thatcher discutait avec Arnaud pendant que Kennedy collait encore Isabelle. La française ne semblait pas passionnée par le bavardage avec le Hacker et se leva pour aller accueillir Stan.

- Tu prends un café ? lui proposa-t-elle ?

- Oui merci Isabelle.

Il se dirigèrent tous les deux vers la table où le buffet du petit déjeuner était servi. La chercheuse de Saclay commença à verser un café allongé façon américaine dans le mug tendu par Stan.

- Je suis encore impressionné par votre Phoebe, lui chuchota-t-elle pour ne pas être entendue des autres. J'ai lu beaucoup d'articles sur ces algorithmes entropiques, mais je n'ai jamais eu connaissance d'une application aussi aboutie.

- Et tu n'as encore rien vu je pense. Alain n'a eu que très peu de temps pour l'optimiser et ce que l'on a vu sur la vidéo où il danse tout seul devant elle est impressionnant.

- J'ai cru comprendre que ces algorithmes peuvent s'optimiser eux même et même se reproduire.

- C'est le deuxième effet Kiss-Kool. Un algorithme "mère" peut générer des programmes fille ou fils dont l'architecture software peut être modulée à volonté.

- Tu veux dire : des algorithmes dont les capacités seraient semblables aux humains et que l'on pourrait implanter dans des humanoïdes ?

- Tout à fait, tu comprends vite. Si tu couples cela aux nouvelles technologie d'impression 3D de tissus humains, tu vois pourquoi les recherches d'Alain intéressent tant Alice Corp.

- Et ces humanoïdes filles ou fils pourraient eux aussi se reproduire même si l'algorithme mère a été détruit.

- On ne sait pas encore, mais c'est une hypothèse.

- Nous sommes en train de vivre la genèse du premier testament des humanoïdes en quelque sorte. "Au commencement...  Mallet créa Phoebe.."

- Et Alain sera leur dieux... C'est transcendant, cela nous dépasse... conclut Stan.

A cet instant précis, les membres attablés de la petite communauté tournèrent tous la tête vers le haut de l'escalier.

Un bruit de bottes se fit entendre et un astre solaire apparut.
Le sociétaire du SFPD, libéré par son rôle d'artiste, avait sorti le grand jeu : un pantalon pattes d'eph. jaune citron tombant sur ses éternelles santiag en croco, une veste de couleur assortie ouvrant sur une chemise en satin noir, une cravate couleur abeille, des bretelles et son sombrero habituel.

- Bon Stan ! En attendant que votre sainte vierge se refasse une santé, on va jouer au poker ? On est à Vegas oui ou non.

Malgré les "entourage of 7" portées par le mexicain, le français reconnut son regard pétillant. Il était identique à celui qu'il arborait lors de leur escapade nocturne à Paris.

- Quoi ? Elles ne vous plaisent pas mes lunettes de soleil ? Ce sont les mêmes que Matt Damon dans le film Le Man 66. Ford contre Ferrari, c'est un peu ce que l'on vit dans l'affaire Mallet non ? Une bande d'artisans curieux contre une machinerie internationale !

- Pourquoi pas ! Quelle culture ! On voit bien que vous êtes un artiste Mendes ! répondit le cocu voyageur avec un petit clin d'œil dissimulé.

- Oh là ! Vous avez cru que c'était le Club Med ici ? Que l'on pouvait sortir en excursion en donnant un petit bakchich à la réception ? s'insurgea Kennedy, remettant tout le monde les pieds sur terre.

- Moi je viens avec vous ! répliqua Thatcher l'esprit frondeur depuis la scène des toilettes de la veille.
Cela me fera sortir enfin de ce trou à rats.

Kennedy ne répliqua pas. Peut-être séduit par l'hypothèse de se retrouver seul avec Isabelle.

- Arnaud tu viens ? continua Thatcher.

- Avec plaisir !

- Vamos a Bellagio ! cria le Chicanos en se dirigeant vers la porte.

Alors que Thatcher fermait la marche de la petite tribu, Kennedy l'attrapa par le bras.

- Tu les surveilles d'accord ! A la moindre suspicion, à la moindre silhouette ressemblant de près ou de loin à un Feds, tu m'appelles et on déclenche l'extraction.

Elle le toisa d'un regard hautain, se libéra de son étreinte pour sortir en grondant :

- Et toi ! Fais attention à toi avec la française... Elle n'a pas l'air d'apprécier ton numéro de charme de toute manière.

- Humm... J'adore quand tu es jalouse ma chérie, cria-t-il pendant que Thatcher claqua la porte.

Puis s'adressant à ses deux molosses :

- Zeus, Apollon... surveillez leurs arrières !

- Bien chef répondirent les deux chauves tatoués en débardeur

Pendant ce temps, ailleurs dans le monde.

- Ça bouge ! Quatre silhouettes sortent du bâtiment.

- Ok, faites descendre le drone à cinq mille pieds, l'image sera plus précise. Et tenez moi au courant surtout !

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