Adrénaline
Stan se sentait partir. Il entendait au loin la voix de son amie Isabelle :
- Prenez le défibrillateur vite !
La vision embrumée dans un halot blanc, il sentait l'agitation autour de lui. Mais, paradoxalement, le français ne stressait pas. Il ne craignait pas la mort. Finalement, plus grand chose ne le retenait sur terre. Il était déjà dans un autre monde. S'il décédait maintenant, son seul regret serait de ne pas pouvoir voir grandir ses filles.
- Ne lâche pas Stan !
Il entendit une dernière fois la voix de la chercheuse se Saclay et puis, plus rien, le néant. Comme si son cerveau s'était mis en pause sur ce dernier son et cette dernière image. La même impression que l'on peut avoir en s'endormant sous anesthésie avant une intervention chirurgicale.
- Ecartez-vous ! cria Kennedy avant de lancer une première décharge électrique.
- Toujours rien, son coeur est toujours arrêté, cria Droopy.
- Je vais augmenter la charge, poussez vous... Aller Stan, accroche toi !
Kennedy renouvela les chocs électriques trois fois et le cœur du français ne repartit toujours pas. Tout le monde commençait à perdre espoir. Isabelle pleurait en caressant le visage de Stan figé sur un sourire improbable.
Puis soudainement, un drone s'introduit dans la grande salle. Il venait de rentrer par la fenêtre dans un bourdonnement strident caractéristique.
Arrivé près de la table d'opération de fortune, il lâcha sa cargaison et repartit aussi sec comme il était venu. Une petite boîte de médicament tomba sur la table.
- Une seringue d'adrénaline ? dit le gourou des Helter-Skelter en se saisissant du petit paquet.
- Oui ! Ayez confiance... En vous écoutant, j'ai cru bon de la commander en urgence au cas où.
Tout le pseudo staff médical de circonstance se retourna pour fixer la webcam du pupitre. Phoebe, que tout le monde avait oubliée, venait de parler à nouveau.
- Arrêtez de me regarder tous comme cela ! Stan a besoin de vous. Injectez l'adrénaline directement entre la cinquième et la sixième côte.
- Au niveau du cœur ? Je ne pourrai jamais faire cela, répondit le grand tout mou sosie du héros de Tex Avery.
- Pas de manière Droopy s'il te plait.
- Vous n'avez qu'à le faire vous Monsieur Kennedy.
- C'est bien toi le responsable de l'infirmerie chez nous ? Alors vas-y ! répondit le chef des pirates.
Droopy, qui aurait bien eu besoin d'une piqûre d'adrénaline lui aussi, ouvrit la boîte à la vitesse de la tortue de La Fontaine.
Isabelle, n'en pouvait plus. Elle lui arracha la boîte des mains, en sortit la seringue et, sans réfléchir, la planta avec force dans la poitrine de Stan au niveau du cœur.
L'effet fut immédiat ! Le corps de Stan se raidit instantanément sous l'impact du coup de poignard d'Isabelle. Le français tomba de la table en criant et se recroquevilla à terre en toussant comme un nouveau né ayant fait une fausse route.
Il reprit doucement ses esprits avec la seringue toujours plantée dans sa poitrine. Un réflexe de survie, comme on peut tous en avoir dans ce genre de circonstances, lui fit arracher la seringue. Un petit filet de sang se répandit sur sa poitrine mais, tout allait bien. Il semblait sauvé.
- Comment te sens tu ? questionna Isabelle s'étant précipitée à terre auprès de l'homme dont elle venait de sauver la vie.
- Est-ce que ce truc n'émets plus ?
- Affirmatif Monsieur Stan, plus aucun signal sur le moniteur. Vous êtes libre !
Stan rassuré ferma les yeux, exténué il posa sa tête sur l'épaule d'Isabelle qui lui caressait affectueusement les cheveux.
- Bon retour parmi nous ! dit Phoebe tranquillement de sa voix toujours aussi suave.
- Ah ces français... Qu'elles soient numériques ou réelles, les femmes en raffolent.
Stan regarda Kennedy avec un air interrogatif.
- Eh oui... C'est Phoebe qui a commandé l'adrénaline qui t'a sauvé. Et, tu peux remercier aussi miss Saclay de te l'avoir injectée. Car si tu avais attendu après l'autre là, tu aurais eu l'injection à Noël.
Stan plongea son regard dans les yeux d'Isabelle.
- Tu m'as sauvé la vie ?
- N'importe quelle personne sensée aurait fait la même chose à ma place.
Isabelle sentit les bras faibles de Stan l'entourer et essayer de la serrer. Elle fut surprise de ressentir un frisson lui parcourir le corps de bas en haut. Elle le serra à son tour pour espérer prolonger cette sensation fort agréable.
- Ne sont-ils pas mignons ? chuchota Phoebe à travers les baffles du pupitre de commande.
- Merci à toi aussi Phoebe, soupira Stan. Tu m'impressionnes vraiment.
- Je ne suis que le fruit de la perspicacité de mon créateur.
- Ton frère était un génie dit l'ex ayant oublié sa Cécile quelques minutes en se blottissant plus profondément dans les bras d'Isabelle.
- Bon ce n'est pas tout mais, je suis en retard moi maintenant, gronda Kennedy.
Le guru des Helter-Skelters pris son sac, fit un clin d'œil à Zeus et Apollon et alla claquer la porte lorsqu'il fût interrompu par Droopy.
- C'est bizarre Mr Kennedy.
- Quoi encore ?
- En recherchant la destination des informations envoyées par l'implant qui était dans le corps de monsieur Stan, j'ai découvert autre chose.
- C'est-à-dire ? s'inquiéta Isabelle.
- Cela n'a rien à voir mais, j'ai découvert des traces de tentatives d'intrusion sur notre serveur.
- C'est pas vrai ! Le QG des Helter-Skelters, "le haut lieu de la résistance altermondialiste" est devenu "the place to be" ricanna Stan.
Il allait poursuivre dans le second degré mais le regard glaçant de Kennedy lui fit stopper net ses sarcasmes.
- Droopy a raison, confirma Phoebe. Je vois des traces d'intrusion venant d'italie. Plus précisément de la région de Rome.
- Et ils ont pénétré le système ? s'inquiéta Kennedy.
- Difficile de savoir exactement jusqu'où ils ont pu aller répondit Phoebe.
Puis Kennedy franchement énervé monta sur une chaise pour s'adresser à tous ses affidés présents dans la grande salle du feu casino :
- Cela ne vous fait rien de savoir qu'un algorithme, arrivé parmi nous depuis deux jours à peine, est plus affuté que vous tous réunis ? Moi qui croyais avoir recruté de superbes brochets carnassiers, je me retrouve attelé à des tanches, uniquement bonnes à remuer la vase pour quelques larves d'insectes.
Le gourou tatoué d'à peine un mètre soixante, sortit en claquant la porte.
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