dimanche 22 décembre

-Passeport ?

-Oui.

-C'est bon, t'as tout, déclare Lando en posant la liste qu'Oscar lui avait confié. 

-Merci, Landinho.

Celui-ci soupire bruyamment.

-J'ai pas envie que tu partes.

Oscar fait la moue.

-Dis pas ça. On va chacun retrouver notre famille, ça va être chouette.

Lando sait qu'il a raison, évidemment. Il va prendre ses affaires et aller dormir dans sa chambre d'enfant, pour retrouver l’ambiance familiale qu’il rate le reste de l’année. Tout le monde sera là pour Noël, cette année, et il a un peu hâte. Ca fait beaucoup de monde, beaucoup de bruit, mais beaucoup de recharge de batterie.

-Lando.

-Mmh ? demande-t-il en sortant de ses pensées, et il fronce les sourcils en voyant Oscar se planter devant lui.

-Je t’ai écrit une lettre… je te la donne mais, s’il te plaît, tu attends pour la lire… au moins le 24.

Lando sourit avant d’attraper l’enveloppe tendue par Oscar.

-Moi aussi, je t’ai écrit une lettre. Mais je l’ai glissé discrètement dans ta valise parce que je ne suis qu’un Lando, et pas un Oscar. Je pense qu’on devrait chacun la lire le 24, alors.

-Je suis amoureux d’un Lando, tu sais, tu peux pas dire ça comme si c’était un truc négatif.

Le britannique lève les yeux au ciel, mais quand Oscar l’entoure de ses bras, un sourire apparaît sur ses lèvres, et il lui rend son étreinte.

Ils restent un moment comme ça, au chaud dans les bras l’un de l’autre.

-Merci, lance soudain Lando en brisant l’étreinte, et Oscar voit dans ses yeux qu’il va être sincère. Pour ce mois de décembre. C’est trop bien d’être ensemble tout le temps… autrement que lors des week-ends de course. Je suis vraiment bien avec toi.

Il s’arrête d’un coup, et Oscar s’empêche de rigoler en voyant que s’il voulait être sincère, il n’avait pas prévu de dire cette dernière phrase.

-Enfin, genre, je…

-Moi aussi, je suis vraiment bien avec toi. Je le savais déjà, mais ce mois de décembre en est la confirmation. Et même si janvier et février seront différents, je sais qu’on va créer plein d’autres souvenirs.

Lando sourit timidement, observant chaque petit détail du visage d’Oscar pour les imprimer dans sa tête. Les grains de beauté, la nuance de ses yeux et la longueur de ses cheveux. Après l’avoir vu chaque jour du mois, il a du mal à réaliser que ça s’arrête aujourd’hui.

Alors quand Oscar pose ses mains sur ses joues pour l’embrasser, il lui rend son baiser en lui transmettant tout ce qu’il n’a pas su lui dire avec des mots.

Et il sait qu’Oscar a compris.

Les aurevoirs à l’aéroport sont brefs, et quand Lando marche pour retourner à sa voiture, il a l’impression d’avoir le poids du monde sur ses épaules. Et il se moque un peu de lui-même, parce que, quand même, qui est-il devenu ? Il sait très bien qu’il va revoir Oscar bientôt, il ne va pas être si dramatique tout du long. Non, c’est bon, il se donne une heure à broyer du noir, et ensuite, il doit absolument se replonger dans l’esprit de Noel.

Dès qu’il s’installe sur le siège conducteur, son téléphone vibre, annonçant l’arrivée de son calendrier de l’avent. Il sourit et s’installe confortablement pour la visionner.

Le Oscar du passé porte une chemise rouge que Lando n’a absolument jamais vu, et il se demande même si ce n’est pas une hallucination.

-Aujourd’hui, je vais te lire le poème 404. C’est un des poèmes que j’ai découvert le plus récemment, parce que j’en suis à un peu plus de 500 dans ma lecture.

How many Flowers fail in Wood —
Or perish from the Hill —
Without the privilege to know
That they are Beautiful —

How many cast a nameless Pod
Upon the nearest Breeze —
Unconscious of the Scarlet Freight —
It bear to other eyes —

-J'aime vraiment énormément ce poème. Elle commence par dire qu'elle ne sait pas combien de fleurs meurt en forêt ou sur une colline sans savoir qu'elles sont belles. Il y a aussi les fleurs qui ont semé leurs graines par le vent sans savoir qu'elles avaient créé quelque chose de magnifique. En gros, ici les fleurs, sont inconscientes de ce qu’elles valent. Ça s'applique aussi aux personnes, certainement, et peut-être aux poèmes. En tout cas, c'est un poème très sentimental.