samedi 21 décembre.

-J’ai trouvé des bâtons pour les bras !

Oscar apparaît à nouveau dans le champ de vision de Lando, et pour toute réponse, il reçoit une boule de neige en plein dans le cœur. Le plus dramatiquement possible, il y porte sa main, avant de se laisser tomber.

-Soldat Piastri à terre ! Qui a donc osé lui tirer dessus de la sorte ?

Oscar a envie d'éclater de rire, mais il doit rester dans le personnage. Il reste allongé sans bouger, les yeux fermés.

Il entend les pas de Lando se rapprocher dans la neige.

-Osc, te transforme pas en stalactite.

Toujours pas de réponse. Lando se pose juste devant lui, debout.

-Osc !

Il ouvre un œil, et Lando lui tend sa main pour l’inviter à se relever. C'est exactement l'occasion attendue par l'australien, qui l'attrape avant de le tirer vers lui. Lando lâche un cri avant de chuter sur Oscar, qui éclate de rire.

-1-1, balle au centre, marmonne Lando avant de s'allonger à côté d'Oscar et de poser ses mains sous sa tête. Ma mère m'a laissée prendre une demi-carotte dans la cuisine. Elle a dit que le bonhomme de neige n'avait pas besoin d'un long nez et qu'elle avait besoin des carottes pour son plateau apéro.

Oscar rit.

-Une maman, quoi.

-J'ai aussi pris une écharpe… Je crois qu'elle est à ma sœur. Tant pis, je la mettrais à laver.

-Tu veux te mettre toute ta famille à dos ?

-Mais non, ne sois pas si dramatique. Les embrouilles de fratrie sont importantes, je ne t'apprends rien, et je suis là trop rarement, je dois en provoquer plein pour prendre de l'avance.

Oscar sourit.

-Oui, t'as raison. Bon, on va le finir, ce bonhomme de neige ?

Lando acquiesce, et ils se lèvent en même temps. Les bras en bâton sont installés au même titre que la demi-carotte et l’écharpe. Les deux pilotes reculent pour admirer leur œuvre.

-Magnifique.

-Incroyable.

-Je suis plutôt fier de nous.

-On n'a jamais vu une telle œuvre.

-Je pense qu'on devrait l’appeler Landoscar.

-C’est le plus beau prénom que j’ai entendu de ma vie.

Lando tend sa main à Oscar pour sceller leur accord, mais à la place, celui-ci attrape son menton et l’embrasse. Le britannique rit contre ses lèvres.

-J’avais oublié que ça marchait comme ça par ici.

-Ton nez est glacé, Norris. On rentre.

Il hoche la tête et le suit à devant la porte, où ils se débarrassent de toute la neige accumulée sur eux avant de rentrer. Une fois à l’intérieur, quelques minutes sont passées près d’un radiateur, la tête de Lando dans le cou d’Oscar “pour optimiser le réchauffement”.

-On va aider ta mère pour préparer le dîner, déclare Oscar au bout de plusieurs minutes, et Lando grogne. Je t’envoie ta vidéo comme ça tu restes ici un peu plus longtemps mais après tu me rejoins, ok ?

-Mmh. Ça me va.

Il embrasse la joue de l’australien avant de le lâcher.

-Coucou ! Aujourd’hui, déclare un Oscar avec un serre-tête de renne, ce qui fait éclater de rire Lando, on va lire le poème numéro 518 ! C’est un des plus “loin” dans le recueil que j’ai lu… c’est même pas la moitié, mais j’y travaille.

Her sweet Weight on my Heart a Night
Had scarcely deigned to lie —
When, stirring, for Belief's delight,
My Bride had slipped away —

If 'twas a Dream — made solid — just
The Heaven to confirm —
Or if Myself were dreamed of Her —
The power to presume —

With Him remain — who unto Me —
Gave — even as to All —
A Fiction superseding Faith —
By so much — as 'twas real —

-Ce poème est cool parce qu'il parle de la séparation entre le rêve et la réalité. Emily a senti le poème de Sue sur son cœur pendant la nuit, jusqu'à ce qu'elle s'échappe, elle utilise d'ailleurs le groupe nominal “ma mariée”. Puis elle dit que c'était un rêve, mais qu'elle a l'impression que c'était bien la réalité. Comme si son rêve apparaissait plus réel que la réalité, peut-être parce que le rêve leur permet d'être ce qu'elles voudraient dans la réalité. On peut se demander du coup, si c'était un rêve ou la réalité. Peut-être que Sue est venue. Peut-être qu'Emily ne sait pas répondre à cette question, peut-être qu'elle sait mais voulait brouiller les pistes.