case 16 : "Bonne chance pour retrouver ta page"

lundi 16 décembre.

-Lando ?

-Mmh ?

-Tu veux quoi, pour Noël ?

Le britannique cligne des yeux plusieurs fois, pris de court. Il était concentré dans sa relecture des poèmes de son calendrier de l’avent, et il est surpris d’en être tiré par cette question.

-Comment ça ?

-Bah, genre, t’as des idées ? De trucs que tu voudrais que je t’offre ?

-Tu sais, le problème d’être riche, c’est qu’on n’a jamais d’idées, Osco.

Ce dernier rit.

-T’as besoin de rien ? Tu veux plutôt de la nourriture ? J’ai peut-être une idée mais je trouve ça un peu…

Il ne termine pas sa phrase, cherchant le mot adapté à ce qu’il ressent. Lando fronce les sourcils.

-Un peu quoi ? Si ça me fera plaisir, on s’en fiche.

Oscar hausse les épaules.

-Je pense que oui, mais je ne suis pas sûr que tu saisisses la subtilité.

-Ça veut dire quoi, ça ? Que je suis pas subtil ?

L’australien sourit.

-T’es sacrément subtil dès qu’il s’agit d’éviter de parler de tes sentiments, Norris.

-Je croyais que c’était pas un défaut.

-C’est pas un défaut. Je réponds à ta question. Du coup, je vais te prendre ça.

Lando hoche la tête et se replonge dans sa lecture. Oscar le regarde, et Lando finit par sentir son regard sur lui.

-Ça va ? demande-t-il.

-Tu me demandes pas si j’ai des idées, moi ?

Le britannique hausse les épaules.

-Non. Tu vas dire un truc genre, un nouveau tee-shirt blanc. Ou un truc de padel.

-Eh ! C’est même pas vrai ! rétorque Oscar, alors qu’il aurait effectivement pu demander le deuxième.

-C’est super vrai. Et je t’ai déjà acheté ton cadeau.

Là, Oscar tombe des nues.

-Ah bon ? Mais quand ?!

Lando sourit.

-Au mois de novembre.

-Mais qui est aussi organisé, en novembre ? Quand personne n’était dans l’ambiance de Noël, aucune lumière dans les rues, encore des citrouilles devant certaines habitations ?!

-J’ai que le tien. J’ai rien acheté pour ma famille, encore.

Oscar le dévisage.

-Tu vois. Pas besoin de mots.

Lando garde ses yeux sur son poème, mais Oscar voit bien qu’il se mord la lèvre pour empêcher ses joues de rougir, sans succès.

-T’es mignon. Je me moquais pas.

-Je sais que si.

Oscar rit.

-Je peux te faire un bisou pour me faire pardonner ?

Lando plisse les yeux.

-Tu peux mais je pense qu’il va en falloir plus pour me conv…

Les lèvres d’Oscar l’interrompent, et Lando décide simplement de se taire pour lui rendre son baiser. Il abandonne sa page pour poser ses mains sur les joues de l’australien, et quand le gros recueil de poème tombe par terre dans un bruit sourd, aucun des pilotes ne s’interrompt. C’est Lando qui finit par s’éloigner, marmonnant :

-C’est bon, t’as gagné, je t’ai pardonné.

Oscar sourit.

-Bonne chance pour retrouver ta page.

Il s’éloigne, laissant un Lando la bouche ouverte, offusqué. Par pour très longtemps, car lorsque son téléphone vibre pour annoncer l’arrivée de sa case de calendrier du jour, tout est déjà oublié.

-Bon, hier, j’ai laissé la guirlande parce que je trouvais ça trop cool. Aujourd’hui, nous sommes sur le poème numéro 305.

The difference between Despair
And Fear, is like the One
Between the instant of a Wreck
And when the Wreck has been —
The Mind is smooth —
No Motion — Contented as the Eye
Upon the Forehead of a Bust —
That knows it cannot see —

Ce poème est super… philosophique. Tu ne peux pas le voir, mais il n'y a pas de strophe, et je trouve qu'on rentre directement dans le vif du sujet. Elle nous dit donc que la différence entre le désespoir et la peur, c'est comme le moment d'une cassure, et après. L'un est sur le moment, et l’autre après coup. L'esprit est complètement vide, comme si tout espoir était perdu. Ça exprime assez bien ce qu'on ressent après l'expérience d'une catastrophe, surtout qu'elle garde ça assez général.

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