case 1 : "Ne fais rien que je ne ferai pas !"

dimanche 1er décembre

En entendant deux coups frappés à la porte de la pièce d'Oscar, Lando sait.

-Lando Norris, on commence dans cinq minutes !

Il grogne pour toute réponse, mais généralement, son physio n'en attend pas. Il est probablement déjà parti.

-Je vais commencer aussi, dit Oscar, autant pour convaincre Lando que lui-même.

-Mmh. Je suis bien, là.

L'australien rit avant de passer une main dans les boucles de son coéquipier. Lui aussi, il est bien. Lando a élu domicile contre son épaule droite depuis presque trente minutes, comme le veut la tradition. Oscar ne saurait dire depuis quand ils se réunissent ici avant chaque course pour refaire le monde. C'est ici qu'ils se sont rapprochés, qu'ils se sont embrassés, qu'ils se sont confiés sur leurs sentiments l'un envers l'autre.

-Bon. J'y vais, pas envie d'être en retard sur le programme, déclare Lando en sautant pour se mettre debout.

Il attrape les deux mains d'Oscar pour qu'il se lève aussi. Il dépose ses lèvres sur la joue de l'australien avant de déclarer, comme à son habitude :

-À tout à l'heure. Ne fais rien que je ne ferai pas !

Et comme à son habitude, Oscar éclate de rire, parce qu'ils ont littéralement tous les deux pour plan de faire quelque chose que l'autre ne fera pas : monter sur la plus haute marche du podium.

Et lorsqu'il passe le drapeau à damiers en quatrième position, Oscar est un peu dépité. Si proche du podium, et si loin en même temps. Comme à son habitude, il s'enquiert de la position de Lando, et quand on lui répond qu'il est deux places derrière lui, il fait la grimace.

Ce n'est pas le résultat rêvé ni pour l'un, ni pour l'autre.

En arrivant aux interviews, Lando traîne un peu des pieds. Le poids de sa fatigue s'abat généralement sur lui pile à ce moment-là, et il ne rêve que d'une bonne douche chose et d'un snack.

À la place, il a des questions plus ou moins bêtes mais toujours répétitives sur ce qui vient de se passer. Il s'efforce d'y répondre avec un minimum de sérieux avant d'enfin pouvoir retourner dans ses quartiers. Il se dépêche de réunir des vêtements propres avant de jeter un œil à l'heure sur son téléphone et de découvrir qu'il a reçu une vidéo de la part d'Oscar. Il sourit, car ça y est, il s'apprête à découvrir la première case de son calendrier de l'Avent.

Il lance la vidéo et sourit en reconnaissant immédiatement le canapé d'Oscar en fond. Celui-ci est assis par terre, le téléphone probablement posé sur la table basse.

-Bonjour !

Il fronce le nez, ce qui fait rire Lando.

-Bon, je ne sais pas comment commencer cette vidéo, ça fait cinq fois que je recommence donc tant pis... C'est la première vidéo du calendrier, donc pour toi on est le premier décembre... peut-être que pour les prochaines vidéos, je devrais décorer un peu ?

Lando sourit. Il se souvient de s'être moqué de la boîte de décoration de Noël qui traînait dans le salon, affirmant que c'était trop tôt. Il comprend maintenant pourquoi.

-Je vais donc te lire un poème d'Emily Dickinson. Ils n'ont jamais de titre, mais ils sont numérotés. Et je ne l'ai pas choisi comme ça, mais par quel poème pourrais-je commencer autre que le numéro 4 ?

Il fait un petit sourire avant de se racler la gorge et de regarder vers le bas, où Lando devine qu'il a son livre.

"On this wondrous sea
Sailing silently,
Ho! Pilot, ho!
Knowest thou the shore
Where no breakers roar -
Where the storm is o'ver?
In the peaceful west
Many the sails at rest -
The anchors fast -
Thither I pilot thee -
Land Ho! Eternity!
Ashore at last!"

Oscar relève la tête, un petit sourire aux lèvres.

-Bon, je trouvais ça rigolo car il y a le mot "pilote", même si évidemment elle ne l'emploie pas dans notre sens. On comprend assez rapidement que le poème se passe sur un bateau, et que le pilote connaît le chemin. C'est un poème que j'aime beaucoup. Il a un vocabulaire plutôt simple comparé à d'autres, et il est court. Tu verras qu'elle aborde souvent les mêmes thèmes qu'ici, la mort notamment, parce qu'on dirait qu'elle n'est pas simplement en train de naviguer sur l'eau, mais de se diriger vers l'au-delà, et qu'elle a besoin qu'on la guide. D'ailleurs, à la fin, il me semble que c'est le pilote qui parle, confirmant qu'ils sont arrivés.

Oscar hausse les épaules.

-Tu me diras ce que tu en penses. Moi, j'aime bien ce poème.

Il sourit à la caméra.

-Bon, à demain !

Lando rit en voyant la main d'Oscar s'approcher pour couper la vidéo. Il relance la vidéo, et cette fois, il écoute le poème d'une autre oreille, à la lumière de tout ce qu'Oscar explique après sa lecture. Il se fait la promesse en rentrant de relire ce poème dans le recueil.

"1/25 : le soleil brillait trop sur mon visage (le soleil étant la personne à gauche)"

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