15. Happy New Year


Au tour de iKatathlipsi et c'est sur le Nouvel an, pour changer un peu :)

Tout avait débuté il y a de ça deux ans. Han Jisung venait de quitter son école pour se lancer dans une carrière de créateur de jeux vidéo dans une entreprise. Son but ? Coder, travailler sur les animations et tout le système du jeu en compagnie de ses collègues. C'était un travail qui demandait beaucoup de temps, de travail, de réflexion. Chercher les bugs, les problèmes qui ne vont pas, corriger des lignes de code, en bref un réel boulot. Pourtant, il était passionné par ce qu'il faisait car c'était ce qu'il voulait faire depuis des années à présent. Tout ça partait de jouer, de vouloir comprendre comment ça pouvait aussi bien fonctionner ... le voilà aujourd'hui programmeur de jeux vidéo.

Le plus dur était déjà derrière lui, et il profitait à présent de ce que l'on appelait « futur ». Il s'imaginait trouver un copain, construire une vie en dehors de son travail, profiter de la vie de jeune adulte avant de se poser et de devenir un bon père. Jisung se voyait déjà dans un tel et beau futur, sauf qu'il eut bien vite la réponse au bout de deux ans de célibat et aucune relation et rendez-vous dans les horizons. Pendant ces deux ans, il avait constamment mis en avant son travail, rentrait très tard et sortait de temps en temps avec ses collègues boire quelque part. Mais son quotidien se résumait à celui que la société imaginait : métro, boulot, métro, dodo. Il faisait constamment ça chaque jour, ne voyait pas les journées passées à être devant un écran et à taper à toute vitesse sur son clavier pour écrire des lignes de code. Des amis ? Que deux. Un petit ami ? Aucune. Rien qui ne pouvait satisfaire Jisung à part juste son travail et ça commençait à devenir toxique mentalement pour lui-même.

Récemment, Seungmin son plus vieil ami, l'avait appelé pour prendre de ses nouvelles car il n'en avait pas eu énormément depuis un bout de temps. Jisung racontait vite faire ses journées qui étaient toutes les mêmes, qui se répétaient en boucle comme un cercle vicieux. Son vieil ami était désolé, triste d'entendre ça et de savoir qu'il ne menait pas une vie comme il l'avait imaginé au lycée. Le petit noiraud n'avait rien répondu à ça, et il en ricanait plus. Heureusement pour lui ce n'était qu'un appel, Seungmin n'avait pas vu son regard fatigué et cette mine morose qui ornait son visage dont les cernes qui devenaient plus sombres au fil des heures passées par jour devant l'écran. Ses yeux étaient éclatés, rouges, il ne prenait même pas soin de lui-même et ses cheveux devenaient horriblement secs et cassés. De plus, il sautait beaucoup de repas, mangeait très mal et perdait des kilos à vue d'œil. Sa santé n'était pas réellement dans un danger grave, mais s'il ne se reprenait pas en main ça pouvait l'être. Il commençait déjà à avoir la peau sur les os. Jisung était mal en point, mais toujours passionné par ce qu'il faisait et il ne voyait que ça : l'argent, le mérite, le travail. A la fin de l'appel, il s'était effondré dans son lit-canapé et dormit jusqu'au lendemain sans même manger un bout.

Aujourd'hui, Décembre avait été bien entamé. La neige tombait à Séoul, le froid se glissait dans les ruelles et les décorations brillaient partout. L'ambiance des fêtes se faisait ressentir entre le grand Sapin décoré au Centre-Ville, les lumières, les magasins avec des décorations toutes typiques de cette tradition chrétienne. Jisung jeta un bref coup d'œil par la fenêtre et s'arrêta d'écrire un instant. Il voyait un flou reflet de sa propre personne mais il préférait se concentrer sur le temps de dehors qui commençait à s'assombrir. Encore cette année il ne pourra pas se rendre à Incheon pour fêter Noël avec sa famille, trouvera des excuses idiotes pour continuer de travailler jusqu'au soir du réveillon. Il savait très bien qu'il décevait tout le monde, surtout sa mère mais il ne voyait que son travail et non la réalité. Il était obnubilé par les lignes de codes, le travail si acharné dans lequel il se démenait.

Un appel retentit à son bureau ce qui le fit sursauter. Les yeux plissés, il jeta un coup d'œil vers son portable où il pouvait lire le contact : Maman.

- La poisse ...

Avec un peu de lenteur, il répondit et se prépara mentalement à dire un mensonge pour ne pas passer le vingt-quatre décembre chez elle.

- Coucou ! C'est maman !

- Oui je sais vu que c'est écrit sur mon portable ... grogna-t-il d'un air désespéré.

Il massa ses yeux pendant qu'elle parlait bruyamment au téléphone en racontant sa vie à Incheon. Le noiraud aimait sa mère, bien sûr, mais depuis deux ans il ne faisait pas grandement l'effort d'aller la voir et de changer leur relation pour qu'elle soit meilleure. Avant qu'il ne quitte sa ville natale, il était le bon garçon que toute mère rêvait d'avoir : gentil, drôle, heureux, serviable et on pouvait encore faire une grande liste. Malgré son homosexualité, elle l'aimait de tout son cœur. Sur ça, il ne pouvait pas dire qu'elle était méchante et fermée d'esprit. Tout ce qui comptait aux yeux de sa mère était son bonheur et rien d'autre.

- ... tu passes au réveillon de Noël j'espère ?

La question fatidique. Jisung s'enfonça dans son siège tout en soupirant bruyamment.

- Je ne peux pas ... j'ai trop de boulot au travail, le boss ne voudra pas me lâcher avant je ne sais quelle heure. Et le lendemain c'est férié et les transports sont tous annulés ...

- Tatie pourra venir te chercher !

- Ils annoncent un blizzard à Séoul ... c'est trop risqué.

C'est faux, tout était faux. Il ne voulait juste pas y aller pour continuer de travailler, de faire ce qu'il préférait faire plutôt que de se retrouver à table avec sa famille. Sa mère continua de parler pendant une vingtaine de secondes, attristée de ne pas voir son fils pour Noël. Une fois que l'appel se coupa, son collègue roula avec sa chaise jusqu'à sa direction avec un œil curieux. Jisung s'attendait déjà à une vague de réflexion et une grande morale de sa part mais au lieu de ça, il lui demanda surtout comment il avançait dans la partie de son script. Soulagé, Jisung lui montra et oublia rapidement l'appel décevant avec sa mère.

Quand il rentra dans les coups de vingt-et-une heure, il se fit aussitôt des nouilles instantanées et alluma son ordinateur pour regarder un Drama. L'écran lui fit mal, étant presque plongé dans le noir dans son petit appartement. Cela faisait deux ans qu'il haïssait cette période de sa vie : la fin d'une année, les fêtes familiales, le nouvel an ... depuis deux ans – il ne se privait pas d'aller voir sa famille – il travaillait avec acharnement.

Mais ...

Venez. Nous allons voir d'un point de vue extérieur la vie morose et triste de Jisung et de sa réelle façon de vivre et non sa façon de penser.

Han Jisung se prive constamment de sortir, il travaille très dur à s'en faire mal aux yeux, aux doigts, à presque pas manger et mettre sa santé dans un sale état. Il n'est jamais fier de ce qu'il fait, il n'est plus passionné car il n'a pas d'amis qui le lui prouve réellement. Ses amis, eux, commencent déjà à se créer une vie avec quelqu'un, oublient leur ancien ami Jisung l'accro des jeux vidéo. C'est un jeune homme épuisé des écrans, il ne sort même plus, ne cherche même pas à avoir un contact social, ne cherche pas à rencontrer quelqu'un. La société peut le voir comme un nerd, ou quoi que ce soit d'autre. Jisung se réduit en poussière petit à petit, il en a conscience mais ne fait pas l'effort de bouger, de changer les choses, son mode de vie. Il reste dans cette position par peur de quitter sa zone de confort, d'être dans un mode de vie totalement différent qui peut le déstabiliser. Le changement lui fait peur, plus que la mort. Il s'épuise un peu plus chaque jour, se détruit le mental avec sa soi-disant « passion » qui est son métier. Ses liens familiaux commencent petit à petit à se détruire, à se réduire en cendre, à se couper à force de ne plus prendre de nouvelles, de tout foutre en l'air tout comme son propre corps. Il meurt à petit feu.

Plus les jours passaient, plus le noiraud se sentait fatigué et épuisé de marcher dans cette maudite neige, d'aller prendre le métro. Noël venait de disparaître dans le passé, et il n'avait même pas appeler ses parents pour le leur souhaiter. Encore une déception en plus, mais le plus important était son travail et il se devait d'y arriver. Il voulait montrer qu'il était le meilleur de leur équipe, d'avoir un meilleur poste, d'être mieux payé ! Jisung voulait qu'on le reconnaisse comme un très bon employé. Pourtant son boss ne le voyait pas de cette manière, au contraire il voyait un réel bosseur et lui donnait des tâches plus lourdes que celles des autres. Est-ce que ça le dérangeait de travail jusqu'à très tard ? Non, pas réellement. Il voulait toujours prouver plus et puis il adorait ce qu'il faisait. Il méritait de gagner plus, de faire des heures en plus. De toute manière, qui l'attendait chez lui ? Qui était là pour réellement lui proposer de sortir ? Il s'en fichait de sa sociabilité.

31 décembre 20XX
23h56
Quelque part sur un pont de Séoul.

Il était épuisé, fatigué, à bout.

Jisung venait d'ouvrir les yeux, il venait de comprendre ce qu'il se passait dans sa vie, ce qui était littéralement en train de le bouffer de l'intérieur : lui-même. Il s'auto-détruisait et il ne s'en rendait pas compte un instant. On pouvait trouver ça malheureux, triste, horrible. Tout ce qu'il comptait à présent était les dernières minutes avant le premier janvier. Une nouvelle année, ou une fin ?

Il marchait dans ce froid, ne faisant pas gaffe aux quelques voitures qui roulaient à côté. Son corps grelottait sous sa petite veste alors que les degrés atteignaient les négatifs. Jisung fixa l'eau qui se trouvaient à plusieurs mètres de lui. Elle semblait gelée, mais pas assez pour que la surface le soit. Il posa ses mains frigorifiées sur les barres congelées et laissa ses yeux regarder le reflet des lumières sur la surface. Il regarda vite fait sa montre et remarqua qu'il ne restait que deux minutes avant la fin. Était-il apte à faire un grand pas vers l'avant ou un saut de l'ange ? Jisung ferma les yeux, la gorge si nouée qu'elle lui faisait horriblement mal. Finalement, il tenta de monter sur la barrière et de passer par au-dessus.

- Ne saute pas ... ne fais pas ça ... souffla une voix tremblotante à côté de lui.

Cette voix le fit peur et glissa de la barrière pour que ses fesses tombent les premières contre le sol froid et mouillé. Venait-il d'halluciner ? Jisung releva les yeux vers un visage détruit par les larmes, le nez rougit tout comme ses joues et le corps grelottant aussi. Il portait pourtant une écharpe dans laquelle une partie de sa tête était emmitouflée dedans. Ses cheveux bruns étaient pagaille, il n'y avait pas un réel sens. Mais il était magnifique ... Il n'avait jamais vu une beauté pareille depuis longtemps, depuis ...

Depuis deux ans et demi.

- Minho ? C'est toi ?

Il se redressait, le cœur douloureux. Lee Minho était l'un de ses Hyung, un peu fragile à l'époque et émotionnel. Le voilà encore aujourd'hui à pleurer dans ce froid. C'était un jeune homme qui était amoureux de lui, malheureusement à cette époque il se prétendait hétérosexuel et homophobe pour être accepté par les autres. Il l'avait brisé devant tout le monde, pourtant le voilà aujourd'hui face à lui à l'empêcher de faire une énorme bêtise.

- J'ai su ... que tu n'étais pas homophobe ... tu m'as menti à l'époque, Jisung ... mais je - ... je te retrouve enfin.

- Hyung ...

- Tu as l'air tellement maigre, tellement fatigué ... tellement épuisé ...

Sa main chaude glissa sur son visage congelé ce qui lui fit un bien fou. Il ferma les yeux et se laissa s'effondrer en larmes. Il était fatigué de ces deux dernières années, d'avoir blessé Lee Minho, d'avoir perdu des liens forts avec sa famille, de s'être privé de tout pour sa passion qui était devenu son cauchemar réel. Il se laissa bercer dans les bras du brun quand soudain les premiers feux d'artifice du nouvel an éclataient dans le ciel dégagé. Jisung pleura bruyamment, entre la tristesse et la joie de ressentir un câlin après deux ans. C'était si bon, si agréable, si ... nouveau après tout ce temps. Jisung se laissait aller du plus profond de son être. Être dans ses bras semblait être un soulagement, un miracle du ciel.

Et après les feux d'artifices pour nouvel an et de chaudes larmes coulées, le noiraud se retrouvait chez Minho à boire un chocolat chaud accompagné de petites caresses dans ses cheveux secs. Ils parlaient ensemble, d'une douceur impressionnante, en prenant le temps d'expliquer la situation de chacun. Ils ricanaient, se regardaient, se comprenaient. Chacun écoutait la douleur de l'autre et ils finissaient par s'allonger dans le lit à se câliner l'un contre l'autre pour apaiser les larmes de Jisung. C'était un nouvel an doux, gentil, un peu émotionnel mais par-dessus tout apaisant. Il était épuisé de tout, mais à ses côtés il avait l'impression de revivre.

Jisung était sûr d'une chose : il ne voulait plus laisser Minho partir.


1 an plus tard.

Main dans la main, Minho et Jisung se rendaient au pont pour voir les feux d'artifices du nouvel an. Voilà déjà un an qu'ils avaient pris réellement contact et avaient pris le temps de faire connaissance. Du moins, plus depuis trois mois. Le plus jeune avait décidé de déclarer sa flamme et aussitôt il avait ressenti cette chaleur dans sa poitrine quand son bien-aimé avait dit oui. La vie entière de Jisung avait changé : il ne travaillait plus autant qu'avant, il respectait surtout ses horaires et rentrait chez lui pour voir son petit-ami ou vice-versa. Chaque jour, l'un allait chez l'autre pour toujours échanger et un week-end sur deux Minho venait chez lui. En bref, ils ne se lâchaient plus et voulaient profiter de l'amour de l'autre jusqu'à que quelque chose les sépare. Ce n'était pas dans l'immédiat, l'avenir leur préparait quelque chose de magnifique pour ce couple.

De plus, Jisung avait fait un grand pas en avant et rendait plus souvent visite à ses parents quand il avait le temps. Depuis peu, son petit-ami le rejoignait à Incheon et sa mère le chouchoutait plus que son propre fils. Son père, lui, faisait petit à petit des efforts à propos de son homosexualité mais il savait qu'il le faisait que pour sa femme et non pour son fils.

- C'était ici que je t'ai revu, tu t'en souviens ? demanda Minho qui s'arrêta, face aux futurs feux d'artifices.

- Oui c'est vrai ... déjà un an ? J'ai l'impression que ça date de hier.

Le petit rire magnifique de son petit-ami éclata à ses côtés ce qui le fit sourire. Il aimait le voir sourire, rire et être heureux. C'était ce qui le rendait réellement heureux.

- Tourne-toi vers moi.

- Hein ? Mais je vais rater les feux d'artifices ! grommelait Jisung, triste de rater le début.

Quand ils commençaient à se lancer dans le ciel pour éclater, Minho attrapa son visage en coupe pour venir l'embrasser avec tendresse. Une scène clichée mais romantique à la fois se présentait à eux deux et Jisung ne put dire non à sentir ses douces lèvres contre les siennes. Après une dizaine de secondes passées pour un simple et doux baiser remplit d'amour, le noiraud le prit dans ses bras et cacha son visage dans son cou.

- Bonne année ... soupira Minho tout en le serrant contre lui.

- Bonne année mon amour ...

Jisung venait d'apprendre quelque chose dans sa vie : une passion restait une passion et elle ne devait pas devenir une obsession au point de le rendre malade. De plus, il savait qu'il fallait attendre que l'amour vienne à lui pour le rendre heureux, il savait que la famille comptait toujours autant, même plus que son travail et sa passion.

A présent, il était heureux et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Amoureux, heureux, voilà ce qu'il voulait.

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