J24- Poème de Noël
«Quand on laisse mourir le feu de Noël, il n'y a plus qu'un moyen de le rallumer. C'est d'aller chercher le feu des étoiles.»
- Pierre Jakez Hélias
quand j'étais petite,
mes parents m'avaient dit
tu verras noël c'est magique.
noël c'était comme un rêve,
je n'ai compris que trop tard
que ce sont les utopies
qui forment les plus belles histoires.
j'y avais toujours cru,
que tout était beau,
comme on me le disait.
mais tout le monde ment,
personne ne se soucie des illusions créées dans le cerveau des enfants.
En grandissant, je crois que tout a changé,
les sapins ont commencé à perdre leurs épines,
les souvenirs se sont eux-mêmes enterrés,
et mes yeux ont brûlé au fond de la rétine
car tout ce qui était beau s'est soudainement brisé,
mon âme d'enfant n'a pas été épargnée.
noël, aujourd'hui, je le ressens
comme un poison dans un verre de vin,
par l'être qui t'ait le plus cher,
un coup de poignard dans le cœur,
et son sang qui, lentement, colore la neige.
personne ne parle de la douleur que c'est,
de la trahison ressentie,
lorsqu'un enfant dépassé,
découvre la réalité de la vie.
que se passe-t-il quand on voit,
que le père noël n'existe pas,
qu'il est juste le fruit d'une société
qui nous tord de toutes les côtés ?
tout perd sa beauté dans ce monde,
semblable à la pire des prisons.
mais nous l'acceptons,
aveuglément.
noël c'est la première histoire qui connait une fin,
noël, plus tu grandis, plus tu reconnais bien
que rien, rien ne sera plus jamais comme avant.
c'est peut-être ça le plus effrayant.
faire face aux mensonges imprégnés par le temps,
sans pouvoir cesser de se laisser bercer,
par leurs douces mélodies qui brûlent sans se soucier,
de nos espoirs abandonnés sur le papier,
devenus des cendres que l'on a tous écrasées,
sans regarder.
qui espère toujours que nos rêves d'enfant deviennent réalité,
lorsque les autres autour s'empressent de les arracher ?
j'ai mal,
l'encre sur la feuille est plus pourpre que le sang,
mais cette souffrance intérieure me dévore éternellement.
j'ai encore plus mal.
je mets les lumières,
elles éclairent mon cœur, mon esprit, mon visage et mes pleurs,
leur reflet sur la vitre illumine les cieux,
la nuit, les rêves, et les messages d'adieu.
ces adieux qui résonnent au rythme des saisons,
et qui hantent les esprits chaque soir dans ma maison.
j'aimerais faire taire leurs échos par les mouvements de la fête,
Mais rien n'est plus fort que ces maudits regrets.
adieu.
La, la, la.
La, la, la.
La, la, la.
J'entends des chants de Noël,
mais ce ne sont peut-être que des mirages,
après tout, cela fait un moment qu'ils n'ont pas chanté,
les fantômes sans visage.
ces spectres colorés dont les voix me rappellent,
ceux qui ne sont plus, en ce soir de Noël.
leur présence est partout et en chaque saison,
mais c'est en hiver, surtout, que nous les observons,
enfin.
ils ont peur de ce que l'on devient,
de ce sur quoi ils n'ont plus la main.
leur angoisse se lit dans les nuages du ciel,
mais personne ne s'intéresse à une nature rebelle.
le cimetière sous la neige meurt sous les flocons,
des pas se forment aux portes des maisons,
je perçois le vent y déposer sur le seuil,
un léger soupir, comme un cadeau avant l'heure.
minuit n'est pas encore arrivé, pourtant,
mais les esprits voient-ils les aiguilles du temps ?
dans la maison, les rires se noient dans le feu,
les flammes résonnent dans la cheminée, elles dansent.
Les voix se taisent, et observent le spectacle,
elles ont toutes oublié,
que derrière ces murs,
des personnes se réchauffent avec leurs seuls murmures,
que la fumée se glisse le long de leurs doigts,
sans qu'aucun d'eux ne puisse l'attraper.
il est tard,
trop tard.
le froid est déjà arrivé.
leur dernier souffle repose, près de ce canapé,
fait de cartons.
Les rires d'enfants sont couverts par les machines,
Le bruit assourdissant perturbe mon esprit,
pourtant il fait silencieux dans ces tristes usines,
mais d'où vient cette fanfare et ses milliers de cris ?
le bourdonnement incessant est comme une explosion,
à l'intérieur de mon oreille,
puisse quelqu'un y prêter attention,
mais quel pouvoir peut accomplir des merveilles ?
quel pouvoir peut sauver mes sens,
de la destruction,
celle qui s'opère tous les ans,
à mesure que nous avançons,
vers notre perte ?
noël n'est qu'un malheur recouvert de guirlandes,
mais c'est aussi l'espoir,
que derrière chaque ornement,
un jour se dévoile la plus belle des histoires.
c'est peut-être ça la magie de Noël,
celle parmi les contes,
ceux que l'on ne raconte plus,
ceux des illusions perdues,
Ceux qui font rêver ceux qui ne se battent plus,
mais moi, je n'y crois pas,
une histoire n'a jamais réparé de cœur brisé par le froid.
noël a perdu toute sa magie,
noël meurt par les mystères de la vie,
ou par notre perte d'innocence.
noël meurt parce que noël n'est plus,
comment redonner des lueurs à ce qui n'existe plus ?
mais si noël n'est plus qu'un souvenir déchu,
égaré dans la mémoire, mêlé de mélancolie,
mélangé aux horreurs et à la cruauté de la vie,
je pourrais peut-être te la raconter une nouvelle fois,
cette belle histoire, celle que je t'écrirai,
car le poète n'est pas celui qui construit des rêves,
il est celui qui dépeint la réalité,
aussi atroce soit-elle, dans sa vérité.
à force de s'être nourri de mensonges,
on perd le goût de ce qui compte vraiment,
noël vit de ces indigestions,
qui tuent à petit feu les derniers enfants,
sans qu'ils ne s'en rendent compte.
si le monde est un sapin mourrant,
je prendrais des boules et des guirlandes,
et je le réchaufferais.
je le rassurerais,
je lui chanterais ces mots,
je l'observerais,
je l'admirerais,
et je l'aimerais
même si plus personne ne le fait.
je recommencerai à en prendre soin,
à nettoyer ses plaies,
à illuminer chacune de ses cicatrices.
je pleurerai en le contemplant,
comment a-t-on pu aller jusque là ?
mes mains seules ne le rendront pas aussi beau qu'avant,
dans sa grandeur et son espoir d'antan,
mais je ferai un bout de cet interminable chemin.
Et c'est cette histoire,
aussi belle que cruelle,
que je t'écrirai,
quand je serai plus grande.
by Anne L.B C.
Comme vous l'avez vu, c'est un poème en vers plus ou moins libre, avec des rimes par moments, à d'autres non.
Il est très personnel alors j'espère que vous l'apprécierez.
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