Par Kurama5389385

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Pdv Omniscient :

La lune, cachée par un épais voile de nuages, plongeait la ville dans une obscurité oppressante. Gojo et Geto marchaient en silence dans les ruelles désertes, leurs pas résonnant faiblement sur le béton. Les traces de la malédiction étaient évidentes : murs craquelés, vitres brisées, une odeur de fer et de pourriture flottant dans l’air montraient qu'ils étaient au bon endroit. On leur avait demandé d'exorciser la zone, car plusieurs fléaux faisaient des ravages et qu'ils ne pouvaient pas les laisser faire.

— C’est vraiment bizarre ici, murmura Gojo, rompant le silence.

Ses lunettes teintées brillaient faiblement dans l'obscurité et il gardait toujours ce même sourire arrogant. Suguru tourna la tête vers lui, ses traits tirés. Il n’avait pas dit un mot depuis qu’ils étaient arrivés, laissant à Gojo le plaisir de parler en monologue.

— Oui, répondit-il finalement. On dirait que cette chose nous observe. 

Gojo haussa les épaules avec un sourire narquois. 

— Hé bien, laisse-la regarder. Je suis sûr qu’elle est impressionnée. 

Mais Suguru ne rit pas. Il garda les yeux fixés devant lui, son esprit ailleurs. Cela n’échappa pas à Gojo, qui ralentit son pas pour se mettre à son niveau. 

— Tu es encore en train de te torturer l’esprit, pas vrai ? Tu as toujours cette tête quand tu es pensif.

Suguru s’arrêta. 

— Torturer, hein ? Peut-être bien, admit-il. 

Il s’appuya contre un lampadaire éteint, croisant les bras. Ses yeux sombres semblaient chercher quelque chose dans le vide. Gojo souriait mais était inquiet pour son ami.

— Satoru... Tu ne te demandes jamais si ce qu’on fait a un sens ? Si tout ça... vaut vraiment la peine ? 

Gojo fronça les sourcils, l’air inhabituellement sérieux. 

— Ça te reprend, murmura-t-il. Cette question. 

Suguru ferma les yeux. Gojo soupira, cherchant les mots pour rassurer son ami.

— Je veux croire que ce qu’on fait change les choses. Mais plus je vois ces humains faibles et égoïstes, plus j’ai du mal à trouver une raison... 

Gojo ne répondit pas tout de suite. Au lieu de ça, il s’approcha, se plaçant face à Suguru. 

— Ces humains, comme tu dis, ne méritent peut-être pas toujours qu’on les sauve. Mais ce n'est pas pour les autres que tu te bats. C'est pour toi. Pour le monde. La vie n'a que le sens que tu lui donnes, tu sais ?

Il marqua une pause, ses yeux se perdant dans le vide.

— Tu sais Suguru, si on cherche sans cesse une raison de vivre... On passe à côté du véritable but de la vie : profiter de ce qu'on a.

Suguru releva les yeux, surpris. Gojo s’était rapproché, brisant la distance entre eux. 

— Moi par exemple, ce qui me permet de tenir, c'est toi, souffla Gojo en fermant les yeux.

— Moi ?

Geto se redressa brusquement. Il ne s'attendait pas à cette réponse. Voir son ami aussi sérieux lui faisait bizarre.

— Oui, toi. T’es le seul à pouvoir comprendre ce poids que je porte. Le seul qui peut me supporter. Alors, si tu lâches... je lâche aussi. 

Le silence retomba, plus lourd encore que l’air chargé de malédiction. Suguru sentit quelque chose remuer doucement au fond de lui. Pour la première fois depuis longtemps, il ressentait un sentiment. Lui qui paraissait toujours vide, était enfin animé d'émotions.

— Satoru... 

Gojo posa une main sur son épaule, son sourire plus doux cette fois, dépourvu de son arrogance habituelle. Il paraissait sur le point de pleurer, et Geto se dit qu'il assistait à un moment unique.

— Tu sais, je ne dis pas ça souvent, mais tu comptes pour moi. Alors arrête de te détruire. Sinon, je te botte les fesses, ria Gojo à travers les larmes.

Un léger rire s’échappa des lèvres de Suguru. Il n’était pas sûr que cela efface ses doutes, mais l’entendre dire ces mots – de la part de Satoru, le plus puissant et le plus insaisissable – réchauffait une part de lui qu’il croyait morte. 

— Pourquoi tu pleures idiot... ? Demanda Suguru, ému à son tour. Il n'y a rien de triste...

— Parce que j'ai peur pour toi imbécile ! À chaque fois que je te vois, tu parais de plus en plus fatigué, tu parais malheureux... Je veux t'aider mais je me sens tellement inutile !

Pendant un instant, ils oublièrent leur mission. Ils oublièrent les fléaux. Ils oublièrent leurs soucis, et le monde autour d'eux s'effaça. Il n'y avait qu'eux, et les non-dits. Chacun ressentait des sentiments si forts qu'ils ne pouvaient l'exprimer, et cela créait une distance entre eux.

— Satoru...

Gojo donna un coup de poing sur un mur. Il était passé de la joie à la tristesse, de la tristesse à la colère, et de la colère à l'inquiétude. Il n'en pouvait plus de voir son ami se détruire petit à petit comme il le faisait.

— J'en peux plus de tout garder pour moi ! Je t'aime putain !

Geto ne répondit rien, trop choqué pour répondre. Au grand jamais il n'aurait pensé que ses sentiments étaient partagés, et encore moins que Satoru allait lui faire sa déclaration maintenant. Il aurait voulu crier qu'il l'aimait aussi, voulu dire qu'il attendait ce moment depuis longtemps, mais aucun mot ne put sortir de sa bouche. Gojo avait dû deviner ses pensées puisqu'il le prit par le col et l'embrassa sauvagement. Geto ressenti toute l'inquiétude, mais surtout toute la passion de Gojo dans ce geste, et il sourit.

Ils se séparèrent et Geto posa ses doigts sur ses lèvres, y croyant à peine. Ce baiser avait fait ressurgir des émotions qu'il pensait avoir oubliées. Geto ressentait enfin des émotions positives. Son coeur s'était remis à battre, alors qu'il semblait sur le point de mourir il y a quelques temps.

— Merci Gojo... Tu m'as sauvé...

Satoru ne comprit pas cette phrase mais il remarqua l'air soulagé de son camarade. Quelque chose de nouveau semblait briller dans ses yeux. Ils restèrent ainsi un instant, seuls sous les étoiles voilées, avant que le hurlement strident d'un fléau ne brise leur répit. 

— Bon, on s’y met ? lança Gojo, retrouvant son ton insouciant. 

Suguru hocha la tête, le cœur un peu plus léger. Dans ce monde cruel, ils étaient peut-être seuls à comprendre le poids qu’ils portaient. Mais tant qu’ils étaient ensemble, cela suffisait. 

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J'espère que ça vous a plu, personnellement j'ai bien aimé l'écrire !