Elle n'avait pas menti. Elle faisait réellement des joggings chaque matin dans ce parc vers six heures.

Emma courait, les cheveux au vent, une explosion de liberté. Ils se déployaient comme une cascade brune, flottant autour d'elle, vibrants sous la lumière du soleil couchant. Je la regardais, un peu à l'écart, les yeux accrochés à chaque mouvement, chaque éclat de son rire. C'était comme si le monde autour d'elle ralentissait, comme si la terre entière attendait qu'elle franchisse ce dernier pas, qu'elle le fasse, et qu'elle ne s'arrête jamais.

Elle était toujours comme ça, un peu sauvage, un peu imprévisible. Chaque fois qu'elle courait, c'était comme si elle n'avait pas de limites, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Elle portait cette légèreté qui m'enivrait, cette certitude qu'elle pouvait aller partout, et que je ne pourrais jamais la suivre, malgré tous mes efforts.

Je la voyais d'un an de plus qu'elle, et pourtant, j'avais l'impression d'être le gamin qui court derrière, qui ne sait jamais si, un jour, il arrivera à la rattraper. Mais ça ne me dérangeait pas. J'aimais la regarder ainsi, savoir qu'elle était juste là, à un souffle de distance, sans jamais avoir à lui dire quoi que ce soit. Parce qu'Emma, avec ses yeux brillants et son sourire effronté, ne le savait pas. Et à ce moment précis, mon cœur se sentait libre, un peu comme ses mouvements. Elle ne savait pas encore que je l'aimais, mais elle le saura bientôt, sans que je n'aie à le lui dire.