« T'es sûr que tu peux garder un secret ?

– Mais oui, promis Mat'. Allez, raconte tout à ton pote à la compote Guillaume ! », s'exclama son ami de sa petite voix enfantine.

Les deux garçons étaient assis dans un coin de la cour délabrée de l'école de leur village. La neige cachait par endroit le sol craquelé, formant des pièges aux grands qui couraient derrière le ballon de foot. Le dénommé Mat' fixait ses petites mains, glacées par le temps hivernal, en hésitant. Puis, d'une voix tremblante il se confia à son meilleur ami.

Celui ci mit ses mains devant sa bouche, ouverte dans une expression de surprise, puis fronça les sourcils.

« Mais... T'es un garçon...

– Maman m'a dit que c'était possible aussi. Regarde, c'est comme les papas de Baptiste, enfin je crois... »

Ils haussèrent les épaules avant de rire ensembles, puis soudain Guillaume sauta sur ses petites jambes et parti en courant, criant à tout le monde de qui son ami était amoureux. Il tenta de le poursuivre, rougissant violemment, jusqu'à ce qu'ils tombent tout deux dans la neige et roulent par terre. Maladroitement, les deux enfants se battaient, jusqu'à ce que les grands arrivent.

Les deux petites têtes brunes se relevèrent immédiatement vers la silhouette immense de Jim, qui les regardaient en riant. C'était un CM2, et en plus il était le capitaine de l'équipe de foot !

« Vous êtes sûr le terrain. Et Guill', ça ne se dit pas tu sais.

– Oui, oui, pardon...

– C'était mon secret ! Je te faisais confiance ! Plus jamais je te parle ! »

Le petit brun se leva et parti en courant après ses paroles à son ancien meilleur ami, rouge de honte. En plus, il avait super froid maintenant, et son manteau était trempé. Des larmes dégringolaient sur ses joues rougies sans qu'il ne puisse les réprimer.

Il se réfugia dans un coin de la cour, proche de sa maîtresse, attendant juste que la récré se termine pour aller à la cantine. Assis sur un banc, il fixait ses petits pieds qui se balançaient mollement, jusqu'à ce que n'entre dans son champ de vision deux autres paires de baskets. Il était sûr que c'était les siennes, il connaissait tous ses vêtements à force de le regarder.

Il refusait obstinément de relever sa tête, mort de honte. En plus, il ne voulait pas qu'on voit qu'il avait pleuré. Finalement, Jim s'accroupit devant lui, et il fut bien forcé de le regarder.

« Ce que t'as fait Guillaume était très méchant, et il le sait. Il s'en est rendu compte, et tu es très important pour lui, alors il voudrait s'excuser, OK ? »

Il ne répondit pas, fixant le plus grand de son regard larmoyant, pourtant celui-ci fit signe à l'autre garçon. Finalement, il releva la tête pour regarder son ancien meilleur ami qui dansait d'un pied sur l'autre, triturant ses mains sous le coup de la gêne. Guillaume lui demanda brusquement de le pardonner, enchaîna très rapidement sur à quel point leur amitié était importante pour lui et qu'il ne voulait surtout pas perdre son meilleur ami.

D'une voix tremblante, il lâcha du bout des lèvres son pardon et un nuage de fumée hivernale. Jim les félicita en souriant, ébouriffa ses cheveux et vint embrasser sa joue avant de repartir vers le terrain de foot de la cour.

Tout rouge et gêné, il releva la tête vers son à nouveau meilleur ami qui lui adressa un grand sourire avant d'acquiescer vivement, l'enjoignant à rejoindre le plus grand. En courant il parti le voir, s'arrêtant juste à côté de lui. Timidement il leva le regard vers la face amusée de l'autre garçon, ses yeux brillants derrière ses lunettes. Il était tellement beau.

« On... On peut sortir ensemble ?

– C'est toi qui décide, Mathou.

– Ouh les amoureux ! »

Il était sûr un petit nuage. Et, parce que c'était la magie de noël, son amoureux se pencha vers lui et lui fit même un bisou sur la bouche. En plus, la cloche annonçant la fin de la récréation retentit et Jim lui prit la main pour aller à la cantine, s'exclamant qu'il avait très envie de manger un cassoulet. Ça lui tira un doux rire enfantin, qu'emporta le vent d'hiver.

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Ça devient short niveau rythme de publication, on va peut-être passer à tous les trois jours.