Jour #7 (KateHyakuya)
C'était encore le début d'une longue soirée de révisions pour moi. J'étais assise sur le canapé de mon petit appartement du centre-ville, relisant inlassablement les mêmes lignes griffonnées de concepts à apprendre. Tout cela ne rentrait pas dans ma tête, et quand les coups de minuit sonnèrent, je décidais qu'il était vivement temps de faire une pause.
Je mettais la pile de feuilles volantes sur le sol puis attrapais la télécommande de la télé pour regarder ce qui passait à cette heure-ci. Je finis par tomber sur une émission rassemblant des phénomènes soi-disant paranormaux constatés aux quatre coins du globe. Etrangement la vision de ces scènes en ramena d'autres à ma mémoire, datant de quelques années auparavant. Je me souvenais parfaitement avoir eu la trouille de ma vie cette nuit-là.
Tout s'était passé une nuit semblable à celle-ci. Une simple nuit d'hiver où il avait beaucoup neigé, les rues autour de chez moi étaient envahies par le froid sec de l'hiver. Cette année-là, j'étais encore au lycée et j'avais invité plusieurs de mes amis à dormir chez moi, profitant de l'absence de mes parents pour une bonne partie du week-end.
Nous avions donc établi nos quartiers dans le salon de la demeure, regardant quelques films avant de nous emmitoufler dans les couvertures pour dormir. Cependant, un bruit étrange m'avait tirée du lourd sommeil dans lequel j'avais l'habitude de reposer. J'avais entrouvert les yeux et avais remarqué que mes amis avaient disparu, laissant des matelas et sacs de couchage vides de leurs propriétaires. Je m'étais frotté les yeux doucement et avais regardé attentivement autour de moi. Tout le salon était vide, silencieux, ne laissant résonner que le tic-tac de l'horloge qui trônait fièrement au-dessus d'une arcade menant à la cuisine. Mes yeux s'étaient reportés vers l'une des deux grandes baies vitrées de la pièce, fixés sur la vue qui s'offrait à moi. Je regardais la neige, blanche immaculée, s'étendant à perte de vue, quand soudain une branche du prunier qui se trouvait devant la maison se courba pour dépasser devant la fenêtre. Cette apparition soudaine dans mon champ de vision m'avait fait sursauter toute seule.
Une fois un peu remise, j'avais décidé de sortir de la chaleur de ma couverture pour aller voir où les autres avaient bien pu passer. J'avais un mauvais pressentiment, et pourtant, je ne m'étais pas méfiée suffisamment.
J'avais marché d'un pas lent, peu assuré, vers le couloir menant à l'étage, décidant volontairement d'ignorer la cuisine. J'avais monté les marches de l'escalier, grinçant à chacun de mes pas indécis. Bientôt, dans l'obscurité percée seulement des quelques rayons de lumière parvenant ici de l'extérieur, je remarquais quelques gouttes de liquide rougeâtre peignant le sol par endroits.
Je ne savais pas ce qui se passait, mais le fait d'être à peine réveillée m'avait rendue encore plus angoissée qu'habituellement. J'avais continué à avancer dans le couloir, mais avant cela j'avais voulu allumer la lumière. Mais l'interrupteur ne fonctionnait plus. J'étais donc condamnée à rester sans la moindre lumière pour éclairer mes pas. C'est alors que j'entendis le bruit de l'eau se mettre à couler dans la salle de bain qui se trouvait quelques mètres plus loin. J'allais ouvrir la porte quand j'entendis le bruit d'une porte claquer en bas. Je me précipitais en bas des escaliers, le cœur battant comme quand on est effrayé par une raison quelconque. J'avais même failli glisser sur les gouttes visqueuses qui recouvraient désormais les escaliers. Etouffant un cri, je m'étais agrippée fermement à la rambarde avant de descendre aussi rapidement que mes jambes me le permettait. Je jetais régulièrement un coup d'œil à mes arrières. J'avais l'impression de revivre la nuit d'Halloween, avec la neige en plus. Une fois de plus, la lumière ne sembla pas vouloir m'aider à y voir plus clair, rendant mon angoisse un peu plus féroce. J'avais fini par marcher jusqu'à la cuisine, fébrile, entrant dans celle-ci sur la pointe des pieds, les bras resserrés autour de ma taille, resserrant autour de moi la ceinture du peignoir rouge que je portais. Mais la pièce de laquelle émergeait cette délicieuse odeur de pain d'épice et de chocolat chaud ne cachait, semblait-il, personne.
Eh ! Je sais que c'est une blague tout ça ! Alors sortez de votre cachette !
J'entendais ma propre voix résonner dans l'air de la maison. Cependant, personne ne me répondit.
C'est pas drôle du tout-
Je fus coupé en plein milieu de ma phrase par la sonnerie suraigüe qu'émettait le minuteur que l'on utilisait pour la cuisine de différents plats. C'était à peine exagéré de dire que le bond que je venais de faire aurait pu me faire me cogner la tête contre le plafond de la pièce. J'avais fait une mine boudeuse, serrant les poings avant d'aller arrêter ce bruit infernal, ce son qui me brisait clairement les tympans.
Je commençais sincèrement à m'énerver, cette blague ne me plaisait pas, et me rendait vraiment folle. J'avais toujours été du genre peureuse, alors la moindre blague de ce style provoquait le triple de l'effet désiré chez moi. C'était souvent très drôle pour les autres, seulement, ça l'était bien moins pour moi.
Déterminée à retrouver mes invités et à leur faire cesser cette stupide plaisanterie, j'étais retournée dans le salon, cherchant le moindre indice pouvant m'indiquer leur présence. Je ne marcherais plus à leur mascarade, c'était décidé. J'en avais plus qu'assez de sursauter à chaque mauvais coup qu'ils me faisaient. C'est au moment où je pris cette décision que je remarquais que la porte d'entrée était légèrement entrouverte. C'était suspect, très suspect d'ailleurs. J'avais attrapé un bonnet, une écharpe et une paire de mitaines avant de mettre mes bottes de neige et de sortir avec précaution. Je marchais doucement, et ayant à peine fait quelques mètres je sentis une boule de neige me tomber dessus. Je me retournais, m'attendant à tomber nez à nez avec un de mes amis, mais je ne fus accueillie que par une rafale de vent glaciale.
Enervée par tout cela, je continuais à marcher dans la neige, faisant le tour de la maison. C'était sans compter que j'avais oublié un point essentiel. Il y avait une seconde porte de sortie de la maison, à l'arrière de la buanderie située au rez-de-chaussée. Alors une fois arrivée devant la fameuse porte, autant dire que je ne m'étais pas du tout attendue à voir surgir tous mes amis d'un bloc en criant. Trouillarde comme peu d'autres, j'avais crié en plaçant par réflexe ma main sur ma bouche. Mes amis s'étaient tous mis à pouffer de rire.
Je vous l'avais dit que ce serait facile de lui faire peur !
Oh Kyle c'est pas drôle !
J'avais fait une moue boudeuse en regardant le garçon qui déjà à l'époque faisait une bonne tête de plus que moi. Ses cheveux mi-longs noirs étaient recouverts d'un bonnet mais il était reconnaissable même dans la nuit grâce à son rire caractéristique. Il rit en cœur avec les autres pendant un moment avant de me prendre tendrement dans ses bras avec un sourire affectueux.
Désolée ma petite Emilia ! Mais tu sais qu'on adore te prendre pour victime de nos petites blagues !
Je le sais mais c'est vraiment pas drôle !
Bon allez, je te fais une faveur, tu choisiras la prochaine victime de mes farces.
Je me mis à rire également, acceptant la proposition en lui serrant la main. Après cela, nous avions tous passé une grosse heure à jouer sous la neige. Nous étions une bonne partie à ne pas être souciés plus que cela de notre tenue, peu adaptée pour jouer aussi longtemps exposés à une température aussi fraiche. Alors le réveil le lendemain matin avait été difficile pour tous, révélant chez tous une bonne toux ou un rhume qui se laisserait trainer pendant plusieurs jours. Malgré cela, je gardais un souvenir intarissable de cette soirée entre amis.
Le générique de la publicité à la télévision devant moi me fit revenir au présent, un sourire sur le visage. J'avais de nouveau éteint la télévision, décidant d'aller dormir sur ces bonnes ondes et pensées.
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