Panique ou joie ? Je n'arrivais pas à me décider de ce que je voulais ressentir aujourd'hui.

Je sautillais joyeusement dans les rues menant au rendez-vous que j'avais avec Rose, elle n'allait pas en revenir de ce que j'allais lui raconter.

A peine la clochette de la porte de chez Oly avait-elle sonné que je voyais la brune, assise à notre table habituelle, se retourner dans ma direction avec un grand sourire. Rapidement, je marchais jusqu'à la table et enlevais mon manteau et mon écharpe bleue avant de m'asseoir en face d'elle.

Alors ?! Racontes moi-tout, et tout de suite !

L'expression pressée de son visage me fit instantanément rire. On aurait dit une accro aux potins clairement en manque de nouvelles à se mettre sous la dent. Un sourire satisfait sur les lèvres, j'ignorais soigneusement ses questions. Je ne raconterais pas mon histoire sans avoir commandé mon café habituel. C'était un rituel, et cela aurait été un vrai sacrilège de ne pas suivre le rituel. J'entendis bientôt le pied de rose taper frénétiquement sur le parquet tandis que je retenais mon envie de rire. Finalement, un des serveurs arriva et je pus enfin demander mon café.

A peine parti, je regardais par la fenêtre avec un sourire joyeux. Les lumières des guirlandes suspendues sur les hauts murs de la rue se reflétaient légèrement dans les vitres de l'établissement. En plus de la chaleur des lieux, ces reflets donnaient véritablement une ambiance festive.

Bon alors ? demanda Rose, légèrement impatiente.

J'y viens promis !

Je me retournais et c'est à ce moment-là que le garçon vint déposer mon café sur la table. Je souriais chaleureusement puis touillais la boisson chaude tout en débutant mon histoire.

Cela s'était passé la veille. Je venais officiellement de débuter mes vacances de Noël. Et comme j'étais terriblement en retard pour les préparatifs des fêtes de fin d'année, j'avais profité de ces heures de liberté pour aller faire les boutiques.

Le désavantage de faire ses achats de Noël à quelques jours à peine de la date limite était néanmoins considérable. Il y avait énormément de monde dans le même cas, et cela pouvait rapidement se transformer en guerre dans les rayons des magasins.

J'avais donc jeté mon dévolu sur le centre commercial le plus grand de la ville, misant sur la surface des lieux pour avoir le plus de possibilités de trouver les cadeaux parfaits pour mes amis et ma famille. Au bout de deux longues heures, j'avais par miracle réussi à me frayer un chemin dans la foule et acheté la plupart des cadeaux qu'il me fallait. Il ne me restait plus qu'à trouver un cadeau pour ma sœur et un pour mon petit frère.

J'avançais donc dans les immenses galeries pleines de mondes, trimballant sur chaque bras plusieurs sac aux tailles diverses tout en tentant de ne rien faire tomber, et de ne rentrer dans personne. Jusqu'à présent, j'avais d'ailleurs accompli cette mission avec succès. Mais c'est toujours quand on se félicite de ce genre de choses que la roue tourne. J'avais les yeux brillants, rivés sur l'immense sapin de Noël qui avait été installé au centre du hub commercial quand je sentis que j'heurtais quelqu'un de plein fouet. Aucun de mes sacs n'était tombé, cependant j'entendis que ce n'était pas le cas de la personne que j'avais bousculé. Confuse, je m'agenouillais pour ramasser les sacs et m'excusais vivement, les yeux fixés sur le sol.

Emilia ?

En entendant mon prénom je fronçais les sourcils et tournais immédiatement mon regard vers celui qui m'interpellait. Surprise, je manquais de faire tomber à mon tour les sacs que je tenais.

Evan ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Le visage du blond s'éclaira et il se mit à rire.

Je pense qu'on fait tous les deux la même chose. La chasse aux cadeaux de Noël ! s'exclama-t-il joyeusement.

Je me mis à rire à mon tour, c'est vrai que la question était plutôt idiote. Mais la coïncidence semblait tellement grande que la question s'était imposée d'elle-même. Je m'excusais de nouveau de l'avoir bousculé et il m'invita à boire un café chez Starbucks pour parler un peu plus calmement. Etonnamment, le café d'habitude si bondé était plutôt calme. Les clients avaient sûrement légèrement déserté les lieux pour aller se ruer dans les autres magasins. Après avoir patienté une dizaine de minutes, nous étions tous les deux assis tranquillement autour d'un café et de quelques gâteaux.

La conversation débuta assez facilement, axée sur les fêtes. Rapidement, il me demanda ce que j'avais acheté. Je lui montrais donc le contenu de chaque sac et lui retournais la question. C'est à cet instant qu'une idée me traversa l'esprit. Alors que je finissais ma boisson, il reprit la parole.

Comme toi aussi tu as encore quelques achats à faire, ça te dit qu'on s'entraide ? demanda-t-il avec un grand sourire.

Evidemment, ma réponse fut positive. Passer un peu plus de temps avec le garçon parfait, ça ne se refusait pas. Nous partions ainsi tous les deux, errant sans savoir réellement quoi choisir pour les cadeaux qu'il nous restait à prendre. Il m'aida à trouver un cadeau pour mon frère, me conseillant d'opter pour un des derniers jeux vidéo sortis et à la mode. De mon côté, je l'avais aidé à choisir un parfum pour sa mère. Il nous restait ainsi chacun un cadeau à acheter.

Après avoir monté les escalators pour aller au dernier étage, il me pointa du doigt l'entrée d'une nouvelle grande enseigne. Je le suivais à l'intérieur, et il m'entraina jusqu'au coin consacré aux femmes.

Il se mit alors à plaisanter en essayant, par-dessus son pull bleu clair, des foulards roses ou autres accessoires clairement féminins. J'avais rapidement éclaté de rire puis était devenue sérieuse quand il m'avait demandé quels articles je préférais. J'avais pointé du regard une jolie écharpe bleue qui avait étrangement la même couleur que ses yeux. J'en profitais pour choisir pour ma sœur une jolie robe rouge et noire qui, selon moi, lui irait parfaitement pour fêter la nouvelle année.

Il avait prétexté aller chercher quelque chose dans un autre rayon et j'avais profité de son absence pour foncer du côté des hommes. Une fois là-bas, j'avais repéré à peine entrée une magnifique écharpe en laine, grise, douce, et relativement simple, mais qui m'avait immédiatement tapé dans l'œil. Je la fourrais dans mon panier et filais vers la caisse pour encaisser mes dernières emplettes. Une fois sortie, deux nouveaux petits sacs blancs. Je sortais avec difficulté mon portable et envoyais un message à Evan pour lui dire où je l'attendais.

Une dizaine de minutes plus tard je le vis sortir avec un sourire, ce même sourire qui m'avait faite fondre dès le premier regard. Nous marchions tous les deux jusqu'à la sortie du centre commercial et il proposa de me raccompagner chez moi, craignant qu'à cette heure où la nuit était déjà tombée ce soit dangereux pour moi. J'avais trouvé cela tellement adorable que j'en avais presque oublié mon ancien doute à vouloir approfondir ma relation avec lui.

Finalement, après une longue marche nourrie de conversations passionnantes entrecoupées par des éclats de rires, j'arrivais devant le hall de mon immeuble. Je venais de lui dire au revoir, timidement, mais il attrapa moi poignet pour me retenir, manquant de faire tomber et ses sacs de cadeaux, et les miens.

Ferme les yeux s'il te plait. Me dit-il après avoir posé sur le sol les sacs qu'il tenait, et les miens.

Je m'exécutais sans trop comprendre pourquoi puis sentais un doux tissu entouré mon cou dénudé. J'ouvrais alors les yeux et voyais autour de mon cou l'écharpe qu'il avait essayé tout à l'heure. Je le regardais, bouche bée, les yeux brillant de surprise.

J'étais sûr qu'elle t'irait bien. Joyeux Noël en avance Emilia !

Je souriais, profondément émue par son geste auquel je ne m'attendais pas. Puis, à mon tour, je me penchais pour récupérer un des deux sacs blancs. Je lui tendais et il parut aussi surpris que moi il y a quelques instants. Je rougissais en le voyant sortir l'écharpe que j'avais choisie pour lui. Sans le savoir nous avions la même idée et j'étais certaine que cela l'étonnait autant que moi. Il passa alors l'écharpe autour de son cou avec un grand sourire puis me regarda en me remerciant.

Nous nous regardions ainsi, sans rien dire pendant quelques secondes. Les mots étaient inutiles à cet instant même car nous savions tous les deux ce que cela signifiait. Alors il se pencha doucement vers moi et posa ses lèvres sur les miennes. Ses lèvres étaient douces et chaudes et il souriait contre mes lèvres. Le baiser aurait pu durer une éternité que je n'en aurais toujours pas eu assez, j'étais si bien dans ses bras et avec lui que je ne pouvais que vouloir que cela soit comme ça pour toujours. Mes sensations étaient confuses quand il se recula légèrement, j'étais heureuse, mais c'était comme si sa présence me manquait déjà.

Et quand il finit par s'en aller, j'avais beau savoir que ce n'était que le début, je n'avais qu'une seule envie, qu'une seule hâte, celle qu'il revienne.

Je revenais à la réalité, clôturant mon récit devant une Rose qui me regardait avec des yeux rêveurs.

C'est tellement romantique qu'on se croirait tout droit sorti d'un film de Noël ! C'est trop mignon j'ai hâte de le rencontrer ! s'exclama-t-elle en sortant légèrement de sa rêverie.

Je souriais en finissant mon café avant de m'emmitoufler dans l'écharpe qu'il m'avait offerte, souriant en voyant mon amie qui haussait les sourcils en fixant des yeux mon écharpe. Elle reprit tout d'un coup une mine sérieuse.

Eh mais du coup ! Il est où mon cadeau ?!

Nous éclations toutes les deux de rires tandis qu'elle tentait de négocier pour avoir son cadeau en avance. Encore une soirée comme les autres au Oly's café.